25 - La tour de Yarthraak

TE 6052, Orhan 3, 18ème jour

Je ne garde que des souvenirs très flous de ma convalescence. D'après ce que m’a dit Dylane nous devons notre survie à Gutryn qui a tout fait pour s’interposer entre nos corps mutilés ou inconscients et les prêtres de Yarthraak. Il a tenu à ce que des prêtresses d’Eissa s’occupent de nous. Si j’ai bien compris Nusmoy elle-même a soigné nos blessures ! Pourquoi faire une telle chose si elle est à la botte d’Aeryk ? Quoi qu’il en soit j’ai passé les jours suivants à me remettre dans ma chambre à la dame aux cheveux rouges.
Nous avons encore bien failli mourir. Si nous trépassions je crains qu’il n’arrive le pire dans cette région. Les seigneurs d’Orhan ne peuvent agir directement sans provoquer des cataclysmes. Les Loremasters n’agissent pas non plus, je suppose qu’ils craignent d’attirer l’attention sur eux et qu’ils veulent forcer les forces de la non-vie à se montrer. Il ne reste que nous et quelques âmes de bonne volonté pour défendre ces terres.
Afin que nos connaissances ne disparaissent pas avec nous j’ai entrepris de tenir ce journal de façon plus rigoureuse. S’il nous arrivait quelque chose j’ai chargé ma fidèle Sissifa de l’amener aux changramails les plus proches afin qu’ils l’acheminent à leur tout jusqu’aux bonnes personnes. Je fais de mon mieux pour le coder mais j’ai encore des progrès à faire dans ce sens.
Je n’ai pas grand-chose d’autre à dire aujourd’hui si ce n’est que Selendyl m’a restitué Thulor Nu’Mis. Je ne m’attendais pas à ça de lui. Il s’est sans doute lui aussi rendu compte de la dangerosité de cette épée. Un objet d’un tel pouvoir est des plus utiles mais il causera à coup sur la perte de son porteur. Je ne sais pas ce que je vais en faire. Pour le moment elle est enrobée dans du tissu dans un coin de ma chambre. Vais-je la donner au temple de Cay ou d’Eissa ? Au vu de la situation en ville, n’est-ce pas la donner à nos ennemis ? Une corne de licorne et un suaire c’est déjà bien assez ! Si je ne trouve rien je la ferai mettre dans la cache sous les flots au sanctuaire de Shaal.


TE 6052, Orhan 3, 19ème jour

Ce soir j’ai fini de trier et d’empaqueter mes affaires. Les livres sont bien rangés, ils n’attendent plus qu’on vienne les chercher. Je suis allé voir un changramail avec un message pour les loremasters. J’y fais part de tous les derniers éléments et je leur ai indiqué un message codé à donner à la réception de l’auberge pour se voir confier la clé de ma chambre et y récupérer les livres.
Je ne sais toujours pas quoi faire de l’épée elle pourrait nous être utile. Est-ce elle qui m’influence ? Je suis tellement incompétent avec les armes quelle ne me servirait à rien. Si je la confie à Erik elle le tuera… Qu’elle reste ici pour le moment. Elle se défendra de toute façon.


