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Aranmor, ou la cité de Tarek Nev.

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Aranmor, ou la cité de Tarek Nev. Empty Aranmor, ou la cité de Tarek Nev.

Message  naev Mer 22 Aoû - 20:36

J'aurais bien donné l'ordre à mes hommes de faire un feu. Manger chaud leur aurait rendu un peu de moral.
Quatre des notre ont péris aujourd'hui devant les murailles de cette maudite cité. De bons gars, ils étaient avec moi depuis cinq ans au moins.
Ce vieux fou de Radulf avait voulu "tenter" sa chance devant la "Porte Rouge". Les noms qu'ils avaient prononcés n'avaient pas ouvert ce fameux pont levis mais attirer sur nous la colère de démons qui ont fondu à travers le ciel.
J'ai ordonné de reculer et de protéger notre employeur et cela c'est fait... comme d'habitude. Mais au prix de quatre vies. En rajoutant ceux qui ont péris lors du naufrage et ceux sur le pont, la compagnie de la "Griffe" ont été décimés de moitié. Nous ne sommes plus de onze pour seconder ce vieux érudit.
Je sens que ce soir, plus qu'à tout autre moment, la tension de mes hommes est forte. Les promesses de fortune ne semble plus les tenir. Ce jeune loup de Basilrorn commence à faire courir le vent de la rébellion. Je devrai l'éliminer pour servir d'exemple et reformer les rangs. Mais s'il a acquis des fidèles cela déclenchera le chaos.
C'est déjà assez le bordel pour ne pas en rajouter....
Je dois trouver le moyen ramener tout le monde sur Emer. Enfin ceux qui reste.
Je me fais vieux et je le ressens plus que jamais aujourd'hui. Il y a une dizaine d'année j'aurai passé ce vieux fou par le fil de l'épée et on aurait bu notre avance de soldes dans la pire des tavernes du premier port venu.
Je m'efforce de redorer le blason de la compagnie en allant au bout de nos contrats. Tous ne sont pas forcément de cet avis ce soir. Pas en ayant laissé nos compagnons en pâture à ses démons ailés.


Les yeux de Balbonion sont toujours aussi aiguisés. Il a aperçu le long de la rive un navire qui accostait sur les quais de l'ancien port.
Les dieux auraient entendu nos prières? Quoi qu'il en soit voilà notre moyen de repartir de cette île maudite.

naev
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Message  Pollonium Sam 20 Oct - 23:40

Les ténèbres nous enveloppent et seule la lumière diffuse d’Orhan nous éclaire à travers le ciel nocturne. Je ne détecte nulle trace de vie ou d’activité, pas un bruit autre que le clapotis des vagues contre le rivage, aucune lumière. Cette ville à tout d’une ville fantôme.
Nous arrimons le navire de notre mieux. La voie d’eau est si importante que je crains qu’il ne coule ici même accroché à ce quai en pierre noire et froide. Tant qu’il ne fait pas jour il n’est pas raisonnable de s’aventurer plus en avant dans la cité silencieuse. Pourtant mes compagnons veulent aller voir dans la bâtisse la plus proche, ils n’ont peut-être pas tord pour une fois. Si les lieux sont dangereux autant repartir de suite. Je demande à Naradim, Socrate et Pard de continuer d’écoper pendant que nous allons inspecter la construction.

Je ne sais si c’est à cause de la pénombre mais tout ici paraît noir. Le bâtiment en question est de taille moyenne et tout de pierre. Sa porte et ses fenêtres sont barrées de l’extérieur comme si quelqu’un avait condamné les lieux.
Fenrir débloque la porte d’entrée et nous entrons dans les lieux. La pièce est vide de tout occupant. Mais elle est encore remplie d’objets. Il devait s’agir d’une capitainerie ou d’un comptoir marchand à en juger par les registres comptoirs et encriers disposés ça et la.
Une gravure en bois écrite en une langue inconnue trône sur le mur du fond de la pièce. Notre scribe applique sa main dessus et nous indique que nous sommes dans la ville de Tarek nev. Comment diable sait-il donc cela ? Je ne l’ai pas vu faire de magie ! Et je suis quasiment sûr que les bibliothèques de Banc-flocon ne contenaient aucun livre rédigé en cette langue. Un jour il faudra vraiment que je tire les choses au clair avec mon mystérieux et secret ami.
L’inspection ne nous révéla pas grand chose d’autre d’utile. Au moins nous ne semblions pas en danger immédiat. Mais pourquoi donc ces lieux en si bon état étaient-ils déserts ? Une épidémie, une menace surnaturelle peut-être. Dans les deux cas nous ne pouvions pas y faire grand chose. Mes compagnons ne semblent pas partager mes inquiétudes je m’abstiens donc de leur en parler. Nous retournons tous sur le navire de Keresquin pour passer la nuit. Je me porte volontaire pour le premier quart de corvée d’écopage, le jeune Pard est la pour m’épauler. Ce gamin est vraiment increvable ! Après plusieurs heures de cette tache ingrate Fenrir vient me relever et je pars me coucher sur le pont, comme à mon habitude.

***

Les rayons du soleil sur ma peau me réveillent. Je me lève et profite du moment pour inspecter nos environs. Nous sommes bien sur les bords d’une ville bâtie à flanc de colline. Cette ville à l’air bien plus grande que ce que je m’étais imaginé cette nuit. Tous les bâtiments sont taillés dans la même pierre noire qui constitue le sol. Ou que je porte mon regard aucune créature vivante, pas un oiseau pas un petit rongeur absolument aucune trace de vie à part sur notre bateau. La végétation elle même est absente. Il y a bien par endroit des formes ressemblant de façon grotesque à un arbre ou à un buisson mais toutes sont dépourvues de feuilles et noircies comme du charbon.
Le bruit de mes compagnons qui se réveillent détourne mon attention de ce panorama lugubre. Ils sortent un par un sur le pont puis nous partageons un frugal petit-déjeuner. Nous discutons de la suite des événements. Fenrir et Deneb veulent partir en exploration dans la ville. D’après ce que j’en ai vu je ne suis pas motivé pour parcourir ces rues sinistres. Mes compagnons espèrent peut-être trouver des armes ou des richesses dans ces maisons abandonnées. De mon coté je pense que l’urgence est plutôt de s’occuper de l’avarie de notre navire. Je ne sais pas pourquoi mais je sens que nous n’aurons pas envie de nous éterniser sur cette île…

***

Les autres sont partis de leur coté ou sont restés pour écoper. Je longe les quais vers l’est j’espère trouver une cale sèche ou un plan incliné abrité de la marée sur lequel nous pourrons échouer le navire. J’ai observé mon frère s’occuper de nos navires de pêche tellement souvent, je dois bien être capable de réparer notre bateau. Mon frère, ça faisait un moment que je n’avais pas pensé à lui. Me voyant songeur Edelle qui m’accompagne me laisse tout à mes réflexions et part un peu en avant pour rattraper Dalyne qui court en riant aux éclats.
Au bout d’une demi-heure de marche je m’apprête à donner l’ordre de faire demi-tour quand se distingue devant nous un cours d’eau canalisé par la main de l’homme.
Je m’approche pour observer attentivement les lieux. Le long du canal un plan incliné monte vers notre niveau, c’est un endroit idéal pour amener le bateau. Les lieux semblent d’ailleurs avoir étés prévu pour ça. Des volets en métal sont disposés de chaque coté de l’embouchure du cours d’eau. Ils forment une sorte de porte. Mais comment la fermer ? La structure est-elle seulement encore opérationnelle ? Non loin de moi une petite cabine se dresse sur les quais. Je m’y rends. Elle n’a pas de porte, à l’intérieur une grande roue dotée de barreau est fixée contre le mur. C’est sans doute le mécanisme d’ouverture et de fermeture. J’appelle Edelweiss pour qu’elle me prête main forte. A nous deux nous arrivons à dégripper la machinerie et l’écluse, c’est le nom de ces mécanismes, se met alors à s’ouvrir en grand.

Nous avons de la chance la marée est haute, c’est donc le moment idéal pour aller chercher notre embarcation. Accompagné de Dalyne et de Edelle je rebrousse chemin.
J’informe Naradim et les autres de ma découverte et nous convenons d’amener le bateau dans le bassin. Tandis qu’ils naviguent le long des quais, je les guide à pied sur ces derniers. J’ai même un peu de temps pour faire des ricochets sur l’eau avec Dalyne.
Une fois que notre embarcation est à l’abri à l’intérieur de l’écluse je m’active de nouveau sur la roue de fermeture aidé cette fois ci de Fenrir. La musculature du colosse n’est pas de trop car je commence à m’épuiser.
Notre embarcation est maintenant arrimée. Sous un abri nous trouvons des poutres qui vont nous permettre de stabiliser notre navire. Au fur et à mesure que la marée descend nous retirons des volets sur la porte de l’écluse pour que l’eau contenue dans le canal puisse s’écouler dans l’océan. Dans le même temps nous calons du mieux possible la coque de notre navire pour qu’il tienne debout et hors de l’eau.

***

Ca y est le navire est stable et à peu près horizontal. La tache m’a épuisé, mais il faut encore que j’aille replacer les volets sur la porte de l’écluse. Comme cela même si la marée monte l’eau n’envahira pas le canal.
Il faut maintenant vider l’intérieur de la cale si l’on veut pouvoir réparer ces grosses fissures dans la coque. Le foutoir que Kereskin a entreposé là dedans est impressionnant. Morceaux de décors, accessoires, costumes et autres objets farfelus. Il y en a pour tous les goûts mais surtout pour les moins éclairés…
Pendant que nous déplaçons tout ce bric-à-brac je me rend compte que Deneb n’a pas l’air bien. Il à l’air d’avoir l’esprit ailleurs et aucune force. Fait-il, comme à son habitude semblant de porter ? Mes interrogations sur l’état de mon ami son interrompues par Naradim qui revient vers nous en faisant rouler un tonneau. Il le redresse, l’ouvre puis nous montre son contenu. C’est du bitume que l’on utilise pour protéger et imperméabiliser la coque des navires. Les dieux nous sourient enfin un peu ! Avec cela nous pourrons entamer les réparations demain matin.

Tous ces efforts nous on pris une bonne partie de la journée et le soleil décline déjà. Heureusement pour nous Mabila et Edelle nous ont trouvé une belle bâtisse ou nous pourrons nous reposer. Elles ont également mis la main sur des réserves de nourritures et nous ont préparé à manger, c’est bien gentil de leur part.
Pendant le repas mon regard se pose à nouveau sur Deneb. Il est en nage, alors qu’il n’a rien foutu de la journée. Peut-être est-il souffrant ? Je lui demande comment il se sent et il m’envoie bouler. Très bien, que monsieur dorme un peu et espérons qu’il soit de meilleure humeur demain.

Après avoir aidé à ranger les reliefs du dîner et un peu papoté avec Edelle et Naradim je vais m’installer pour dormir.
Deneb remue et geint pendant son sommeil si bien qu’il s’écoule au moins une bonne heure avant que je ne glisse à mon tour dans le sommeil.

***

Le bruit d’un maillet cognant sur du bois me tire du sommeil. Quelle heure est-il ? A en croire par la luminosité dehors j’ai traîné au lit. Les émotions et les efforts m’ont plus mis à plat que je ne le pensai. Je me lève et ouvre en grand les volets. Dehors Fenrir est déjà au travail. Je vois le colosse plonger ses mains dans le bitume puis badigeonner la coque du bateau. Il en à jusqu’aux épaules ! Il va bien s’amuser pour s’en débarrasser. Dois-je lui dire qu’il doit se mettre en quête d’huile ou d’un autre corps gras pour ôter la substance noirâtre ? Non loin de lui Socrate joue du maillet. Voilà donc la cause de mon réveil prématuré. Je m’étire avec difficulté et identifie des courbatures puis me dirige dans la pièce commune.

Tout le monde est déjà debout et la plupart on déjà fini le petit déjeuner. Comme à mon habitude j’engloutis rapidement mon repas. Enfin ce n’est pas comme s’il y avait grand chose à savourer de toute façon. D’un coup d’œil je vois que Deneb ne va pas mieux que la veille, c’est plutôt le contraire. Je pose ma main sur son front mais il n’est pas chaud alors que notre ami est visiblement fiévreux. Ce geste l’irrite au plus haut point. Il refuse d’ingérer quoi que ce soit et part en grommelant malgré l’inquiétude et les suppliques d’Edelle. Son comportement est vraiment des plus étrange.

Visiblement Edelle s’inquiète énormément car elle me demande de l’aider à retrouver notre ami grognon. Peu rassuré à l’idée de la voir arpenter seule cette ville fantôme j’accepte. Nous essayons de retrouver sa trace mais c’est difficile. Nous l’appelons à haute voix mais aucune réponse ne nous parvient.

***

Enfin un indice ! Sur un encadrement de fenêtre nous trouvons un morceau de gigot dans lequel quelqu’un a mordu. Au pied de cet encadrement nous relevons des traces de bottes. Il y a celles de Deneb, enfin nous le supposons, et une troisième emprunte que nous ne connaissons pas. Je relevé cette emprunte sur une feuille, on ne sait jamais.
Il me paraît maintenant clair que le jeune scribe ne veut tout simplement pas nous parler pour le moment. Il est plus doué pour se cacher que moi pour le chercher nos recherches seront donc de toute façon vaines. J’indique à Edelle que nous ferions mieux de rentrer et que nous pouvons juste espérer qu’il ne lui arrive rien. De mauvais cœur elle accepte mes paroles et me suit sur le chemin du retour.

***

De retour à notre « campement » je fais un rapide tour des bottes de mes compagnons, mais aucune ne correspond. Il n’y a que deux explications, soit notre ami a trouvé des bottes et nous joue un tour, il en est capable. Soit nous ne sommes pas aussi seul que nous le pensons sur cette île.

Mes interrogations devront attendre car nous nous installons autour d’un feu pour déjeuner. La tête un peu ailleurs je mange distraitement. Je ne prête pas tout de suite attention au bruit qui parvient à mes oreilles. Quand enfin je prends conscience que ledit bruit n’est pas provoqué par l’un d’entre nous et qu’en plus il vient du ciel en se rapprochant il est déjà trop tard.

