20 - Le solstice de la confusion

Les mains d’une vieille femme sont posées sur mes tempes. Ou suis-je ? Que s’est-il passé ? La femme possède un habit cérémoniel que je reconnais aussitôt, c’est une prêtresse d’Eissa. D’ailleurs je suis dans son temple de Norek. J’ai un mal de tête épouvantable et je suis fatigué à l’extrême. Tout s’emmêle dans ma tête. Des flashs reviennent à la surface. Un dragon… en bois… des nains crasseux… une forêt sacrée… une licorne… taillée en pièces devant son petit… Sissifa !

Je me précipite dehors sans prévenir, les prêtresses ne s’y attendaient pas. Je m’excuserai plus tard. Il y a plus urgent. Je me souviens que Sissipha a été gravement blessée !
Dans les rues froides de Norek je crie son nom. Les dieux soient loués elle est la, debout sur un tonneau et grelottant de froid. Elle à l’air remise bien qu’inquiète et contrariée. C’est sans doute parce que j’ai un peu perdu mes esprits et qu’en plus j’étais dans un temple. Je cours vers elle l’attrape dans mes mains et la serre contre moi. Je suis si soulagé, mes yeux en sont larmoyants.

Je crois que nous avons tout deux besoin de repos. Elle se blottit dans mon manteau pour se protéger du froid mordant. Je vais retourner à la dame aux cheveux rouges et pendant le trajet je vais tacher de mettre un peu d’ordre dans mes souvenirs.

Ça a commencé ici à Norek lors d’une nuit étrange. Ça je m’en souviens clairement. La lumière de Varin éclairait les flocons de neige qui tombaient dehors et je ne parvenais pas à dormir. Je m’inquiétais pour la cousine d’Erik. Nos rapports indiquaient que les brigands s’étaient dispersés dans la région mais qu’un certain nombre avait pris la route du nord. Nous savions que d’autres iraient vers l’ouest pour amener à Lorgalys leur butin. Le froid hivernal était un handicap tant pour eux que pour nous et aucun d’entre nous ne pouvait réellement faire mouvement.
Soudain j’ai eu une sensation étrange. Je me suis tourné vers Sissifa. Elle était immobile devant la fenêtre dans une attitude que je ne lui connaissais pas. Quand je me suis approché d’elle, elle n’a pas réagit. J’ai constaté que des larmes ruisselaient sur ses joues. J’ai essayé de la réconforter et de savoir ce qui lui causait ce chagrin. « Il s’est passé quelque chose à l’est » fut sa seule réponse.
Le lendemain matin j’ai constaté que Dylane avait aussi mal dormis et ressenti quelque chose d’étrange. Mes autres compagnons eux n’ont rien fait de tel.

Nous avons ensuite fait la rencontre de Sankulsata. Un elfe envoyé à nous par le conseiller Masba Oliner. Il voulait que nous l’aidions à retrouver un tailleur de bois, dénommé Jules Tonten, porté disparu dans leur bois sacré de Polyéna.
Nous avons accepté et une fois équipé nous nous sommes rendus sur place. J’espérai que si nous aidions les elfes ils seraient plus enclins à aider les Norekiens dans la guerre imminente.

Dans la cabane de Tonten nous avons pu constater que l’homme, tout son matériel et ses produits avaient été embarqués dans des chariots. Une liste nous appris que le tailleur avait reçu une commande de jouets pour l’orphelinat de Norek. Le seul rescapé de cette commande était un petit cheval en bois. Il n’était pas achevé mais si je me souviens bien j’avais déterminé qu’il était en Oio-lairé une essence pour ainsi dire disparue.
Le bûcheron de Tonten, Juleniss, bien que sympathique et serviable ne nous en appris pas beaucoup plus. Si ce n’est que d’après ce que nous avions observé les chariots ne pouvaient que se diriger vers le sud sur la vieille piste vers une forteresse en ruine.

Avant de suivre cette piste nous avons décidé de passer la nuit dans la maison du disparu. Les sensations désagréables sont revenues, en plus fortes. Pour moi ca c’est traduit par une désagréable impression de désespoir et de mort. Dylane et Sissipha se sont mises à crier, une douleur insoutenable leur vrillant le cœur. Encore une fois ni Nel, ni Erik ne furent affectés. Quelque chose ciblait les fées du coin. De par mon lien avec Sissipha j’étais capable de le sentir légèrement. Dylane elle partageait un lien plus puissant avec la licorne qui lui a sauvé la vie. C’est pourquoi elle fut plus affectée que moi.
Ma fée était vraiment mal en point. Je n’eu pas d’autre choix que de la confier au bûcheron. Il m’inspirait confiance et je voyais qu’il s’occuperait bien d’elle. Je devais sans tarder aller régler le problème dont tous mes sens indiquaient que la source se trouvait au sud. Un rapide entretien avec Juleniss m’apprend qu’une licorne et son petit, probablement ceux que nous connaissons, sont dans la région pour l’hiver !

Dylane étant en état de marche nous avons entamé une longue et difficile progression dans le marais glacé. Une fois arrivé près de la forteresse en ruine j’ai laissé faire nos éclaireurs. Nous avons identifié la source de nos problèmes. Un contingent de nains crasseux avait élu domicile dans la forteresse. Ils ont domestiqué des sangliers géants qu’ils ont utilisés pour tirer les chariots remplis des affaires de notre sculpteur. Tout portait à croire qu’il était la.
Mais ce n’était pas le plus important pour moi. J’ai découvert horrifié qu’ils avaient abattu la licorne, d’où les événements de la nuit précédente.
Profitant d’une diversion prodiguée par mes compagnons j’ai libéré le licorneau qui était retenu prisonnier dans un enclos et promis au même destin que sa mère.
Une fois cela fait je me souviens avoir rencontré un magicien nain, il a incanté et lancé un sort vers moi. C’est à partir de la que tout devient confus dans mon esprit.

Un duel magique ? Je crois que nous sommes montés dans une tour. Un magicien nain, un deuxième ? Il nous a donné du fil à retordre. J’ai abattu la porte et le mur derrière lesquels il s’était retranché. Enfin je crois. Il m’a englouti dans un torrent de flammes… Voila pourquoi je n’ai plus beaucoup de cheveux, de sourcils ni de barbe ! Dans le froid hivernal ils me manquent.
Ensuite la tour s’est effondrée. C’est la que le dragon de bois à surgi du sol. Je ne me rappelle pas comment nous l’avons vaincu. Il y avait un troisième mage nain Non ?
Nous avons libéré Tonten et ramené chez lui. Ensuite nous avons pris le chemin de Norek avec les chariots de jouets pour l’orphelinat. Nous les avons livrés. Gutryn était la ? Erik a vraiment ramené un sanglier géant en ville ?

J’aperçois la porte de la dame aux cheveux rouges. Mes compagnons vont surement pouvoir répondre à mes multiples questions.