Le Gobelin Farceur - Association de Jeux à Alençon
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Par de là l'océan.

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Message  naev Ven 4 Mai - 17:06

Préparation du post de la suite des "enfants de Laakia."
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Par de là l'océan. Empty Imikis, le pisteur silencieux.

Message  naev Dim 20 Mai - 20:41

Bientôt six mois que le malheur a touché notre peuple.

Cette nuit restera marquée dans ma chair. La lame d'un ennemi a fauché ma course alors que je tentais de les empêcher d'enlever nos sœurs.
Je suis resté au sol, perdant mon sang et laissant nos agresseurs commettre leur carnage. La honte sera à jamais sur moi.

Aujourd'hui mes plaies se sont refermés mais pas le reste.
Des liens se sont nouées avec de nouveaux camarades. Hilmar le pêcheur, Vilma et Macamod ont portés leur assistance pour aider les nôtres à remonter des habitations. Nous aidions au mieux que possible, récupération et vivre frais. Nous ne pouvions rester les bras croisés.
Tout aurait pu rester ainsi longtemps, puis.... Ils sont arrivés. Ces quatre étranges apprentis que les événements récents semblent avoir changé. Protecteurs d'une enfant, ils n'en dévoileront le secret que plus tard.
Ils sont devenus pour moi l'espoir de rattraper mon honneur.
Une chasse au nord sur le navire de pêche d'Hilmar et nous voilà à bord d'un antique drakkar.
Tout a été si vite. Une fuite dans la nuit et les rivages de Blanc-Flocon s’éloignent.
Qui pourrait bénir ce voyage?
Personne car à peine quitté la baie de Laakia, une tempête nous balaya. Un mur d'eau, puis le néant.......
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Message  Mathieu Lun 21 Mai - 1:52

De la formation de l’équipage…


Bien avant notre décision de partir pour Gaalt, je me souviens, Choix nous avait avoué avoir découvert un ancien drakkar dans les souterrains de Rochefendue. Ce jour-là, je pestais avec Faenrir: comment avait-il pu nous cacher une découverte aussi remarquable ! Cette embarcation devait receler des trouvailles inestimables ! Cependant, il avait sans doute bien fait : nous l’aurions probablement excavé avant l’heure, et il aurait brulé dans le port de Blanc-Flocon, nous avec pour être revenu plus tôt de notre pèlerinage avec le groupe.

Nous avions besoin d’un navire pour nos desseins : pour un motif aussi glorieux que la protection de Dalyne, et pour d’autres entreprises moins louables, comme la vengeance.

Quelques jours avant que nous partions à la recherche du navire, Faenrir fut interpellé par une vielle connaissance : Macamod, un cousin. Il avait l’air d’un bon gars, bien brave, mais je n’arrivais pas à déterminer si c’était les évènements qui lui donnaient un air aussi hagard ou s’il en avait été toujours ainsi. S’il était très chaleureux avec Faenrir, il était au contraire plutôt suspicieux à notre égard, comme soucieux des fréquentations de son cousin. Il avait raison, après tout, nous avions à maintes reprise mis sa vie en danger, et nous ne tarderions pas à mettre en péril la sienne également.
Il invita Faenrir à pleurer la mort de ses proches au travers d’un rituel nordique. Je n’avais pas envie de participer à ces rites : je respecte les morts, et les regrette tout autant, mais j’ai toujours eu la conviction qu’il n’y a pas besoin de faits pour honorer les défunts, qu’il suffit de ne pas les oublier. De plus, nous portions déjà assez de malheur sur nos épaules pour en rajouter, et c’était suffisamment compliqué à endurer comme cela.

Au lieu de ça, une embarcation attira notre attention : un petit bateau de pêche était encore dans le port, flottant au-dessus des débits d’un autre navire. Observant aux alentours, je me décidais à inspecter le rafiot. Rien de particulier, une caisse d’écrevisse, il pouvait donc s’agir d’un bateau envoyé par l’un des hameaux proches, mais j’étais sceptique, sans doute un brin paranoïaque, mais qui ne le serait pas dans notre situation.
Je décidais de surveiller ce bateau, malgré tout perturbé par les complaintes sourdes et déchirantes du regroupement dont faisait partie Faenrir. Plus tard, j’appris que le bateau appartenait à une connaissance de Faenrir, mais cette nouvelle ne suffisait pas à apaiser mes craintes.

Parmi les ruines, certaines habitations nous permirent de trouver le sommeil. Au petit matin, nous définissions nos objectifs : seul le drakkar qu’avait vu Choix nous permettrait d’aller sur Gaalt, l’île la plus proche. Au fond de moi j’espérais que Choix avait l’œil, car je soupçonnais ce navire de ne plus être en très bon état depuis le temps. Et son peu d’intérêt pour les découvertes à Rochefendue me faisait redouter qu’il n’ait qu’à peine observé la chose plus de quelques secondes.

Plus tard, Faenrir faisait déjà des plans sur la comète : il proposait à des connaissances de former un équipage ! Nous ne connaissions même pas l’état du navire, ni ne savions s’ils étaient fiables ! En tout cas, comme Faenrir, ils ne se posèrent que trop peu de questions, et semblaient enthousiastes quoiqu’un peu sceptiques. Et moi d’enjoliver les choses : d’après ce que j’avais compris, dans ce petit groupe de 4 un peu plus âgés que nous, l’un d’entre eux semblait savoir naviguer, l’un était charpentier, ce ne serait pas de trop si le navire se trouvait être une carcasse.

Hilmar était un grand homme aux cheveux plutôt longs et blonds et qui semblait tenir la route. Bien charpenté, il était également sûr de lui et spontané.
Imikis était moins engageant. Cet homme aux cheveux bruns tirait souvent la grimace quand la jambe qu’il trainait le lancinait. De ce que je savais, il était parmi les premiers au port pour se battre. Notamment, il nous rapporta que de nombreuses femmes avaient été montées dans les navires, probablement pour amuser ces chiens pendant la traversée. Choix nous confirma la triste nouvelle qu’il avait apprise de son côté. Imikis semblait perpétuellement animé par une rancœur indéfectible.
Enfin, Vilma, une grande nordique élancée et charmante, apportait une fraicheur appréciable au groupe. C’est comme si rien ne pouvait mettre à mal sa jovialité de tous instants. Toujours souriante, nous la surprenions souvent sifflotant des airs joyeux, et elle nous répondait par un sourire malicieux.

Ainsi en était-t-il décidé : nous partirions ensemble vers Rochefendue, trouver le drakkar et le ramener à Blanc-Flocon. Nous apprîmes à nous connaitre pendant les quelques jours nécessaires à la préparation de notre expédition. Je surprenais souvent Choix et Faenrir se gausser en me regardant, et je les suspectais de vouloir me jouer un sale tour sans jamais n’en voir la couleur. Ces deux-là semblait bien s’entendre, trop bien sans doute.


… à l’entretien du navire


Afin de parvenir plus tôt à notre destination, Macamod nous proposa de prendre un bateau de pêche. Nous eûmes beaucoup de peine à rentrer à neuf, si bien que nous entreprîmes de disposer la plupart de nos affaires dans des tonneaux à la mer, reliés à notre embarcation par des cordages. Néanmoins, nous étions toujours à l’étroit, et je n’étais pas à l’aise à coté de Vilma qui posait souvent sur moi des regards qui me semblaient inquisiteurs. Elle me parlait souvent, mais je ne parvenais pas à déterminer si elle cherchait simplement à discuter ou si elle me jugeait.

Tant et si bien que cette longue traversée mis à mal notre intimité à tous, et que nous finissions par nous impatienter d’arriver à destination. Après 4 ou 5 jours de traversée, nous revîmes enfin ces pics et les environs boisés de Rochefendue. Je m’imaginais recroiser cet ours noir et blanc pour lui montrer que c’était maintenant à lui de déguerpir. Cette pensée qui me faisait d’abord sourire m’inquiétait ensuite : était-il possible que le fermier réservé que j’étais soit devenu aussi impulsif ? Etait-ce ces journées en compagnie de Faenrir qui me donnaient tant et trop d’assurance ?

Toujours est-il que notre bateau gratta sur la plage de galets. Je m’empressais de descendre : "enfin libre" pensais-je, un moment de joie rapidement gâché par la désagréable sensation que me procurait mes mollets engourdis.
Je me sentais à explorer de nouveau ces souterrains quand Faenrir mit fin à mon enthousiasme : je devais rester ici avec Dalyne, Edelweiss, Imikis et Macamod. J’avais beau ne pas en démordre, on savait me rappeler que Dalyne avait besoin de nous. Sur le moment, je ravalais ma fierté d’explorateur, conscient d’avoir une lourde responsabilité, mais avec le temps, je compris que Faenrir m’avait bien fait tourner en bourrique. Et lui de partir avec Choix et Hilmar, probablement souriant sans que je ne puisse le voir. Faenrir et Choix avaient probablement compris que je n’étais pas du tout à l’aise avec les dames et se réjouissaient de l’embarras dans lequel ils m’avaient mis. Et il était difficile de leur reprocher de s’amuser un peu, le moral en avait besoin. Pour ma part, j’allais de déceptions en déceptions, bien que nombre d’hommes auraient été entièrement ravis de cette situation.

Deux jours, une nuit, c’est le temps incroyablement long que nous restâmes sur cette plage, à attendre que nos compères reviennent avec le drakkar. Choix nous avait expliqué qu’il avait perçu un dispositif avec un bélier, pour enfoncer la paroi de la grotte et y faire sortir notre convoitise. Je tentais de distinguer par quelle falaise ils pourraient sortir, et je laissais trainer mes oreilles. Malheureusement, mon répit était souvent de courte durée, et Vilma me demandait régulièrement des coups de mains. Le plus mémorable est probablement quand il fallut retendre une corde, et où mes yeux ne purent s’empêcher de river vers quelques formes charnues qui trônaient dangereusement trop près de mon visage. Dans notre effort, nous étions presque en contact, et je prenais soin, après avoir détourné le regard, de rentrer le ventre et de reculer un peu. Je mettais tous les efforts du monde à ne pas rougir, mais elle seule sait si j’y suis parvenu, à mon grand désarroi.
Edelweiss était peu causante, elle semblait même irritable, et je me gardais bien d’aller la déranger. Le voyage avait été éreintant, et j’essayais de me rendre utile pour la laisser se reposer, elle en avait probablement besoin.
Le soir, alors que je trouvais le sommeil rapidement, j’entendis la faible plainte de Vilma, qui frissonnait. Je voulais lui donner la mystérieuse pierre au bout de la chaine que nous avions trouvé dans les souterrains de Rochefondue, au contact chaud et agréable, mais je me ravisais. Je serais probablement passé pour un idiot superstitieux. Alors que je reposais la pierre sur ma poitrine, j’entendis bouger à coté et je senti la couverture se soulever : Vilma venait se blottir contre moi sans me demander. Mes muscles se raidirent, et je priais pour que cela s’arrête là. J’avais envie de dire quelque chose, mais il me semblait, avec le peu de lucidité qu’il me restait, que je ne parviendrais qu’à ne bégayer que quelques mots décousus.
Si certains hommes ne se seraient pas fait prier, pour ma part, je n’ai jamais été à l’aise avec ces choses. Je soupçonnais souvent les femmes de se jouer de nous, et de nous laisser tomber comme bon les semblaient, et cette idée me hantait autant qu’elle me dissuadait de les « chercher ».
Alors que mes hantises faisaient cent fois le tour dans ma tête, je sentis un souffle lent et régulier. Elle venait de s’endormir, et je reprenais enfin mes esprits, tranquillisé. Ma gêne fit rapidement place à l’apaisement : son étreinte tendre, la chaleur d’une couche partagée et son souffle brulant sur ma nuque ôtait en moi le spectre de la tour noire, et pour la première fois depuis l’attaque de Blanc-Flocon, je me sentais vivant… Je me sentais simplement… Bien.

Le lendemain, Imikis avait besoin d’un coup de main. Un peu honteux, et avant qu’Edelweiss et Vilma ne se réveillent, j’ôtais précautionneusement le bras de cette dernière, et m’extirpais rapidement de son étreinte. La journée se passa plus calmement, et Vilma n’était pas différente de d’habitude, toujours aussi fraiche et joyeuse.
Vers la fin de la journée, un son d’éboulement attira mon attention : ils avaient réussi, j’en étais sûr. Avertissant les autres, nous assistâmes au glorieux retour de nos compagnons, dans un drakkar autant impressionnant que vieilli par des années de confinement. Les divers ornements sur les bords du bastingage se rejoignaient vers la proue en spirale. Sa forme simple était toutefois surprenante de détail dans ses bas-reliefs. Des trous dans la coque avaient été aménagé pour plusieurs rameurs, ce qui rendait ce navire plutôt maniable. Toutefois, à mon grand dam, rien dans le navire ne pouvait satisfaire un copiste en soif de découverte.
Après avoir fouillé de fond en comble le drakkar de Frogrim, mon attention se porta sur Choix. Visiblement, il avait passé un sale moment dans les souterrains : les mains en sang, les affaires sales. Je l’imaginais de nouveau râler dans les tréfonds, et cela me faisait sourire : l’un de ceux qui pensaient me tendre un traquenard était finalement parmi les plus mal lotis.