Une grande créature, vaguement humanoïde, couverte de fourrure et doté d’ailes de chauve-souris plonge au milieu de nous. Médusé, je la vois saisir la petite Dalyne dans ses pattes griffues.
Reprenant mes esprits je tente d’abattre un torrent de flots sur le monstre ailé afin qu’il s’écrase au sol. Mais mes efforts restent vains car je n’ai pas le temps de me concentrer convenablement.
Avec horreur nous observons tous la créature emmener notre duchesse vers l’intérieur des terres. Pourquoi les dieux laissent-ils le destin s’acharner ainsi sur cette pauvre enfant ?

Je ne prends pas le temps de chercher des réponses à cette interrogation. Je m’élance à la poursuite de la créature. Edelle court à mes cotés, les autres font de même éparpillés un peu partout dans les ruelles de la ville. Nous ne les voyons pas mais nous pouvons en entendre certains. Je m’époumone afin qu’il connaissent ma position.
Malgré nos efforts le monstre nous distance petit à petit. Lorsque nous arrivons à la sortie de la ville il est déjà loin devant nous. Nous pouvons le voir au loin se diriger en volant vers des reliefs élevés.
Il faut que nous réagissions vite si nous voulons avoir une chance de sauver l’enfant. Seule Edelle est avec moi, nous avons perdu tous les autres de vue. Je crie quand même que nous devons nous regrouper au navire. Les autres y auront sûrement pensé d’eux même. Il n’y a pas un moment à perdre il faut que nous nous équipions et que nous allions débusquer cette énorme chauve-souris. C’est donc tout essoufflé que nous redescendons les rues de Tarek Nev en direction du canal. Ce monstre ne portait pas de bottes ! Pourquoi fallait-il donc que notre ami ait choisi de faire des caprices en ce moment tragique ?

***

Nous étions tellement pressés que nous n’avons pas fait attention. Quand nous les avons vu il était déjà trop tard pour faire demi-tour. La botte mystérieuse nous avait retrouvé ! Devant nous tous nos compagnons se trouvent ligotés et certains sont même bâillonnés comme Fenrir et Deneb. Je comprends aisément pourquoi.
Autour d’eux se trouvent une douzaine d’hommes en armes et armures. Sur le tabard de ces hommes est dessinée une patte pourvue de griffes. Ce symbole m’est totalement inconnu.
Ils nous encerclent armes au poing. Ils ont l’air d’être des vétérans et d’être de fort méchante humeur. Au milieu de ce concentré de testostérone et de métal je remarque deux personnes qui contrastent avec le reste de leur groupe. Le premier est un homme très âgé sans une once de métal sur lui et qui s’appuie sur une solide canne. La deuxième est une guerrière qui semble ne rien à avoir à envier à ses collègues masculins en terme de talent et de hargne.
On nous ordonne de déposer nos armes. Nos compagnons sont toujours en vie et nous n’avons aucune chance contre des combattants expérimentés en si grand nombre. Je fais donc signe à Edelle d’obtempérer.

Je n’ai pas d’arme ni d’armure aussi ne dois-je pas représenter de menace pour eux. Je mets à profit cette particularité et me fait porte-parole de notre compagnie disparate. Le vieil homme semble être le chef du groupe ennemi, il s’adresse à moi avec calme et politesse bien qu’il se montre un peu hautain. Il met rapidement deux choses bien au clair. Premièrement notre navire est désormais leur possession. Deuxièmement ils nous tueront si nous n’obéissons pas à leurs ordres ou tentons quelque chose. Je lui répond que je me moque du navire et qu’ils peuvent bien le prendre mais que je dois de toute urgence partir pour sauver Dalyne. Sa réponse me glace le sang, d’après lui l’enfant est condamnée. Il ne m’autorise donc pas à partir.
S’ensuit alors une longue conversation ou il s’intéresse aux raisons de notre venue sur cette île. Mes réponses honnêtes ne semblent pas le convaincre. Au fur et à mesure que nous palabrons j’en apprends un peu plus sur nos assaillants.

Le vieil homme, dont je n’ai pas retenu le nom, a recruté les mercenaires dans le pays de Sarnar sur le continent d’Emer pour qu’ils l’escortent dans les ruines d’une cité impie. Citée qui se trouve au beau milieu de l’île ou nous avons du accoster, au bout du canal ou nous nous trouvions en ce moment même.
Leur expédition ne s’est pas bien déroulée. Cela a commencé par une attaque de leur navire par des reptiles, ou des hommes reptiles, ils n’ont pas été clairs là dessus. Malgré la perte de leur moyen de retour et de plusieurs hommes ils ont continué à honorer leur contrat et se sont avancés dans les terres. Ils ont suivi une route et ont de nouveau été attaqués en franchissant un pont. Après ce nouveau coup du sort ils arrivèrent enfin aux portes de la ville infernale. Une porte démoniaque géante, seule voie d’accès visible, s’adressa à eux. Elle leur indiqua qu’ils ne passeraient qu’en prononçant son vrai nom. Ils tentèrent de forcer le passage mais des créatures venues des cieux les attaquèrent et causèrent de nouvelles pertes dans leurs rangs. Leur moral fut enfin miné et ils battirent en retraite dans Tarek Nev ou ils tombèrent nez à nez avec Deneb.

La prise notre navire, même en piteux état, regonflait le moral de ces guerriers. Ce qui me surprit le plus c’est qu’ils n’envisageaient pas un instant de laisser leur commanditaire se débrouiller. Ces hommes étaient prêts à repartir au charbon après ce qu’ils avaient vécu !

Comprenant qu’il était possible de s’en tirer je négocie avec le vieil homme. Après tout Dalyne a de grandes chances de se trouver dans la ville ou ces hommes veulent aller. Ainsi donc il est décidé que nous allons les aider et leur laisser notre navire. En échange de quoi ils nous laisseront nos armes et un peu de marge de manœuvre. Kereskin son équipage et Muslim seront gardés en tant que gages de notre bon comportement. La situation ne me ravit pas mais nous ne pouvons espérer mieux.

J’ôte les liens et le bâillon de Deneb. Il n’a toujours pas l’air en forme mais au moins il n’a pas l’air en danger. Avec prudence je m’approche de Fenrir et défais son bâillon. Je crains sa réaction, je lui indique donc de se tenir calme et le laisse ronger ses liens. Ca lui passera les nerfs et au moins il n’insultera pas tout de suite nos gardiens.

***

Nous nous sommes divisés en deux groupes pour trouver des éléments nous permettant d’entrer dans la ville démoniaque. Je suis avec Fenrir, ce qui me rassure. Nous sommes accompagnés du vieil homme, du lieutenant des mercenaires, un jeune homme dévoré d’ambitions et pas forcement aussi honorable que ses confrères, de trois mercenaires et d’un colosse encore plus impressionnant que Fenrir mais simple d’esprit.
Deneb et Edelle sont dans un deuxième groupe qui s’est tout de suite enfoncé dans la ville. Je ne sais pas ou ils allés.

Je fais mener notre groupe jusqu’à un bon point d’observation. Nous repérons un bâtiment plus grand que les autres, dotés d’un toit allongé et d’une tour. Il se situe de plus au milieu d’un espace dégagé. Les lieux me paraissent prometteurs et nous nous y dirigeons en deux temps. Nous longeons le canal puis prendront une perpendiculaire une fois que nous serons au bon endroit.

***

Cet endroit ressemble à un temple, mais il est barricadé comme tous les bâtiments de la ville. Sous une très grande arche, une gigantesque statue de femme nous regarde en tendant ses mains vers nous. Elle est vêtue des vêtements que je n’ai jamais vu portés. Le socle de cette statue est couvert d’inscriptions indéchiffrables. Je les copie pour Deneb puis Fenrir défonce la porte de l’édifice et nous nous introduisons à l’intérieur.

Nous sommes dans une grande pièce sombre dans laquelle sont disposés de nombreux grands bancs. Il n’y a ici rien qui soit digne d’intérêt. Nous nous séparons à nouveau pour fouiller les étages et les ailes de ce bâtiment. Le jeune homme arrogant nous surveille, j’ai l’impression qu’il veut provoquer Fenrir. Je prie pour que mon ami garde son calme.
Comme nous traînons notre chaperon s’impatiente et part devant nous. Nous profitons de l’occasion pour gravir un escalier. J’espère trouver des choses intéressantes là haut. Au pire on aura un bon panorama de la ville.

Je crois apercevoir un mouvement, mais non mon esprit doit me jouer des tours. Puis soudain il apparaît devant moi ! Mon cœur cogne puissamment dans ma poitrine et je manque de défaillir. Un fantôme vient de se matérialiser à quelques pieds de moi et son regard transperce le mien. Et voilà une nouvelle légende qui devient réalité… J’essaie de rester positif, il ne m’a pas attaqué et n’a pas l’air agressif. Peut-être ne peut-il pas me faire de mal tout simplement ?
Alors que Fenrir me rejoint je peux voir que lui non plus n’est pas rassuré par cette apparition. Pendant que mon rythme cardiaque redescend à des nivaux supportables je détaille le fantôme. Il ressemble à un vieil homme, sage mais sévère. Il y a quelque chose d’étrange avec sa main mais je ne serai dire quoi.
Je rassemble mon courage puis m’adresse à lui avec respect et politesse. Il me répond dans un langage que je comprends et nous nous mettons à discuter devant un Fenrir complètement dépassé par les événements.

Le fantôme qui se dresse devant nous est constitué des restes spirituels du roi Eogen. Il fut maudit par son fils, Vrahama, il y a plusieurs milliers d’années. Sa petite fille la reine Kadahéna, apporta chaos et destruction sur le royaume et lui déroba son bâton. Il lui est impossible de trouver le repos tant qu’il ne lui sera pas restitué.
Je lui jure sincèrement que je ferai mon possible pour qu’il puisse trouver le repos. Pour m’aider il me révèle le nom interdit du démon rouge, la porte démoniaque, Téroglustrod. Il me aussi en garde contre sa petite fille. Comment peut elle encore être en vie après des millénaires ? Cela, pour changer, n’augure rien de bon. Après avoir prononcé ces derniers mots Eogen disparut aussi mystérieusement et soudainement qu’il était apparu.

Remis de cet rencontre des plus singulière nous grimpons jusqu’au sommet de l’édifice. La pièce ou nous entrons devait a la fois faire office de bibliothèque et de clocher. Tous les documents que je consulte sont écrits dans une langue qui m’est inconnue. J’en ramasse quelques uns, selon leur apparence, pour les montrer plus tard à Deneb.
Nos surveillants finissent par nous rejoindre, ils n’ont rien trouvé de leur coté. Je préfère pour le moment garder le silence sur ma découverte. Autant garder quelques atouts en main. Nous quittons ensuite les lieux pour regagner le point de ralliement.

***

Le deuxième groupe arrive alors que la nuit vient de tomber. Nous l’attendons depuis un bon moment. Je remarque immédiatement que certains sont blessés, mais aucun gravement.
Ils nous racontent qu’ils ont rencontré dans une cave une sorte d’ombre ou de double. Leurs explications ne sont pas très claires sur le sujet, et pourtant ils n’ont rien d’autre à nous raconter. A croire qu’ils se sont promenés au hasard en espérant faire une découverte.
Après avoir mangé les mercenaires tiennent conseil sur leur plan d’action. J’en profite pour faire part de mes découvertes à Edelle et Deneb. Le scribe tremblotant semble renaître lorsque je lui donne les textes que j’ai ramassés à son intention. Il les a à peine touché qu’il me confie qu’ils sont écrits en Niureti et datent de plus de 600 ans. Selon lui ces documents parlent e plusieurs cultes religieux distincts. La magie de mon ami est décidément très étrange mais aussi très pratique. Quel dommage que nous n’arrivions pas à échanger sur nos façons de pratiquer les arts occultes.

Nos hôtes sont dans une situation embarrassante. Ils ne peuvent entrer dans la ville démoniaque mais ils ne peuvent pas non plus abandonner tant que leur commanditaire veut continuer. Je les sors de leur embarras en annonçant que j’ai trouvé le nom de la porte mais sans leur indiquer comment. Aussitôt le vieil homme me jette un regard perçant. Il semble penser que je suis ici pour une raison bien précise et se méfie de moi. Grand bien lui fasse. De toute façon il a besoin de moi. Nous décidons que demain nous nous rendrons jusqu’à la terrible porte mais que nous éviterons le chemin et le pont qui ont coûté la vie à certains des mercenaires. Sur ces bonnes paroles nous allons nous coucher. Comme bien trop souvent ces derniers temps je peine à trouver le sommeil en raison de l’inquiétude qu je ressent pour Dalyne. Plutôt que de perdre mon temps je décide de pratiquer quelques exercices de magie et de méditation.

***

Nous avons cheminé sans encombre, mais le cœur plein d’appréhensions, jusqu’à cette fameuse ville démoniaque. Il faut dire que j’avais l’esprit bien occupé. Entre les risques d’embuscade et les révélations du matin. Il se trouve en effet que le vieil homme m’en a appris un peu plus. Ses motivations sont devenues claires quand il m’a admis avoir été refusé par l’ordre des maîtres de la connaissance, un groupe entouré de mystères de savants influents et puissants. Je mets ma main à couper qu’il veut trouver ici le moyen de rentrer enfin dans cet ordre. Fait plus bizarre il m’apprit aussi que le temps s’écoulait de façon différente ici. Ainsi une année ne s’écoulait réellement que tous les 100 ans en ces lieux. Voilà qui explique peut-être la conservation des lieux. Mais bon ces considérations temporelles ont le don de mettre mon cerveau en échec.

