Le Gobelin Farceur - Association de Jeux à Alençon
Vous souhaitez réagir à ce message ? Créez un compte en quelques clics ou connectez-vous pour continuer.
Le Deal du moment : -20%
-20% sur le Lot de 2 écrans PC GIGABYTE ...
Voir le deal
429 €

Les voyageurs des mers

2 participants

Aller en bas

Les voyageurs des mers Empty Les voyageurs des mers

Message  Mathieu Mar 14 Aoû - 22:54

Ceux que l'Unique a maudit ont trouvé un triste répit chez les Bougdads.
Comment se sortiront-ils des griffes des rebelles, et comment quitteront-t-ils le joyau du désert ?


Dernière édition par Mathieu le Mar 14 Aoû - 23:04, édité 1 fois
Mathieu
Mathieu
Découvreur de Merveilles
Découvreur de Merveilles

Messages : 272
Date d'inscription : 28/04/2012
Age : 35
Localisation : Alençon

Personnage
Nom: Deneb / Cyrielle
Race: Humain / Onianne

Revenir en haut Aller en bas

Les voyageurs des mers Empty Re: Les voyageurs des mers

Message  Mathieu Mar 14 Aoû - 23:00

L’échappée belle


« C’est bien, c’est bien tout ça… Mais, vos "T" là, vous devriez les faire un peu plus longs. Un peu comme ça vous voyez ? »
Un souffle dans ma nuque me hérissa les poils. Keresquin se tenait très près de moi, trop près de moi… Quelle foutue idée nous avait pris de monter sur ce fichu "Voyageur des mers" ! Comment j’avais pu me retrouver dans cette cabine moisie à recopier la plus insipide des comédies. Derrière ses lunettes, Keresquin fronça les sourcils quand il me vit grimacer. Ce n’était pas que son attitude irritante qui me laissait perplexe, mais l’effort que je prodiguais pour imaginer où nous serions si nous n’avions pas sauté dans cette galère.

Pour revenir à notre affaire avec les Bougdad, nous nous étions finalement mis d’accord, Edelweiss et moi, pour aller voir au temple ce qu’il en était de l’Ayat, espérant croiser Muslim par la même occasion. La "taverne" qui servait de repaire aux Bougdads était bien vide de leur présence, si on mettait de coté le garde menaçant et le maitre de maison, qui nous confia des vêtements plus passe-partout. Il était néanmoins clair que nous étions suivit, même si à aucun moment, Edelweiss et moi ne pûmes voir la filature. En bons comédiens, rentrer dans le temple et observer sa configuration fut chose aisée, mais les nombreux gardes, ainsi que le prêtre, nous dissuadèrent d’y retourner plus tard. Ce dernier avait une telle vitalité magique qu’il se payait le luxe de tourner les pages de l’Ayat par Télékinésie…

C’est l’une des choses qui déplurent fortement à notre ami Faenrir, qui fulminait dans notre cachette comme un loup en cage : ne rien faire, et ne pas savoir quoi fare. Ça, et le garde qui, ouvrant subitement la porte de notre repaire, jeta un Muslim tuméfié et plus léger de deux doigts. Edelweiss et moi nous précipitâmes sur le jeune homme qui babillait dans sa langue, mais la porte s’ouvrit à nouveau : Faenrir, qui se trouvait dans l’encadrure, avait agrippé l’homme de main des Bougdads, le poing levé. Le pauvre bougre allait regretter son geste. En effet… Faenrir fut projeté contre le mur, sonné. Choix, imaginant sans doute aider, planifia d’inonder le couloir avec un mur d’eau. Toute cette agitation m’obligea à laisser Muslim pour aider mes compagnons, mais dès lors, le garde pris la tangente, ne laissant qu’un Faenrir boiteux et un Choix désemparé. Au loin, des cris furieux se faisaient entendre, et c’était une question de minutes avant que des renforts n’arrivent. Pendant que nous relevions Muslim, ce dernier nous expliqua que ses doigts avaient été pris comme témoignage de leur inflexibilité. Les Bougdads n’avaient pas dû apprécier notre rébellion pour Dalyne, et Muslim payait les pots cassés. La culpabilité m’envahit, mais ce n’était pas vraiment le temps des excuses : nous avions deux blessés à faire bouger, rapidement.

Approchant de la sortie, nous fumes rassurés de voir que personne ne nous attendait. Le maitre de maison était aux abonnés absents, et le garde était probablement sorti pour prévenir ses congénères. Seuls les clients observaient la scène dans une torpeur tangible. L’odeur qui régnait dans la pièce me fit comprendre qu’en cet instant, ils songeaient à des questions dont ils ne se souviendraient jamais.
Les ruelles que nous parcourûmes étaient bien moins fréquentées que les grandes voies que nous avions l’habitude de prendre : Muslim tachait de rendre notre progression discrète. L'échappée était perturbante, tant notre cheminement était imprévisible. Pour tenter de semer le poursuivant que j’avais aperçu plus tôt sur les toits, sans doute, mais aussi pour ne pas révéler la planque que Muslim souhaitait nous faire rejoindre.


Poursuivis dans les entrailles de Fey


A bas mots, nous convînmes que l’un d’entre nous devrait se séparer du groupe pour identifier notre poursuivant, et je me proposai. Lorsque l’occasion se présenta, Faenrir serra contre un bâtiment, me permettant de furtivement disparaitre à l’ombre d’une ruelle, derrière quelques tonnelets. Il était à exclure que je puisse traquer notre poursuivant à l’oreille : les battements de mon cœur résonnaient jusque dans ma tête, et l’insupportable bourdonnement m’empêchait de me concentrer. Balayant en face de moi la ruelle et les toits, je ne vis pas, à quelques mètres de moi, sur la maison qui m’offrait sa pénombre, l’homme qui armait silencieusement son arbalète d’un carreau meurtrier.