Après un examen rapide, les réparations nécessaires nous sautaient aux yeux. La voile se déchira, une rame se brisa. Il me sembla un instant que le fait d’avoir quitté la grotte le rendit plus fragile, comme si une magie s’était évertuée à le conserver en bon état, mais rien d’autre ne céda, et nous convînmes qu’il tiendrait la route jusqu’à Blanc-Flocon. Cela ne m’enchantait guerre de le faire venir dans le port de la ville, les envieux se feraient nombreux, mais c’était sans doute la façon la plus efficace de mener à bien les réparations.
Le retour se fit plus rapide et plus confortable, et chacun dormi dans son coin. Vilma ne revint pas, cela me rassurait, mais dans un sens, j’avais la désagréable sensation de manquer de quelque chose.

Notre retour à Blanc-Flocon ne fit pas en toute discrétion, et déjà quelques curieux affluaient pour observer notre trésor. Tout le monde fut mis à contribution, même Dalyne participa sans rechigner. Hilmar prenait plus que tout le monde ces travaux à cœur, je le soupçonnais de s’imaginer grand marin en quêtes de territoires inconnus. Malheureusement il n’allait pas être déçu. Seul Faenrir manquait à l’appel. Le connaissant ce ne pouvait pas être de la fumisterie, et un matin je le suivis. Attelé à la forge, il mettait de l’ardeur à reforger la lame dont il s’était servi à Rochefondue. Je n’avais pas remarqué qu’elle avait toujours été brisée. Il suait sans y parvenir. De toute évidence, cette épée était plus qu’une arme pour lui, mais je n’étais pas dans la bonne posture pour lui demander.


Un départ précipité


Tous ces évènements n’étaient pas parvenu à dissiper ma vigilance, si bien qu’après les réparations, le soir de notre départ, j’entrepris de rester sur le pont pour surveiller les alentours. J’avais plus de raisons de le faire qu’à l’accoutumé. En effet, Faenrir, brulant de désir de tout révéler à nos nouveaux compagnons, nous mis dans une posture délicate auprès d’eux.
Pour commencer, Choix et moi nous étions mis d’accord pour révéler notre aptitude à utiliser la magie. C’était déjà assez dur comme cela à digérer, quand Faenrir entrepris de parler de Dalyne. Edelweiss s’empressa de le faire taire, mais le poisson était déjà ferré, si bien que je mis un terme au blanc et aux regards suspicieux qui rodaient dans la pièce en révélant avec mes camarades l’identité de « Dilane », comme nous l’appelions couramment. L’information eut l’effet d’une bombe, et cela les secoua. Dans un sens, cela prouvait que nos efforts pour la cacher n’avaient pas été vain. Je rappelais alors que cela nous donnait l’occasion de quitter Blanc-Flocon pour une vie trépidante, et si certains se laissait de nouveau aller à la rêverie, j’étais convaincu que d’autres était plus dubitatifs.

Nous avions passé plusieurs semaines ensemble, mais ma confiance ne leur était pas acquise. Je me plais à ressasser le vieil adage "la confiance se gagne par goutte et se perd en litres". Ainsi, je me retrouvais donc à guetter. Probablement ma décision la plus judicieuse de la journée.
Il manquait à l’appel deux de mes compagnons, quand soudain, un bruit de pas sur une planche humide et grinçante se fit entendre. Si ce bruit n’est pas incongru dans l’attente de nos derniers camarades, c’est l’absence d’autres pas qui me fit tiquer. J’observais discrètement dans la pénombre, et une ombre imposante se tenait, immobile, comme tentant de stabiliser son corps. Tenant compte de la carrure, cela n’aurait pu qu’être Faenrir et Hilmar, mais tous deux dormaient non loin sur le drakkar. Au moment où je me reconcentrais sur l’individu, celui-ci décampa d’un pas rapide.
Sans déclencher d’alerte générale, je réveillais mes compagnons doucement, leur indiquant de se tenir prêt pour partir dès que Vilma et Imikis seraient revenus. Pour ma part, je décidais de partir me cacher derrière une bâtisse, pour voir si un groupe plus important se tenait prêt à agir. J’étais embrumé par la fatigue, et j’avais cette dérangeante pensée qu’un des nôtres ait pu avertir des villageois rancuniers ou des soldats au blason rouge et noir infiltrés.
Dans l’intervalle, il sembla que Vilma et Imikis revinrent, car Choix partit me chercher, et pensant m’avoir trouvé, fit une rencontre d’infortune. J’entendis très distinctement Choix hurler qu’on vienne à son secours, et pour cause, cela se passait de l’autre côté de la maison où j’étais. Décidé à en découdre, et imaginant mal Choix hurler d’une peur injustifiée, je sortis ma lame, approchant furtivement mais rapidement de l’endroit où se trouvait très probablement l’agresseur. Il déboula devant moi par malchance. Je ne reconnaissais pas la silhouette que j’avais aperçu plutôt, mais il était armé, et il était indubitablement la raison de la fuite de Choix. Malgré sa corpulence imposante, j’abatis mon épée sur lui, profitant que sa surprise soit plus grande que la mienne. L’entrainement portant ses fruits, je portai un coup violent dans les côtes. Je senti d’ailleurs l’une d’elle céder, et l’entendis grogner d’abord de douleur, puis de rage. Je pensais avoir le dessus, mais il riposta avec un coup vengeur terrible, qui me fit reculer et tomber. Me voyant hors d’état de nuire, il prit la fuite, et je me gardai bien de lui faire sentir que j’avais encore un peu de ressource, car nul doute qu’il aurait alors décidé de m’achever.
Me tenant le mollet, je commençai à compresser la blessure qui giclait un peu trop à mon gout, mais je ne parvins pas à finir mon travail.


Une sombre sorcellerie à l’œuvre


La dernière chose dont je me souvenais, c’était le ciel étoilé avant que ma tête ne touche lourdement le sol. Ouvrant les yeux, je ne distinguais pas grand-chose, mais j’entrepris de rapidement mettre la main sur mon épée, car il allait surement revenir avec plus de monde. Ma main tâtonnait encore quand elle entra en contact avec quelque chose de chaud. Une main, celle de Vilma. Je ne tenais pas en place, arguant que l’agresseur avait été blessé et avait une coté brisé, qu’il serait facilement identifiable… Il me fallut un peu de temps pour me rendre compte que j’étais à bord du Drakkar, qui avait pris le large aussitôt que l’on m’avait retrouvé.
Vilma était penché sur moi, souriante, et Choix et les autres s’assurait que je ne manquais de rien. Feanrir plaisantait, et j’entendis même qu’il insinuait que je préférais les hommes ! Je me redressai et m’énervais, criant subitement que ce n’était que mensonges ! Mais mes mots résonnèrent dans ma tête autant qu’auraient pu résonner les cris de Choix dans les souterrains de Roche-fendu. Je me recouchai, non sans voir le regard gêné et interrogateur d’Edelweiss : son doute gronda dans ma tête comme le ferait une avalanche ou un feu de paille. Je grommelais, insistant à voix basse que rien ne me ferait aimer un homme, ce qui manquait pas de rendre hilare notre gros bras de service. En attendant, je n’osais plus regarder ni Edelweiss, ni Vilma.
Mon attention se porta sur ma lame posée non loin, elle était encore rouge du sang de mon assaillant, et je pouvais me rendormir satisfait d’avoir porté mon premier coup, efficace de surcroit.

Il me fallut un peu de temps à me remettre, avec l’interdiction de me déplacer, j’en profitais alors pour gonfler les réserves de nourriture, préparant cette fois de succulentes poules rôties, qui me rappelaient avec amertumes mes repas à la ferme.

Alors que je pouvais enfin prendre un peu l’air, je constatais que tout le monde vaquait à ses occupations. La machine était en route, et nous assumions les conséquences de nos décisions. Il était trop tard et trop dangereux de retourner sur nos pas, et c’est avec peine que je distinguais les contours de Laakia. Je pensais alors que je n’y reviendrais sans doute jamais. Comme pour exorciser cette pensée, j’inspirai une grande bouffée d’air, et poussa le soupir le plus long de toute ma vie. Je me sentais alors ivre d’aventures, plus libre que jamais, et le spectacle de cette baleine majestueuse, semblant danser autour du navire, ne fit qu’accentuer ce sentiment.

Les jours passèrent et se ressemblèrent. Tantôt nous perfectionnions notre entrainement, parfois nous nous racontions nos histoires, avec les boissons que je produisais. Si nos nouveaux compagnons étaient sceptiques quant à boire mes concoctions, et étudiaient soigneusement leurs effets sur mon organisme, ils finirent rapidement par se laisser tenter. Cela me faisait plaisir, mais je gardais toujours en tête qu’il y avait de grandes chances qu’une personne soit responsable de l’attaque le soir de notre départ.

Alors que nous commencions à apprécier cette tranquillité, de sombres nuages apparurent soudainement lors d’une journée d’abord calme et dégagée. Un mauvais pressentiment envahit Choix et moi, et l’idée qu’une magie soit à l’œuvre nous vint rapidement à l’esprit car quelque chose semblait s’accrocher à notre esprit. Ma tête devint lourde, et je me sentais vidé de mon aura. Au loin, la mer se déchainait, mais j’étais comme happé par le vide, si bien que sans que je m’en aperçoive, je me dirigeais vers le pont, sans appui. Une poigne ferme me tira un peu de ma torpeur et me mis à l’abri, et j’eus à peine le temps de voir comme un mur d’eau avant que ma tête ne heurte violemment quelque chose.


Un réveil difficile



Alerté par le cri d’alerte d’un de mes compagnons, je me réveillais, encore plus nauséeux qu’à ma dernière escarmouche, du sable sur la joue et dans l’œil. A ma gauche, un corps mutilé et vidé de ses intestins, à ma droite, des mouvements rapides et sinueux. Une grande créature à la peau verte armée d’un pic, montée sur une sorte de grand lézard, chargea l’un de mes camarades.
Je me redressais maladroitement à cause du sable mou et porta la main à ma ceinture : j’avais heureusement encore ma lame. Le bruit de celle-ci frottant contre le fourreau fit monter dangereusement mon adrénaline, et alors que ma vue n’était encore que trop floue, je me jetais dans la mêlée, haletant. Heureusement, Faenrir qui était aux premières loges, et que j’avais reconnu par son imposante carrure, semblait avoir enfoncé la lance de la créature dans le sable pendant sa course. Un craquement écœurant retenti, et la créature fit une embardée spontanée en direction de la végétation luxuriante, dans un hurlement rageur et terrifié, le bras droit inanimé.

Je pris le temps de bien respirer, et me concentra pour récupérer mes esprits et faire le point. Le corps appartenait à Hilmar, et j’eus une pensée pour cet homme qui souhaitait ardemment voyager mais dont l’aventure s'était à tout jamais arrêtée à ses balbutiements. Ma réflexion fut néanmoins de courte durée car Edelweiss cria que Dalyne n’était plus là. Vilma manquait aussi à l’appel. Je tentais de garder mon sang froid, et entrepris de récupérer un sac et d’y enfourner rapidement un maximum de vivres. Le navire ne semblait pas particulièrement endommagé, mais il serait difficile de le remettre en mer. De toute évidence, nous allions nous rester ici pour un bout de temps, et je ne souhaitais pas que ces vivres profitent à d’autres étranges créatures.

Le temps pressait, nous devions maintenant faire vite pour retrouver Dalyne et Vilma.


Dernière édition par Mathieu le Mar 24 Juil - 22:06, édité 1 fois
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Message  Edelweiss Lun 21 Mai - 21:36

Nous étions de retour à Blanc-Flocon, dans les ruines de notre enfance. Nous nous étions rendus chez Dalyne, dans les décombres de sa demeure ; contrairement aux autres, je n’avais pas vraiment l’envie de visiter et je laissai donc la jeune fille à Choix et Deneb. Ils revinrent une dizaine de minutes ensuite, des papiers en main. Il s’avérait qu’ils avaient trouvé des documents attestant la noblesse de notre petite protégée. J’étais persuadée que les sourdards de « l’Autre-Monde » avaient pris les vies de nos mères pour des raisons que je trouvais stupide, du moins pas de ma classe sociale : des raisons d’héritage sûrement.

Dans ma réflexion, nous fûmes coupés par l’arrivée d’un homme se présentant sous le nom de Macamod, soit le cousin de Faenrir. L’air bourru, je lui trouvais un air grossier et malsain, certainement une mauvaise impression que j’avais accordée à notre compagnon barbare.
Il y avait encore de petits groupes à Blanc-Flocon qui commençait à remettre la ville en état. Comment pouvait-on faire comme si ce n’était qu’une nouvelle naissance ? Il me semblait impossible de recommencer. Quelques mots m’assourdirent et ce fût comme une nouvelle explosion sourde en moi. Il fût vu que des femmes et des filles ont été enlevés par nos agresseurs. Ma sœur, ma mère ? Y étaient-elles ? Je n’osais demander si l’on avait vu leurs dépouilles et c’est avec un haut le cœur que je m’écartais du groupe.
J’appris ensuite que Faenrir irait pleurer les morts avec son cousin et des amis à lui, de notre âge. De nouveau, je ne compris pas. Pourquoi pleurer de nouveau ? Je ne voulais pas ça, je gardais ma rancœur et ma peine pour qu’un jour elle soit refoulée... La haine montait de jour en jour et je continuerais ainsi jusqu’à rendre ce qui m’a été pris.