Enfin la voilà devant nous. Il est vrai que le spectacle est impressionnant. La ville est bâtie sur une sorte d’île ou plut de promontoire rocheux qui émerge d’un lac artificiel. Elle est entourée d’un grand rempart noir qui nous dissimule les constructions à part quelques éléments des plus hautes. Les volcans situés en arrière plan irradient une lueur rouge ténue qui confère une aura inquiétante aux lieux.
Juste en face du chemin, que nous avons finalement du rejoindre, se dresse par delà un abîme de plusieurs mètres au dessus de l’eau la fameuse porte démoniaque. Elle est immense, rouge et sculptée pour ressembler à une immense bouche. C’est le moment fatidique, je demande à mes amis d’attendre derrière moi car si le fantôme c’est joué de moi je ne veux pas qu’ils partagent mon sort. Une nouvelle fois ils refusent mes sages conseils et insistent pour venir avec moi. J’ai grande peine à contenir une larme. Les idiots s’ils savaient comme cela me réchauffe le cœur de les voir prêt à me suivre ainsi vers l’enfer.
Alors que j’approche, l’horrible porte se déforme et prononce des mots incompréhensibles, sans doute en Niureti. Fenrir me montre que des petites statues posées sur les remparts sont en train de s’animer. Je prend une inspiration et énonce à haute voix et le plus clairement possible « Ton nom est Téroglustrod, ouvre toi porte rouge ». Visiblement il se passe quelque chose, un grincement retentit. Les statues s’immobilisent. Les dents de la porte s’écartent. Sa langue se déroule et constitue un pont.
Je regarde mes amis, ils sont déterminés. Nous nous engageons sur le pont, tout droit dans la bouche du diable ! J’ai cru un moment que la porte nous mangerait mais heureusement elle n’en fit rien. Derrière nous les mercenaires finissent par se décider à nous emboîter le pas, après tout il ne nous est rien arrivé. Lorsqu’ils arrivent à notre niveau le vieil homme me regarde avec encore plus de méfiance qu’auparavant. Maintenant que nous sommes entrés nous allons nous séparer. Les mercenaires nous font comprendre que si nous les suivons ils nous tuerons. Le bruit de leurs menaces est en partie couvert par le son de la langue démoniaque qui s’enroule de nouveau. J’espère pour eux qu’ils ont bien retenu son nom.
Nous laissons les mercenaires s’en aller. Puis nous en profitons pour observer les lieux. Nous ne disposons d’aucun bon point de vue alors nous faisons au mieux. Un quartier semble fortifié, sans doute un lieu important. Je décide donc qu’il s’agira du premier site à explorer.

***

Contrairement à Tarek Nev les lieux sont ravagés comme si un grand cataclysme les avait frappé. Nous passons le mur d’enceinte, percé et écroulé en plusieurs points. Nous arrivons à coté de ce qui semble avoir été de grandes cuisines ou tout du moins des fours. Juste devant nous ce trouve un énorme réfectoire effondré. Tout cela ressemble à une version démesurément grande et délabrée des quartiers des soldats au château de Blanc-flocon.
Nous contournons le bâtiment. Un vaste espace dégagé ressemble à une carrière. Des gradins sont disposés autour. Plus loin contre le mur d’enceinte des structures ressemblant à des logements sont disposées. Dans un coin sur notre gauche de grandes grilles effondrées barrent tant bien que mal l’accès à des alcôves sombres. Leur curiosité piquée à vif mes amis s’en approchent.

Bondissant hors de l’obscurité ou il s’était dissimulé un gros animal se jette sur moi. Il est immense et recouvert d’un cuir noir et épais. Je suis dans l’impossibilité de déterminer s’il s’agit d’un félin ou d’un canidé et donc d’adopter un comportement adéquat. Alors je hurle à l’attention de mes amis. N’écoutant que son courage Fenrir s’interpose entre la bête et moi. Cette dernière s’entoure alors d’un nuage de particules étranges. Je rassemble l’humidité ambiante pour frapper la créature, mais le nuage qui l’entoure interfère avec ma magie et mon jet d’eau se dissipe sans grand résultat. Mon cœur se sert quand je vois le monstre mordre à pleine dent le bras de mon ami. Le colosse n’en a cure et lui plante son épée dans le cuir. La bête pousse alors un hurlement presque humain qui me glace le sang ? Par chance cela lui a fait lâcher sa prise. Je fais une deuxième tentative magique, encore une fois sans grand succès, quand je vois Edelle se jeter sur le dos de l’animal lames au poing. Ce dernier pousse un râle d’agonie et prend feu devant mes yeux.
Edelle se tord de douleur ses jambes sont en feu, ses vêtements ont fondu sur sa chair. Deneb et moi même accourront et canalisons notre magie pour soulager sa douleur. Elle à l’air de souffrir le martyr, mais peu à peu elle semble arriver à maîtriser sa souffrance. Je laisse le scribe s’occuper d’elle et je vais examiner mon ami nordique. Ses blessures sont légères tout va bien.

Fenrir part regarder ce qui se trouve derrière les grilles. Il revient les yeux tout brillants et nous murmure presque en transe qu’il s’agit d’une armurerie. Sacré bonhomme, il en faut peu pour le rendre heureux. Nous décidons de nous retrancher dans le bâtiment pour nous reposer et penser nos blessures.
Deneb et Fenrir sont dans un état second, ils courent et fouillent partout. Ils essayent armes et armures sans jamais faire de pose. De mon coté je me contente d’observer les cuisses d’Edelle qui visiblement est un peu gênée par la situation. Elles sont à vif mais la magie à fait son office il n’y a pas lieu de s’inquiéter. J’indique à mon amie qu’elle devrait enduire ses brûlures de graisse pour les armes afin de limiter les irritations. Elle me jette un regard noir si bien que je préfère m’écarter.
Les deux autres semblent occupés pour un bon moment à trier tout ce bric-à-brac. Oublient-ils que Dalyne risque de mourir à tout instant ? Si ce n’est pas déjà fait d’ailleurs. Pendant qu’ils perdent leur temps en frivolités je profite de l’occasion pour faire une petite sieste réparatrice.

***

J’entrouvre un œil, j’ai entendu un bruit. C’est Fenrir qui sort du bâtiment avec son tout nouveau matériel. Mais qu fait-il encore ? Je me lève, je m’étire puis je lui emboîte le pas. Je sors du bâtiment, il n’y a aucune trace de mon ami. Allons bon il a au maximum dix secondes d’avance sur moi ! Je crie son nom. Aucune réponse. Mais comment a t-il pu se passer quelque chose en si peu de temps ? A t-il été happé par une créature volante ? Il n’y a aucune trace de pas en tout cas. Deneb et Edelle viennent voir pourquoi je crie ainsi. Je leur explique et nous nous disputons sur la marche à suivre. Nous n’avons aucun indice de toute façon. La nuit va tomber et Edelle veut que nous attendions l’aube avant de repartir. Elle n’a pas tord je ne donne pas cher d notre peau si une autre de ces bestioles noires nous attaque de nuit, sans Fenrir de surcroît.

***

Je grave un message pour Fenrir sur le mur de l’armurerie, j’espère qu’il aura l’occasion de le lire… Puis nous nous dirigeons vers un autre quartier de la ville. Un grand dôme dépasse vers le centre de la ville, c’est la que nous allons.
Nous pénétrons dans ce nouveau quartier. Il m’apparaît vite que celui ci était dédié à la religion. En effet pas moins d’une douzaine de temples et oratoires plus ou moins bien conservés et de tailles variables se dressaient devant nous. Sur mes recommandations nous progressons à couvert, de temple en temple, jusqu’au grand bâtiment central.

Deneb nous fait un signe de la main, il a entendu un bruit. Nous nous figeons, que va t-il encore nous arriver ?
Une grande silhouette se découpe au coin du mur. Je m’apprête à la bombarder d’un éclair d’eau quand je la reconnais. C’est cette grande buse de Fenrir ! Mais ou diable était-il passé ?
Deneb et Edelle le serrent dans leurs bras. Je l’interroge sur sa disparition. Il nous dit avec beaucoup de sérieux qu’il est allé dans le passé. Je vérifie que j’ai toutes mes feuilles de Gort. Non il n’est pas sous l’emprise de drogues. Je le gifle et lui demande s’il n’en a pas assez de faire l’andouille. Le géant éclate de rire, nous aussi. Dieux que ça fait du bien de rire un peu.

***

Le grand bâtiment est encore plus imposant que ce que nous pensions. Il est recouvert de gravures et de sculptures lugubres ou sont représentées des gens qui fuient. Se murs sont couverts de lézardes et de fissures. Le toit est percé d’un grand trou, visiblement provoqué par un incendie. Ce lieu est sacré c’est indéniable, la créature qui a emmenée Dalyne pourrait aisément passer par le trou du toit. Nous devons donc fouiller ce lieu.
Fenrir ouvre la porte, elle n’était pas fermée. A l’intérieur tout est obscur. Par chance j’ai pensé à prendre des torches à l’armurerie. J’en allume une et j’avance pour que nous puissions examiner les lieux. Il s’agit d’une immense pièce en grande partie vide. Au centre est bâtit une grande plateforme sur laquelle repose un gros caisson en pierre pouvant contenir plusieurs personnes et un autel. Entourant cet autel central douze autres autels et caissons sont répartis dans la pièce. Sur chacun de ces caissons est posé une statue aux formes inquiétantes. Il est probable que chacune de ces statues symbolise un des dieux qui était honoré dans les temples situés dehors. Mais pourquoi donc toutes les rassembler ici ? Peut-être un culte à t-il absorbé les autres ou alors s’agit-il d’un mémorial. C’est étrange il règne en ces lieux une atmosphère d’apocalypse.

Je crois percevoir un mouvement au fond de la pièce vers une statue de femme serpent de plus de deux mètres de haut. Était-ce l’ombre de Fenrir ? J’ai du mal à m’en persuader. Je préviens les autres et commence à reculer. Deneb et Edelle m’imitent, mais pas Fenrir ! Cet inconscient s’approche au contraire de la statue. Cette dernière s’anime et se jette sur lui en contrebas en quittant mon champ de vision. Mes deux autres compagnons partent chacun d’un coté pour prendre la créature en tenaille. Je murmure à l’eau présente dans la pièce et la supplie de m’aider. J’entends des bruits de combat et Fenrir hurler de douleur, mais je ne brise pas mon contrôle sur l’eau. Enfin la créature est en visuel. Je projette vers elle une rafale d’eau avec toute la puissance magique à disposition.
Je suis complètement pris de stupeur quand je vois le crâne de la créature exploser sous l’impact du torrent que j’ai déchaîné. Le corps du monstre se met alors à fumer et peut à peut il disparaît dans l’atmosphère. Je n’avais jamais tué quelqu’un à l’aide de magie… Je n’avais jamais tué personne d’ailleurs.

Je constate que Fenrir est au sol et que Deneb est paniqué. Je me hâte donc de les rejoindre, le guerrier est-il mort ? Non il respire encore. Mais du sang s’échappe abondamment des restes de son poignet gauche complètement sectionné. Si nous n’arrêtons pas l’hémorragie il va mourir en quelques secondes ! Tout cela dépasse mes compétences, mais j’ai entendu dire qu’on pouvait cautériser une plaie avec un objet chauffé à blanc. Ne voyant aucune autre solution j’approche ma torche du moignon. Deneb essaie de m’en dissuader, mais je le repousse vigoureusement, lui aussi est dépassé. Alors que la chair du bras de mon ami se met à crépiter et à cuire une odeur pestilentielle vient agresser mes narines. J’implore silencieusement les dieux de m’aider car je dois continuer à appliquer le tissu ardent de la blessure sanglante. Fenrir est vraiment mal au point car il n’a même pas la force de se débattre. Un Deneb tremblotant suffit à le maîtriser.
Après un long moment je retire ma torche du bras du nordique. La plaie ne saigne plus, mais l’aspect n’est pas meilleur bien au contraire. Pris de haut le cœur devant mon œuvre je m’écarte et rend mon repas sur le sol du temple. Aussitôt que j’ai repris mes esprits je retourne au chevet de notre blessé. Il a survécu à mes soins, je ne l’aurai pas parié. Tachons maintenant d le maintenir en vie. Avec l’aide de Deneb je traite ses brûlures et tente de le revigorer magiquement. Il devrait s’en tirer.

***

Nous avons installé Fenrir du mieux que nous pouvions. Il faut qu’il se repose maintenant. Dés qu’il sera capable de manger je lui donnerai une feuille de Cusamar ça devrait le remettre sur pied. Mais n’est ce pas la lui faire risquer des séquelles plus grave.
La voix d’Edelle interrompt mes questionnements. Je me tourne dans la direction d’où provient la voix, mais elle n’est pas en vue. Il y a juste un mur. Suis-je fou ou bien l’entends-je à travers ce mur ? Je m’approche et pose ma main sur l mur. Ce dernier n’a aucune substance et je le traverse sans peine. Mon amie m’attend de l’autre coté.
Nous sommes dans une pièce plus petite. Il s’agit sans doute d’une salle de réunion. Douze chaises sont disposées autour d’une grande table. Sur la table, devant chacune de ces chaises flotte dans les air une image en trois dimensions de chacune des statues de la pièce d’à coté. Comme des sortes de fantômes immobiles.

Edelle fait un bond et hurle. Un visage vient de surgir du sol. C’est une sorte de version miniature de la porte démoniaque. Elle nous crie dessus en Niureti mais nous n’en comprenons pas un traître mot. Il doit aussi falloir trouver son nom si nous voulons descendre au sous-sol.
Nous quittons cette chambre secrète et regagnons la pièce principale. Les autres statues semblent vouloir rester des statues ce qui est plutôt un bon point pour notre survie.

Je sors prendre l’air. Edelle m’accompagne. Avec tout ça c’est une nouvelle journée qui prend fin. Nous n’avons toujours aucune nouvelle de Dalyne ou du bâton. Je refuse de croire que les dieux nous ont conduit ici pour nous y faire mourir et pourtant c’est ce qui est la plus vraisemblable…
Je profite de la pénombre pour voir si certains secteurs de la ville sont illuminés. Et en effet des faibles lueurs percent le voile des ténèbres dans la région approximative ou les mercenaires sont partis. Cela veut-il dire qu’ils sont toujours en vie ? Je rentre dans le sinistre temple pour me coucher.

***

Je me lève, j’ai mal dormi. Des cris et des hurlements n’ont cessé de me tirer de mon sommeil et de me plonger dans l’angoisse. En plus j’ai eu une vision des plus étranges. Les douze visage des statues se sont adressées à moi pendant la nuit j’en met ma main à couper. Elles m’ont montré le caisson central, celui sur lequel il n’y aucun d’entre eux. Il renferme le secret des dieux, pourquoi suis-je sur de cela ?
Tout cela me semble peu prudent et je préfère ignorer cette vision. Mais je constate que visiblement je ne suis pas le seul à avoir eu cette vision. Ce gros bêta de Fenrir insiste pour aller voir. Je suis heureux de le voir sur pieds si vite mais je ne peux m’empêcher de me dire que sa mésaventure ne lui a pas servi de leçon.
Contre mon avis, il ouvre le caisson central et y entre accompagné de Deneb. Je guette leur sortie, rongé d’inquiétude. Ouf les revoilà. Ils ont pris un énorme livre. Qu’allons nous faire à présent ?