D’instinct, mon regard dévia, sondant mes arrières. Nos regards se croisèrent. Le coup parti instantanément. Plongeant dans l’impasse, un cri m’échappa quand le carreau rafla mon mollet et déchira les muscles. Me trainant plus près du baraquement, je trouvais désespérément refuge, plaqué contre le mur, tandis que l’homme rechargeait inexorablement. Le deuxième carreau, moins assuré, termina sa course sur le sol sableux, sans omettre de rafler d’autres chairs de ma jambe meurtrie. La douleur ne m’empêcha pas de voir quantité de sang imbiber mes affaires, et perler de mes mains qui tentaient de ralentir le flot continu. Puis ma vision s’assombrit. Je cru d’abord que je perdais trop de force, mais Choix avait entrepris de créer un brouillard pour me cacher de l’assassin. Au-dessus de moi, un nouveau sifflement retenti, puis un cri étouffé, celui, probablement, de mon assaillant. Quelque chose tomba au sol, puis il me sembla qu’Edelweiss s’écria en courant. Un bruit dur puis spongieux lui fit lâcher un cri de surprise, et une masse s’écroula au-dessus de moi. Quand mes compagnons me retrouvèrent, pale comme un linge blanc, mon attention se porta sur la dague ensanglantée d’Edelweiss, qui faisait à présent sa fierté. Ce bout de femme était décidément plus solide qu’il n’y paraissait.

Pendant que Choix stoppait l’hémorragie et usait de sa magie curative pour me redonner des couleurs, Edelweiss aperçu une autre personne qui surveillait la scène, mais cette dernière disparue aussitôt, descendant de son perchoir. Le champ libre, Muslim pu nous guider jusqu’à un endroit sûr, mais pas des plus agréables : un ancien entrepôt de pécheurs dont les effluves d’avarie nous remuaient l’estomac.

En dépit de l’inhospitalité du lieu, mon sommeil tomba vite. Le lendemain, Muslim, qui avait retrouvé de sa vitalité, ne tenait pas en place. Il nous proposa une solution qui partagea la moitié du groupe : faire appel à Ibrahimout, qui pourrait nous vendre son silence et un refuge contre une forte somme. J’approuvais aussitôt, mais comme d’habitude, mes compagnons y mirent plus de réserves. Choix et Edelweiss n’accordaient pas crédit à Muslim, pourtant il avait démontré mainte fois qu’il était digne de confiance. De toute manière il était impossible de sortir de la ville à l’heure actuelle : le port était trop bien gardé, et en état d’alerte, une grande chaine empêchait les bateaux de quitter le port. Notre seul espoir de ne pas fuir vers le désert résidait en notre capacité à nous faire oublier pendant la crise. Faenrir trancha, et nous partîmes, le soleil couchant, vers le repaire d’Ibrahimout.

Muslim nous fit faire de nombreux détours par des ruelles peu engageantes avant d‘arriver devant une habitation quelconque. Alors que je m’apprêtais à rentrer avec lui, il m’arrêta d’un signe de main, m’invitant à rester sur le palier. Je voulais bien, mais ce n’est pas comme si chaque seconde que nous passions à découvert risquait de nous couter la vie. Le simple fait de penser que les ennuis nous guettaient eu suffit à faire apparaitre, au détour d’un croisement, la garde montée de Fey. Et le plus grave, c’est qu’ils s’avançaient précisément vers nous. Impossible de fuir sans les alerter, je continuai donc ce que j’avais commencé à faire : attendre. L’un des gardes descendit de son cheval pour aller à notre rencontre. Je n’osais pas regarder ce que faisaient mes camarades, de peur de susciter chez eux une réaction malheureuse. Mais plus encore, je craignais surtout que Faenrir ne se jette sur eux.
A quelques mètres de moi, l’homme grogna, main sur le nez : nous refoulions encore probablement de notre nuit à l’entrepôt. Si près de moi, sa carrure cachait les derniers rayons du soleil. Aussi, je ne voyais plus son visage à contre-jour. D’un geste malade, je désignais d’abord ma blessure, tendant par la suite ma main sous son nez, sans un mot. Je n’attendais rien de mieux qu’un regard dédaigneux, qu’il nous jeta en pestant avant de sauter sur sa monture pour reprendre la route. Pour rester modeste, il y avait tout à parier que l’odeur de poisson avait fait tout le travail.


Dissimulés


Une main discrète à travers l’ouverture nous mima de rentrer. A l’intérieur, plusieurs hommes discutaient encore avec Muslim, et je ne parvins pas tout de suite à identifier notre homme. L’un d’eux tendit la main, m’invitant à payer. Je n’avais fichtrement aucune idée du prix à s’acquitter pour un tel service. Muslim nous avait prévenus que c’était cher, mais avec un peu moins de soixante pièces d’or, j’étais en mesure de m’offrir bien des services… Je pensais. Je donnai alors ma bourse à Muslim, qui allait très surement mieux marchander que moi. Au lieu de tout cela, il remit sans hésitation aucune l’entièreté de ma bourse à l’homme, sous mon regard médusé. Celui qui devait être Ibrahimout examina le contenu, avant de nous lâcher que cela suffirait pour trois jours… TROIS JOURS ! Toute ma fortune pour TROIS jours ! Un peu décontenancé, un brin furieux, je jetai un regard dur à Muslim, qui s’abstint de commentaires. Ibrahimout ne devait pas être le genre d’homme qui brade ses services.

Nous étions installés. Sous terre, sans d’autre lumières que torches et bougies. Seuls quelques meubles rudimentaires décoraient notre planque. Les hommes d’Ibrahimout avaient aménagé une cave dont la trappe était dissimulée par des meubles et tapis. Chaque jour, une nourriture simple nous était apportée, mais elle était d’autant plus appétissante qu’il s’agissait des seuls moments où nous ne broyions pas du noir. Dans la seconde pièce, un couple méfiant nous observait de temps à autre. Il me prenait souvent l’envie de sortir, mais la consigne était claire : si des personnes se trouvaient à proximité de notre trappe, nous devions attendre. Cet avertissement me dissuadait de faire régulièrement l’expérience.
Faenrir nous fit un beau témoignage de son amitié quand il accepta de troquer le précieux cimeterre magique que nous avions pris à l’androsphinx contre les compétences d’un soigneur. Il paya ainsi les trois interventions du magicien, qui soulagea nos blessures et nous permis de remarcher normalement.
Avant le troisième jour, l’homme de l’autre pièce vint nous trouver : sa femme allait accoucher. Choix et moi nous regardâmes gênés, avant de nous retourner vers Edelweiss, qui était carrément horrifiée. Seul Faenrir y allait de gaité de cœur… Choix se résigna à aider la femme en la soulageant de ses douleurs. Bientôt, les gémissements de la jeune femme firent place à un cri plus perçant : une malheureuse venait de naitre sous terre, elle serait la fille de deux fugitifs, de deux esclaves, comme ils vinrent à s’en confesser plus tard.