Nous nous quittâmes ensuite. Je cherchais un lieu qui n’était pas sous les décombres pour pouvoir me poser dans la nuit, avec Dalyne. Nous réussissions presque à nous comprendre. Les mains et les yeux remplaçaient nos lèvres blessées par le changement de température. Il faisait moins froid et toujours plus chaud au fond de moi. Après avoir posée nos affaires dans quelques débris, nous retrouvions Deneb et Choix qui observait avec curiosité un bateau qui servait visiblement à la pêche aux écrevisses. Il y avait donc quelqu’un qui savait naviguer par ici !
Nous avions appris par le « jeune sorcier » que dans les entrailles de nos précédentes découvertes, il y avait vu un Drakkar ! Ces fameux bateaux que j’avais aperçus dans quelques livres d’histoire, et le mieux, c’est qu’il affirmait être en bon état et qu’il était possible de le sortir de sa caverne. Le fait qu’il ne nous ne l’avait pas dit ne me dérangeai que peu, nous avions un moyen de partir d’ici, et c’est ce qui comptait le plus.
Les cris et sanglots du groupe où se trouvait Faenrir me tirèrent de ma joie cachée. J’emmenais Dalyne se coucher en sachant que Deneb veillerai sur l’embarcation cette nuit.

Les agitations de notre petite duchesse me retirèrent d’un rêve qui m’eut semblé plat, sans peine, sans ravissement. C’est après un petit déjeuner rapide que je retrouvais mes compagnons, toujours près du ponton, voir presque sur le bateau. Nous discutâmes un peu lorsqu’un homme aux cheveux blonds et à la chemise mi-ouverte nous ordonna de reculer, craignant qu’on n’affecte ce qui était son embarcation.
Il faisait parti de ceux que Faenrir avait rencontrés. C’est peu après que trois autres personnes arrivèrent, Macamod, le cousin de notre guerrier ; Imikis, qui disait être charpentier et enfin Vilma, une presque femme qui avait tout pour elle. Grande, jolie, et amusante en plus de ça. Sa première vue fût sur Dalyne, lui annonçant tout enthousiasme qu’ils seraient comme une famille. Mais d’où elle cherchait ça ? Je callais ma soit disant « sœur » contre ma jambe, ce qui me surprit premièrement, faisant acte de possession. Je m’attachais à cette enfant, je ne devais pas et pourtant.
Nous leur avons rapidement parlé de notre espoir de partir et ils étaient partants. Hilmar nous proposa de prendre son embarcation, chose qui nous était impossible à penser. Pendant quelques jours, nous regroupâmes des vivres et assez d’eau pour rejoindre Roche-fendue, à la recherche de notre Drakkar.

Nous partîmes peu de jours après et c’est serrés que nous devions apprendre à nous connaître. Chose que j’eus beaucoup de mal à faire, je n’avais que peu confiance en ces gens. Dés le premier jour, ce qui je croyais être une nouvelle amie (entre femmes, il me semblait simple que l’on s’accroche), Vilma me demandai si Deneb me plaisait, s’il était mon copain. J’avalais avec peine et surprise ma salive, balbutiant quelques mots signifiant que… je n’avais pas le temps d’y penser et que « Dylane », ma sœur, était ma principale pensée. Je croyais qu’elle comprendrait que je ne voulais tout simplement pas l’avouer mais elle s’empressa de rejoindre le copiste avec un fin sourire aux lèvres. « Ah la connasse ! » Ce juron m’échappa et tout en grommelant, je regardais Blanc-Flocon disparaître.
Durant quelques jours, je dû faire face au soudain rapprochement de Deneb et de cette femme dont même le nom me répugnait ainsi qu’aux gloussements de Choix et Faenrir.

Nous nous posions sur une plage de galets et c’est lentement mais avec réjouissance que je suivais mes compagnons sur la terre. Tout de suite, Faenrir pris la tête du groupe et proposa que quatre personnes, accompagnés de « Dylane », restent et que les autres partent à la recherche du Drakkar. Je ne voulais pas abandonner ma duchesse aux mains de ces personnes que je considérais encore comme inconnus. Etrangement, je me refusais d’être aimable, un mélange de peur et de méfiance se mêlaient en moi.
Choix se devait de montrer le chemin. Hilmar devait prendre les commandes du bateau à sa découverte. Faenrir était la protection du groupe. Imikis était indispensable dans toutes ces mêmes choses. Je vis le profond regret qu’avait Deneb à rester ici, avec nous autres. Ses yeux pétillaient d’envie de voir de nouvelles choses et s’éteignirent vite lorsque même sous ses réclamations, Choix et Faenrir lui ordonnèrent de surveiller le campement.

Suite à leur départ, je me retrouvais seule avec Macamod autour d’un petit feu alors que j’apercevais Vilma se coller contre Deneb tout en mettant notre petit bateau en état. Ma gorge se noua alors que le cousin de Faenrir regardait cela avec amusement. J’entrepris une petite balade avec Dalyne le long de la mer et je lui confiai en silence mes craintes. La petite tenta de me consoler d’un câlin et je forçais un sourire. Elle n’avait pas à endurer ça. Personne d’ailleurs. J’avais peur de la perdre, elle seule m’offrait l’amour d’une sœur et le réconfort d’une mère. Même si je tentais de me montrer froide, forte, je retenais mes larmes à chaque fois que j’apercevais Vilma si joyeuse, si proche d’eux.
Nous rentrâmes au campement, et voyant que la jeune femme et le copiste ne passerait pas la nuit avec nous, je m’enroulai dans mon drap, retenant avec grand mal mes larmes. J’avais de nouveau peur, et pourtant, nous étions si proches de ce que je nommais « vengeance ». Ma nuit fût agitée, la douceur de la mer n’apaisa aucunement mes spectres.

Le lendemain, je faisais en sorte de ne pas croiser le regard des deux amants. C’est avec attente que nous aperçûmes le Drakkar sortir de loin. Le merveilleux bateau, notre rédemption approchait sous les acclamations de Faenrir et d’Hilmar. Dans une grande inspiration, j’ouvris grand mes bras pour accueillir avec bonheur leur arrivée. J’aidai Dalyne à grimper, et c’est avec vivacité que je visitais le bateau. J’avais tout de même de la déception, j’imaginais ça plus majestueux… Choix semblait en mauvais état, ses mains étaient sales, couvertes de sang se séchant doucement et ses vêtements auraient pu être déchirés que ça n’aurait rien changé. Je vins lui proposer mon aide, je n’avais pas à remettre tous mes compagnons en cause de mon chagrin.
Les dégâts étaient faibles, seules les voiles étaient déchirées et quelques rames manquaient. Je m’attendais à pire en fait.
Nous décidions de retourner à Blanc-Flocon, d’abord pour découvrir si le Drakkar tiendrait la route, et pour refaire un nombre considérable de vivres. A notre arrivée, quelques têtes se montrèrent et malgré leurs curiosités, nous interdisions toute venue étrangère. Tout le monde aidait, Dalyne y prenait même du plaisir. Les nuits furent difficiles, nous entendions les coups de marteau qui martelaient le fer dans ce qu’il restait de la forge. Personne n’osait faire la remarque à Faenrir, lui aussi avait ses douleurs.

C’est un soir que mes compagnons eurent la folle idée de tout dire à Imikis, Macamod, Vilma et Hilmar. Leur magie premièrement mais ensuite, Dalyne. Ils semblaient étonnés, et pris de la soudaine même vengeance que je ressentais dans les nuits d’insomnies. Je collais la jeune fille contre moi, s’il lui arrivait quelque chose ? Je l’aimais tant désormais et la confiance ne venait toujours pas envers ces nouveaux venus malgré les nombreux jours de compagnie.

Une autre nuit, la veille de notre départ des ruines de Blanc-Flocon, deux personnes de notre équipage passèrent plus de temps à l’extérieur, tandis que je profitais d’un dernier repos que j’estimais récompensant. Hélas, la nuit fût courte. Je me rappelle avoir été éveillée dans la nuit pour je ne sais quelle raison, et plus tard par les hurlements de Choix. Me levant précipitamment, il affirma avoir vu quelqu’un rôder autour du bateau, armé. On ordonna de retrouver Deneb qui devait assurer la protection du navire sur les quais. C’est dans la crainte que je vis son corps inanimé être posé sur les planches de bois. Le sang affluait grandement et on m’ignora lorsque je me proposais d’aider. Dans un soupire, je repartis voir Dalyne, et je la cajolais tandis que j’imaginais les pires choses. Quelqu’un nous voulait du mal.
Je sentis le bateau quitter le port.

Au matin, je voulu me rendre près de Deneb et c’est un déjeuner à la main que j’aperçus déjà Vilma à ses côtés, sa main contre la sienne… Ma gorge se noua de nouveau, je me sentais déjà vacillée avant que Dalyne réclame sa ration. Je tournai les talons dans un profond soupir. Il fallait que je m’y fasse. Je n’étais pas celle là.

Le copiste profita des quelques jours où il ne pût marcher pour apprendre la magie. Je le voyais de loin invoquer quelques viandes. Peu à peu, je me faisais à cette avancée, le vent me guidais et les animaux marins nous suivaient dans notre voyage. Je sentais la liberté mais aussi le pouvoir m’envahir au fil du temps. Je me sentais grande et importante. Pas pour eux, mais pour Dalyne et ma famille. Je ne cherchais pas à savoir dans quelles conditions elle pouvait être… je savais ce que je voulais.
Un autre jour, le ciel s’assombrit et les flots s’agitèrent. La pluie ruisselait sur mon visage tandis que j’essayais de garder le capte sur notre direction. Vilma m’aida lorsque ce fût plus difficile, et c’est dans un silence profond que je regardais l’horizon étrangement noircit par la tempête.


Des cris, des hurlements… Mes oreilles bourdonnèrent à mon réveil et une longue plainte s’échappa lorsque je glissais ma main près de moi. Je sentais les grains de sables filés entre mes doigts tandis qu’un grognement me fit lever les yeux. Une créature à la cuirasse verte se nourrissait dans les entrailles d’Hilmar et c’est avec crainte que je cherchais Dalyne du regard. Mes compagnons étaient étalés un peu partout, alors que le bateau semblait s’être échoué pas plus loin.
J’aperçus rapidement Faenrir se relever, et affronter la créature qui m’enjamba. Une sorte de pygmée se tenait sur la créature et ce fût à mon tour de me lever en vacillant. Choix se relevât à son tour tandis que mon regard continuait à chercher ma tendre duchesse. Je ne voyais pas clair, mes yeux se perdaient dans le décor de la végétation et dans la profondeur de l’océan. Avait-elle coulée ?
Je tournais de nouveau mon regard perdu vers Faenrir qui entaillait dangereusement le monstre. La créature détala dans la verdure de la forêt et un hurlement m’échappa.
Dalyne n’était pas là bien que je cherchais la jeune fille en criant, je titubais à chaque pas mais je devais la trouver.
Après un bref compte rendu dans la terreur, Vilma manquait aussi. Je n’avais que faire de cette blondasse. Dalyne, Dalyne n’était plus là.
La rage m’envahit tout à coup.
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Par de là l'océan. Empty Un navire et un équipage pour une traversée mouvementée

Message  Pollonium Sam 26 Mai - 1:49

Mes compagnons et moi même nous apprêtions à quitter les ruines du château de la famille de Bockraid quand un inconnu entra dans les lieux en braillant. Il s’agissait d’un colosse puissamment musclé. Ses traits me faisait supposé qu’il était d’origine nordique mais ne m’évoquaient personne de ma connaissance. A en juger par leurs regards Deneb et Edelweiss ne le connaissaient guère plus que moi. Après un court instant, comme s’il avait du réfléchir intensément, Fenrir donna l’accolade à l’arrivant et se mis à brailler lui aussi. Il finit par nous présenter son cousin Macamod. Après une conversation aussi bruyante que rapide les deux nordiques convinrent qu’ils devaient fêter leurs disparus, ou les pleurer la différence n’était pas claire pour moi. Ils prirent donc congé.

Avec Edelweiss qui tenait Dalyne par la main je me mis à la recherche d’un lieu ou nous pourrions passer la nuit. Pendant ce temps Deneb devait explorer les environs pour prévenir tout danger, ou peut-être pour piller puisque cette activité lui semblait agréable. Je finis par découvrir un lieu adapté pour nous reposer, il n’était certes pas très confortable mais était malgré tout fonctionnel.

Après avoir passé une nuit plutôt calme Deneb nous réveilla et nous annonça qu’il avait vu un bateau de pêche dans le port. Comment un bateau avait-il pu survivre à l’assaut ? Piqué par la curiosité nous partîmes pour examiner l’esquif. Tout semblait normal. Étrange, plus rien n’était normal ! Notre manège fut repéré et un jeune homme blond et élancé d’à peu près notre age nous signifia gentiment de nous éloigner de son navire.

Nous engageâmes la conversation pour en apprendre plus. Le jeune homme se nommait Hilmar et était un apprenti pécheur. Il avait eu la chance de se trouver au large quand pour remonter des paniers à homards lors de l’attaque de Blanc-flocon. Il venait en outre de passer la nuit à faire la fête avec Fenrir. Il nous conduisit jusqu’à lui.

Sur place notre ami nordique avait une petite mine. Il avait visiblement trop fait la fête. Il en allait de même pour son cousin. Deux autres personnes étaient également présentes. Je remarquai immédiatement un joli brin de fille tout sourire et plein d ‘énergie qui répondait au prénom de Vilma. Plus discret le dernier occupant des lieux était calmement installé dans un coin sombre de la pièce. Je fini par reconnaître Imikis un des candidats qui avaient eu la chance d’être choisi apprenti forestier. Lorsqu’il se dirigea vers nous je remarquai qu’il boitait. Tout ce petit groupe nous accueillit plutôt bien et nous apprîmes que de leur coté ils tentaient de se rendre le plus utile possible auprès des survivants. Des gens bienveillants en somme.