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Aranmor, ou la cité de Tarek Nev. Empty Re: Aranmor, ou la cité de Tarek Nev.

Message  Mathieu Ven 16 Nov - 21:03

(1 seule passe pour corriger les fautes, je vais revoir ça demain)

Un fier port marchand


La chaleur d’un été, la peau léchée par la langue ardente du soleil, un air marin vivifiant... Les habitants de l’île se hâtaient en faisant peu de cas de ma présence. Je protégeais mes yeux des rayons agressifs, continuant d’observer l’activité du port. L’odeur d’iode se mêlait agréablement à celle du sable chaud et des épices qui passaient sous mon nez pour envahir les cales des navires marchands. De grands arbres aux troncs fins et aux feuilles aussi rares qu’immobiles offraient un asile rafraichissant aux vieillards qui discutaient, tandis que les enfants jouaient à se courir après sur la plage.
Me faisant sortir de ma torpeur, un garçon accouru vers moi, criant de manière incompréhensible et me désignant le navire qui apparaissait au loin.
Je lâchai promptement le livre, haletant, la main sur la garde de mon épée. Socrate, qui m’avait accompagné pour l’exploration des bâtiments de l’île, leva un sourcil en voyant les gouttes de sueurs qui ruisselaient sur mon visage.
« Ça va ? ». Cette question me harcèlerait des jours durant. J’acquiesçais, balbutiant une explication fumeuse qui ne lui fit lâcher qu’un grognement. Ce livre était-il magique ? Probablement pas, car ce n’était rien de plus qu’un registre. Mais cette « vision » était si étrange, jamais auparavant mon don ne m’avait fait ressentir tant de choses, et ne m’avait autant usé. Fébrile, je reprenais le livre pour éplucher les entrées, sous le regard dubitatif de Socrate. Finalement plus intrigué par ma vision que par ce que j’avais entre les mains, je mis du temps à m’intéresser à la date du dernier navire à avoir trempé dans le port de Tarek : un navire marchand, en 6543. Si cela correspondait à notre calendrier, alors le port n’avait plus eut de visite depuis environ 49 ans. Il n’y avait rien d’autre que d’avantage de questions à se poser dans cette capitainerie. Rien en tout cas qui n’expliquait les causes la désertion de l’île, rien qui n’expliquait non plus cette végétation épineuse et pétrifiée qui s’offrait à nos yeux lorsque je sorti par la même porte que celle de ma vision. Il faisait presque froid maintenant, malgré le soleil de midi, et les rires d’enfant s’étaient tus, depuis maintenant bien des années.

De temps à autre, des échos au loin nous annonçaient que mes camarades avaient fini la fouille de leur baraque. Socrate et moi nous dirigeâmes vers une grande maison. L’hôtel de ville, peut-être. La porte mis peu de temps à céder à la force de l’homme d’arme : à l’intérieur, rien d’autre que des meubles poussiéreux. Seuls quelques rayons de lumières passaient à travers les volets, abimés par le temps. Une idée affreuse vint subitement me hanter, nourrie, probablement, par la végétation inquiétante et l’obscurité ambiante : il y avait peut-être quelque chose ici, tapie dans un sombre recoin. Je me tournais alors vers les volets, que j’essayais d’ouvrir naturellement pour ne pas laisser transpirer ma terreur. Le soleil m’aveugla de nouveau. Le chant des mouettes me convaincu d’ouvrir les yeux sur une mer bleu, sur laquelle flottaient quelques embarcations encore amarrées. Reculant de quelques pas, la lumière fit de nouveau place à l’obscurité, et la chaleur céda à un air glacial.

Socrate qui ne manqua rien de la scène m’intima de me reposer, ce que je pris la peine de faire, non sans pester sur son irritante bienveillance, après avoir ouvert tous les volets. Assis sur un fauteuil, je tentais de réprimer les frissons et de calmer mes dents qui s’entrechoquaient. « Ghort ». Malgré tout ce que je venais de vivre, une pensée se faisait omniprésente. Je sondais dans mon esprit la sacoche de Choix, et parmi tout son bric-à-brac, je voyais trois petites fioles de couleur familière. Il n’y pas si longtemps, je m’amusais des réflexions de Choix ou d’Edelweiss sur mes nouvelles habitudes, mais à l’évidence, je n’avais pas su apprécier à temps toute la gravité de ma situation. Je sorti de mon sac la boite à tabac que je savais vide, pensant que l’odeur qui imprégnait le coffret me satisferait l’espace d’un moment. Mais il n’en fut rien.

Plus tard, notre petite équipe ne perdait pas de temps. Faenrir avait trouvé tout une réserve de barils contenant une épaisse mixture noire qui nous servirait à réparer notre drôle de navire qui trempait dans l’écluse. Quelques personnes se proposèrent à la cuisine, dont Edelweiss, Nabila, ainsi que Muslim, qui ne manquait pas une occasion de se rapprocher de Nabila. Cela aurait sans doute été une bonne idée s’il avait participé, mais il se contentait de quelques commentaires plus ou moins utiles. Cette scène aurait dû me faire sourire, mais je n’avais pas le cœur au divertissement. Après quelques bouchées forcées et quelques regards inquiets de Choix et Edelweiss, qui commençaient à me taper sur les nerfs, je rejoignais ma couche sans me proposer au tour de garde. Nerveux et frigorifié, la nuit fut terriblement longue avant que le sommeil ne daigne à me prendre pour quelques petites heures.

Avais-je vraiment réussi à dormir ? En tout cas la fatigue ne s’était pas dissipée, bien au contraire. Courbaturé, j’eus grand mal à me lever, et bien plus de mal encore à participer à la vie de la petite communauté. Quand bien même, dès que je me proposais, on me renvoyait me reposer, comme un vieillard. A chaque instant je sentais les regards poindre sur moi, qui ne faisais rien à l’ombre d’une maison. Certains devaient me voir comme un fardeau, d’autres tentaient de me couver. Mais merde, j’avais été assez fort pour tenir malgré toutes nos dernières épreuves, je n’avais pas besoin qu’on m’infantilise.

J’étais maintenant tout seul, derrière une des maisons abandonnées plus à l’est de notre campement. Ils m’avaient mis hors de moi ces temps-là, à me regarder comme une bête crevée, à m’ordonner de me reposer ou de manger… J’avais envoyé le plat voler, celui-là même qu’Edelweiss me tendait. Je me sentais aussi coupable que furieux : d’un côté, je pouvais comprendre leur inquiétude, d’un autre, je ne supportais plus ces yeux lourds de sens. Même Dalyne, qui avait essayé de m’apporter quelque chose, n’avait pas réussi à me calmer. Je ne voulais pas manger dans les plats trouvés dans la maison, par crainte qu’une nouvelle vision me prenne. A la place, j’utilisais ma magie pour me repaitre : les choses que l’on fait sois même paraissent toujours meilleure. Enfin, l’étrange viande qui se matérialisa sous mes yeux ne ressemblait à rien de connu : comme un gigot, la viande était enrobée d’un liquide épais et ambre qui ressemblait à du miel… Mais qui n’avais aucun gout que je puisse reconnaitre. Mieux que rien.

Le tabard menaçant


Je ne sais pas combien de temps il mit pour m’attraper. Je ne parle pas de Choix ou de Faenrir, mais de Mitone. Le froid tranchant de la lame caressant ma gorge me dissuada de crier.

Près du feu, les mercenaires riaient malgré leurs têtes épouvantables. Sans doute pire que la mienne, c’est dire. D’après les histoires qu’ils se racontaient en partageant une modeste pitance, ces abrutis étaient sur l’île depuis un bon moment déjà. Ils cherchaient un trésor derrière une porte infranchissable, dite démoniaque. Nombre d’entre eux avaient péris en tentant de pénétrer l’enceinte de la cité qui se cachait plus loin, en se trompant sur le nom que réclamait la porte : son propre nom. De vielles histoires et légendes disaient qu’il suffisait à connaitre le véritable nom des démons pour avoir l’ascendant sur eux. D’habitude, mes yeux auraient dû refléter un vif intérêt, mais c’est à peine si dans mon état, je parvenais à mettre un nom sur chacun des hommes. Quelques-uns me viennent à l’esprit, comme Basil, Algur, ou encore Séoline, la seule femme du groupe.
Néanmoins, un nom que je souhaitais absolument connaitre ne revenait dans aucune discussion, et pour cause, le concerné évitait soigneusement la compagnie des mercenaires. Un vieil homme taciturne que j’appris plus tard être le commanditaire de l’expédition. Le chef des mercenaires, lui, semblait palabrer un tout autre sujet : notre navire. Et malgré le peu de discernement dont je pouvais faire preuve, je concluais sans mal que bientôt, il serait à eux.

Les hommes mirent peu de temps à agir. Profitant de la pénombre naissante, la plupart des mercenaires se glissèrent vers le campement, tandis que j’étais retenu, impuissant. Aucun bruit d’acier ne retenti, aucune lutte ne semble-t-il. Seulement des hurlements de fureur, ceux, probablement, d’un Faenrir outragé. Quand on me traina au campement de mes amis, c’est sans retenue qu’on me jeta dans le sable à leur pied, sous les regards noirs de mes compagnons dans lequel je lisais nombre d’accusations. L’envie de me justifier était là, mais la fatigue et mon bâillon m’en dissuadèrent, autant que cette étrange expression sur le visage de mes amis qui fit suite, autant que l’absence de Dalyne. C’est bien plus tard, quand Choix s’improvisa le porte-parole du groupe, que j’appris que la petite avait été emportée par un démon ailé.

Impossible de trouver le moindre indice dans cette ville. C’est maintenant la troisième maison que nous fouillons, Edelweiss et moi, en compagnie de mercenaires. Et pas une compagnie des plus plaisantes, ces crétins s’extasiant d’avantage sur les réserves d’alcool que sur notre objectif, celui de trouver le nom de la porte démoniaque. Choix en effet, après une longue discussion avec l’ancien, était parvenu à le convaincre que nous ne nous intéressions pas aux richesses de Tarek Naev, mais que nous souhaitions seulement quitter cette île avec tout notre équipage, Dalyne compris.
Le chef des mercenaires nous a fait comprendre qu’il ne s’encombrerait pas de la plupart d’entre nous, mais qu’il consentait à nous laisser le champ libre dans la cité maudite tant que nous respections ses ordres. Parfait : ces imbéciles avaient déjà perdu la moitié de leurs hommes en forçant le passage de la porte démoniaque. En remettant le couvert, c’était prendre le risque de nouvelles pertes et de ne plus être assez nombreux pour nous imposer quoi que ce soit. Ils seraient même sans doute utiles devant les dangers qui nous attendaient. Mais pour l’heure, il fallait composer avec la présence des ahuris. Je n’enviais pas non plus Choix et Faenrir, parti visiter un inquiétant édifice

Edelweiss secoua la tête, avec la même moue que dans les deux précédents bâtiments. Rien d’autres que des vivres périmés et des outils usités dans cette pièce sombre et humide. Mon emportement et mes quelques tirades haineuses à l’encontre des mercenaires, qui me valurent quelques contusions, avaient eu le mérite de me faire calmer. Malgré tout toujours irritable, je m’en voulais à présent d’avoir été désagréable avec mes amis, surtout lorsque je revoyais le doux visage d’Edelweiss rongé par l’inquiétude. J’eu envie de m’excuser, mais un bruit me glaça l’échine. L’avais-je vraiment entendu ? Etais-ce encore une manifestation de mon triste état de dépendance ? D’abord un léger murmure, un bruit subtil s’était fait entendre contre l’une des portes de la cave.
Les hommes se turent en m’examinant : ils avaient compris, eux aussi, que quelque chose était sans doute derrière cette porte. Mais contre toute attente, l’un d’entre eux haussa les épaules, et les autres riaient. Aucun d’eux ne prenait sa mission à cœur, et aucun ne jugeait utile de découvrir ce qui s’y cachait.
Etait-ce la bêtise des mercenaires, ma curiosité irrépressible, ou le souhait ne pas paraitre couard ? J’ouvris la porte avec détermination, mais ce que je m’apprêtais à y découvrir était au-delà de mon imagination.

A peine mes doigts furent posés sur la poignée que la porte s’ouvrit avec grand fracas dans un nuage de poussière qui m’empêcha de distinguer la créature qui se ruait sur moi. Saisissant ma gorge, l’ombre me projeta au sol. La silhouette informe du monstre ne tarda pas à se faire précise alors que le nuage se dispersait. Il esquissa un sourire alors que dans sa main se matérialisait une épée : mon épée. Je ne reconnus pas tout de suite ce visage qui n’était plus aussi familier qu’il n’était censé de l’être : les traits étaient bien plus tirés qu’il ne me semblait, sa peau plus pâle, ses cheveux longs plus gras et désordonnés, et il arborait une barbe mal rasée. La créature avait subtilisé mon apparence.

L’ombre de moi-même


Mes mains tentèrent de retenir le bras de mon faux-semblant, en vain : sa lame traversa mon épaule. La sensation était bien réelle, et mon sang s’échappa comme pour le confirmer. Une lutte s’engagea, une longue lutte : chaque seconde, je m’attendais à ce qu’un mercenaire empoigne l’un de nous deux, mais rien de cela ne se produit. Ils attendaient que le meilleur l’emporte.
Ma lame porta. la frappe toucha le flan de la créature, mais la sensation qui en résultat n’était celle que je supposais : mon épée pénétra mollement, sans que quoi que ce soit ne semble se déchirer sur son passage. Au retrait, je constatais avec effroi que la créature semblait indemne.
Edelweiss heureusement s’affairait. Je l’entendais hurler sur les hommes pendant que nous roulions au sol, tourner autour de nous, jusqu’à qu’un léger courant d’air me fit tourner la tête, trop tard. La lourde planche qu’elle tenait venait de s’abattre sur mon crane alors que je prenais le dessus. La douleur fut telle que je lâchais alors ma prise. Mais contre toute attente, la créature en fit de même…Et félicita l’initiative d’Edelweiss.