TE 6052, Orhan 3, 20ème jour

Ce matin, alors que nous prenions un petit-déjeuner en compagnie de l’énigmatique Selendyl, des messagers nous ont demandé. Le seigneur Gutryn nous faisait quérir chez lui. Soucieux de notre sécurité il avait fait envoyer une escorte armée.
Sur la route j’ai remarqué de la fumée au sud. J’ai immédiatement eu le pressentiment que la demeure de Gutryn était en feu. Alors que nous nous rapprochions mais craintes devenaient de plus en plus probables. D’autres eurent la même idée que moi et bien vite le groupe se divisa, chacun voulant au plus vite aller secourir ses proches sur place.
Laissé de coté, j’arrivai en dernier dans les lieux accompagné de Selendyl. Le bâtiment principal n’était pas en flammes mais les dépendances se consumaient dans un brasier ardent entretenu par la chaleur d’une matinée d’été. Pour moi il s’agissait la d’une diversion, Gutryn était la cible. Son intervention en notre faveur avait sans nul doute attiré sur lui l’attention d’Aeryk. Je fis de mon mieux pour rameuter des gardes et mes compagnons vers le bureau du conseiller et non vers les incendies. Alors que j’entrais accompagné d’un garde dans la demeure de Gutryn  nous entendîmes un bruit sourd à l’étage. Nous gravîmes les escaliers quatre à quatre et nous ruâmes dans le bureau du conseiller. Je dois avouer, avec honte, que j’ai laissé passer le garde avant moi dans la crainte de recevoir un coup de croc verdoyant. Je trouvais sur le sol de la pièce un Erik inconscient. Quel coup phénoménal il a du falloir pour le mettre hors-jeu dans sa condition actuel. Ce n’est qu’âpres avoir vérifié qu’il respirait toujours que j’ai remarqué Gutryn. Notre ami gisait non loin la gorge béante. La vie ne l’avait pas encore quitté mais elle s’obstinait à s’échapper hors de lui. J’ai tenté de canaliser le pouvoir d’Eissa pour le soigner mais la magie ne put rien y faire. Le croc verdoyant évidemment !
Les gardes ont fini par arriver je les ai envoyé chercher de l’aide et nous avons conduit avec diligence le mourant jusqu’au temple d’Eissa. Sur place les prêtresses sont restées d’un calme qui a fait monter la colère en moi. Je ne comprends pas pourquoi elles n’ont pas fait amener la corne de licorne et le suaire. Il n’y avait pas grand-chose à faire pour lui tant que nous n’aurions pas récupéré le croc verdoyant. Je suis quand même resté la nuit pour le veiller et pour prier pour lui.


TE 6052, Orhan 3, 21ème jour

J’ai passé toute la nuit au temple. Gutryn s’est attaché à la vie, mais il ne tiendra plus très longtemps. Mes compagnons sont venus me retrouver. Ils ont mené leur enquête et fini par apprendre ce que le conseiller nous voulait. Il semblerait que trois envoyés de Yarthraak soient partis vers le nord à cheval.

Les autres s’étaient déjà presque préparés. De mon coté j’avais déjà rangé mes affaires. Ainsi après avoir fait un adieu à Gutryn et être passé prendre mes affaires de voyages, nous sommes partis à la poursuite des envoyés d’Aeryk. Selendyl a veillé à ce que nous ne manquions pas de chevaux et il a fait route avec nous. Je me demande toujours ce qu’il fait avec nous. Même s’il m’est sympathique je suis toujours mal à l’aise en sa présence.

Le soir nous sommes arrivés dans un relais. Après investigations nous avons appris que nos cibles étaient bien passées ici ce matin pour se ravitailler. J’en ai profité pour faire causer les voyageurs et j’ai entendu d’inquiétantes rumeurs du nord. Il semblerait que le prince de Cynar ait disparu suite à l’assassinat de son père. Du coup le royaume est en effervescence, les armées circulent. En plus l’empereur de Rackhaan veut faire valoir ses droits sur Cynar si le prince ne réapparaît pas. Ils seraient parents à ce qu’on dit. Derrière tout cela j’aperçois la main de Yarthraak…


TE 6052, Orhan 3, 22ème jour

Comme nous le pensions les émissaires voyagent de nuit. Tôt dans la matinée nous avons retrouvé leur campement non loin du relais, sur une piste secondaire. Nous voyageons en décalé mais au final ils n’ont pas temps d’avance que cela. Sans doute se font-ils discrets et empruntent-ils des routes secondaires.