Tomber sur un marin rescapé, fut-il simple apprenti pécheur, était pour nous une véritable aubaine. Nous allions peut-être pouvoir utiliser l’antique drakkar que j’avais vu après tout. Nous annonçâmes au petit groupe notre intention d’aller chercher le navire piège sous les rocs tout en restant vague sur nos véritables ambitions. Pour plus de sûreté nous fîmes passé Dalyne pour Dylane la petite sœur traumatisée de Edelweiss. Cela ne me semblait pas une bonne idée puisque les noms se ressemblaient trop et que quiconque ayant connu sa famille risquait de se rendre compte de la supercherie. Néanmoins ils avalèrent l’histoire et se montrèrent très enthousiastes. Nous commençâmes donc à préparer un périple en navire de pêche jusqu’à Roche-fendue.

Le petit esquif fut passé en revue une dernière fois avant le départ. Il était plein à craquer de matériel et de vivres. Avec nous neuf en plus il serait à la limite de la navigabilité. Après concertation avec Deneb il fut décidé de ne rien leur révéler sur nos capacités magiques de peur de leurs réactions. Nous ne pouvions donc pas nous séparer de l’eau douce et des vivres. J’avoue que pour les seconds au moins j’étais en partie soulagé car la nourriture de Deneb bien que pratique était vite lassante. D’où lui venait donc cette obsession pour les pâtisseries ? Je notais dans un coin de ma tête que c’était sans doute pour impressionner Edelweiss. Finalement je suggérai que nous fermions bien les tonneaux d’eau douce et que nous les transportions dans un filet derrière nous fin de se ménager un minimum de place sur le petit bateau de pêche. Une fois cela fait nous prîmes le départ.

Le voyage proprement dit se montra plus éprouvant que je ne le pensais. Pendant la journée Hilmar nous enseignait les rudiments de la navigation et ne nous ménageait pas. Je payais un cher mon manque d’intérêt pour les taches physiques et me retrouvait exténué et couvert d’ampoules et de courbatures. Le soleil que je n’avais jamais beaucoup apprécié ne me faisait pas plus de cadeau que notre « capitaine » si bien que le soir quand nous échouions l’embarcation pour monter le camp je me retrouvai complément à bout de force. Le manque d’intimité me portait aussi sur les nerfs je n’avais jamais eu l’habitude d’être toujours entouré de gens. Un bien pour un mal, cela me permis d’en apprendre plus sur mes nouveaux compagnons. Hilmar semblait être le meneur du petit groupe, optimiste et volontiers il nous entraînait tous de l’avant et nous partageait ses connaissances dans la bonne humeur. Sans lui nous nous serions sans doute chamaillés les uns avec les autres. Imikis restait calme et silencieux visiblement porté vers l’introspection. Ses camarades m’apprirent qu’il devait sa jambe folle aux assaillants de Blanc-flocon. Il les avait combattu de toutes ses forces sur les docks alors qu’ils emmenaient des jeunes femmes sur leurs navires. Ses efforts n’avaient pas suffit et il semblait se le reprocher continuellement. Comme si le fait d’être en vie lui était intolérable. Il faudrait qu je le surveille, je craignais qu’il se montre suicidaire pour « racheter » son honneur bafoué. Il était sûrement possible de l’aider mais je ne suis pas doué dés qu’il s’agit de parler de ce que l’on ressent et je me contentai simplement de compatir à sa souffrance. Le puissant Macamod en tout cas lui était gré de ses efforts même s’il n’avait pas réussi à empêcher les assaillants d’enlever sa sœur. Le nordique était lui même une copie de son cousin sur le plan physique, mais il semblait plus limité sur le plan intellectuel. Impossible pour moi de lancer une discussion avec lui sur un plan qui ne soit pas très primaire. Pourtant j’appréciais son énergie et son insouciance. S’agissait-il la de très d’esprit communs à tous les nordiques ? Vilma ne fit que peu de cas de ma présence à bord elle semblait se concentrer uniquement sur Deneb qui décidément faisait chavirer les cœurs ! Je dois bien avouer que je me sentais un peu jaloux bien quelle ne fut pas mon type, même si je n’avais aucune idée de ce qu’était mon type. Edelweiss rongeait son mors devant se spectacle, elle se débrouillait plutôt bien mais elle ne réussi pas à me tromper. De son coté le joli cœur se trouvait pris au dépourvu et ne savait vraiment pas quoi faire pour se sortir élégamment de la situation. Ce spectacle tragicomique provoqua quelques beaux éclats de rires et de sourires entendu entre les deux nordiques et moi même. C’était ma façon de dissiper mon stress et de brouiller les cartes sur mes vrais traits de caractère. Dans la position d’Edelweiss ou de Deneb je n’aurai vraisemblablement pas vécu mieux la situation qu’eux, bien au contraire.

Je fini par penser reconnaître la cote qui se situait devant nous et nous accostâmes en échouant le bateau afin de continuer à pied. Nous ne souhaitions pas laisser l’embarcation sans surveillance et nous dûmes nous séparer en deux groupes. Nous étions 8 plus Dalyne, enfin Dylane. Deux groupes de 4 semblaient s’imposer. Fenrir annonça qu’il partirait dans le groupe d’exploration, ce que je trouvais rassurant les dieux d’Orhan seuls savent quels dangers nous allions rencontrer. Je demandai donc à Macamod de bien vouloir rester protéger ceux qui resteraient avec le bateau. Il accepta sans discussion, un brave homme. Edelweiss décida, avec sagesse, de rester pour garder sa jeune sœur au camp. Vilma voulait faire de même, je ne sais pas si elle perçut le regard assassin qui lui lança notre boulangère. Le groupe d’expédition avait besoin de Hilmar pour qu’il puisse expertiser le bateau et de Imikis pour pouvoir trouver le chemin de Roche-fendue, il ne restait donc plus qu’une place dans chaque groupe. Il s’ensuivit un débat un peu houleux entre Deneb et moi pour décider de qui partirait et de qui resterait. Finalement je réussi à m’imposer pour l’exploration, en arguant que c’était moi qui avait découvert le Drakkar, nom que les nordiques donnent à leurs embarcations. Nous nous équipâmes et primes la route en laissant un Deneb visiblement très mal à l’aise avec nos deux compagnes. Cela m’arracha un petit sourire que j’allai ravaler un peu plus tard. J’aurai mieux fait de le laisser y aller à ma place !

Notre reconnaissance à pied se passa bien et rapidement. Avec l’aide d’Imikis nous retrouvâmes vite des repères et nous fumes bientôt dans le fond de vallée ou j’avais emmené Edelweiss quand nous avions rencontré l’ours. La jambe d’Imikis le faisait souffrir et je me voyais mal lui imposer de la spéléologie dans sa condition. Il reprit donc le chemin de notre campement pour rejoindre les autres. Une fois à Roche-fendue je discutais avec Fenrir de la marche à suivre. Après avoir écouté ce qu’il avait à dire, sans grand intérêt, je demandais audience à l’ancien du village. Le petit homme ratatiné que nous avions déjà rencontré nous accueillit avec plaisir. Malheureusement nous n’étions pas porteurs de bonnes nouvelles. Je lui relatai la chute de Blanc-flocon et lui annonçais qu’il devrait faire stopper l’extraction de minerai car personne ne viendrait leur apporter de la nourriture en échange. Il ne semblait pas bien saisir mes propos et montra une volonté marquée d’amener ses concitoyens à Blanc-flocon pour reconstruire. De mon coté je tentais de l’en dissuader et de l’inciter à constituer des réserves pour l’hiver, mais le vieil homme semblait imperméable à mon bon sens. Qu’ils fassent ce qu’ils veulent je les avais prévenu des risques qu’ils encouraient. En guise de clôture de notre entretien je demandais l’accès aux cavernes que nous avions découvertes. On nous l’accorda et je pris congé.

Avant d’entamer notre descente dans les galeries nous prîmes une nuit de sommeil bien méritée. Comme Fenrir se méfiait des villageois, allez savoir pourquoi, nous la passâmes dans le tunnel d’accès tout poussiéreux et humide. Le lendemain matin nous commencions notre descente. Cette fois ci nous étions équipés et préparés. Nous progressions vite et j’utilisais un petit poinçon pour marquer les passages que nous avions déjà exploré. Rapidement je retrouvai la cavité au drakkar, c’est la que mes ennuis commencèrent. Notre accès se trouvait à environ 5 mètres du sol comme j’étais le premier je fixai la corde et commençai à descendre. Je fis alors à mes deux compagnons une splendide démonstration de mes capacités physique. J’avais commencé ma descente trop rapidement si bien que mes mains commencèrent à me brûler. Mon élan rendait tout ralentissement impossible si bien que je dus lâcher prise à deux mètres du sol et que je m’étalai au sol dans une tempête de poussière et de jurons. Sur mes mains de grosses brûlures firent leur apparition et j’avais mal aux talons et au postérieur. Mes deux compagnons descendirent sans problème, ils eurent la bonté de ne pas faire de remarque.

Le drakkar était juste devant nous et nous en examinâmes chaque centimètre carré. Hilmar s ‘émerveilla de la beauté et de la technicité du navire tandis que Fenrir et moi ne pouvions que constater que le temps avait épargné l’antique bâtiment. Il nous fallait maintenant le faire sortir de sa dernière demeure. Je décidai que la première chose à faire était d’utiliser le mécanisme pour détruire le mur qui isolait notre caverne de l’extérieur. Sans prendre le temps de réfléchir, comme à son habitude, Fenrir se mit à escalader la paroi de la caverne. Je me dois de concéder qu’il le fit avec une adresse dont je ne le pensais pas capable. Une fois à coté du dispositif, un bélier rudimentaire maintenu par deux cordages, mon ami commença à couper les cordes. Je lui criai de bien faire attention à ne pas couper la corde à laquelle il se tenait. Il me répondit qu’il ne fallait pas que je m’inquiète tout en faisant exactement ce contre quoi je le mettais en garde. Il pris une trajectoire proche de celle du bélier et alla se fracasser à grande vitesse dans des eaux profondes. Dans le même temps le bélier accomplissait son office, pulvérisant le mur. Les débris dudit mur tombèrent à profusion juste au dessus de l’endroit ou le nordique avait disparu dans les eaux. La peur au ventre je me précipitai au bord de l’eau dans l’espoir de le voir remonter, mais je ne me faisais pas d’illusions ses chances étaient maigres. Une minute passa, puis une autre, et encore trois autres. Il était mort, il ne remontrai pas je me faisais une raison. A ma grande surprise je devais refouler des larmes naissantes, pourtant nous n’étions pas vraiment proches. Cet inconscient doit avoir des dieux dans sa poche car après avoir passé au moins sept minutes au fond de l’eau, il en émergea à peine essoufflé et sans une égratignure. Tout souriant il nous annonça que l’armure qu’il avait volée au défunt Forgrim lui permettait de respirer sous l’eau. En silence je remerciai Cay et Iorak d’avoir veillé sur notre compagnon.

Une fois remis de nos émotions je plongeai à l’eau pour voir ou l’ouverture nous amenait. Mauvaise idée, le sel de l’eau marine me rappela douloureusement que mes mains suintaient de la lymphe. Ne pouvant plus rien y faire je nageai en avant. A peine avais-je franchis le seuil de notre caverne qu’un violent courant m’emportait, manquant de peu de me faire me noyer. Heureusement j’avais eu la prévoyance de me faire encorder et je fis signe à Fenrir de me ramener jusqu’au rivage. Trempé jusqu’à l’os et toussotant de l ‘eau je leur rendis compte de ce que j’avais pu voir. Notre caverne donnait sur le bord d’une grande falaise et au loin je pouvais voir la coté et les plages ou le reste de nos amis se trouvait selon toute vraisemblance.

Il ne nous restait maintenant plus qu’à libérer le navire de ses béquilles de bois, à la pousser à l’eau et à en prendre le contrôle sans nous fracasser contre la falaise ! Il va de soi que nous n’avions pas le droit à l’erreur et que ma tension était à son maximum. Hilmar se positionna près de la barre du bateau pendant que Fenrir et moi nous munissions de maillets en bois. Simultanément nous frappâmes les béquilles. Celle de Fenrir vola aussitôt. La mienne résistait aux nombreux coups que je lui portais. La mauvaise condition de mes mains devait compromettre ma prise sur le manche ou alors n’avais je pas de chance tout simplement. Le navire commençait à se pencher sur le coté quand Fenrir déboula et se jeta de plein fouet contre le morceau de bois récalcitrant. Je perçu un craquement et me demandai s’il venait du morceau de bois ou du nordique. Il m’apparu que le nordique l’avait emporté quand je vis la béquille voler sur le coté, craquelée et fendue en son milieu. Le navire s’emballa alors et glissa en fracas jusqu’à l’eau. Je démontrai encore une fois mon incompétence pour les activités physiques en tentant de sauter dans le navire avant qu’il ne s’éloigne trop et en le loupant d’un bon mètre. Une nouvelle fois trempé et les paumes à vif je me hissai dans le navire, vite rejoint par Fenrir. Hilmar ne me laissa aucun répit et nous lança « à vos rames messieurs ». Nous nous exécutâmes. Fenrir avait cela dans le sang il plaça immédiatement son aviron de la bonne façon et commença à souquer. Après un bref temps d’observation je l’imitai. Ma technique et mon état étant très inférieurs aux siens la sortie de la grotte se montra très chaotique et éprouvante. Heureusement une fois au large nous pûmes abattre la voile et Hilmar pris le relais.