Elle parlait, et ne manquait pas de ruse pour tromper. Edelweiss ne savait plus où donner de la tête, et je me perdais également dans mon discours. Le lâchais, dans cette joute verbale, des détails qu’il me semblait que je sois le seul à connaitre, mais cela ne suffisait pas. Edelweiss tenait fermement sa dague, et épiait le moindre de nos gestes, intégrait le moindre de nos mots. A bout de souffle, je me résignais à discourir, tant les vils mots de ce démon étaient soigneusement choisis. Je tournais désespérément la tête vers mon autre, examinant de la tête au pied chaque parcelle de peau qui ne coïnciderait pas. J’étais saisi d’effroi, à l’idée que l’on puisse m’échanger, à jamais. Mon regard se perdit dans le vide : j’étais pétrifié, usé, à bout. Edelweiss bondit alors.
Surprenant moi et mon double, elle enfonça sa lame dans le corps de sa cible, appuyant sur le pommeau de sa dague pour l’accompagner plus profondément… Sous mes yeux écarquillés.

Edelweiss et moi ne nous parlâmes plus par la suite. J’avais bégayé quelques remerciements, mais j’étais encore sous le choc de la situation, et son coup de planche n’avait rien arrangé au bordel qui régnait dans mon esprit. Mais j’étais ravi qu’elle ait pu me reconnaitre du faux, et qu’elle se soit inquiétée de mes blessures, en dépit de mes précédentes humeurs… Et en dépit de la disparition de Dalyne, qui lui pesait beaucoup… Nous pesait beaucoup. Je songeais à tout ce qui aurait pu arriver si elle avait agi sur un coup de tête, mais heureusement, cela n’avait pas été le cas… Nous sortîmes silencieux, malgré les rires gras des mercenaires qui partageaient déjà quelques bouteilles.

La cité maudite


Le groupe de Choix et Faenrir mit du temps à revenir. Trop de temps pour qu’Edelweiss et moi nous ne nous fassions pas un sang d’encre. Ils revinrent à la nuit tombée. Le commanditaire rageait, et le chef des mercenaires avait le regard noir : rien ne les avait renseigné sur la porte démoniaque. Choix et Faenrir nous rejoignirent avec une étincelle dans le regard que je connaissais bien : l’euphorie de la découverte.

Du Niureti, c’est ce qu’ils me remirent à lire. Ces écris avaient au moins 600 ans, contant les douze religions d’un peuple. Fascinant, mais le temps jouant contre nous, et je m’en tins alors à ce que Choix et Faenrir nous apprirent : l’esprit d’un roi, Eogen, leur conta l’histoire de son peuple maudit, qui ne parvint pas à terme d’un sacrifice de cent vierges. La cité qu’il décrivait comme majestueuse, ne devint que l’ombre d’elle-même, gouvernée par sa petite-fille, la reine Kadahéna. Quant à lui, il fut assassiné par son fils, et son bâton lui fut arraché, l’empêchant de trouver le repos sans cette possession.
Je me demandais si Choix ne se moquait pas de moi, mais le sérieux de Faenrir ne me fit plus douter. Les fantômes existaient, eux aussi. Une raison de plus qui tourmenteraient nos nuits, aussi peu supportables étaient-elle déjà.

Mais une bonne nouvelle sorti de la bouche de Choix. Et cette nouvelle portait un nom : Téroglustrod. La porte démoniaque devaient à présent pouvoir s’ouvrir à nous, mais une effroyable pensée me traversa l’esprit : pouvions-nous croire en cet esprit ? Autre problème : la mémoire de Choix était-elle infaillible ? Faenrir n’avait pas réussi à mémoriser le nom de la porte, et je craignais que Choix n’ai pu oublier une subtilité.

Fièrement, Choix annonça aux mercenaires qu’il détenait le nom de la porte démoniaque, ce qui ne manqua pas de susciter l’intérêt du vieillard, qui se désenfrogna. Choix discuta longuement avec le vieux, dont le rêve était de parcourir le monde sous la bannière d’une guilde d’érudit. Mais plus important que sa vie dont nous nous tapions tous, une pièce d’un puzzle jusqu’à lors dérangeant : le temps n’exerçait pas normalement son influence sur cette île, et il fallait bien cent années ici pour qu’ailleurs un pauvre bougre prenne une année de plus. Une destination pour un vieux schnoque comme lui. Stupéfiant. Mon esprit tentait de trouver des explications, mais mon crane ne daignait toujours pas m’accorder assez de repris pour m’y pencher.

Dans la gueule du loup


Le lendemain, nous prîmes la route vers Tarek Naev. Les mercenaires nous provoquaient, et je prenais soins de déverser mes mauvaises humeurs sur eux plutôt que sur mes compagnons. Faenrir me remerciait alors en faisait taire le jeune coq qui me menaçait.
Le ton baissa quand les premières pierres de l’épaisse muraille de Tarek se firent apercevoir. Le vieil homme nous avait décrit la cité, mais rien ne saurait expliquer ce qui se dressait devant nous, tant le spectacle était aussi spectaculaire que terrifiant. La cité, nichée sur une roche sombre de grande altitude, était au centre d’un grand lac, d’où lequel filait une cour d’eau à même de ramener une petite embarcation vers le village. Au loin, d’inquiétants volcans rougeoyaient, sans toutefois nous faire occulter que devant nous se trouvait plus inquiétant que les deux tours noires que nous voyions au loin : une gueule rouge, hideuse et béante, incrustée dans une muraille grise où bon nombre de sculptures difformes trouvaient place.
Faenrir nous donna quelques coups de coude avant de se décider à nous montrer ce qui l’inquiétait : en haut des murailles, certaines statues n’étaient pas autant immobiles qu’elles auraient dû l’être. Des lueurs sortaient de leurs orbites comme pour nous épier, et leur visage se tournait lentement vers nous, comme pour surprendre quelques mots de trop qui ne contenteraient pas la porte.

Le chef des mercenaires discuta quelques instants avec Choix pour s’assurer qu’il n’y aurait pas d’entourloupe. Il n’y en aurait pas, nous comptions bien sur leur présence pour occuper quelques démons le temps que nous retrouvions Dalyne. Mais la tension était palpable, surtout pour notre petit groupe qui n’avait encore jamais adressé la parole à ce monstre.
Nous progressions, lentement, comme pour prouver aux statues, à l’instar de bêtes sauvages, que nous n’avions pas de mauvaises intentions. Nous approchions du gouffre qui nous séparait de la porte quand choix nous arrêta, ce qui ne manqua pas de tous nous faire sursauter. Il souhaiter aller seul parler à la porte. Drôle de requête, c’était mal connaitre notre groupe, qui prenait à cœur d’aller de l’avant sans jamais écouter ses conseils. Et qui se serait pardonné de voir Choix disparaitre sous nos yeux sans avoir eu l’opportunité de le défendre ?

Nous avançâmes, mes compagnons et moi. Les mercenaires se gardèrent bien de nous suivre, les courageux. La bouche se distordait devant nous et gronda un dialecte abyssal qui fit battre notre cœur à tout rompre. Réclamait-elle que lui nous donnions son nom ? Je m’imprégnais du savoir ancien qui rodait en ces lieux pour tenter de comprendre cette langue, quand Choix tonna subitement les mots du roi Eogen. Un court silence fit suite. Nous distinguâmes alors de l’activité sur les murailles qui nous prépara au pire. A notre soulagement, les statues s’emblaient reprendre leur place. La porte, que je parvenais à comprendre à présent, nous invitait à poursuivre notre chemin. La gueule s’ouvrit sur une immense langue qui vint s’avancer à nos pieds, comme un grotesque pont-levis. D’un pas sûr, nous posâmes le pied sur la langue pour rejoindre fièrement, devant les mercenaires hésitants, la demeure de Kadahéna. Mais nous étions pourtant tous terrifiés de ce que nous allions rencontrer dans cette cité maudite.
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Aranmor, ou la cité de Tarek Nev. Empty Voyage au coeur du passé

Message  Pollonium Sam 17 Nov - 0:04

Les rayons de l’aube viennent dissiper les ténèbres. Je me hisse sur ma paillasse de fortune et demande aux dieux de prendre le destin de Dalyne en pitié.
Mes compagnons sont eux aussi réveillés, bien, nous ne pouvons pas nous permettre de traîner. Je vais voir comment Fenrir se porte. Le nordique est encore affaibli par l’hémorragie de la veille mais il semble bien décidé à repartir. Les réserves de force de mon ami sont décidément surprenantes !
Afin de hâter sa guérison je lui administre une fleur de cusamar. Il est méfiant et réticent, je me demande pourquoi ? La préparation fait vite effet.

Nous rassemblons rapidement nos effets puis nous nous dirigeons vers la zone ou j’ai observé les lumières cette nuit. Notre trajet est silencieux, visiblement les autres sont aussi préoccupés que moi par la situation de Dalyne. Même notre bruyant nordique ne prononce pas un mot. Lui qui est si prompt à blaguer d’habitude ! Peut être faut-il plutôt imputer son mutisme à la perte de sa main. C’est vrai qu’il voulait reforger son épée brisée pour pouvoir la manier à deux mains, c’est aspirations ont dues en prendre un sérieux coup.

***

Nous arrivons au pied d’une muraille. Deux en fait, nous sommes à la jonction de deux zones. En tout cas c’est ce qu’il semble à notre droite la muraille est plus haute, plus épaisse, elle à l’air de type militaire. A gauche par contre elle ressemble plus à un grand mur.
Les deux constructions sont parsemées d’impacts et de trous, pourtant nous ne voyons rien qui ressemble à un projectile.
Je décide d’explorer d’abords vers la gauche, au sud. Nous longeons le mur sans faire de bruit. Deneb, qui est devant, s’arrête et nous fait signe de venir voir. A travers une faille du mur nous pouvons voir la coque d’un navire, ou de quelque chose qui y ressemble.
Comme les mercenaires sont partis pour nous prendre notre navire, enfin s’ils survivent dans ces lieux maudits, je suis très intéressé par cette embarcation. Le mur est très endommagé, je suis sur de pouvoir l’abattre en utilisant ma magie.
Je demande à mes amis de reculer puis je me concentre. Je murmure à l’eau ambiante et je la dirige dans le mur. Les faiblesses structurelles me sont chuchotées dans le langage de l’eau. Je dirige ma magie vers ces points. Le mur se met alors à céder, à se désagréger dans un vacarme que j’aurai voulu moins important. J’étais sur de pouvoir le faire. Finalement je ne suis pas si mauvais comme sorcier. Mais je ne sais pas si c’est cela que Sygnaelle avait prévu pour moi.

Nous nous glissons dans la brèche que j’ai créée. Nous pénétrons dans ce qui ressemble à un petit port. De larges pontons, effondrés par endroit, longent les murs d’enceinte. En dessous d’eux ce trouve une bonne étendue d’eau stagnante. Il est hors de question d’y mettre le pied ! Il y a aussi un grand hangar, sans doute un chantier de construction ou de réparation, mais son toit est en grande partie effondré.

Le bateau qui se trouve juste devant nous est en bien piètre état. Maintenue hors de l’eau sa coque a séchée et s’est déformée. Le pont supérieur et la mature portent des marques de brûlure. Ce navire ne renaviguera pas. Deux autres embarcations présentes dans le port sont aussi irréparables. Nous n’avons repérée la deuxième que parce que son mat émerge des eaux troubles !
Un dernier navire est présent. Il flotte et semble indemne comme s’il nous attendait depuis toutes ces décennies. Nous nous en approchons. Il est finement ouvragé, sa proue est constituée d’une femme couronnée. Aucune grosse avarie n’est visible, nous aurons donc un moyen de retour.

Il n’y a ici aucune trace des mercenaires et nous n’avons pas de temps à perdre à inspecter plus en avant. J’ordonne donc de faire demi-tour et d’aller explorer le quartier voisin. Deneb fait un crochet pour inspecter le hangar. Il n’y a aucune trace de ce qui à démoli le toit.

Nous longeons l’épais mur d’enceinte criblé d’impacts. Je ne suis pas sur de pouvoir l’abattre aussi facilement celui-ci. Heureusement nous avons repéré une porte. Cette dernière est de grande taille, elle est complètement tordue. Sans doute le résultat de l’action d’un bélier si j’en crois mes lectures.

Deneb va partir en reconnaissance. Il nous annonce pouvoir se rendre invisible. Je suis estomaqué, comment arrive t-il à faire se tour que l’on prête aux grands magiciens dans les légendes alors qu’il n’a eu aucune formation magique ?
Devant mes yeux inquisiteurs mon collègue mage commence à incanter. Pendant un bref instant il devient lumineux puis… rien du tout ! Je m’apprête à me payer sa pomme quand un bruit m’interrompt. On vient d’ouvrir la grande porte et quelqu’un annonce à haute voix « La reine vous attend ». Quoi ?

***

Je porte mon regard vers l’homme qui nous a parlé. Il est habillé étrangement et il n’est pas seul. Il se tient sur le seuil de la porte… La porte qui était défoncée il y a 30 secondes. Le mur aussi est intact, il est même resplendissant. Que se passe t-il ? Ai-je reçu un coup sur la tête ? Ça y est suis je devenu fou comme je l’ai souvent redouté ?
Je jette un coup d’œil à mes amis mais ils ne sont plus la. A leur place se dressent des inconnus dans des vêtements exotiques. Il y a une très belle femme, un homme mystérieux et un autre très musclé et manchot. Alors que je gamberge je remarque que mes vêtements ne sont plus les mêmes. Je n’en ai jamais porté de semblables. Les mains qui sont au bout de mes bras ne sont pas non plus les miennes et pourtant c’est bien moi qui les bouge !

Les trois autres personnes sont en toutes logique mes amis. Comme moi ils sont désorientés, il y a de quoi. J’effectue le signe que Dalyne fait pour parler de moi et nous reprenons tous notre contenance.