Toute la journée nous avons voyagé à bride abattue. Le soir nous étions presque à Tharp. Avant de nous installer au relais nous avons décidé de chercher un éventuel campement similaire à celui de la veille. Nos investigations ont porté leurs fruits et nous sommes tombés s nos proies qui allaient reprendre la route de nuit après une journée de repos. Nous n’aurions peut-être pas d’aussi belle occasion. La surprise aidant nous avons engagé le combat. Ma contribution fut modeste mais je réussi à envoyer au sol une des montures en la percutant avec un puissant projectile aqueux. Tout se passa rapidement et sans casse de notre coté, mais l’un des émissaires parvint à prendre la suite.

Je comprends mieux ce qui me déplait chez Selendyl. Il invoque sans crainte et avec forte voix le nom de Scalu. Il torture avec plaisir puis exécute notre prisonnier. Je suppose que l’homme le méritait mais quand même. En plus je ne comprends pas bien. Les dieux de Charon ne travaillent-ils pas avec les forces de la non-vie ? C’est ce que j’ai toujours lu dans les écrits relatant la fin de la seconde aire. C’est cela qui à forcé les seigneurs d’Orhan à intervenir en personne…

La mission des émissaires était selon toute vraisemblance de livrer un message. L’un d’entre eux la d’ailleurs partiellement mangé avant que nous puissions faire main basse sur le document. Voici ce que nous avons pu sauver :

                 --- Maître de la tour,
--- suivent leur tournure.
--- Capuche orne leur Lune et en masque la Volonté.
--- envoyé dès maintenant les Sabots de l’Elfe à Cynar pour assurer---
--- la protection de notre nouveau conseil.
--- gardez notre invité au chaud et sécurisez le Présent jusqu’à mon retour.
--- Drake se mettra en marche lorsque l’Elfe lui ordonnera de lâcher
--- troupes. L’Ordre rayonnera bientôt vers le Nord.
--- ai appris que nos Cousins de Lyak sont frileux de reconnaître
--- acquis un Couteau et ne le céderont pas sans contrepartie.

Aeryk. Haut prêtre de Yarthraak

J’ai souligné les majuscules incongrues ou qui me semblaient dissimuler un double sens.  En reconstruisant et par intuition nous arrivons à :

    Maître de la tour (le chef local de Yarthraak),
Les événements suivent leur tournure.
La cloche est en place sur l’orbe et sa magie est inhibée.
Envoyez dès maintenant La cavalerie de l’elfe (Lorgalys ?)à Cynar pour assurer la protection de notre nouveau conseil.
Gardez notre invité (le prince de Cynar ?) au chaud et sécurisez le présent (objet magique ?) jusqu’à mon retour.
Drake (prénom ou un dragon ?) se mettra en marche lorsque l’Elfe (Toujours Lorgalys ?) lui ordonnera de lâcher les troupes. L’Ordre (culte de Yaarthrak ?) rayonnera bientôt vers le Nord (wyverne, griffon ?).
J’ai appris que nos Cousins de Lyak (Culte de Gaalt ?) sont frileux de reconnaître qu’ils ont acquis une lame magique (épée du pégase ?) et ne le céderont pas sans contrepartie.

Aeryk. Haut prêtre de Yarthraak

En plus de cette lettre nous avons trouvé une carte des environs. Sur celle-ci j’ai pu noter une tour isolée au bord de la mer. Sous celle-ci j’ai distingué le mot Yaarthrak. Tout porte à croire que c’est la que se dirige notre messager rescapé.


TE 6052, Orhan 3, 23ème jour

Nous avons devancé le dernier messager et nous l’avons rattrapé alors qu’il allait rejoindre la tour. Je l’ai mis à bas de sa monture avec l’aide de Shaal. Selendyl métamorphosé, à notre insu, en gigantesque félin s’est jeté sur le malheureux, lui a tranché la main et l’a achevé sans aucune pitié. Une telle bestialité n’est pas pour me rassurer. Comme si Erik le loup-garou-zombi-berserker ne suffisait pas !