Nous nous dirigions vers nos amis qui semblaient émerveillés sur la plage quand notre équipement nous montra que le temps ne l’avait pas complètement laissé indemne. La voile se déchira partiellement et un aviron se rompit. Cela ne nous empêcha cependant pas d’échouer notre embarcation sur la plage de galets, juste à coté de notre navire de pêche. Ceux qui étaient restés sur ladite plage envahirent l’embarcation très enthousiaste. Dalyne oublia sa peine pendant un moment et se mis à galoper sur le pont. Je m’affalai contre le bastingage, épuisé et tentai, en vain d’utiliser la magie pour soigner mes mains. J’en étais toujours incapable. Que dirais Sygnaelle si elle voyait à quel point j’étais incapable de réaliser la plus élémentaire des magies ? Vilma devait avoir remarqué ma condition et elle se rapprocha de moi et s'enquis avec douceur de l’aide dont j’avais besoin. J’étais à la fois touché de son attention et à la fois gêné du contact prolongé qu’elle avait avec moi. Je bafouillai qu’elle ne pouvait pas grand chose pour moi à part me trouver un corps gras à étaler sur mes paumes. Rapidement je tombai dans un sommeil profond.

Après des réparations éclair et un peu de collecte de vivre nous empruntâmes le trajet du retour. Nous amarrâmes le navire de pêche à notre nouveau drakkar pour le remorquer et à chaque étape nous laissions une ou deux personnes le manœuvrer. Pendant ce temps les membres restant de notre groupe apprenaient toutes les subtilités de la navigation. Ce qui encore une fois ne nous laissa que très peu de temps libre.

Nous arrivâmes sans encombre à Blanc-flocon, ou plutôt dans le spectre de ce qu’était Blanc-flocon. Des mines surprises apparurent pour observer notre navire quand nous accostâmes sur un des pontons les plus épargnés. Il fallait maintenant remettre le navire en parfait état, faire des réserves pour une longue traversée et surtout décider de notre destination et de ce que nous allions dire à nos nouveaux compagnons et ce que nous ferions d’eaux. Hilmar me semblait digne de confiance. Je voyais mal Imikis feindre les sentiments qui le ravageaient et à défaut de lui accorder ma totale confiance je lui laissais le bénéfice du doute. Macamod ne me paraissait pas assez intelligent et subtil pour se retourner contre nous. Il ne restait donc plus que Vilma sur laquelle je ne savais rien hormis qu’elle avait été apprentie potière. Même si j’appréciai sa gentillesse et sa bonne humeur je n’avais aucune idée de ses motivations et de sa loyauté. Je notai donc dans un coin de mon esprit de rester vigilant à son sujet.

Nous étions presque prêt à reprendre la mer il nous fallait donc prendre une décision. Nous allions nous diriger vers le continent de Gaalt afin d’acquérir de l’expérience sur la navigation en haute mer. La reine de Gaalt ne s’était jamais montrée agressive alors qu’elle aurait pu facilement nous envahir. Nous espérions donc un accueil correct sur ses rivages. Et avec un peu de chance nous trouverions aussi des informations. Après avoir exposé nos projets aux autres je leur révélai que j’étais capable de pratiquer la magie et leur en fis la démonstration en condensant l’humidité ambiante au bout de mes doigts. Si nous devions partir à l’inconnu ensemble je ne pouvais pas risquer de découvrir leurs réactions dans un moment dangereux. Ils furent étonnés, voir un peu effrayés mais je dois avouer qu’ils réagirent mieux que je ne le pensais. Bon après tout j’étais l’apprenti de la sorcière ! Ils furent d’avantage surpris quand Deneb leur fit la démonstration de ses propres talents.

Un de mes compagnons amena maladroitement la conversation sur Dalyne. Cela amena à une question suivie d’un silence gêné lourd de sens. Je suggérai que l’enfant était important pour nos assaillants sans en dire plus. Un autre de mes compagnons lâcha une information et rapidement ils additionnèrent les éléments et la vraie identité de Dalyne éclata au grand jour. Enfin c’était un miracle que le secret ait duré si longtemps. N’importe qui un temps soit peu observateur aurait aboutit aux bonnes conclusions en quelques instants. Les fillettes muettes n’étaient pas légion sur notre île.

Nous fixâmes le départ au lendemain matin. Imikis et Vilma décidèrent de passer faire leurs adieux ou de régler des affaires en ville. Mes autres compagnons s’installèrent sur le drakkar pour y passer la nuit. De mon coté je me résignai enfin à faire une tache que j’avais repoussée depuis trop longtemps. Je me dirigeai vers la demeure qui m’avait vu grandir. Comme je m’y attendais elle était en ruine et personne ne s’y trouvait. Tous les outils fonctionnels avaient été enlevés. Je ne peux pas blâmer les gens pour cela il faut bien survivre et tout cela leur sera plus utile qu’à moi. J’entrepris de fouiller méthodiquement les lieux en quête de souvenir. Le bruit du alerter les environs car mon vieux voisin m’interrompit en pleine fouille. Il ne me reconnu pas immédiatement et tout cela semblait l’émouvoir. Je l’installai le plus confortablement possible et commençai à discuter avec lui. Les nouvelles n’étaient pas bonnes mais je m’y attendais. Il avait enterré mes parents, de ce coté la il ne me restait donc plus aucun espoir. Ma sœur en revanche avait été emmenée sur le navire des envahisseurs à l’instar de celle de Macamod. J’avais envisagé ce cas de figure et le redoutais. Il se pouvait qu’elle soit encore en vie, mais dans quel état ? Pour l’instant je ne pouvais rien faire pour elle et je me convainquais de ne pas me torturer l’esprit. Mon voisin pris congé et je continuais mes recherches après l’avoir remercié de ce qu’il avait fait pour ma famille. Je n’avais posé aucune question sur sa famille, le fait qu’il n’ait appelé personne en disait suffisamment long.

Alors que j’allai perdre courage j’exhumai le couteau de mon père d’un tas de décombres. La garde était partiellement brûlée et la lame noircie mais je le reconnaissait et il avait survécu aux événements. Je me remémorai les nombreuses fois ou mon père s’en était servi devant moi. Seul dans le noir je versai quelques larmes pour mes disparus et j’adressai à Eissa une prière pour quelle prenne bien soin d’eux. Je me retrouvai bien dévot en cette période, moi qui n’avait jamais vraiment cru aux dieux. Mais bon on trouve le réconfort la ou on le peut. Après avoir repris mes esprits je ramassai mon couteau et quelques jouets pas trop endommagés pour Dalyne, elle aurait besoin d’occupation sur le navire.

Sur mon trajet de retour je croisai un colosse qui s’éloignait en courant de la direction de notre bateau. Éternel paranoïaque je relatai les faits à Deneb qui partit aussitôt en surveillance. De mon coté je restai aux aguets sur le pont du drakkar. Après un bon moment j'aperçu deux silhouettes qui se dirigeaient vers nous. Fausse alerte il ne s’agissait que de Vilma et Imikis qui regagnaient le bord. Si tout le monde était rentré nous ferions peut être mieux de prendre le large à la faveur de la nuit, comme cela ce serait plus dur de nous pister.

Je me mis donc en quête de Deneb pour que nous puissions appareiller. Au détour d’une habitation je tombai face à une petite silhouette sombre brandissant une lame. Après un rapide examen je du constater qu’il ne s’agissait pas de mon compagnon. L’inconnu m fit signe d’avancer vers lui et de me taire. C’était bien ma veine. Évaluant que mes chances étaient faibles si l’individu nous voulait du mal et qu’il me prendrait juste pour un fou dans le case contraire, je tournai les tallons en hurlant et détaillai vers notre bateau. Avec un peu de chance Deneb entendrai mon cri. L’inconnu tenta de me taillader le dos pendant ma fuite, par chance il fit pour seule victime la peau de sanglier qui me couvrait le dos. Je ne pris pas un instant pour me retourner et ne m’arrêta qu’une fois à coté de mes amis nordiques à la musculature et aux armes si rassurantes. Après avoir repris mon souffle je leur relatai les faits le plus clairement possible.

De retour près de lieux de l’altercation nous trouvâmes Deneb qui gisait inconscient dans une marre de sang. Il avait tenté de stopper l’hémorragie qui le vidait de sang au niveau du mollet mais n’avait que réussi à la ralentir. Pendant que Fenrir contrôlait les lieux je stabilisai les blessures de notre ami puis le soulevai et l’amenai jusqu’à notre bord sous bonne escorte. Une fois que je l’eu déposé sur le pont Vilma se précipita à son chevet. Estimant que j’avais paré au plus urgent je le laissai à ses bon soins et me concentrai sur la manœuvre, nous devions partir au plus vite ! Je conjurai un nuage de brume au niveau de notre ponton en espérant qu’il gênerait des poursuivants ou des observateurs. Mais l’efficacité de la chose serait toute relative. Nous réussîmes à gagner le large sans autre encombre et nous pûmes mettre de la distance entre Blanc-flocon et nous. Le Forgrim était un bon navire après tout. J’avais décidé qu’il fallait lui donner le nom de celui qui visiblement en avait été le capitaine. Peut être que de lui redonner la chance de sillonner les flots compenserait le trouble que nous lui avions infligé dans son repos éternel.

Les jours qui suivirent nous naviguâmes tranquillement et je confectionnai une attelle pour notre blessé. Je n’avais plus à m’inquiéter pour lui, il se remettrait. Et Vilma le couvrait d’attention, ce qui d’ailleurs ne semblait pas le ravir du tout. Et edelweiss encore moins. Au milieu de tout cela je trouvai tout de même le temps de m’entraîner à la magie. Je fini par trouver ce qui me manquait pour utiliser les sorts que j’étudiais depuis plus d’un mois, mais il serait trop compliqué pour moi de l’expliquer à un non pratiquant des arts occultes. Cela faisait une bonne chose de faite je pourrai à l’avenir me consacrer à une utilisation plus agressive de la magie car je pressentais des ennuis. Les événements n’allaient d’ailleurs pas tarder à me donner raison.

D’après nos estimations il était enfin temps de faire cap plein sud et de traverser la mer qui nous séparait de Gaalt. Tout se passa bien dans un premier temps, mais le temps devenait de plus en plus gros. Il devint dur de naviguer. Je voulu forcer ma magie de l’eau pour nous aider quand je perçu une force qui drainait mon potentiel. Nous nous trouvions pourtant loin des violentes tempêtes magiques qui séparent notre planète en deux : En théorie du moins… Ou alors s’agissait-il d’une tempête fortuite ou lancée sur nous par un ennemi invisible ? La magie de Deneb fut plus durement touchée que la mienne et il perdit connaissance. En regardant à l’horizon je pu apercevoir un véritable mur d’eau qui se dirigeait vers nous. Je me préparai à l’impact et perdis connaissance à mon tour.

C’est un sentiment de brûlure et de soif qui me réveilla. Je me trouvais allongé face contre terre sur du sable. J’étais en plein soleil, déshydraté, la bouche pâteuse et pleine de sable, les yeux collés. Le son d’oiseau et des vagues venant s’échouer non loin de moi inondait mes oreilles. Un bruit étrange me sortit de ma torpeur. Je me relevai le plus prestement possible et balaya rapidement les lieux du regard. Mes compagnons se trouvaient non loin de moi étendus sur la plage. La majorité d’entre eux en tout cas. Je n’avais pas le temps de faire le décompte. Le Forgrim n’était pas loin et ne semblait pas trop endommagé. Mais l’inventaire des avaries était mon dernier souci à ce moment précis. Le bruit qui m’avait alerté provenait d’un étrange lézard assis sur un autre gros lézard, sans doute un crocodile d’après mes connaissances. Le supposé crocodile était en train de déchiqueter l’abdomen d’un de mes infortuné compagnons. Un cri de stupeur m’échappa et le lézard du dessus porta son attention sur moi. Il arma une lance et tira des sangles, vraisemblablement pour diriger sa monture. J’hurlai de nouveau, dans l’espoir de réveiller mes compagnons. Mais pour ce que j’en savais ils étaient peut être déjà morts. Sans prendre le temps de voir leurs éventuelles réactions je me précipitai vers notre drakkar, si j’arrivai à atteindre son pont j serai sûrement à l’abri des deux créatures. Dans mon dos j’entendis d’autres cris un craquement et des jurons mais je ne me retournai qu’une fois en sécurité. Le duo reptilien était en déroute, le bras de celui qui était humanoïde pendait lamentablement. Fenrir se dressait debout en le menaçant du poing.

Je regagnai mes moyens et me dirigeai vers le corps que le crocodile mâchonnait. Il s’agissait d’Hilmar, son corps était effroyablement mutilé. Ses organes étaient répandus à coté de lui, et le pire c’est qu’il vivait encore. Tout cela dépassait de loin mes compétences médicales et magiques. Je fis un signe négatif de la tête à tous ceux qui s’étaient rassemblés autour de moi. Fenrir en tira les conclusions qui s’imposaient et mis fin aux souffrances de notre valeureux compagnon. Après un court instant pour gérer mes émotions je pu enfin passer en revue mes compagnons. Ils semblaient fatigués mais pas en danger mais deux d’entre eux manquaient à l’appel. La petite Dalyne et la bienveillante Vilma. Nous ne pourrions pas pleurer Hilmar tout de suite. Nous allions devoir réagir rapidement.
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Message  Mathieu Lun 28 Mai - 0:55

L’île des navires perdus


Désunis et désemparés


Avant que tout le monde eut préparé ses affaires, un rapide coup d’œil nous permit d’évaluer que nous étions échoué dans un lagon. Tout ici contrastait sévèrement avec Lakiaa, à commencer par cette chaleur écrasante, gonflée d’humidité. Ceux qui avaient eu la chance d’échouer face contre terre et bien habillés n’avaient eu à se plaindre que du sable, tandis que les autres exhibaient les brulures rougeoyantes d’un soleil trop présent. La végétation quant à elle était exotique et luxuriante : des arbres aux troncs fins et courbés laissaient poindre une poignée de feuilles épaisses et souples en son sommet, tandis que des buissons imposants et étouffants noyaient l’horizon de la sombre forêt qui nous faisait face. Assurément, rentrer dans cet enfer verdoyant nous condamnait à avancer aveuglement.