Manquant de moyen, le couple parti le soir même. Cela me fendait le cœur de ne pas pouvoir les aider d’avantage, mais maintenant j’étais un misérable également. Edelweiss néanmoins, pu payer 2 jours de plus, grâce aux pierres précieuses que je lui avais confié… Et aussi grâce à quelques pièces d’or ! Moi qui la pensais fauchée, je devais encore une fois avoir mal compris. Ou alors mes manigances avaient déjà dépeint sur elle. C’est qu’elle apprend vite, en tout cas bien plus vite que moi. Son petit sourire en coin m’apprit plus tard qu’elle avait beaucoup de progrès à faire pour bien mentir.

Les deux jours supplémentaires furent incroyablement longs. Je pensais que nous prendrions les moments durs avec plus de légèreté qu’auparavant, mais il faut croire qu’on ne peut jamais vraiment s‘habituer à ces choses-là. Le cinquième jour, un homme d’Ibrahimout nous invita à quitter les lieux. Personne cette fois-ci n’avait le cœur à renchérir, et le petit vent frais qui balaya nos cheveux gras nous fit un bien fou.


Une extravagante embarcation


La meilleure nouvelle n’était pas que nos poumons se gonflaient d‘airs pur, mais que l’alerte générale à Fey avait été levée. Ainsi, nous pûmes atteindre le port sans encombre pour constater, le cœur léger, que les patrouilles se faisaient rares.
Muslim nous suivit passivement. En effet, dans notre cave, nous avions planifié les diverses destinations possibles, voire avions envisagé de troquer nos dernières possessions pour un aller simple. Malheureusement, nous nous heurtions sans cesse au même problème : il semblait qu’aucun navire n’ait décidé de partir avant une semaine. Nous ne perdions pas espoir : le port était immense, et nous allions sans doute trouver un capitaine pour nous prendre. Mais le temps ne rendait pas la tâche aisée. Au beau milieu de nos recherches, l’orage se mit à gronder, et la pluie de s’abattre avec force. Le vent qui avait tache de projeter eau et sable dans nos yeux ne nous empêcha tout de même pas d’entendre un curieux évènement. Des tambours battaient dans un rythme lent et monotone près d’un chapiteau haut en couleur. En s’approchant, nous vîmes qu’il y avait plus d’une chose extravagante : un petit voilier aux couleurs criardes était amarré derrière le chapiteau, et un homme tenait un récital. Nous trouvèrent refuge sous le chapiteau de fortune, et regardèrent le drôle d’homme que l’on aurait pu confondre, dans nos moments d’angoisse, avec un Schiss : habillé tout de vert, il portait un étrange chapeau qui avançait en pointe comme un bec. Il portait de drôles de verres sur le bout du nez, et ses cheveux blancs tendaient à la rendre plus vieux qu’il ne l’était réellement. A côté de lui, un homme lourdement armé, aux cheveux gris et à la queue de cheval, examinait la foule avec attention.

Si l’accoutrement de l’homme en vert attisait la curiosité, il ne me fallut pas 2 minutes pour être écœuré de la représentation : jouant et surjouant une comédie dramatique, l’homme s’offrait en ridicule devant une foule qui ne trouvait visiblement d’intérêt dans la chose qu’un abri au temps peu clément. Mais l’homme ne semblait pas le remarquer, ou bien avait-il appris à jouer les yeux fermés pour ne pas trop ressentir le poids de la honte.
Je ne me souviens pas avoir entendu d’applaudissements à la fin de la représentation. Par contre, le spectacle qui suivait n’allait pas manquer de susciter des réactions : une belle jeune femme, très légèrement vêtue arriva sur scène. Une longue chevelure lisse et brune, des jambes démesurément longues et des formes généreuses mirent en appétit quelques hommes, dont Faenrir… Et étonnamment Choix ! Je commençais à me demander quand il en trouverait une à son gout. Néanmoins, je regardais sans trop d’intérêt la chose. Certes, la vue d’une belle femme est toujours agréable, mais je ne voulais pas me risquer à ce qu’Edelweiss m’imagine lubrique.

Je ne fus que trop peu surpris de la tournure que prirent les évènements. Si une femme courtement vêtue avait déjà de quoi s’attirer les foudres de la justice à Govon, une femme nue avait toutes les chances d’y perdre sa tête. Oui, la danseuse, lors de gestes plus souples, dévoilait aux yeux de tous son intimité. J’aurais probablement adopté une posture gênée si la garde n’avait pas aussitôt rappliquée. Le mouvement de foule se fit alors tout de suite ressentir. Les gens quittaient précipitamment le chapiteau, et l’homme vert, complètement désemparé, tentait de cacher les atouts de sa danseuse tandis qu’il la faisait remonter promptement à bord. Devant cette hécatombe, la garde accéléra la cadence, mais c’est avec effroi que je constatai que nous étions encore là ! Nous échangeâmes de concert un regard entendu, et nous nous précipitâmes en avant. Faenrir, hurlant comme un beau diable, ne pris pas la peine d’évaluer quelle partie du navire était la plus proche des quais. Il se contenta de bondir et d’atterrir lourdement sur le bateau, sous le regard médusé de l’homme en vert, qui quelques instants plus tôt sermonnait la danseuse.
Avec plus de précaution, nous rejoignîmes également l’embarcation. L’homme en vert était ivre de rage : il se retrouvait avec la garde de Fey aux trousses et avec des passagers clandestins… Mais surtout, le bateau venait, avec notre départ précipité, de frotter les bords du quai, laissant une large estafilade dans la peinture extravagante. Pour ma part, craignant que le solide garde du corps ne nous balance à la mer, je me précipitai vers l’homme en vert pour le convaincre de nos bonnes intentions. A mon grand regret, il était inconsolable, et son discours était complétement décousu : hurlant, pestant, pleurnichant, il parlait autant de sa danseuse que de la peinture du navire et que de la médiocrité de son public. Mes camarades aidaient plutôt l’équipage à partir, notamment Faenrir qui mettait tout son cœur à couper la corde qui retenait notre embarcation.

Quand la dernière corde lâcha, nous n’avions pas prévu qu’un nouvel invité nous aurait rejoints. Un des gardes avait en effet réussi à monter sur le navire à la dernière minute. Faenrir et le garde du corps approchèrent dans une posture menaçante, j’aurais presque juré qu’ils ricanaient. Le soldat se préparait à combattre, quand il eut la bonne idée de se retourner, et de voir ses compagnons arborant un air désolé… Sur le quai. Choix l’invita d’un geste très explicite à sauter, et l’homme n’y trouva rien à redire. Quant à savoir s’il était parvenu à agripper, avec sa lourde armure, la corde que ses compères lui tendaient, c’est une autre histoire.