Les gardes nous ouvrent le chemin, tant que nous n’en savons pas plus il serait idiot de semer le désordre alors nous les suivons.
J’essaie rapidement de voir si une magie est à l’œuvre mais le procédé manque de m’assommer. Il y a sans doute quelque chose mais il ne serait pas sage de m’entêter sur cette voie.
Derrière les murailles nous pénétrons dans une sorte de vaste parc rempli d’animaux exotiques et d’essences rares. Les trois quarts me sont complètement inconnus. Il y a beaucoup de gens, d’autres gardes et des promeneurs. La plupart sont peu vêtus.
Au milieu du parc se dresse un somptueux palais. On nous y conduit. Sur place d’autres gardes prennent le relais. Nous traversons une cour intérieure très fleurie et pleine de serviteurs, d’autres gardes et de gens qui paressent sur des bancs. A notre passage ils nous saluent poliment.
Nous passons à coté d’une magnifique statue représentant une femme vêtue de… fantômes je dirais. Son visage est très dur et elle tient un crâne dans ses mains.
Un grand guerrier vient nous rejoindre, il est très impressionnant. Une épée rayonnant de magie pend à sa ceinture. Je me demande si Fenrir serait de taille à l’affronter. Espérons que nous n’aurons pas à le savoir.
Les serviteurs s’écartent sur son passage et on l’appelle général, c’est visiblement quelqu’un d’important.
Sur un mur je remarque une gravure de la femme au crâne. Sur une plaquette il est inscrit Orgiana dans une langue… que je suis sur de ne pas comprendre et qui ressemble à s’y méprendre à du Niuréti !

On nous fait rentrer dans une grande salle ouverte sur l’extérieur par un balcon, avec des colonnes et au sol de marbre. Cinq personnes nous y attendent. Il y a deux belles femmes, peu vêtues. Décidément c’est la mode ici ! Elles sont coiffées d’un diadème et arborent toutes deux fièrement un imposant pendentif. Un est couvert d’une unique rune, l’autre est constitué d’une main tranchée, charmant !
Il y a aussi deux hommes en train de converser. Le premier est chauve, ses yeux émettent une lueur jaune sinistre. L’autre est brun et ses yeux sont irradient un rouge surnaturel et menaçant. Je ne sais pas qui ils sont mais je doute que ce soient des humains et qu’ils soient bienveillants. Ce sont des démons à mon avis ou alors des possédés.
La dernière personne est une autre femme d’environ trente-cinq ans assisse dans un grand fauteuil. Ses cheveux sont très sombres et son regard est sévère même si pour le moment elle semble satisfaite de notre venue.

On nous annonce. Bon il semble donc que nous soyons les émissaires de Fulcrurion d’Ambrosar. C’est toujours bon à savoir. La femme sur la chaise est sa majesté Kadahéna. C’est donc la petite fille d’Eogen, celle qui a conduit le royaume dans le chaos. Pour le moment ça n’a pas l’air d’être le cas.

Cette entrevue est formelle car nous n’avons pas l’occasion de placer un mot. En même temps ce n’est pas plus mal vu que nous ne savons pas qui nous sommes ni quoi dire.
La reine nous remercie car nous lui avons apporté le centième sacrifice, celui qu’ils cherchaient depuis des années. Cela confirme mon pressentiment. Nous sommes dans le passé tout comme Fenrir l’a expérimenté la veille.

La reine nous congédie et un serviteur nous conduit jusqu’à nos chambres. Elles sont d’un luxe et d’un confort que je n’ai jamais vu. Nous nous installons et bavardons un peu. Nous n’avons aucune idée de ce que nous devons faire. Fenrir ne sait pas comment il est revenu à notre époque la fois d’avant. Je suis inquiet car nous savons que ce sacrifice va avoir des conséquences cataclysmiques. Je n’ai pas envie d’être la quand il va survenir.
Par curiosité je sors un couteau de ma ceinture et m’entaille le pouce. C’est douloureux et le sang coule. Tout semble indiquer que nous pouvons mourir ici.

Un domestique vient nous apporter des sauf-conduits et de la monnaie frappée au nom d’Eogen. J’en profite pour l’interroger sur les cryptes royales. Il m’indique qu’elles se trouvent dans le jardin derrière nous mais qu’elles sont fermées au publique.
Faute d’idées nous sortons pour explorer la ville avant sa chute. Dehors il y a une foule très dense et nous trouvons rapidement un guide.

***

Des gens nous pressent de toute part c’est vraiment atroce à supporter. Un hurlement perce le brouhaha et la foule s’écarte devant nous.
Un homme encapuchonné d’au moins deux mètres se tient bien droit au milieu d’un espace dégagé. Il porte un masque blanc en forme de carne et tire sur une lourde chaîne. Au bout de cette chaîne un animal noir luisant est en train de déchiqueter la jambe d’un badaud.
Les gens s’écartent mais ne paniquent pas. Promener en laisse un démon, car c’est sans nul doute de cela qu’il s’agit, est donc normal ici. Pas étonnant que cette ville ait sombré.
L’homme tire sur sa chaîne et son animal revient jusqu’à lui. La victime est poussée dans un coin et tout le monde reprend son activité comme si de rien n’était. Ces lieux sont vraiment charmants !

***

Notre guide nous apprend que la cérémonie de sacrifice aura lieu le lendemain midi, après les jeux. C’est pour cette raison que la ville déborde littéralement. Tout le monde veut assister au spectacle. Ils ne seront pas déçus si j’ai bien compris ce que m’a dit le spectre d’Eogen. Ce qui m’inquiète c’est que nous serons la aussi.

Un quartier tranche vraiment avec les autres. C’est un marécage couvert de taudis. Des barques sillonnent des canaux nauséabonds. Il s’agit du quartier des esclaves. Cette ville a décidément tout pour être accueillante !
Contre le mur d’enceinte une foule est rassemblée aux pieds d’une immense statue de dragon toute verte. Notre guide nous indique que cette statue représente Falen. Il s’agit sans doute d’une divinité. La statue m’intrigue. Les dégâts que nous avons vus à notre époque pourraient très bien avoir été provoqués par un dragon.
Nous prenons une barque pour aller voir. Sur place des prêtres grand comme les ogres des légendes contrôlent la foule. Visiblement il faut faire une offrande si l’on veut s’approcher. Fenrir donne une bourse d’or aux prêtres et leur donne l’ordre de laisser prier tous ceux qui le souhaitent. La foule est hébétée par ce geste. Je profite de ce moment de stupeur pour m’approcher de la statue. Elle est recouverte de moisissures. Je gratte la surface. La statue est en fait constituée d’un énorme bloc de jade. La statue fait au moins 10 mètres de long et 6 de haut ! Je rouvre ma plaie au pouce et la presse sur la statue et implore Falen de nous aider. Ça ne coûte rien d’essayer.
La foule vient se presser contre la statue et nous quittons les lieux.

***

Sur le chemin du retour nous passons devant le palais royal. Il est immense et splendide. Le palais ou nous avons rencontré la reine n’était donc pas le palais officiel. En face du palais est dressée une estrade pour les cérémonies du lendemain.

Je demande à mes amis de passer aux temples pour en apprendre plus. Ils sont situés juste a coté.
Nous apprenons que la femme serpent qui a coupée la main de Fenrir est une représentation de Calamarius la déesse des ténèbres.
Dès que nous mettons le pied dans le grand temple central le nordique tombe au sol. Un mauvais souvenir peut-être. Je me précipite pour l’aider à se relever. Le colosse me saisit et m’envoie voler sur le pavé.
Les prêtres sont scandalisés et accourent. Ils me proposent de châtier l’imprudent. Je les remercie mais leur dit que je préfère le faire moi même. Je congédie les autres afin qu’ils puissent évacuer le nordique.
Une fois remis de mon vol plané je remarque aussitôt que le grand autel central possède une statue à cette époque. C’est une statue d’Orgiana comme je l’avais pressenti.
Je fais le tour des autels. Toutes les divinités ont leur domaine. Aucun de ces domaines n’a l’air plaisant. Ce n’est pas surprenant si on constate que quasiment chaque prêtre possède un petit animal démoniaque à ses cotés.
Orgiana semble être une divinité plus importante que les autres. C’est sans doute une sorte de chef. Pourquoi sa statue n’est elle plus la à notre époque ? La tête pleine de question je sors de l’édifice.

***

Nous avons gagné un coin tranquille des jardins privés de la reine pour pouvoir faire le point en toute discrétion.
Notre réunion est interrompue par une procession de dix femmes qui traverse les lieux. Deneb part les suivre. Quand il revient quelques minutes plus tard je ne le remarque pas. Bonté divine il peut vraiment devenir invisible !
Les dix femmes se sont arrêtées autour d’un autel et de cinq formes démoniaques. Elles ce sont mises à prier et l’une de ces formes c’est adressée aux femmes en pointant Deneb du doigt alors qu’il était invisible. Avec sagesse il ne s’est pas attardé sur les lieux.
Au retour de la procession Fenrir nous indique que deux femmes manquent à l’appel.

Dès que les environs sont plus calmes nous allons inspecter l’autel mystérieux. Il est bien comme Deneb nous l’a décrit. Les formes démoniaques sont en fait des statues en armure posées sur des chaises. Celle du centre est plus grande que les autres. Derrière elles se trouve une sorte de dolmen. Mes amis remarquent des traces au sol près dudit dolmen. Il y a une sorte de trappe de petite taille. Nous ne trouvons aucun mécanisme permettant de l’ouvrir.

Nous avons faim alors nous abandonnons nos recherches et rentrons au palais. En chemin nous passons à coté d’un petit bâtiment dans lequel nous apercevons un char sculpté pour ressembler à un dragon et un cheval démoniaque. Le mode de transport royal cadre bien avec les lieux en fait. Et dire qu’à notre époque cette adoratrice du mal est sans doute toujours en vie.

***

Après le repas nous voulons retourner en ville. Nous savon qu’il y a des souterrains qui traversent la cité. Si nous les explorons nos amis pensent y trouver les sacrifices. Je doute que cela soit si simple, mais je n’ai pas vraiment d’autre plan à leur soumettre.
Les gardes du palais nous mettent en garde, la nuit les démons sont en maraudes dans les rues. Ils ne peuvent pas garantir notre sécurité en dehors de la présente zone. Décidément c’est de mieux en mieux !
Comme nous ne souhaitons pas prendre de risques je profite de l’occasion pour examiner l’entrée des cryptes royales. Elles sont fermées par une lourde grille qui est maintenue fermée par un cadenas massif. Je pourrai sans doute le détruire par magie mais les lieux sont trop visibles du palais.

Faute de mieux nous retournons auprès des cinq statues sur leurs chaises. Alors que mes amis continuent de chercher un mécanisme je pose mes mains sur la tête de la statue centrale. Ses yeux se mettent alors à luire. Surpris je fais un bond en arrière. La statue s’adresse à moi mais je ne comprends pas un mot. Agacée elle tente de saisir Fenrir. Les cinq statues commencent alors à se dresser de toute leur hauteur. C’est vraiment mauvais, quelle idée stupide ai-je eu la !
J’échange un regard avec Deneb, nous sommes d’accord. Nous détallons chacun de notre coté. Des pas lourds derrière moi m’indiquent qu’au moins une armure me suit. Elle va vite en plus ! Saleté de magie démoniaque, battu à la course par une statue en armure.
Une main puissante et glacée me saisit l’épaule gauche. Je suis stoppé net dans ma course. Sans prendre le temps de réfléchir je tourne ma main droite par dessus l’épaule et déchaîne la puissance des esprits de l’eau. Le casque de la statue est expulsé violemment et son crâne est abîmé. Alors que mon cœur menace de me briser la cage thoracique je constate que la statue ne bouge plus. J’ai du la neutraliser. Dommage qu’elle ne m’ait pas lâché ! Que cela ne tienne je vais détruire cette main par magie ça n’est pas plus compliqué que de faire s’effondrer un mur.
Il n’y a plus de bruit je m’approche avec prudence de l’autel. Fenrir est blessé, comme d’habitude. Mais il a pourfendu la grande armure, comme d’habitude. Ce type est vraiment fort… et cinglé. Edelle me dit que les autres statues se sont stoppées quand le nordique a battu leur chef. Autant pour mon attaque aquatique sur mon agresseur…
Deneb arrive, je ne sais comment à ouvrir la petite trappe. Dedans il y a un levier. En le tirant une dalle se met à coulisser et libère l’entrée d’un passage souterrain. Personne n’est venu voir ce que nous avions fait alors nous nous risquons à descendre dans les ténèbres.

Des ténèbres ma foi vite fort bien éclairées par des torches disposées à intervalles réguliers. Après quelques minutes de marche notre couloir émerge sur une pièce circulaire pourvue de plusieurs issues. Sur notre droite une grille sépare notre pièce d’un réduit obscur.
Alors que Deneb va voir il s’écrie que quelqu’un est retenu prisonnier à l’intérieur. Je détache une torche et vais voir avec prudence. Les éclats lumineux nous permettent de voir qu’une grande silhouette est maintenue enchaînée au sol par de lourdes chaînes. Que vois-je ? Elle a des ailes dans le dos ! Seigneurs d’Orhan que fait un ange prisonnier ici ? Enfin si c’est un ange, mais c’est ainsi que frère Yanotos nous les avait décrit. Quoique celui-ci n’a rien de splendide. Il fait plutôt miséreux en fait.
Mes compagnons se mettent alors à chercher un moyen de libérer l’ange. C’est une bonne idée mais ils ne font plus du tout attention au reste. Je me fais donc un devoir de surveiller la pièce. Je leur dis que ma magie doit pouvoir aider mais ils ne font même pas attention à mes propos.
J’entends un grand choc métallique puis une exclamation. Quelques instants plus tard une lueur très intense inonde les lieux. Une chance que je regarde dans la direction opposée. En jetant un coup d’œil je vois l’ange se relever. Il est encore plus grand que je ne le pensais. Il a du mal à se déplacer. Je pose une main sur lui et le soigne du mieux que je peux. Le geste le surprend.

Variss, c’est son nom nous apprend qu’il est emprisonné ici depuis 700 ans. Il est torturé et humilié depuis qu’Eogen l’a capturé. D’un coup le spectre ne me semble plus si bienveillant… Mais 700 ans ? Si Kadahéna est sa petite fille ils vivent combien de temps ?
L’ange s’apprête à partir. Nous l’informons pour le sacrifice. Il est choqué et nous met en garde. Il nous remercie puis s’envole dans les cieux. Aussitôt une foule de silhouettes sombres se mettent à ses trousses.