L’atmosphère suffocante mettait à mal notre jugement, si bien que nous étions d‘avantage préoccupé par l’état du navire que par la recherche de Dalyne et Vilma. Haletant, j’en appelais à mes compagnons pour progresser rapidement dans cette jungle et suivre les traces de notre agresseur, craignant que le temps ne joue en la défaveur de Dalyne et Vilma, mais Imikis n’était pas de cet avis. Je ne reconnaissais pas l’homme qui prétendait s’être battu contre les assassins de Blanc-Flocon, car il nous mettait trop en garde quant à la progression dans cette nature, arguant que le danger était probablement trop important. Clairement, il nous demandait d’abandonner à leurs sort nos compagnons.
Je soupçonnais le choc de notre naufrage de perturber sa clairvoyance, car de toute évidence, rester ici nous exposait aux représailles de ces créatures écailleuses. Ils leur suffiraient de nous cueillir dans quelques heures, quand la faible lueur de Mikiori serait diffuse, pour nous occire sans difficulté. Malgré ma plainte, Imikis ne voulut rien savoir. Sur un point il n’avait pas tort, il faudrait un jour ou l’autre réparer notre drakkar – sobrement baptisé « Le Forgrim » – et lui seul en était capable. Macamod et Faenrir se proposèrent pour l’assister et pour sécuriser l’embarcation. Imikis envisageait de le réparer en au moins une bonne journée. C’était sans doute la pire des idées, mais ils s’en apercevraient bien vite.

Choix, Edelweiss et moi partîmes donc explorer cet ardent inconnu, chassant la végétation étranglante avec nos armes tant bien que mal. J’étais surpris de me trouver en cette compagnie : Choix, plutôt pessimiste et de nature craintive semblait faire face à notre malheur avec dignité, alors que je l’aurais d’avantage vu superviser les réparations. J’étais également interloqué que personne n’ait empêché Edelweiss de se joindre à nous : à Laakia, nous laissions les tâches périlleuses, comme la chasse, aux hommes, car nous redoutions que la constitution fragile de nos aimées ne les mettent en péril. Bien sûr, je ne m’étais pas permis la remarque, d’abord car je savais que j’aurais eu à soutenir son regard féroce, ensuite parce que sa compagnie me plaisait secrètement. A cette époque je sous-estimais grandement Edelweiss, sans doute car je voyais plus en elle une ravissante jeune femme qu’une combattante acharnée. Mais c’était sans avoir constaté jusqu’à quel point la haine pouvait lui donner de la ressource.

Au fur et à mesure que nous quittions le rivage, l’air se faisait plus lourd et plus humide, et le bruit apaisant des vagues se brisant sur le récif faisait place à d’inquiétants cris, tous plus agressifs les uns que les autres. Tout nous semblait insupportable à porter, même notre peau, moite, irritée et hourdée par les piqures d’une flore agressive et d'insectes opportunistes. Edelweiss menait la marche, et semblait savoir où elle allait. Je remarquais qu’elle suivait les traces de l’autochtone que nous avions aperçu, et cela me rassurait de constater qu’elle savait ce qu’elle faisait. J’observais alors sur la pointe des pieds l’horizon, espérant que notre déambulation n’attirerait pas les regards d’autres hommes-lézards, ou de créatures sauvages. Mon regard se portait parfois sur Choix qui, souvent derrière nous, examinait les plantes. Je le vis jubiler devant une trouvaille qu’il s’empressa de fourrer dans son sac : de ce que je l’entendais babiller, il s’agissait d’une plante médicinale. Ses connaissances en herboristerie, pensai-je alors, nous serais d’une grande utilité, mais c’était sans savoir que le soleil lui avait trop cogné sur la tête.

Il était difficile de savoir combien de temps avait passé : le soleil continuait de nous écraser de sa chaleur, et seuls quelques filets de lumières perçaient au travers des nombreuses couches de feuillages quand une couleur inhabituelle attira mon regard dans le dédale végétal : une pièce de tissu arraché était accrochée au tronc rugueux d’un arbre. C’était à Vilma ! Edelweiss se retournant, attendait probablement que je lui désigne aussi un indice quant au passage de Dalyne, hélas son regard interrogatif céda la place à un une posture abattue quand d’un air gêné je secouai la tête.

Nous avançâmes encore une bonne partie de la journée, jusqu’à nous rendre compte que les empreintes que nous suivions depuis maintenant une bonne heure n’était pas les bonnes. En les examinant, les pas étaient plus profondément enfoncés dans la terre, il s’agissait sans aucun doute d’une créature plus massive. Et nous ne manquions pas de confirmer cette théorie quand un étrange rocher se mit à bouger. Une créature à la peau ridée et au cou élastique, au moins aussi grande – mais plus longue – que nous, et protégée par une épaisse carapace, se trainait lentement devant nous, faisait fi de notre présence. La lumière commençait à manquer, et en tentant de rebrousser chemin vers l’arbre sur lequel se trouvait le tissu de Vilma, nous dûmes nous rendre à l’évidence : nous étions perdu. Choix suggéra de passer la nuit dans les arbres, ce que nous fîmes de peur de croiser quelques prédateurs nocturnes.

Choix se servit des robustes filaments qui pendaient de la toiture végétale pour se confectionner un lit sur deux branches. Même si cela semblait réussi, je préférais m’encorder au tronc avec plutôt que de faire confiance à des branches qui pouvaient céder dans mon sommeil. Voyant Edelweiss très mal à l’aise un étage plus bas, je descendis prudemment pour lui confectionner le même attirail. D’habitude, la proximité avec Edelweiss m’aurait fait rougir plus fortement que les coups de soleil sur notre peau, mais la situation périlleuse dans laquelle nous étions me fit passer outre toute forme de pudibonderie: rien ne me faisait hésiter à me rapprocher d’elle pour l’aider à fixer le nœud autour de sa taille, tout comme je ne faisais aucun cas de nos contacts. Je retournais ensuite à mon étage, m’allongeant dans le sens de la longueur sur deux branches à peine écartées de vingt centimètres, les bras pendant dans le vide pour que mon corps endormi ne soit pas tenté de se retourner en pleine nuit. Alors que dans cet inconfort j’approchais du sommeil, les cris paniqués d’Edelweiss sortirent Choix et moi de notre torpeur. Je descendis prudemment dans cette obscurité totale, et les rayons lunaires me permirent tout juste de distinguer sa fine silhouette se secouer dans tous les sens. Des choses la piquaient, comme elle s’écriait, et j’entrepris de faire partir ce qui devait être des insectes en secouant ma tunique sur son bras. Les vives douleurs semblaient laisser place à une peine plus diffuse : son bras était couvert de cloques. Alors que nos yeux s’accoutumaient et cette sombre jungle, nous vîmes qu’Edelweiss était sur le passage d’une horde de fourmis, si on pouvait les qualifier ainsi : plus grosses, très agressives. Choix nous rejoignit quelques instants plus tard. Après un examen rapide, il fit briller le bout de quelques doigts, traçant avec ceux-ci une trajectoire similaire à la ligne boursouflée sur le bras d’Edelweiss. Les marques s’atténuaient peu à peu sous nos regards médusés. D’abord émerveillé, je me sentis ensuite rapidement déçu de ne pas être parvenu à progresser aussi rapidement que Choix. A plusieurs reprises je m’étais évertué à maitriser une magie curative, mais c’est à peine si je parvenais à fermer une plaie plus de quelques secondes. Pour enfoncer le clou, Choix m’apprit que je ne pourrais de toute façon pas utiliser aussi efficacement la magie que lui. Il le savait à mon aura, disait-il.

Edelweiss partit sur une autre branche, courageuse, et tous nous tentâmes de trouver le sommeil, aussi peu réparateur il serait au vu de notre situation. Malgré les cris de bêtes sauvages qui passaient régulièrement prêt de nous, en dépit des lourdes envolées perceptibles dans les feuillages avoisinant, et nonobstant la peine que m’avait infligée la nouvelle de Choix, mes yeux capitulèrent.


L’improbable n’arrive jamais seul


Dès que les premiers rayons du soleil percèrent l’épaisse végétation, nous descendîmes de notre perchoir. Je n’eus pas besoin de réveiller mes compagnons, tout comme moi ils attendaient les premières lueurs pour regagner la terre ferme. Décidément, nous n’étions fait ni pour la mer, ni pour les airs. Au sol, aucune trace connue ne pouvait nous aider à regagner notre route. Seule la vision que nous avions eu depuis la cime des arbres nous aida à déterminer notre objectif de marche : au loin, nous pouvions distinguer les montagnes, et ce qui pouvait ressembler à de petites habitations. Faire marche arrière ne rimait à rien, et ne pouvions nous permettre de tourner en rond trop longtemps : la vie de Dalyne et de Vilma n’attendraient pas indéfiniment, pas plus que nos compagnons près du Forgrim. Si ces derniers se sentaient convaincu de notre mort, ils partiraient une fois le drakkar mis à flot.

Nous pressâmes le pas jusqu’à entendre le clapotis caractéristique d’une eau ruisselante. Il y avait de grandes chances pour que la créature que nous poursuivions ait fait une halte près de cette eau pour se ravitailler, ou pour que Vilma et Dalyne viennent se désaltérer si elles n’avaient pas été faites prisonnières comme nous le pensions. Notre détermination se fit plus forte et nous nous rendîmes sur les lieux. Choix et Edelweiss improvisèrent une toilette rapide. En attendant, j’inspectais le sol à la recherche de traces, mais je ne parvins pas à trouver ce que j’attendais : en lieu et place de traces du squameux ou de Dalyne et Vilma, les empreintes d’un imposant félin marquaient la place. Je me hâtais de me désaltérer et de me rincer, car de nombreux prédateurs se rassemblaient régulièrement sur ce point d’eau à n’en pas douter.
Alors que je sentais l’eau fraiche pénétrer tous les pores de mon visage, mes yeux s’arrêtèrent sur une étrange plante au milieu d’une terre vierge. Ses feuilles larges et épineuses laissaient pointer une fleur à l’énorme pistil laiteux. En son centre, une forme incertaine était en suspension. Indiquant à mes compagnons de ne pas approcher ce qui ressemblait aux plantes carnivores dont faisaient mention certains ouvrages, Edelweiss s’écria qu’il y avait un chat ! Parlait-t-elle de la forme à l’intérieur du pistil, ou de ce massif prédateur qui s’approchait de nous ? Alerté par quelques grognements, nous nous retournâmes subitement pour apercevoir une ombre glisser entre nous. Nous nous écartâmes et vîmes ce qui ressemblait à un chat gigantesque, roux rayé de noir et plus musclé que ceux que nous connaissions, qui s’approchait de la plante sans nous lâcher du regard, écumant. Edelweiss ne reculait pas devant ce félin qui nous défiait d’avancer en projetant la terre de ses puissantes pattes. Délicatement, suintant à grosses gouttes, je saisis la main d’Edelweiss qui se laissa faire, afin de la tirer doucement en arrière.
L’attention du félin et la nôtre fut perturbé par des bruits de succions : le pistil de la plante se contorsionnait de spasmes écœurants, quand enfin, elle déglutit une forme reconnaissable à travers le liquide vert pale. Un frêle et jeune félin de la même espèce que celle qui nous menaçait se débattait dans sa prison visqueuse. Le grand prédateur s’en approcha pour déchirer la matière qui asphyxiait le petit, et s’empressa de lécher la substance qui le recouvrait, permettant au dernier-né de lâcher un hoquet étranglé. Mais le temps n’était pas à l’émerveillement, c’était le moment de déguerpir.
Gêné de me rendre compte que je tenais toujours la fine main d’Edelweiss, je desserrais mon emprise et nous partîmes doucement mais rapidement. Ma tête était bousculée d’émotions, ce qui n’empêchait pas mon corps de prendre toutes les dispositions nécessaires à ma survie : nous fuyions en remontant le cours d’eau.