Alors, Faenrir hurla sa joie. Nous allions quitter Fey ! Quand je rejoignis Edelweiss qui avait trouvée refuge avec Dalyne et la danseuse dans la cale, elle me sauta au coup. Un doux frisson me parcouru et je ne fi rien, au contraire, pour lui faire lâcher prise. Bon, mes mains étaient tout de même paralysées contre mon corps, mais était-il vraiment nécessaire que je le précise ?

Nous remontèrent sur le pont. Aussi surprenant que cela puisse paraitre, l’équipage semblait bien se moquer de notre présence. Déjà, la danseuse m’avait paru très amicale. Maintenant, chacun était à son poste. Le navigateur était occupé à faire glisser une corde dans le gouvernail, l’homme fort et un gamin s’occupaient des cordages. Je me risquais donc à aller voir l’homme en vert, qui était penché sur les bastingages à regarder l’état du navire. Sa réaction fut vive : je venais le remercier de nous avoir sorti du pétrin, mais cet homme dérangé avait compris que je lui demandais de me remercier pour l’avoir dépêtré de la garde de Fey ! Diplomatique au possible, je parvins à lui faire entendre nos remerciements, et tout le monde se présenta. Le capitaine du navire, ou l’homme en vert, se nommait Keresquin de Villoque. Il se prétendait grand artiste, comédien et écrivain. Si je ne doutais pas que ce navire lui appartenait, le reste me semblait un peu fumeux.
L’exhibitionniste qui avait failli tous nous faire coffrer, c’était Nabila. Il y avait aussi Naradim, bateleur et également navigateur. A ce propos, c’était la première fois que je voyais un navigateur maintenir son cap en bloquant le gouvernail avec une corde. Le gamin, Prad, n’était pas causant, et s’occupait simplement d’entretenir le navire et de s’occuper des voiles. Il faut dire que Keresquin n’était pas tendre avec le jeune garçon, ne manquant pas de le reprendre sans arrêt dans sa tâche. Enfin, l’homme fort du navire s’appelait Socrate. J’appris qu’il avait également un numéro dans le spectacle : tordre des épées et barres de fer… A coup sûr, une autre idée de ce Keresquin.
Enfin, il y avait cette silhouette que nous connaissions bien… Muslim ?! Il était monté à bord aussi ! Désemparé, le pauvre nous expliquait qu’avec la garde qui avait été rameutée, il n’avait pas trouvé d’autre alternative que sauter avec nous. J’avais de la peine pour ce brave jeune homme, nous lui avions déjà fait perdre deux doigts, maintenant nous lui faisions quitter son foyer. Mais Muslim le prit avec plus de philosophie, disant que de toute manière, il saurait reprendre un bateau pour Fey. En réalité, plus les jours passaient, plus je le soupçonnai d’aimer ce voyage… Autant qu’il aimait la danseuse.

Nous nous proposâmes de travailler pour payer notre traversée, mais Keresquin n’aurait pas vu cela autrement de toute manière. Il proposa à Edelweiss de danser. C’était plus fort que moi, je m’y opposai vivement, sous les ricanements de Choix et Faenrir, une nouvelle fois. Et puis quoi, on allait la faire danser nue aussi ? On lui trouva le numéro de lancer de couteau. Et si elle pouvait lui en balancer un dans la gorge à ce vieux sénile, c’était ça de pris. Pour Faenrir c’était tout trouvé : il participerait au numéro de force avec Socrate. Choix proposa quelques tours avec sa magie, même s’il eut toutes les peines du monde à placer un mot, tant Keresquin se vantait de ses tours de magie. Quant à moi… Edelweiss venda bien vite ma profession de Copiste…


« Œuvres exquises… Mon cul »


« Si je dois reprendre tous les « t », j’ai peur que ça me prenne plus de temps » lui répondis-je nonchalamment.
« Tant pis. C’est un peu comme ma signature, vous comprenez ? », m’adressa-t-il avec un regard noble derrière ses lunettes.
En réalité, j’étais ravi de sa réponse. J’étais tout à fait habitué à approcher la calligraphie des auteurs dans mon métier, et cela me donnait maintenant une excuse pour réduire ma cadence. Recopier son ouvrage « Œuvres exquises » était l’exercice le plus insoutenable de ma petite carrière de copiste : un condensé de mièvreries, de préjugés et de clichés abominables. Après son départ, je sorti le petit coffret en bois sculpté qu’on m’avait remis, duquel je pris un peu de tabac que je m’empressai de tasser dans ma pipe. Je fumais alors pendant un long moment par la fenêtre, rêvant de notre prochaine destination.

Du coté de mes compagnons, Edelweiss peinait à percer dans l’art du lancer de couteau. Keresquin, lors du repas, dû la prendre à part pour lui trouver autre chose. Le bateau avait une particularité appréciable : il était possible d’entendre tout ce qui se disait dans la cabine du capitaine depuis les calles. Mais j’aurais préféré, malgré ma curiosité satisfaite, ne pas entendre ça. Quand je pu m’éclipser du repas pour les écouter, Edelweiss confessait ses sentiments à Keresquin. Ce vieux fou ! Alors, elle était plutôt du genre à aimer les hommes d’âge mûr… Un raclement… Non, deux raclements de gorge ne suffirent pas à faire cesser cette comédie. Je remontais, furieux, finir mon assiette : je ne voulais pas en entendre d’avantage. Quand elle revint, elle ne manqua pas mon humeur noire, et j’eu même la désagréable sensation que cela la faisait rire. Plus tard, mes compagnons m’apprirent même que ce Keresquin se serait plaint de mes orientations sexuelles. Sur mon navire, cet homme serait passé par-dessus bord.


Dérivant


« Bon sang, vous n’avez pas de carte maritime ! Mais comment vous faites pour vous y retrouver ! » M’écriai-je soudainement quand nous abordâmes le sujet de notre destination avec Keresquin. En effet, il se défendit bien vite en arguant que d’habitude, les habitants étaient toujours assez courtois pour indiquer le prochain village. Choix était furieux aussi, Faenrir hilare. Nous leur avions proposé de rejoindre Faelas, qui représentait la destination la plus proche de notre objectif. Naradim avait une vague idée de l’endroit, aussi, il nous rassura tant qu’il put en disant qu’il s’efforcerait de nous conduire là où Keresquin lui en donnerait l’ordre. Edelweiss vanta alors les mérites de Faelas, si mal qu’elle ne trompa personne… Sauf Keresquin ! Elle lui fit miroiter de nouvelles peintures pour le navire, évidement.