Nous avons repéré les lieux. La tour de Yarthraak est un éperon rocheux qui surgit des flots non loin d’une falaise. De loin elle doit paraître inaperçue. Seul un pont de pierre la relie à la falaise. Je ne sais toujours pas qui est le « maître de la tour », mais les sabots de l’elfe sont surement la quinzaine de cavalier qui loge à l’intérieur. Sans doute des troupes d’élite. Le dragon mort-vivant dont le cri nous a glacé le cœur est peut-être « Drake » même si j’en doute celui-ci semble plus du genre serviteur que dirigeant.

Nous ne sommes pas du tout d’accord sur la marche à suivre. Un assaut frontal semble être un suicide pur et dur. Quelles ruses avons-nous à notre disposition ? J’ai moi-même du mal à me décider. Je n’aime pas l’idée de mettre ma vie en jeu ainsi. Mais d’un autre coté c’est sans doute l’unique occasion que nous avons de libérer le prince de Cynar et de mettre la main sur le précieux « Présent » du culte. En mon fort intérieur je sais ce que les seigneurs d’Orhans attendent de moi. Je redoute simplement le prix à payer.
Le spectacle de tous les Norekiens ignorants ou ne faisant rien me dégoûtait. Mais moi je ne suis pas ignorant… Comme on dit « pour que le mal triomphe il suffit que les gens de bien ne fassent rien. ». Je vais préparer mes sorts et mes affaires puis je rendrai ce journal à Sissifa. Je vais l’envoyer à l’écart, elle ne va pas apprécier mais sa mort est la seule que je ne pourrai pas me pardonner quelles que soient les circonstances.
Quand à moi, si je dois succomber au moins le ferais-je avec ma conscience pour moi. Enfin il n’est pas dit que mes compagnons se décident. Serai-ce à moi de les convaincre de risquer leur vie ?

A ma plus grande surprise les autres se sont rangés de mon coté, eux aussi voulaient tenter quelque chose. Le temps que nous arrivions à cette constatation Selendyl avait disparu. Je ne lui en veux pas de s’être montré lâche, après tout ce n’est pas son combat. Son absence me permet en plus de me concentrer sur autre chose que sa surveillance.
Je reste cependant inquiet car Deneb a décidé d’infiltrer la tour d nos ennemis. Il a eu une de ses visions du passé quand il a touché la bague du messager. Il y a vu un sinistre cavalier juché sur une licorne noire donner des ordres et sa bague à notre dernière victime. Tout porte à croire qu’elle devait rendre compte de son échec.
Mon ami va donc se faire passer pour ce messager et faire un repérage des lieux. J’espère qu’aucun des occupants de la tour n’a déjà vu mon ami ou le messager. Ce plan est pure folie et je redoute de ne jamais revoir mon vieux compagnon.
La nuit tombe et nous ne pouvons pas faire de feu car nous risquons de nous faire repérer. Je vais donc poser ce journal et prier les seigneurs d’Orhan et en particulier Réann de veiller sur cet inconscient de Deneb.


TE 6048, Orhan 3, 24ème jour

Loués soient les seigneurs d’Orhan, Deneb à réussi ! Il nous est revenu triomphant en milieu de soirée.
Même si le départ, au petit matin, d’une quinzaine de cavalier sous étendard de Cynar était de bon augure, nous avons passé la journée entière à imaginer que le pire lui était arrivé et à surveiller avec angoisse les environs.

Les informations que notre ami nous a ramené nous ont permit d’élaborer un plan d’approche. Sous le couvert de la magie nous allons traverser le pont de pierre et leurs veilleurs ne pourront pas nous voir. Nous allons ensuite prendre un petit sentier sinueux qui serpente sur les flancs de la tour. Une fois au niveau de la mer nous pourrons nous faufiler dans l’antichambre de la tanière du dragon de la non-vie. De la nous pourrons remonter dans le complexe et si la chance est avec nous nous retrouverons le prince et le « présent ».

Je laisse ce journal à ma petite compagne. J’espère pouvoir le continuer. Si ce n’est pas le cas, je vous souhaite plus de chance que moi pour contrecarrer les plans de Lorgalis et du culte de Yarthraak.