Enfin en sécurité, nous pouvions reprendre avec un rythme plus approprié à la longue marche qui nous attendait encore. Nous supposions qu’en remontant le cours d’eau, nous arriverions aux habitations. Notre avancée était silencieuse, et tout le monde semblait se perdre dans ses pensées. Personne n’osait rompre le silence, de peur peut être qu’une créature nous tombe dessus, ou sans doute parce que nous étions envahis de pensées peu réjouissantes. Notre procession silencieuse s’arrêta néanmoins devant l’évènement qui s’offrit à nous. A quelques mètres du cours d’eau, une créature rampante et écailleuse semblait se battre avec la branche d’un arbre pour lui ôter quelques feuilles. Choix et Edelweiss enjambèrent le cours d’eau sans mal pour s’éloigner de la créature, mais commença pour moi les prémices d’une longue série d’échecs dignes des plus disgracieux nordiques : mon bond fut trop court, et mon pied atterri dans l’eau dans un bruit d’éclaboussures. La créature fit volte-face, et se jeta sans perdre de temps à notre rencontre, sa queue balayant les arbres fins sur sa route, ne manquant pas de les faire tomber à la renverse. Cette créature à la force colossale était sans aucun doute de la même espèce que la monture du squameux, donc… Carnivore. Voyant la végétation plier sous sa force, je déguerpis en direction du groupe, par reflexe, mais c’était occulter que Faenrir ne pouvait pas s’interposer cette fois-ci. Choix pris la même décision, mais il ne brillait pas par sa rapidité, si bien que la créature compris vite que sa bedaine serait plus rapidement pleine en le chassant lui qu’en tentant de me rattraper.
La créature était rapide, mais sa morphologie l’empêchait de prendre avec aisance des courbes trop serrées, et j’étais rassuré de voir que Choix l’avait bien compris. Malin et endurant, il fit faire nombres de tour à la créature, sans perdre espoir au son des mâchoires qui claquaient à quelques centimètres de sa nuque. Contre toute attente, Edelweiss bondit sur le dos de la créature, les bras autour de son large coup. La créature tressauta et se tordait dans tous les sens pour de défaire de sa cavalière, en vain. Je revenais, prêt à attaquer la créature maintenant extenuée, et alors que j’attrapais la lance que Choix m’avait lancé à bout de souffle, Edelweiss m’interrompis par un « NON » tonitruant. Sous mes yeux ébahis, je voyais la créature aussi furieuse que las, qui avait perdu toute combativité. « De… Tu... Tu as utilisé de la magie ? » bredouillais-je. Edelweiss me regardait, aussi incrédule que moi, me signifiant « non » de la tête. La créature, bavant toutes sorte de sécrétions très odorantes, se laissait aller à marcher dans la direction où Edelweiss se penchait. En mon fort intérieur, j’étais convaincu qu’Edelweiss était la preuve que chacun de nous pouvait utiliser et développer la magie, mais en réalité j’étais juste témoin de sa détermination qui serait au fil de notre quête, une source d’inspiration pour moi. A contrecœur, je laissais vivre la créature, tout de même peu rassuré pour son cavalier. Au loin, le terrain remontait vers notre destination.


Le village des « Schiss », ou les ridicules entreprises du copiste


Edelweiss semblait de plus en plus à l’aise à mesure qu’elle passait du temps, perchée, sur sa soumise monture. Elle était impressionnante, et je commençais à réaliser tout son potentiel. Je me sentais même tout petit à côté d’elle, et ce sentiment se poursuivi sur cette ile un long moment…
Nous étions prêt du but, et vîmes au loin d’un petit muret de moins d’un mètre. Des choses semblaient accrochées dessus, mais je ne compris que lorsque le bruit de bourdonnements me vint aux oreilles : des têtes empalées trônaient sur cette muraille miniature, certaines dans un état très avancé de décomposition. Une similitude troublante tout de même, elles étaient toutes blondes : ces créatures n’emportait-elle que les humains blonds ? Est-ce que… Dalyne et Vilma comptent parmi les trophées ? Ma crainte fut trop forte, et après s’être mis d’accord, je décidais d’approcher discrètement de cette installation. Après le soupir de soulagement de ne pas avoir vu de tête familière, je me rapprochais dos courbé vers le muret, et entrepris de scruter derrière en avançant : plusieurs habitations très rudimentaires se trouvaient là, et on pouvait entendre la vie suivre son court. Des personnes ou des choses étaient afférées à quelques tâches dans les habitations, et des discussions sifflantes se faisaient entendre parmi les grognements de leurs montures, enfermées dans de solides cages. Je me baissais rapidement : ce qui ressemblait à une troupe d’hommes-lézard s’avançait, examinant les alentours, armés d’épieux. Je détournais le visage, surpris par l’odeur : une tête empalée était à quelques centimètres de moi. Dégouté, la tête nauséeuse, je me déplaçais plus loin pour poursuivre mes investigations. Sans doute encore nébuleux à cause de la vision d’horreur qui m’avait été donnée, je mis un peu trop de poids sur le muret, qui s’affala avec moi dans un bruit sourd. Maintenant dans l’enceinte du village, j’entendais des cris stridents et des sifflements, et le sol semblaient trembler sous les pas lourd des créatures qui arrivaient maintenant par vingtaine. Cette idée eut l’effet d’une bombe, et me redressant, j’enjambais le muret pour faire demi-tour sans autre forme de procès. Edelweiss qui s’apprêtait à charger avec son lézard se ravisa quand elle vit le nombre effarant d’autochtones qui me poursuivait. Choix, tentant de faire abstraction du vacarme, se concentra pour faire apparaitre des sortes de fils au bout des doigts. Je n’eus que le temps de voir cela quand je senti l’humidité de l’air disparaitre pour se reconcentrer derrière moi : un bruit d’éclaboussure retenti, et les vociférations des créatures semblaient plus sourdes et lointaines. Je n’osais néanmoins pas me retourner.

Dans la course, nous fumes séparés. Ne recommençant pas la même erreur qu’avec le lézard géant, je détalais loin de mes compagnons. Alors que je pensais avoir trouvé une bonne opportunité pour me dissimuler, Choix qui était encore loin derrière cria à mon attention, me faisait comprendre que je ferais un beau trophée s’il me prenait l’envie de rester ici. Je me sentais dépassé par les évènements, rien de ce que faisait ne semblait avoir de sens et de réussite. Prenant les jambes à mon coup, je m’enfonçais à nouveau dans la l’épaisse végétation, seul, et poursuivi.
Tout n’était pas noir pour autant, j’étais plus rapide que ces créatures. Il me restait à déterminer si j’étais également plus endurant, mais je ne tenais pas à faire les frais d’un mauvais calcul, ni ne tenait à faire une rencontre encore plus gênante en m’aventurent de manière hasardeuse dans cette jungle. Un grand arbre abattu plus loin semblait m’offrir asile et je me dissimulais dans son ombre, presque invisible. J’entendais des pas lourds passer à quelques mètres de moi tandis que je me faisais petit, l’épée à la main, prêt à agir. Au loin, le petit groupe, ayant perdu ma trace, s’éclata, et chacun de ses membres pris une direction différente. S’il était sans doute rassurant de savoir qu’un groupe de vingt monstres ne me tomberaient pas dessus, il fallait néanmoins que je fasse face à ce squameux qui s’approchait dangereusement de ma cachette. Il me semblait que j’étais parfaitement dissimulé, mais la créature avait un atout de poids : s’abaissant, et remuant quelques pousses avec son museau, il semblait retrouver ma piste avec son odorat. Relevant la tête, et tenant fermement la lance aiguisée de ses deux mains griffues, il avança vers mon repère. L’homme-lézard tenta un coup d’estoc hasardeux sans succès, et quand il voulut ramener sa lance pour en porter un deuxième, je la saisis un peu tardivement et tenta de tirer le malheureux vers moi. Je n’avais pas assez de force dans mon bras gauche pour le faire chuter, mais il n’en avait pas assez pour reprendre son arme, m’offrant son flanc. Serrant les dents, j’enfonçais ma lame dans l’ouverture qu’il daignait me céder, et la créature lâcha grognement de surprise et de douleur. Elle continuait de tirer frénétiquement sur son arme, si bien qu’à bout de force je dû me résoudre à lâcher prise. Néanmoins je profitais de son geste pour me remettre debout, prêt à frapper. Elle recula, et il me sembla qu’elle allait tenter d’alerter ses congénères. Brisant sa tentative en m’approchant, elle n’eut de choix que de se concentrer sur mes attaques pour ne pas y perdre ses écailles. Dans l’action je ne réalisais pas si elle parvenait à me toucher, tant l’adrénaline me tenait. Alors qu’elle s’apprêtait à pousser un long et puisant sifflement, d’un geste vif j’attrapai sa tête de ma main gauche pour mieux plonger ma lame dans son visage, tranchant ses yeux reptiliens et laissant un profond sillon dans la chair. Mon adversaire se débattait furieusement au sol, aveugle, et je mis fin à ses lamentations en plongeant ma lame dans son cou, dans un gargouillis atroce.

A mon grand malheur, ma cachette ne m’autorisait pas à cacher la créature avec moi, je dû donc me résoudre à quitter les lieux, me cachant d’arbres en arbres, espérant ne pas me faire suivre.


Une terre plus accueillante


Choix, à qui je devais déjà trop souvent la vie sauve par ses interventions, m’appela au loin de sa voix que l’on savait si portante. Une chance car je me pensais perdu de nouveau. Sans précipitation, et surveillant rapidement mes arrières, j’avançais, une douce brise au visage, quand je distinguai subrepticement la silhouette d’un homme armé que je ne connaissais pas. Freinant ma course, je voulais observer la scène quand un bruit de raclement retenti dans mon dos : je n’eus pas le temps de la voir que déjà la masse m’emportait hors de la jungle, me plaquant sur un sol dur et froid tandis qu’un muscle de ma jambe effectuait une souplesse qui ne sied pas au genre humain. Les cris de surprises autour de moi n’étaient pas loin de me distraire alors que je retenais l’arme de l’assaillant écailleux de toutes mes forces. De nouveau, je sentis que l’humidité s’échappait. Je réalisais tout juste la présence de Choix, quand soudain mon assaillant et moi fumes plaqués l’un contre l’autre par une force impressionnante, avant d‘être submergés sous l’eau. Avait-on chuté d’une falaise ? Visiblement non, je voyais autour de nous des jambes s’agiter, tandis que l’eau se teintait de méandres pourpres. La créature sur moi arborait un rictus horrible, la langue pendante, et avant que je ne réalise qu’elle était morte, une poigne m’extirpa du mur d’eau dans lequel Choix nous avait emprisonné. Je pris une bouffée d’air, crachant l’eau que j’avais avalé par mégarde, tout en observant la scène. Edelweiss finissait de ranger à sa ceinture la dague argentée qui avait ôtée la vie du squameux, tandis que Choix était à mon chevet, observant mon état et arrêtant ses yeux sur ma jambe contusionnée. Je cherchais le lézard de monte d'Edelweiss, craignant qu'il ne soit attiré par l'odeur du sang, mais j'appris plus tard que la bête avait chuté de la falaise. Tant mieux. Mon regard se levait alors sur l’homme à l’allure sauvage que j’avais aperçu plus tôt. Il tenait en joue la créature au cas où elle fendrait la mort. Habillé de peau de ces félins que nous avions croisés, de tiges tressées et tenant un bâton surmonté d’une pierre aiguisée, il parlait rapidement et agressivement avec des mots que nous en comprenions pas. Si sa chevelure blonde ne me faisait pas tiquer sur l’instant, je remarquais ce détail quand d’autres hommes femmes arrivèrent après avoir gravit la falaise. Les têtes empalées que nous avions vues au village appartenaient à ce qui semblait être un peuple tribal et rival des hommes Lézard. Le regard de ces hommes pointait souvent sur notre attirail pendant qu’ils nous conduisaient probablement à leur village. Je ne devais pas être le seul à craindre qu’ils ne soient cannibales, mais nous avions espoir d’y retrouver Dalyne et Vilma.

Si l’on pouvait aisément dire que le village des hommes lézard était rudimentaire, nous sommes tous tombé de haut lorsque le petit groupe nous mena à leurs campement : pas de maisons de pierre mais des huttes, aucune trace d’élevage ni de montures, nous avions à faire à un peuple vraiment démuni. On nous amena vers le bâtiment le plus imposant, où un ancien nous attendait. Bardé de colliers de dents, de peintures et autres grigris, il nous fit assoir sur des peaux de bête, et nous fit amener à boire et à manger. Je ne crois pas que l’un de nous ait été suspicieux, et nous avalâmes les vivres avec appétit. Je reconnu l’assiette comme la carapace de l’étrange animal que nous avions rencontré la veille. Pauvre bête. Pendant que nous mangions, le vieil homme gesticulait et parlait dans une langue aussi exotique que pauvre, si bien qu’il me sembla que son langage s’articulait autour de 5 ou 6 syllabes différentes. Il m’apparaissait alors impossible de tenter de nous faire comprendre avec notre parler plus élaboré, et je me décidais à sortir mon carnet pour représenter notre voyage et nos objectifs. Je le montrais au vieil homme qui à son tour dessinait des formes improbables sur le sable. Je me risquais à imager la silhouette d’une petite fille et d’une femme, sans grands espoirs. Le vieil homme se figea, il me sembla un instant qu’il reconnut mes esquisses, mais il désigna au lieu de ça, nos objets métalliques, en commençant par une dague d’Edelweiss avec laquelle il testa le tranchant sur lui-même. Dépité, je rangeais mon carnet, en regardant ces sauvages brandir comme des furieux les objets que leur tendait Choix et Edelweiss. Nous eûmes même « l’honneur » de rencontrer le « grand guerrier » du village, qui secouait vers le ciel la lance en fer que choix avait offert à l’ancien. Charmant. Et mon crâne vint se perdre dans le creux de ma paume.