Quelques jours passèrent à suivre la cote avant que nous arrivions près d’un petit village de pécheur. Bien vite, la machine se mit en route. Naradim accosta, et Muslim fut envoyé pour encourager les habitants à venir. Faenrir et Socrate débarquèrent tout le matériel, et j’aidais pour disposer les quelques bancs qui avaient été sauvés de notre échappée belle. Assez vite, une vingtaine d’hommes arrivèrent, habillés chichement. Comme cela se laissait envisager, aucune femme n’assista au « spectacle ».

Lamentable… Grotesque peut-être… Hum, je ne sais pas comment expliquer quel sentiment m’ont laissé certaines parties du spectacle. Commençons par la comédie de Keresquin. Comment diable avoir l’idée de proposer une comédie romantique à ces pécheurs, qui ne comprenaient rien de notre langage ! De surcroit, Edelweiss jouait une déesse qui descendait avouer son amour, suspendu par une corde que Faenrir et Socrate tenaient fermement ! Heureusement que les bougres ne comprenaient rien, sinon je crois que nous aurions été obligé de laisser quelques bancs dans notre départ pour blasphème. Les quelques effets de scène que Choix fit à l’aide de brume sauva la pièce aux yeux de quelques autochtones, comme en témoigna un ou deux applaudissements timides. Pauvre Edelweiss, mettre en jeu ses compétences pour une si piètre pièce.

Puis, Faenrir et Socrate exposèrent leur force dans un numéro truqué. Faenrir commença à présenter à la foule une véritable épée. Après les 5 minutes qu’il fallut à Muslim pour leur expliquer que ce n’était pas un présent mais qu’ils devaient vérifier l’arme, Faenrir remplaça "subtilement" la lame par une autre, factice, qu’il plia sous leurs yeux dans une grimace parfaitement réaliste. Notre homme fort aurait-il de talents cachés de comédiens ? Assurément plus que Keresquin en tout cas. Puis, pour "varier", Faenrir dû plier une barre de fer épaisse. Comme précédemment, il montra la barre au public, et l’échangea "discrètement" par la suite. Là où la scène ne manquait pas de piquant, c’est qu’à en juger par l’hilarité de Socrate, ce dernier lui avait laissé une vraie barre. Sûr de lui, Faenrir se heurta à une réelle difficulté, d’autant qu’il avait décidé de la tordre dans une posture cocasse. Hilare aussi, j’encourageais alors mon ami dans sa triste besogne, sans m’imaginer un seul instant qu’il en était capable. Et il en était capable. Rouge et beuglant, il plia la barre progressivement dans son dos, qui s’enfonçait profondément dans sa peau, laissant une marque impressionnante. Des hommes crièrent à la tricherie, mais la barre que leur remis Faenrir suffit à convaincre les rares pécheurs à s’y essayer. Tout le monde l’acclama, nous en riant, Socrate applaudissant sans un sourire, mais plutôt avec un regard plein de respect.

Puis Nabila, cette fois bien plus habillée, clôtura le spectacle. Je commençais déjà à rentrer sur le bateau au cas où, mais la réaction des hommes se fit surprenante : reine du spectacle, Nabila était acclamée par des hommes surexcités par ses courbes élégantes. Je pense qu’elle aurait pu se permettre de retirer quelques tissus, mais aucun ne se risqua à lui proposer.
La troupe passa pour recueillir sa récompense, mais les hommes ne semblaient pas comprendre ce qu’il se passait. Muslim ne put obtenir d’eux que quelques poissons séchés : sans doute que ce petit village ne connaissait pas l’intérêt de la monnaie. De retour au bateau, il fallait que j’en suis sûr… Je demandai à Edelweiss, inquiet, si le temps qu’elle passait avec Keresquin étaient bien des répétitions. Lorsqu’elle me dit avec un sourire qu’elle trouvait ça mignon, je me disais plutôt que j’avais surement l’air d’un con, une fois de plus.

L’île cendreuse


Naradim estima que nous pourrions bientôt quitter la cote pour naviguer vers la prochaine île, qui représentait notre première étape vers Faelas. Le trajet s’annonçait paisible, c’était sans compter sur sa méthode douteuse de navigation, qui nous fit heurter un récif. Les dégâts étaient minimes, et de la rustine suffit à colmater la brèche. En revanche, il nous fallait trouver un endroit ou échouer pour remplacer la planche, sans quoi la rustine ne suffirait bientôt plus. Malheureusement, en contournant la nouvelle île très rocheuse, aucun lieu décent ne s’offrait à nous. Il faut dire que cette île ne nous apparaissait pas très accueillante, et que sa couleur noircie était plutôt inhabituelle.

La bonne humeur n’était pas au beau fixe : il y avait toujours plus d’eau qui s’infiltrait dans les cales, et bientôt la rustine viendrait à manquer. Heureusement, ou presque, Prad nous interpella après quelques jours de doutes : il distinguait dans la nuit deux formes au loin, comme deux tours. Naradim, cette fois-ci plus prudent, vogua doucement vers cette destination. Aux premières lueurs, la vision de Prad se confirma : au loin, une terre calcinée dont s’extirpait deux grandes tours noires nous apparaissait. La vision n’était pas réjouissante, car avec le soleil levant, les couleurs n’étaient pas sans rappeler les lendemains cruels d’une ville dévastée et brulée : de nombreuses maisons tenaient toujours debout, mais l’étrange nature de l’ile avait pris de dessus, nous offrant comme vue celle d’une ville fantôme. Tout cela faisait cependant autant de raisons qui me poussait à en découvrir plus. Je me proposais donc pour l’expédition qui visait à explorer l’ile.