Cette issue me déçoit un peu j’espérai qu’il nous aiderait. Nous regagnons nos chambres en espérant ne pas avoir de souci. Si quelqu’un pose une question sur notre absence ou le bras de Fenrir je dirai que nous sommes sortis le punir pour son affront au temple.

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Message  Pollonium Sam 8 Déc - 13:31

Même si nous sommes au cœur de la nuit les serviteurs s’affèrent pour les cérémonies du lendemain. J’en interpelle un et lui demande un verre de bon cognac. Il ne connaît pas ce nom mais comprend tout de même ma requête et m’apporte quelque chose qui y ressemble. L’alcool est fort mais il a du goût. Pendant un moment je me concentre sur la sensation de brûlure que me procure le breuvage et mes soucis sont chassés de ma tête.
Un verre suffira. Il est hors de question que je développe les mêmes travers que Deneb. Si je veux être en forme demain il faut que je me repose. Les lits sont tellement confortables que je devrais réussir facilement à trouver le sommeil.

***

Un bruit de craquement et de liquide qui se renverse me tire de ma torpeur. Il est aussitôt suivi d’un juron et d’un claquement de fouet. Sans doute un domestique qui a commis une maladresse.
Je me lève et sors dans le couloir. Le lieu est en pleine effervescence. Les serviteurs et les nobles déambulent partout. Visiblement tout le monde se moque de notre escapade nocturne tant la cérémonie accapare les pensées.
Je fais ma toilette rapidement et m’habille des vêtements officiels que je portais déjà la veille, une chance que je ne les ai pas abîmés !
Edelle et Deneb viennent me rejoindre, eux aussi sont prêts. Mais où est donc passé notre nordique manchot ? Alors que tout le monde déserte le palais pour se rendre aux festivités je finis par le trouver. Le grand dadais est en train de barboter dans son bain ! A t-il oublié que nous sommes en fâcheuse posture et que Dalyne est terrorisée quelque part ? Je lui demande de se hâter et nous l’attendons en pestant.
Enfin le voilà qui arrive tout sourire. Est-ce son pain qui le rend si joyeux, ou est-il content de nous avoir fait attendre ?

***

J’ai bien l’impression que nous sommes les derniers à quitter le palais. Des domestiques nous installent dans des chaises à porteur Edelle, Deneb et moi. Fenrir lui marchera à coté de nous. Je suis gêné d’être porté ainsi par des esclaves. Pendant un instant je songe à dire que notre tradition veut que nous marchions nous même. Mais je ne peux pas risquer d’éveiller des soupçons ou de créer un incident alors je serre les dents.
En dehors de l’enceinte du palais les rues sont plus bondées que jamais. Finalement je ne suis pas mécontent d’être sur cette chaise… Le bruit, les odeurs, la chaleur et la lumière agressent mais sens. Dans le ciel la lueur écarlate de Charon est bien visible. C’est l’ambiance qui convient pour ce qui se prépare.

A plusieurs reprises je remarque des trouées dans la foule où gladiateurs et démons taillent en pièces de pauvres hères. Je ne sais pas ce qui va porter un coup fatal à cette civilisation de barbares mais en tout cas je suis heureux qu’elle ne persiste pas jusqu’à notre époque.

***

Enfin nous arrivons sur les lieux du spectacle. Il s’agit du premier quartier que nous avons visité à notre époque. On nous amène à des places qui visiblement nous ont été réservées. Le spectacle a déjà commencé et la foule est absorbée.
Dans la zone centrale plusieurs chars sont engagés dans une course musclée. J’imagine que les gens sont plus la pour voir les blessés que pour savoir qui arrivera premier. Mes soupçons sont confirmés dans la minute quand un char est pulvérisé dans un craquement retentissant et sous les vivats de la foule. Heureusement cette course stupide est bientôt finie.

Une fois que la piste est nettoyée une cordée de 30 esclaves est amenée sur les lieux. Les pauvres sont affamés, affaiblis et terrorisés. Je ne me fais pas plus d’illusions qu’eux sur leur destin.
Une femme aux cheveux d’un blond presque blancs fait le tour des gradins. Elle est très peu vêtue mais je commence à m’être habitué à cela. Elle tient à la main un crâne qui la désigne comme prêtresse d’Orgiana. Elle termine son déplacement devant notre connaissance de la veille, le général, et déclare l’ouverture des jeux. Une fois son allocution terminée elle est engloutie par des flammes surgies de nulle part. Je suis surpris mais visiblement suis le seul. Ce feu ne l’indispose pas le moins du monde, c’est sans doute une démonstration de pouvoir magique.

Plusieurs prêtres entrent sur le terrain en tenant en laisse des créatures aux formes torturées et clairement démoniaques. Des serviteurs jettent des armes aux pieds des pauvres esclaves. Certains ont encore la volonté de vivre et s’en saisissent. D’autres sont déjà éteints ou trop paniqués et ne réagissent pas.
Les prêtres lâchent leurs animaux de compagnie. En un instant le sol est jonché de tripes et de sang. Les condamnés n’ont aucune chance. Les cris des monstres et les râles d’agonie ne me parviennent même pas aux oreilles tant ils sont couverts par les acclamations de la foule. Ce spectacle innommable fait bouillir mon sang et je sang la colère qui monte en moi. Je suis totalement impuissant et ça ne fait qu’accentuer ma rage. Je fais de mon mieux pour masquer mes sentiments mais j’ai peur de ne pas être très doué à ce petit jeu. Par chance ce n’est pas moi que l’on regarde. Ces dégénérés préfèrent regarder le carnage. Ils sont si contents, j’espère qu’un dragon ou un volcan va vous régler votre compte.
Alors que les démons déchiquettent les cadavres des esclaves des gladiateurs font leur entrée. Ils saluent la foule, se mettent en position et fondent sur les créatures. Aussi féroces soient-elles, elles ne font pas le poids contre des guerriers entraînés. Elles sont massacrées pour le plus grand plaisir des détraqués qui m’entourent. Elles entraînent avec elles deux des gladiateurs. Deux machines à tuer psychopathes de moins. Pour peu cela m’arracherait un sourire.

***

Cinq nouvelles silhouettes enchaînées sont menées devant la foule assoiffée de sang. Après quelques moments à les fixer je les reconnais. Il s’agit des mercenaires qui nous ont accompagné dans les ruines de la ville à notre époque… Comment cela est-il possible ? Pourquoi sont-ils ici ? Pourquoi ne sont-ils pas dans un autre corps comme nous ?
Je n’aurai jamais les réponses. On leur jette des armes. Ils s’en saisissent et se mettent en formation. Les gladiateurs les encerclent et jouent avec eux. Les mercenaires sont des adversaires d’une autre trempe que les esclaves. Mais ils sont épuisés et désorientés, sans compter que leur moral n’était déjà pas haut à la base.
Une fois que la moitié d’entre eux a expiré les gladiateurs s’écartent et laissent les survivants souffler. Deux nobles descendent dans l’arène et sont équipés par des serviteurs. Ils viennent selon toute logique achever les derniers mercenaires.
Devant moi Fenrir enjambe la rambarde et pénètre sur les lieux du combat. Je suis à peine surpris. J’envie son courage mais je maudis sa témérité. Espérons qu’il n’aura pas à s’en mordre les doigts.
Les serviteurs et le publique ne comprennent pas tout de suite qu’il se range avec les mercenaires. Quand enfin tout leur devient clair ils acclament l’inconscient. Il ne manquait plus que cela, il va croire qu’on l’encourage !
Le combat reprend. Fenrir fait de son mieux mais il n’arrive pas à empêcher la mise à mort de ses alliés. Visiblement il ne partagera pas leur sort car le combat est terminé.

Un grand silence s’installe tandis qu’un char en forme de dragon avance sur le sol baigné de sang. C’est la reine Kadahéna qui se montre enfin. Elle est plus belle que jamais, mais sa beauté à quelque chose d’inquiétant et de malsain. Elle est entourée d’une sorte d’aura et est couverte de symboles et de tatouages.
Tout le monde s’agenouille devant elle. J’imite la foule. Ce n’est pas le moment de se faire remarquer. La reine fait faire demi-tour à son char et se dirige vers le palais royal. Une procession se forme derrière elle et nous sommes en bonne place, portés par des esclaves.

***

Alors que tout le monde est installé j’ai tout le loisir de passer au crible l’édifice sacrificiel. Sur une estrade surélevée et isolée par un cordon de gardes se dressent une vingtaine de colonnes. De nombreuses filles et femmes sont enchaînées à ces colonnes. Les plus âgées tentent de réconforter les plus jeunes mais en vain. Autour d’elles la foule semble se délecter de leur terreur et être assoiffée de sang. C’est foutus jeux ne leur ont donc pas suffit.
Une prêtresse d’Orgiana s’avance en traînant derrière elle un grand vase. Elle s’approche d’une des femmes et lui tranche la gorge. Sans la moindre considération pour sa malheureuse victime dont la vie s’échappe elle la saisit et fait couler son sang dans le vase. Elle s’approche alors de la victime suivante pour recommencer son rituel.
C’est à grande peine que je parviens à me contrôler. Ce spectacle sordide, ces visages riant autours de moi, c’est insupportable. J’ai envie de libérer ma magie et de terrasser cette prêtresse. Mais ça ne sauvera pas ces pauvres filles, ça risque seulement de nous condamner moi et mes amis. Mais mains commencent à trembler et je ne peux plus regarder.
Deneb m’indique quelque chose du doigt. C’est Dalyne ! Elle est parmi les futures victimes. Je n’ai pas le temps de me demander comment une telle chose est possible car en la voyant la apeurée et condamnée je craque.

Mes nerfs lâchent mais ma raison n’a pas encore sombré. Les larmes commencent à gagner mes yeux et je suis parcouru de tremblements. Incapable d’assister à l’inévitable je fais demi-tour et fend une foule qui ne fait même pas attention au spectacle pitoyable que je lui livre tend elle se délecte de ce massacre.
D’ici peu je vais perdre le contrôle et mourir à cause de ça. C’est marrant j’ai toujours pensé que ce serait le destin de Fenrir pas le mien. Quitte à crever en attaquant trop fort pour soi autant énerver un maximum c’est détraqués. Ils font ça à la gloire d’Orgiana. Je vais aller l’insulter dans son temple, devant ses laquais. Avec un peu de chance je vais arriver à défigurer une de ses effigies. On verra si cette connasse orgueilleuse apprécie de se faire ridiculiser par un magicien raté.

***

Je suis à mi-chemin du temple. Personne n’a tenté de m’arrêter. Soudain une myriade de traits lumineux zèbre le ciel. L’un d’entre eux vient frapper de plein fouet le sommet du temple. Un autre vient s’abattre non loin de moi. Il en émerge une silhouette ailée qui n’est pas sans rappeler celle que nous avons libérée de sa geôle la veille. Peut-être que celui que nous avons sauvé a passé le mot et que je ne suis pas le seul à être emplis d’une juste fureur en ce moment. Je n’ai pas le temps et je ne suis pas en état de m’intéresser à ces apparitions célestes ou à me poser des questions théologiques.

Je passe le seuil du grand temple. La grande statue d’Orgiana est la seule chose à laquelle je prête vraiment attention. Je crois que l’on combat à coté mais je n’en suis même pas sur. En tout cas personne ne vient m’intercepter.
Je concentre la magie la plus destructrice à laquelle je peux faire appel en déclamant ma colère dans le langage de l’eau.
La statue n’est plus très loin quand une voix résonne dans ma tête « Libère moi ». La voix provient du caisson sous la statue j’en mettrai ma main à couper. Peut importe car je l’ignore totalement. Je suis maintenant au pied de ma cible et je libère toute ma rage. L’énergie destructrice déferle hors de moi et pulvérise la statue.
On se rend enfin compte de ma présence. Un prêtre fonce vers moi arme au poing. Résigné je m’apprête à quitter ce monde. Faire un pied de nez au grand chef d’un panthéon maléfique ce n’est pas si mal comme mort après tout.
Les dieux ont sans doute d’autres dessins pour moi car mon malheureux assaillant est happé par une ombre alors qu’il passe devant le caisson. Il est entraîné à l’intérieur. Il hurle de terreur alors que la porte se rabat.
Un ange vient à mes cotés il semble savoir que nous sommes du même camp. Il pulvérise un prêtre qui s’approche trop de moi puis part pourfendre le reste de ce clergé en proie à l’incompréhension et à la terreur.
Que faire maintenant ? Le destin de Dalyne doit déjà être joué et je n’ai aucune chance de retrouver mes amis dans le chaos ambiant. J’ai toujours un bâton à aller chercher dans les cryptes royales. Eogen ne mérite pas le repos pour ce que j’en sais mais son bâton pourra m’aider contre les hordes démoniaques qui se déchaînent dans la ville.

***

Alors que j’arrive en vue du palais privé de Kadahéna je reconnais un groupe de silhouettes sur ma gauche. Il s’agit de mes amis ! Fenrir porte un Deneb visiblement inconscient et Edelle tient… Dalyne !
Je cours vers eux en faisant fi des combats entre légions célestes et hordes démoniaques. Je pose mes mains sur les joues de Dalyne et d’Edelle en contenant des larmes de joie. Je croise le regard d’Edelle, elle n’est pas soulagée. Pourtant nous avons retrouvé Dalyne, alors pourquoi ? Elle détourne le regard au bord des larmes.
Mes yeux se posent sur Deneb. La garde d’une lame dépasse de sa cage thoracique au niveau du cœur… Je n’ai pas le temps de m’occuper de mon compagnon car un hurlement me vrille les tympans.

Un énorme monstre, une sorte de phoque démoniaque de quatre mètres de haut, s’avance vers nous. Les anges nous ordonnent de nous mettre à couvert. Je lâche une rafale d’eau sur la créature mais sans grand effet. Fenrir me dépasse et se jette sur le phoque démon. Il lui porte une attaque mais lui non plus ne semble pas le blesser sérieusement. La réciproque n’est pas vraie car d’un coup de patte le monstre pulvérise la jambe de mon compagnon. Je suis sur que je vais le perdre lui aussi quand un puissant éclair lumineux m’aveugle.