TE 6048, Orhan 3, 26ème jour

Je n’en reviens pas que nous soyons toujours de ce monde ! Hier les seigneurs d’Orhan étaient avec nous, aucun de mes compagnons ne peut plus en douter maintenant ! Nous leurs devons tellement, il faudra leur rendre grâce de façon appropriée dès que cela sera possible. Qui aurait cru que nous arriverions à nous introduire dans la tour de Yarthraak pour y dérober quelque chose deux fois en moins d’une journée.

Lors de notre première incursion tout s’est déroulé sans accrocs sur la partie que nous avions planifiée. Les pouvoirs que Shaal me prête m’ont permis de percer une ouverture dans la lourde grille qui ferme l’accès maritime. Ils m’ont également permis de faire traverser la petite étendue d’eau à Fenrir et à Edelle.
Mon amie à neutralisé le garde de faction avec aisance. Nos ennemis ne s’attendaient visiblement pas à une attaque et encore moins par le bas ! Avec Deneb elle s’est ensuite dirigée furtivement vers la prison. Nous aurions tout pu faire avec discrétion si Fenrir n’avait chargé en criant après avoir entendu… un bruit. Par chance il n’y eu pas de réaction notable de nos assaillants et les gardiens de la prison furent éliminés en un battement de cœur.
Un petit clappement de mains et un « bravo à vous » nous révéla le prince. Ce jeune blondinet me paru immédiatement trop téméraire et inconscient. Ça doit être l’âge… quoique je ne sois pas tellement plus vieux. Les autres prisonniers nous posèrent un véritable problème. Impossible de les libérer sans que les cultistes s’en rende compte et impossible de les laisser la sans qu’ils attirent l’attention. Les négociations n’avançaient pas et comme ils faisaient de plus en plus de bruit je suis reparti vers le bas en emportant le prince. J’ai convoqué une monture aquatique pour nous faire partir quand mes compagnons nous ont rejoint. Ils ont libéré les prisonniers et décidé de se replier pendant que les pauvres bougres faisaient diversion. Il est peu probable qu’aucun n’ai survécu. J’ai fait venir d’autres montures et nous avons quitté la tour par les flots.

Une fois à l’abri sur la côte nous en avons appris plus du prince. Piégé par le culte il ignorait leur dessin avant qu’ils ne le capture.
Sans doute par erreur il nous suggéra de rejoindre le collège du griffon et son grand maître Zaris pour combattre la non-vie. Devant notre perplexité il refusa de nous en dire plus.
Il nous révéla également que le culte de Yarthraak avait désormais en sa possession le médaillon du dragon de mer ainsi qu’une épée permettant de trouver les artefacts de ce set. Les deux objets lui ayant été dérobés. Pour compenser cette perte il évoqua la couronne, détenue par un grand dragon.

Impossible pour moi de laisser de pareils objets à Yarthraak. J’ai donc confié le prince à Sissifa, fait mes prières et suis repartis vers la tour. Mes compagnons me surprirent à nouveau en me suivant dans cette folie. Sur le sable de la plage, les pieds dans l’eau et pendant que nos montures aquatiques prenaient vie, je leur ai avoué les apprécier quand même. Je pensais que je n’aurai sans doute plus l’occasion de leur dire à tous.