Naradim n’eut aucun mal à échouer : un ancien port avait été aménagé en ces lieux. Tout ici avait l’air en désuétude depuis longtemps. Prudemment, nous appelâmes avant de descendre, mais personne ne nous répondit, à part peut-être un écho lointain. Keresquin envisagea qu’il puisse s’agir d’une île volcanique, c’est-à-dire d’une île dont les montagnes projetaient flammes et roches fondues. Cela expliquait le départ des habitants et la couleur des environs, et son raisonnement me rassura. Les quelques baraques à côté du port semblaient receler d’informations, et sur l’une d’elle, nous pouvions y lire… Tarek.
Mathieu
Mathieu
Découvreur de Merveilles
Découvreur de Merveilles

Messages : 272
Date d'inscription : 28/04/2012
Age : 35
Localisation : Alençon

Personnage
Nom: Deneb / Cyrielle
Race: Humain / Onianne

Revenir en haut Aller en bas

Les voyageurs des mers Empty De Govon à Tarek nev

Message  Pollonium Sam 13 Oct - 23:39

La nuit est très sombre sur Tarek nev. Je suis maintenant seul à l’entrée du temple car Edelweiss est rentrée à l’intérieur pour se coucher. Il faudra bientôt que je l’imite. Mais à quoi bon se presser quand je sais pertinemment que je ne trouverai pas le sommeil avant qu’une fatigue excessive ne m’y fasse sombrer.
Au milieu de cette nuit noire percent de faibles lueurs dans le secteur ou le vieil homme et les mercenaires sont allés. Je me demande bien s’ils sont toujours en vie et quel est l’objet de leurs recherches. J’espère qu’ils n’en ont pas après le bâton du vieux Eogen.
Le vent nocturne porte jusqu’à mes oreilles le faible écho de cris ou des hurlements. Ou peut-être est-ce simplement mon imagination ? Je prie les dieux d’Orhan pour que ces cris ne soient pas ceux de Dalyne. Je n’ai plus beaucoup d’espoirs pour la petite et je ne sais si je dois sombrer dans la colère ou la tristesse…
Non je dois rester fort mes amis ont besoin de moi. Fenrir est dans un état de faiblesse extrême et Deneb ne va pas bien du tout. Quand a Edelle elle semble s’être bien remise de ses brûlures mais peut-être cache t-elle simplement son état ?
Avec mes amis dans cet état mes espoirs de secourir Dalyne s’effondrent. Comment diable avions nous fini par nous retrouver sur cette île maudite ?

***

Tout a commencé dans la grande ville de Fey. Les autorités nous recherchaient car nous avions aidé des nomades pour lesquels ils n’avaient aucune affection.
Un groupe de dissidents religieux, les bougdads, avaient mis la main sur nous. Ils menaçaient de nous dénoncer ou de mettre un terme à nos vies si nous n’acceptions pas de voler le livre le plus sacré pour toutes les personnes à des milliers de lieues à la ronde, le très saint Ayat.
Après de longues dizaines de minutes de discussions vaines et stériles il fut décidé que Deneb et Edelle partiraient en mission de reconnaissance au temple ou l'Ayat était gardé et qu’ils tenteraient également de retrouver Muslim, notre guide. Allez savoir pourquoi Deneb était persuadé que ledit Muslim nous attendrait à l’observatoire ! Bien sûr Fey est une ville si petite, et puis ce n’est pas comme si notre guide était recherché lui aussi…
De notre coté Fenrir et moi-même restions sur les lieux pour protéger Dalyne car nous redoutions que les bougdads saisissent la moindre occasion pour nous l’enlever.

***

Au terme d’une grosse paire d’heures d’attentes nos amis revinrent, sans Muslim bien entendu. Ils nous firent un rapport détaillé sur la sécurité de l’Ayat. Nous n’avions aucune chance de le dérober discrètement ! Le passage en force avait tout du suicide, la seule solution restante était la menace. Si nous arrivions à approcher le livre et que nous menacions de le détruire nous pourrions peut-être rester en vie. Mais combien de temps ? Il faudrait bien que nous le donnions à quelqu’un à un moment donné et je doute que les bougdads acceptent de nous le prendre alors que nous serions poursuivis par toute la population du sous-continent.

***

Du bruit dans le couloir menant à la cave où nous nous cachions nous tira de nos réflexions sur un plan viable. Un bougdad ouvrit notre porte et jeta vers nous un homme en piteux état. Il me fallu quelques secondes pour reconnaître Muslim, qui visiblement avait était roué de coups et sûrement torturé. Les fanatiques lui avaient même tranchés quelques phalanges ! Sans doute pour nous montrer qu’ils étaient prêts à tout et pour nous faire payer notre manque de coopération.
Alors que le bougdad tournait les talons mon regard croisa celui de Fenrir. J’y vis son envie d’en découdre. Moi même échauffé par cette situation intenable qui était la notre, j’acquiesçai de la tête à sa question muette. Le nordique n’eut pas à se le faire dire deux fois ! Il se rua sur le bougdad et tenta de le maîtriser à mains nues. Malheureusement pour lui son adversaire ne se laissa pas faire. Pour l’aider je plongeai le couloir dans un véritable mur d’eau. Mon ami pouvait y respirer grâce à son armure magique, pas son ennemi.
Malgré nos efforts conjugués le bougdad parvient à prendre la fuite tout en ayant au préalable brisé le pied de Fenrir.

Je craignais que d’autres bougdads nous donnent l’assaut mais ils n’en firent rien. Peut-être avais je surestimé nos adversaires, ou l’importance que nous avions à leurs yeux.
Quoi qu’il en soit la voie était libre et nous ne nous fîmes pas prier pour prendre la poudre d’escampette ! Muslim nous guida à travers les ruelles faiblement éclairées par la lueur des astres nocturnes. Deneb nous informa que nous étions suivis, nous décidâmes donc d’embusquer notre ou nos poursuivants.

Tout ne se passa pas exactement comme nous l’avions prévu car notre scribe reçu un vilain trait d’arbalète au travers de la jambe et s’écroula au sol. Alors que le tireur rechargeait son arme je recouvris mon ami de brouillard en espérant qu’il ait la présence d’esprit de se déplacer un peu en rampant.
Je m’interrogeai sur les prochaines actions de l’arbalétrier quand je le vis s’écrouler du toit, une dague profondément enfoncée dans la nuque. Edelweiss l’avait contourné avec brio puis l’avait abattu. Mon soulagement à ne plus me savoir en danger fut vite balayé par de l’inquiétude et de la tristesse à voir ma jeune amie si heureuse d’avoir tué un homme. Quoi qu’il en soit je n’avais pas le temps de philosopher. Nous nous occupâmes de nos deux éclopés et reprîmes la route.
Muslim nous dénicha un vieil entrepôt à poissons à l’odeur fétide pour que nous passions la nuit. Nous nous reposâmes du mieux que nous pûmes.