Ma vision ne veut pas revenir. J’entends la voix de Fenrir juste à coté de moi mais je ne comprends pas vraiment ce qu’il raconte. Et voilà que j’entends Deneb, il ne devrait pas pouvoir parler pourtant. « Ça fonctionne » nous dit-il.
Peu à peu le voile lumineux qui masque ma vision disparaît. Nous sommes de retour dans nos corps ! Nous sommes devant les portes de ce fichu palais privé. Avons nous rêvé tout ça ? Je regarde dans les bras d’Edelle. Dalyne est toujours la ! C’est une bien étrange expérience que nous venons de vivre.
Je sens que les émotions menacent de nouveau de me submerger. Je ne souhaite pas tellement que les autres me voient si peu maître de moi alors je décide que nous allons rejoindre le navire de Kadahéna et je prends la tête du groupe.

***

Le bateau est toujours la. Comment a t-il résisté à l’apocalypse ? C’est un mystère. Je n’ai plus qu’une envie, quitter ces lieux maudits. Mais avant de partir il nous faut inspecter l’embarcation. Le bois est magique à mon avis, j’ai l’impression qu’il est consacré par une divinité. Et pas une divinité bienveillante en plus. Tant pis on a pas vraiment le choix.
Nous commençons à descendre dans les ponts pour contrôler le navire quand un remue ménage attire mon attention vers les quais. Le vieil homme qui a engagé les mercenaires court vers nous. Ou sont donc passés ses hommes ? Et pourquoi court-il comme un possédé ?

Un bruit métallique retentit juste derrière moi. Je fais volte-face rapidement. Le chef des mercenaires a surgit de nulle part et désarmé Deneb.
Je le repousse avec une déferlante d’eau. Il échange quelques coups avec Fenrir. Tout le monde s’arrête pour se jauger. Il est doué, ça ne sera pas facile. Quelle stratégie …
Un ricanement de dément interrompt mes réflexions. Le vieil homme s’est encore approché. Son regard est perdu, il bave et rie à gorge déployée. Il sert contre lui divers objets comme si sa vie en dépendait. Pas la peine d’être un expert pour comprendre que cet homme a perdu la raison. Une créature aux ailes de chauve souris plonge du ciel et emporte l’aliéné avec lui.
J’échange un regard et quelques mots avec le capitaine des mercenaires. Il a perdu tous ses hommes et la volonté de se battre. Il pose les armes et reste prostré sur le pont. Grand bien lui fasse. Nous nous allons partir d’ici. Fenrir descend de notre bateau pour ouvrir l’écluse qui ferme ce petit port. Ce n’est pas une tache aisée car une très épaisse couche de vase c’est déposé.
Tout le monde semble attendre que je donne les ordres. Bon qu’il en soit ainsi. Je demande à Deneb, au capitaine et même à Fenrir de prendre des perches. Je ne sais pas si le nordique sera un bon batelier avec sa main en moins mais j’ai peur que nous ne réussissions pas sans lui.
Tous les quatre nous plongeons nos perches dans le limon et poussons de toutes nos forces pour faire avancer le navire. Notre allure est lente. Ce n’est pas un mal car nous ne sommes pas des experts. Nous sommes à peine sortis de l’enceinte que je suis déjà en âge et que j’ai le souffle court.
Nous avançons tranquillement sur le cours d’eau. Je suis inquiet les mercenaires y ont fait une rencontre fatale. D’immenses poissons heurtent la coque mais notre navire ne semble pas en péril.

***

Cela fait plusieurs heures que nous dérivons plus que nous avançons. Nous arrivons à l’embouchure de la rivière. Un endroit sur notre droite ma paraît propice pour accoster le navire. Je m’improvise maître de manœuvre. C’est avec grande difficulté que nous parvenons à immobiliser le navire. En tout cas il n’est pas abîmé, c’est déjà cela.
Nous mettons pied à terre. Un cri provenant du ciel accapare notre attention. C’est le monstre ailé qui revient. Il lâche non loin de nous le vieux fou qui vient s’écraser au sol dans avec bruit mat, puis il repart d’où il est venu.
Le vieux ne fait plus aucun bruit et ne bouge plus. Il doit être mort. C’est mérité à mon avis. Jouer avec des forces démoniaques est un pari risqué. D’ailleurs puisque je pense à cela il serait de bon ton de ne pas laisser Deneb prendre les possessions du dément. Un seul regard et je vois briller la convoitise dans ses yeux. Je le préviens que je ne le laisserai pas faire. Le ton monte un peu. Je suis navré que Dalyne doive assister à cela.
Le capitaine mercenaire en a visiblement mare d’attendre. Il nous dit qu’il va partir avec ses hommes et laisser notre équipage. Il pense que si ses hommes apprennent la vérité le combat sera inévitable. Heureux de parvenir à une situation pacifique j’accepte son offre et le laisse partir.
Quelques instants plus tard le navire de Kereskin est parti, tout du moins nous le supposons. J’envoie les autres chercher le reste de notre équipage. De mon coté je ne quitte pas la dépouille du vieux des yeux. Hors de question que quelqu’un prenne un de ces objets impies.

Quand les autres reviennent ils sont accompagnés de Muslim, Nabila, Kereskin et Pard. Mais où sont donc Naradim et Socrate ?
Le capitaine les a enrôlé de force. Quel enfoiré ! Et moi qui lui ai fait confiance. Mon erreur nous a coûté deux hommes. Personne ne semble m’en vouloir ou me faire de reproche je ne me l’explique pas.
Nous n’avons plus rien à faire ici alors je fais embarquer tout le monde. Je suis pressé que nous mettions le plus de distance possible entre nous et ces lieux maudits. Je distribue les taches et tout le monde se met à la manœuvre.
Notre navire m’a l’air performant. Il file rapidement sur les flots alors que nous sommes un bien piètre équipage.

***

La nuit est bien tombée. Je suis le seul encore debout. Les autres se reposent tandis que je barre plein nord. La lueur des astres nocturnes se reflète sur les flots.
Un point se distingue devant moi. Nous nous en rapprochons lentement mais sûrement. Au fur et à mesure que la distance se réduit je distingue de mieux en mieux le navire de Kereskin. Faut-il que je prévienne les autres ? Alors que j’hésite sur la marche à suivre un immense reptile blanchâtre surgit des vagues à coté de l’autre navire et le brise en deux. En quelques instants tout est entraîné dans les profondeurs.
Je suis sous le choc. Deux personnes sont mortes de par ma faute. Il est vrai que je suis soulagé que se soit l’autre navire qui ait sombré. Mais je me sens malgré tout coupable. Personne ne s’est réveillé a bord. Inutile de leur raconter ce que je viens de voir. Cela ne susciterai que peur et chagrin. Nabila, Pard je suis vraiment désolé pour vous.
Je prend le temps de recommander les âmes de Socrate et Naradim à Shaal, puis je reprends ma navigation solitaire. La nuit va être longue en attendant la relève.
Puis il faudra arriver à rejoindre un lieu civilisé. Et je devrai aussi m’occuper de l’éducation de Dalyne et peut être de celle de Pard. Sans compter que je suis toujours pitoyable comme sorcier de ce coté la aussi j’aurai du boulot. Comme on dirait que me voilà promu pilote je sens que je ne vais pas avoir le temps de m’ennuyer sur ce bateau. Mais pour le moment je vais me contenter de rester éveillé…
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Message  Mathieu Sam 8 Déc - 17:34

Les émissaires


Le grincement des lattes m’inquiéta après que j’eu bondi sur ce lit en douces étoffes. Je n’avais pas encore pris l’habitude de peser si lourd, et cela m’aurait agacé d’abimer ce nid douillet, même si je savais pertinemment que l’on m’aurait trouvé une autre chambre ou qu’on aurait fait venir quelques esclaves pour tout remettre en place. Je méprisais alors la rudesse de notre existence de me rendre si matérialiste, et maudissait la faiblesse du genre humain.

Allongé sur ma couche, je regardais par la fenêtre ouverte, à travers laquelle j’avais une vue imprenable sur un jardin exotique des plus raffiné. Des badauds marchaient tranquillement tandis que des patrouilles passaient régulièrement pour s’assurer que toutes ces bonnes gens allaient sereinement.

Je me laissais aller à la flânerie. Après tout, ce n’était pas une vision, et mon nouveau corps, bien que disgracieux, n’était pas aussi douloureux que l’ancien qui souffrait des maux de ma dépendance. Comme pour me confirmer que je ne rêvais pas, une voix rugueuse et nouvellement familière m’extirpa de mon demi-sommeil. Deux hommes barbus à la peau bronzée, richement vêtus et haut en couleur m’attendaient devant la porte, accompagnée par une femme aux longs cheveux bruns et à la peau dorée. Le plus grand semblait pressé et bougonnait. Choix avait beau changer de corps, il restait le rabat-joie que l’on connaissait tous. Edelweiss n’avait pas gagnée au change, mais maintenant loin de toutes nos péripéties, elle semblait plus détendue. A moins que ses nouveaux traits ne me fassent tromper. Enfin, le dernier homme avait une allure nettement plus martiale. Il semblait amusé par la situation, même si cela me surprenait toujours lorsque, par reflexe, je posais mes yeux sur un bras inexistant. Je repensais alors, à toute notre infortune.

Derrière la porte


Mon esprit endolori ne garda que peu de souvenirs de nos premiers pas dans Tarek Naev. Cependant, la sensation de terreur qui nous investissais à ce moment-là restera indélébile, tant et si bien qu’il m’arrive encore de sentir des regards malsains quand je me repose.
Rarement nous pouvions affirmer qu’il y avait une présence, des créatures autour de nous. Parfois, il me semblait que les statues m’épiaient, parfois je jurais entendre un battement d’aile. Mais la plupart du temps, il n’y avait que nous et notre angoisse grandissante, dans des ruines démesurément grandes.
Mais la peur ne fut pas notre seul calvaire, et je m’étonne de m’en être si bien sorti. Par deux fois, l’un des démons qui hantait ce lieu maudit s’en pris à nous, et par deux fois l’un de nous fut sérieusement blessé. Lorsque que cet énorme chien aux yeux écarlates et au pelage sombre sorti de la cage où on l’avait laissé, c’est grâce au courage de Faenrir et de nos compagnons que nous survécurent. Je n’en garde que trop peu d’images, mais il me semble que la bataille pris fin si rapidement que mon pauvre corps courbaturé n’avait pas eu le temps de s’y préparer. Edelweiss elle, ne manquait ni d’alacrité, ni de courage. Elle fit preuve de trop de témérité par ailleurs : la créature, qui au fil du combat apparaissait bien différente des canidés que nous connaissions, cracha un nuage verdâtre qui ne laissait rien présager de bon. Plutôt que d’essayer de le contourner comme je m’y attelais, Edelweiss le traversa. Son hurlement était difficile à décrypter. Un étrange mélange de hargne, mais aussi de douleur. Quand la créature s’effondra sous les coups ravageurs de mes compagnons, c’est horrifié que je découvrais que l’armure d’Edelweiss n’avait pas eu assez d’épaisseurs au niveau des jambes : sa peau, maintenant à vif, présentait des motifs torturés caractéristiques d’une grave brulure.
Mon état second, l’urgence de la situation, ou encore autre chose… Je ne sais pas quel sentiment m’avait inspiré ce moment-là, mais de concert avec Choix, j’apposais mes mains sur la peau brûlée qui se retendaient. Les gémissements d’Edelweiss se faisaient plus petits, à mon grand soulagement, à notre grand soulagement à tous.

Cette nouvelle magie pour laquelle je n’avais pas le temps de me réjouir ne fut que de faible utilité pour Gurnrauf, malheureusement. A mesure que nous progressions, nous délaissions les bâtiments militaires pour les lieux de cultes. Douze statues en ruines nous menèrent vers un temple aux ornements funestes, un temple dans lequel nous aurions été plus avisés de ne pas entrer.


Dernière édition par Mathieu le Dim 3 Fév - 22:09, édité 1 fois
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Message  Mathieu Dim 3 Fév - 22:08

Enhardi par sa soif de batailles, il perdit son bras en s’imposant au démon sournois qui se faisait passer pour une idole du temps. C’était, j’en suis convaincu maintenant, un moindre mal, à côté de la blessure bien plus profonde qui fut infligée à son âme, pour je ne sais quelle curiosité. Il dû se satisfaire d’une cautérisation brutale par une torche. Malgré tout le courage dont il fit preuve, nous avions peu de mal à imaginer à quel point ce sacrifice dû le tourmenter des jours durant.

Chaque lieu nous interdisait un peu plus de rester dans cette cité maudite, ce lieu de culte à Orgiana, déesse ô combien malsaine. Parfois l’un de nous disparaissait, pour réapparaitre, non sans nous faire grandes frayeurs, de longues minutes plus tard. D’autres fois, des regards semblaient poindre d’on ne sait où, nous, comme transperçant notre chair, comme glaçant notre sang. Pourtant, chacun de nous trouvais la force, en dépit d’évènements horrifiques, de continuer pour Dalyne. Je songeais à tous ce que nous avions perdu jusqu’à présent, et notre hardiesse n’était pas si surprenante : saurions-nous supporter à nouveau la perte de l’un d’entre nous ?

Une bonne nouvelle, heureusement, nous redonna un peu de courage. Notre salut serait assuré si nous pouvions revenir jusqu’à cette écluse, où flottait, accablé par le temps mais néanmoins majestueux, un superbe navire qui nous ferait redescendre jusqu’au rivage. Les moisissures peinaient à cacher ce bois noble, et, comme transporté dans un autre temps, j’imaginais sans mal son éclat lors d’une traversée sous un temps clément : outre les symboles très stylisés qui parcouraient le bastingage, une représentation féminine en proue donnait à ce navire un cachet royal.
Mes yeux finirent par dériver vers les hangars : diable, quel chose avait pu dévaster le toit de cet entrepôt, à en laisser un trou béant sans que projectile ne reste ? La cité avait été jadis attaquée, par des forces qui nous dépassaient.

Malgré la fougue qui m’avait retrouvée, le temps jouait contre nous. Toujours en scrutant la présence de Dalyne par magie, nous avançâmes vers de grandes murailles, vers ce qui était le palais royal.
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