Depuis notre précédente incursion des mesures de sécurité avaient été prises. Une rapide analyse nous révéla que le porte du bas de la tour était protégée par magie. En passant par un conduit sous-marin menant à l’antre du dragon, heureusement en patrouille, nous pûmes contourner cette porte et entrer pour la seconde fois au nez et à la barbe des prêtres.
Notre avantage ne dura pourtant pas longtemps car nous fumes vite repérés dans les étages supérieurs. Le combat s’engagea alors entre nous et les cultistes. Dans la mêlée je fis de mon mieux pour maintenir nos ennemis à distances pendant que mes compagnons les taillaient en pièces. L’arrivée du « gardien de la tour » donna l’avantage à nos ennemis. Cet elfe aux yeux verts et à l’écrasante aura magique invoqua le nom impie et maudit de Caraktus. Sa magie me submergea et tenta de m’annihiler. Mais la grâce de Shaal me protégea in extremis du courroux de son sombre alter ego de Charon.
Nous n’avions aucune chance contre un être d’une telle puissance sans assistance. J’ai donc convoqué le guerrier de bois de Teris. Répondant à mon appel la statue s’est mise à grandir et s’est animée. Elle s’est immédiatement lancée sur nos ennemis. Ce qui nous a permis de nous en éloigner pendant qu’elle les occupait.
Deneb nous a conduis devant la salle-forte de nos ennemis. Préférant éviter de m’attaquer à la porte j’ai encore une fois canalisé le pouvoir destructeur de ma divinité principale et creusé une ouverture dans le mur de la pièce. Pendant le temps qu’il m’a fallu pour y parvenir, Fenrir fut grièvement blessé par un adversaire plus habile que les autres. Alors qu’il allait achever mon ami je l’ai frappé avec la juste fureur des flots surgis de ma main. Projeté au sol et sonné il ne put éviter que mon trident lui déchiquette la gorge.
Une puissante magie, plus haut dans la tour, fit vibrer l’air et tout mon corps de pulsations d’Essaence. Il s’agissait de l’arrivée de Lorgalys lui même, mais je l’ignorais ! Me doutant que l’événement n’était pas un signe positif je me hâtais de pénétrer dans le coffre fort. Cette grande pièce aux murs couverts d’eog était garnie jusqu’au plafond d’objets magiques ! Le temps pressait, tant pis pour les éventuels pièges. Un rapide examen de la pièce me permis de localiser un présentoir sur lequel se trouvait une armure, une épée et un pendentif avec un dragon de mer. J’empoignais épée et pendentif quand j’ai distinctement entendu dans les escaliers, à l’étage du dessus : « Seigneur Lorgalys… » La suite s’est perdue dans le choc du moment. A ma grande honte j’ai en quelque sorte paniqué. Devant une mort que je voyais inéluctable, proche et douloureuse j’en ai appelé au pouvoir des objets en mes mains et des dieux. Mon ton était plus exigent et irrévérencieux que de raison !
Shaal à répondu à mon pitoyable appel. De son doigt destructeur il a enfoncé le mur du fond de la pièce, faisant voler en éclat l’éog comme s’il ne s’agissait que d’argile cuit. J’ai alors appelé à moi mes compagnons. A ma grande surprise ils sont arrivés tous les trois en un instant. Les dieux veillent aussi sur eux. Quand je leur ai dit de sauter dans le vide pas un n’a douté de moi. Nous nous sommes jetés de la tour vers les flots déchaînés de nombreux mètres plus bas… Pendant le bref instant de notre chute je fus traversé d’un doute. Je nous avais tous précipités vers notre mort. Le choc, le courant, les rochers, notre équipement, nous allions mourir. Au moins le culte perdrait les artefacts, ils seraient quasiment impossibles à récupérer dans l’eau.
Mais cela ne se passa pas comme ca. Alors que nous devions nous écraser sur l’eau une bulle d’air se forma autour de nous et s’enfonça avec nous dans la mer. Elle nous ramena vers la surface ou je pus rappeler mes montures élémentaires. Bizarrement on ne nous poursuivis pas et vite nous fumes loin de la tour.

De retour auprès du prince mes amis m’apprirent la raison du désordre chez nos ennemis. Profitant de la diversion fournie par la statue de bois Edelle et Deneb, au mépris de la raison, s’en sont pris au maître de la tour. Contre toute attente ils ont mis un terme à son existence impie avant qu’il ne les désintègre.

Depuis ces événements le moral est au beau fixe mais nous ne savons pas quoi faire maintenant. Nous nous réunirons après le petit-déjeuner pour décider de la marche à suivre.