***

A notre réveil Muslim nous parla d’un de ses amis, un certain Bramouth. D’après notre guide ce dernier pourrait nous cacher le temps que l’affaire ce tasse mais le service nous coûterait cher. Je ne fut pas séduit par cette idée, Edelle non plus, mais comme nos deux autres compagnons et Muslim préféraient cette solution nous primes le chemin de la maison de Bramouth.
Muslim rentra en premier dans la bâtisse et nous demanda d’attendre à l’extérieur. Une patrouille apparue au bout de la rue et mon cœur se figea. Ils s’approchèrent de nous mais notre odeur et notre apparence misérable leur firent croire que nous étions des mendiants et ils continuèrent leur chemin.
Muslim émergea peu après et nous fit entrer. En échange de tout notre or Bramouth consenti à nous cacher pendant une poignée de jours. On nous conduisit dans un sous-sol par une trappe cachée sous un tapis et un meuble. Les quartiers que l’on nous avait alloués étaient aussi confortables que possible. Dans une autre pièce nous aperçûmes un couple d’esclaves visiblement curieux de notre venue. Puisque nous allions passer un long moment en ces lieux j’en profitai pour me reposer et m’appliquer à développer mon affinité magique.

***

La tranquillité de notre vie dans cette cave ne fut perturbée qu’en deux occasions. La première lorsque mes amis réussirent à négocier avec Bramouth pour faire venir un guérisseur. Ce dernier fit des merveilles et remis magiquement sur pieds nos deux compagnons. Ce n’est que bien après son départ que je pensai qu’il aurait du examiner Dalyne, peut-être était-il possible de soigner son infirmité ? Je notai dans un coin de ma tête d’y repenser plus tard.
Le deuxième événement pris la forme de cris qui nous réveillèrent. Dans la pièce voisine la jeune esclave était en train d’accoucher. Nous aidâmes de notre mieux cette venue au monde. La joie de cet heureux événement fut ternie quand j’appris que les fugitifs seraient bientôt mis dehors.

***

Lorsque nous émergeâmes enfin de notre planque le climat en ville était plus calme et les patrouilles bien moins nombreuses. Nous nous séparâmes en deux groupes pour moins attirer l’attention et primes le chemin du port pour nous trouver une embarcation.

***

Après une bonne heure sous la pluie où nous n’avançâmes guère dans notre quête un étrange spectacle nous interloqua. Devant une petite embarcation colorée des bancs et un auvent de fortune avaient été tirés. Un spectacle était sur le point de commencer.
Nous nous installâmes pour regarder, bientôt rejoint par quelques badauds que le temps humide n’avait pas réussi à cloîtrer chez eux. Les premiers numéros eurent le mérite de me divertir et de chasser mon pessimisme. Dalyne de son coté était aux anges.
Lorsqu’une danseuse quasiment nue s’avança pour nous faire la démonstration de ses talents je fut surpris. Ces gens si strictes toléraient-ils donc ça ? Apparemment oui car la foule était enjouée, voir survoltée par le spectacle. Je dois avouer que moi même je fus presque hypnotisé par les courbes de la danseuse et échangeai une blague grivoise avec Fenir, au plus grand mécontentement d’ Edelle.

Soudain les bancs commencèrent à se clairsemer alors que le numéro n’était pas fini. Au loin nous pouvions voir un contingent de gardes s’approcher. Quelque femme jalouse aura sûrement été les prévenir.
Sentant le vent tourner l’équipage du navire commença à se préparer à un départ précipité. Mes compagnons et moi-même échangeâmes des regards et la même idée folle traversa nos esprits. Je ne sais ce qui nous prit mais nous saisîmes l’occasion et sautâmes tous sur le pont du navire. L’équipage fut surpris et son capitaine, un petit homme arborant une moustache ridicule tenta de nous convaincre de quitter son pont, en vain. Nous nous rendîmes utiles pour aider au départ au coté d’un équipage interloqué.
Avec un peu de méthode, le sacrifice de quelques cordes et d’un peu de matériel abandonné, notre navire quitta le quai dans un fracas de crissements et de raclements alors que la garde arrivait à notre niveau. Un soldat plus zélé que les autres sauta sur notre pont et nous intima de nous rendre. Voyant qu’aucun de ses amis ne l’avait suivi je lui suggérai de bien nous compter, de regarder derrière lui puis de sauter à l’eau. C’est exactement ce qu’il fit !

Notre embarcation capta le vent et se mis en route rapidement. Enfin nous allions quitter ce pays de fous ! Le son grave et pénétrant de plusieurs cors me remis les pieds sur terre, ou sur le pont plutôt. Les gardes envoyaient un signal pour que l’immense chaîne barrant le port soit remontée et nous bloque le passage. Il fallait faire vite si nous voulions nous en tirer. J’avisai le capitaine qu’il fallait se diriger vers le centre car c’est la que la chaîne serait la plus basse quelque soit le moment.
Chacun se mis à un poste pour aider de son mieux, fort de ses expériences sur le Forgrim. Pendant un bref instant je repensai à Macamod, Ilmar, Imikis et Vilma qui nous avaient appris tout cela. Puissent les dieux les avoir accueilli en leur royaume. Nous franchîmes la chaîne en retenant notre souffle puis nous laissâmes exploser notre joie devant l’équipage complètement incrédule. En écho à nos gris le tonnerre se mis à retentir, et des éclairs lardèrent le ciel et l’océan. Au moins l’ardeur de nos poursuivants serait sûrement douchée par la météo, mais encore fallait-il que nous même survivions aux flots déchaînés. Je pris une corde pour m’attacher à la rambarde et je me concentrai au maximum pour communiquer avec les vagues et les calmer. Je ne constatai aucun résultat visible, cela restait encore au delà de mes moyens.
Après plusieurs heures de gros temps notre bâtiment cessa de tanguer et continua sa course calmement. Exténué par notre folle poursuite, la tempête et mes vains efforts magiques je sombrai dans un sommeil profond, toujours accroché sur le pont.

***

La morsure du soleil au zénith me réveilla. Je me levai et fis quelques étirements avant de me mettre en quête de mes compagnons, les anciens comme les nouveaux.
Le capitaine du navire, un certain Keresquin, était un petit homme pompeux et mégalomane. Il se croyait doté à outrance de talents d’acteur et d’auteur mais ne me convainquait dans aucun de ces deux domaines. Je n’ai par ailleurs jamais compris s’il tentait de séduire Deneb ou Edelle ou les deux. En un mot cet homme m’était insupportable et je tentais un maximum de l’éviter durant tout notre voyage commun.
L’homme fort du navire se nommait Socrate. Il s’agissait d’un colosse à la chevelure grisonnante. Capable de tordre épées et barres de fer, plus ou moins factices, à mains nues il n’en restait pas moins un homme amical, poli et bienveillant bien que guère causant.
La danseuse aux formes affriolantes répondait au prénom de Mabila. Tout comme son oncle Socrate elle se montra immédiatement accueillante envers nous. Bien que nous croisions sans arrêt nous n’avons jamais vraiment conversé ensemble. Peut-être que son oncle m’intimidait ou tout simplement que je n’avais rien à lui dire. Le brave Muslim, qui nous avait suivi dans cette folie, fut totalement subjugué par les charmes de la belle. Même si je me moquais ouvertement de son air béat je l’enviais un peu.
Pard, un jeune garçon, faisait office de valet à notre capitaine. Il exécutait ses nombreuses corvées sans se plaindre ce qui lui fit gagner mon respect. Je tachai de l’aider aussi souvent que possible afin qu’il puisse s’amuser un peu. Dalyne ne demandant pas mieux que d’avoir un compagnon de jeu.
Enfin le dernier membre de cet équipage farfelu était Naradim, le pilote du navire. Un autre type peu causant mais ma foi fort aimable et n’hésitant pas à nous faire profiter de son expérience.

Nous nous accordâmes avec Keresquin pour qu’il nous amène jusqu’en Emer en échange de quoi nous assisterions lui et son équipage pour la navigation et aussi pour les spectacles que nous donnerions lors des haltes. Ainsi Fenrir se mis à apprendre des tours sous la tutelle pleine de poigne de Socrate. Edelweiss de son coté devait apprendre la danse avec Mabila, mais Deneb s’y opposa. Alors on proposa qu’elle donne la réplique à Keresekin lors des pièces. Deneb lui proposa de recopier les livres de Kereskin afin qu’il puisse les diffuser et les vendre. Quand a moi…
Comme d’habitude je ne voyais pas vraiment en quoi les aider ainsi me proposai-je pour les corvées et les taches physiques subalternes. J’avançai également l’idée que mon contrôle de la brume et de l’eau pourrait servir pour agrémenter un autre tour.

***

Après quelques jours à longer la cote nous atteignîmes un village de pécheurs. Keresquin ordonna que l’on se prépare à accoster et à donner spectacle. Dès que notre navire fut amarré une foule d’enfants et de curieux s’approchait déjà. Je murmurai aux eaux salines et elles m’obéirent. Je les fit s’élever en une barrière puis je faisais jaillir ça et la des jets d’eau pour le plus grand plaisir des spectateurs. Avec ça nous avions bien éveillé leur intérêt
Nous installâmes notre scène et le spectacle commença. Fenrir surprit la foule et même Socrate par ces tours de force. Ensuite Edelle et Keresquin respectivement jouèrent et surjouèrent une pièce pleine de mièvreries que nos spectateurs ne pouvaient pas comprendre en raison de la langue employée. Heureusement c’est Mabila qui pris la suite, cette fois ci un peu plus vêtue, mais guère beaucoup plus. Une nouvelle fois les hommes apprécièrent, à croire que le style de vie de l’Ayat crée quelques manques. Je profitai de l’occasion pour entourer plus ou moins la danseuse de brumes mobiles afin de stimuler l’imagination des observateurs.
Une fois le spectacle fini les pécheurs nous invitèrent à partager leur repas puis ils nous offrirent des poissons séchés en guise de remerciement pour le spectacle. Keresquin fut déçu, mais a quoi s’attendait-il donc ? Ces pêcheurs ne possédaient rien d’autre à nous offrir.

Nous réprimes la mer, Keresquin voulait que nous naviguions en pleine mer, mais nous ne disposions ni de cartes ni d’instrument. Je demandai donc au navigateur de ne pas trop s’éloigner des cotes et de les longer vers l’ouest. Notre capitaine, trop occupé par sa propre personne, ne remarqua rien.

***

Nous naviguâmes ainsi pendant une quinzaine de jours. Un après-midi notre capitaine nous convoqua pour partager une bouteille de vin fin. Un puissant choc fit trembler le bateau et Keresquin lâcha sa bouteille qui se brisa sur le pont. Un bruit de raclement inquiétant monta de sous la coque. Nous étions sur des récifs ! Nous aurions pu facilement les voir si cette andouille de capitaine ne nous avait pas tous convoqué.
Nous nous précipitâmes dans la cale pour évaluer les dégâts. Nous avions une voie d’eau importante que nous réduisîmes du mieux que nous pouvions, mais nous ne parvînmes pas à la stopper complètement. Si je n’avais pas demander à Naradim de longer la cote notre navire ne serait pas au beau milieu des l’océan en prendre l’eau. Je pestai contre ma fierté et ma stupidité tout en écopant l’eau qui ruisselait sur mes pieds.

***

Nous écopions depuis des heures quand une terre sombre te rocailleuse se découpa à l’horizon. Aucune végétation apparente, donc aucune faune non plus, nous n’avions donc aucun intérêt à y accoster hormis peut-être pour éviter de sombrer. Nous longeâmes donc cette côte pendant plusieurs jours tout en écopant en permanence. Mais malgré tout nos efforts l’eau entrait en quantité de plus en plus importante. Nous allions bientôt devoir échouer en catastrophe notre navire quand elle apparue devant nous.
Au loin deux monticules se dressaient haut au dessus de la mer sur leurs flancs se découpaient dans le soleil couchant les formes de constructions humaines ! Nous nous en approchâmes plein d’espoir, mais nulle lumière, nulle personne, nulle embarcation ne vint à notre rencontre. Alors que l’obscurité nous engloutissait nous nous amarrâmes sur les quais d’une ville qui avait tout l’air d’être fantôme. Nous avions accosté sur la funeste Tarek nev, mais à cet instant nous n’en savions rien.
Pollonium
Pollonium
Dévoileur de mondes
Dévoileur de mondes

Messages : 442
Date d'inscription : 28/04/2012
Age : 40
Localisation : Saint cyr en pail

Personnage
Nom: Julien
Race: Crabe radioactif

Revenir en haut Aller en bas

Les voyageurs des mers Empty Re: Les voyageurs des mers

Message  Contenu sponsorisé


Contenu sponsorisé


Revenir en haut Aller en bas

Revenir en haut

- Sujets similaires

 
Permission de ce forum:
Vous ne pouvez pas répondre aux sujets dans ce forum