L’assemblée de sauvages visiblement ravie de ce présent, entama un rite barbare pendant lequel l’ancien se mutila de nouveau avec une dent de requin. L’ancien me surpris en m’attrapant la main, et tout naturellement, il me fit une entaille et y mêla son sang. Je ne tenais pas à me faire un nouvel ennemi sur cette ile suffisamment hostile et je m’exécutais jusqu’au bout, tentant de masquer ma réticence. Tout à coup, lorsqu’il me glissa un collier autour du cou, son charabia chamanique tinta avec clarté dans ma tête : je le comprenais, lui et sa tribu. J’invitais alors mes compagnons à en faire de même, et enfin nous étions en mesure d’établir un dialogue constructif.
Le sorcier que je croyais sénile expliqua être le chef du peuple des Tourals. Il put nous designer les hommes-lézard comme les « Schiss », une tribu de « sauvage ». L’emploi de ce mot me fit sourire quand on sait que les avancées des homme-lézard surpassent les piètres bricolages de nos confrères. L’île était scindée en territoires, et nous avions eu le malheur d’échouer sur celui des Schiss. D’après ce que j’avais compris, les Schiss et les hommes évitaient la confrontation tant que tout le monde restait chez soi. Néanmoins, notre venue était mal tombée, puisque dans 3 jours, les Schiss offriraient des sacrifices humains à leur divinité, qui devrait arriver par une grande porte magique. Parler de malchance était exagéré, car en temps normal nous aurions tous été tué sur le rivage. Nous avions désormais espoir que Dalyne et Vilma soient belles et bien prisonnières pour ce sacrifice. Seulement trois jours pour intervenir nous confrontait à un dilemme : comment les récupérer en si peu de temps, et comment contacter Faenrir, Macamod et Imikis dans l’intervalle pour s’assurer qu’ils ne partent pas ? Nous avions le temps de faire un crochet par le rivage, mais à la moindre encombre, il y avait fort à parier que nous manquerions de temps pour sauver la première vague de sacrifiés.
L’homme s’épancha un peu plus en explications. Le village des Schiss que nous avions vu n’était pas le seul, et plusieurs Tribus étaient éparpillées sur l’île, pour éviter que les rivalités ne finissent en luttes intestines. Néanmoins, régulièrement toutes les tribus se rassemblent au nom d’une divinité qu’ils honorent par les sacrifices… Et la drogue. L’homme insista sur le fait que les Schiss étaient alors très consommateurs de plantes hallucinogènes et relaxantes. Assurément, c’était notre chance de récupérer Dalyne et Vilma, si toutefois l’homme était dans le vrai. Après tout, il tenait probablement cette information de quelques éclaireurs, et vu leur refus à aller trouver nos amis sur le bord de plage, je les soupçonnais d’être un peuple trop couard et simple pour aller au fond des choses. Ils n’avaient d’ailleurs probablement jamais tenté de délivrer leurs semblables. Il nous apprit également qu’une autre tribu d’hommes existait à l’autre bout de l’ile. J’en venais à me demander comment ces personnes étaient arrivées là. Il y avait de grandes chances pour que, comme nous, leurs ancêtres aient malencontreusement échoué sur cette île perdue…

Plus tard, avant de trouver le sommeil, Choix vint me voir pour examiner ma jambe. Il semblait presque exalté de constater que le muscle avait été salement abimé. Il sorti alors de son sac la plante que je l’avais vu cueillir et en fit une décoction qu’il partagea en trois parts. Il m’en fit boire une, en affirmant que cela soignerait mon mal de jambe, qui me faisait plus trainer qu’Imikis. Effectivement, rapidement, ma jambe ne me faisait plus mal, et c’est comme si l’entièreté de mon corps venait de rajeunir. Je me levais dans un bond, car sous mes yeux, Dalyne venait de passer. Je devais la rattraper… Je vous passe le récit d’un fou qui fut condamné par le duc de Brockraid lui-même à la corvée de pomme de terre sous la mer : Choix venait de me donner une dose de « Gort », la fameuse plante qu’ingèrent les Schiss lors de leur cérémonie. Je me réjouis que Choix ait eu la brillante idée de diluer sa mixture, je crois sinon que je n’aurais jamais pu émerger. Je me demande toujours si cela était intentionnel. Après tout, il semblait trop ravi de venir me soigner… Malheureusement, ce geste ne serait pas sans conséquences à long terme.
Le lendemain, je n’avais pas vraiment trouvé le repos, et mes yeux injectés de sang fixaient une tache jaune et mauve à l’horizon. La façon dont elle se tordait me paraissait fascinant. Pour remédier à mon mal, l’ancien me fit boire une atroce mixture qui m’arracha à mes pensées grotesques. Vu mon état, et malgré mon souhait d’atteindre le rivage pour prévenir nos camarades, ni Choix ni Edelweiss ne rejoignirent mon avis, qu’ils eurent d’abord grand mal à comprendre. Edelweiss n’arrivait pas à se décider, et si je n’avais pas été sous quelques faibles effets psychotropes, j’aurais juré qu’elle cherchait simplement à me contrarier. Quant à savoir pourquoi, cela dépassait de loin mon discernement à cet instant précis.

Les Tourals semblant trop craindre les Schiss, nous partîmes donc tous les trois vers le centre de l’ile, en direction bassin rituel entre les deux principaux pics. Nous n’étions pas sans nous arrêter pour que je puisse vomir des substances à mes yeux multicolores, et notre lente progression se faisait dans la peine, sous le regard moralisateur d’Edelweiss qui s’en prenait chaque arrêt passant à Choix. La véritable bonne nouvelle, c’est que nous étions désormais sûrs que la « Gort » n’est pas une drogue douce. Malgré tout mon mal, j’en venais à penser aux deux autres doses, que Choix avait je l’espérais – en mon très fort intérieur – conservé précieusement.


Deux prisonniers… Et plus si affinités


Après une bonne journée et demi de marche, à observer des mouvements de troupe Schiss au loin, je me sentais mieux et prêt à agir grâce au remède de l’ancien. Le camp des Schiss était vaste, mais la flore nous donnait de nombreuses opportunités pour observer et déterminer un plan. Edelweiss prit un chemin différent du miens pour aller les observer. Je craignais d’abord qu’il lui arrive quelque chose, mais à ma grande surprise, elle parvenait très bien à se dissimuler parmi la végétation. Je doutais pouvoir faire mieux, et de toute manière, vu la configuration des lieux, il était presque impossible de se faire voir tant que l’on décidait de rester à l’extérieur du campement. Je ne parvins pas à trouver d’informations intéressantes : la cérémonie ne commençait que demain, et les Schiss étaient aux préparatifs. Je ne voyais aucun prisonnier, et je redoutais qu’ils soient trop bien gardés au centre du campement.

Je revins bredouille, mais en croisant le regard d’Edelweiss qui était revenu avec un peu d’avance, je su qu’elle avait vu quelque chose : Faenrir avait été fait prisonnier !


Dernière édition par Mathieu le Mar 24 Juil - 22:04, édité 17 fois
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Par de là l'océan. Empty Imikis, le malchanceux.

Message  naev Lun 28 Mai - 1:13

La nuit apporta un peu de fraîcheur à notre labeur.
Depuis trois heures Macamod et Faenrir étaient à la tache avec moi. Trois heures ou nous tendions de creuser sous la navire échoué afin de permettre à la mer de le remettre à flots.
Choix, Edelweiss et Deneb ont pris l'option de rechercher en priorité Vilma et la petite. Ils n'ont eu que faire de mes recommandations. Nous avons donc pris l'option de séparer notre communauté.
Avec mes deux camarades nous privilégions de prévoir notre départ. Après tout, Macamod et Faenrir ne sont pas discret. Les trois autres aurons surement plus de chance de les retrouver sans nous. Ma jambe me fait trop souffrir pour suivre une cadence dans cette jungle alentour.
J'ai retrouvé pour eu la piste d'une seconde créature s'engouffrant dans la végétation. Ils ont pensés que cela pourrait aussi corresponde à celle de nos deux disparus.

Le soleil et la fatigue ont eu raison de nos dernières forces. Je ne saurai dire qui d'autre nous trois naufragés s'est endormi cette nuit, seulement le hurlement de Fenrir m'a réveillé. Juste à temps pour tenter de me défendre. Dans la pénombre, j'ai reconnu les yeux vicieux d'un homme-lézard. Ma lame a alors décrit une courbe jusqu'au moment ou elle s'est immiscée dans de la chair. J'ai senti la résistance d'un cuir épais, puis le sang se répandre sur mes doigts. Le sifflement émis par mon assaillant avant que je ne perde connaissance, touché en pleine tempe par la hampe d'une lance.

J'ai repris conscience avant le levé du soleil. Enchevêtré dans un filet fait de liane, j'étais bercé par les pas du lézard de monte auquel je pendais sur le flanc.
Les quatre membres attachés entre eux, j'étais dans une posture des plus humiliante. En vie mais meurtrie. Du sang séché sur le visage, je sentais sur ma plaie les mouches qui courraient se rassasiées à mes dépends. Ma jambe droite pliées me faisait souffrir le martyr. Je gardais pour moi la colère mais surtout la douleur de mes muscles endolories.
Il y avait autour de moi facilement une quinzaine d'homme lézard et trois peut-être quatre montures. Pendant une bonne heure de plus je ne sus ce qui était arrivé à mes camarades. Jusqu'au moment ou les râles se firent entendre derrière moi. Je ne pu m'empêcher de sourire lorsque ces gémissements se changèrent en insultes. Ils étaient vivants à apparemment pas si amoché que ça.
Notre voyage à "flanc de lézard" dura presque une journée. Pas une vrai halte ne fut faites. Ces créatures ne semblaient pas souffrir de la chaleur ou de la fatigue. Ils n'échangèrent entre eux que de court et discret sifflement. En milieu d'après midi, on nous humecta les lèvres à travers les mailles de votre prison à l'aide d'une mousse arraché sur une pierre bordant un des innombrables petits cours d'eau que nous croisions.

Faenrir nous interpella tout de même pour nous dire qu'il pouvait briser ses liens en forçant. Je dû le convaincre que cela ne nous apporterait que des ennuis vu leur nombre. En grommelant il ne parut pas convaincu mais s'en tient à mon idée.
J'étais curieux. Ils ne nous avez pas tué, cela laissait supposer qu'ils avaient des projets nous concernant. Ce qui en soit ne me rassurer pas autre mesure. Nous ne savions pas ou nous étions et une tentative de fuite de l'un d'entre nous condamnerait tout le monde. La jungle semblait hostile. Je ne sais ce que nos ravisseurs cherchaient à éviter mais notre progression ne semblait pas rassurer. Fenrir fut bâillonné pour obtenir un peu de silence. Macamod suivi son cousin quelques minutes plus tard...

C'est en fin de journée que la jungle laissa place à un sol rocailleux. La cimes des arbres disparu pour laisser apparaitre deux montagnes jumelles qui trônant tel des pics vertigineux sortant du sol.
Nos hôtes retrouvèrent un village. Environ trois dizaines de cabanes aux murs de pierres encerclés par un ridicule rempart de moins d'un mètre de haut, formés ce campement. Tout semblait disposé de manière archaïque. Un peu comme si cela n'avait pas d'importance et n'était pas fait pour durer. Nos nouveaux camarades étaient des nomades à n'en pas douter.
Sans ménagement et sans être libéré de nos liens, nous fûmes jeté à bas des montures. Les lézards furent mené à l'écart.
Trainé à même le sol, nous avons été regroupé tout trois. A travers le maillage de notre prison végétale, nous pouvions enfin nous voir. Macamod semblait le plus amoché de nous trois. Au calme des reptiles face aux injures que lâchèrent les deux nordiques, j'en déduisis qu'ils ne comprenait pas notre langue. Un atout pour nous.

Je cherchais une posture afin de me préparer à passer la nuit attaché et emmêlé dans mon filet. Trois gardes armés de piques nous veiller. Je pus malgré tout observer les hommes lézard qui s'étaient réunis au centre du campement sous la lune montante. Femelles et enfants écoutaient le récit de guerriers qui mimaient un étrange combat ponctué par les sifflements qui leur servait de langage. Ils semblaient dire qu'ils avaient affronté des géants et bien que certains d'entre eux tombés sous les coups, ils jetèrent à terre leurs titanesques adversaires. Pour preuve les guerriers exhibèrent les armes qu'ils nous avait dérobé.Je fus presque vexé. A aucun moment je ne reconnu une de mes actions.

Sans nous fournir de nourritures, on nous versa pourtant de l'eau dans la gorge. Faenrir ne pu s'empêcher de mordre une des mains qui le rafraichissait.
Des le lendemain, nos kidnappeurs nous rattachèrent aux lézards et le village entier se mis en mouvement. En quelques minutes, il ne resta du village que des murs de pierres. Même les toitures furent chargé sur les montures. L'étrange procession d'une cinquantaine humanoïdes s'élança en direction des deux pics.

Le voyage dura prêt de 8 heures. Nous nous déplacions de plus en plus vers la base montagne. La pente ne sembla pas être un problème pour eux. Et s'est sous les mots doux de Faenrir et Macamod que nous avons fait la route. Avant la fin de journée, nous avions attend leur destination. Un autre bivouac, ou d'anciens murs étaient encore présent. Il ne fallu que quelques minutes pour remettre en place les toits. Et une fois le campement reconstitué je pus voir un autre convoi nous rejoindre. Autant d'hommes et de femmes lézards nous rejoignirent. Et avec eux, d'autres prisonniers.
Trois femmes et un homme attachés et enchevêtrés comme nous furent mis au sol devant une des maisons. Les gémissements et leurs pleurs ne me rassurèrent pas.
Nos hôtes nous réservèrent le même sort, si bien que nous pûmes les voir. Les quatre malheureux avaient la peau bronzé et ne portait sur eux que de simple pagnes végétal. La blondeur ne leurs cheveux me laissa sans voix un instant. Ils étaient aussi blond que blés sous le soleil de l'été.
Fenrir s’enquérit de leur état de santé et leurs réponses brisa ce qui restaient de mon moral. Ils ne parlaient pas notre langue...
Je laissais Faenrir et Maca tentaient de communiquer. Je me porta mon attention sur nos ravisseurs. Pourquoi étions nous rassemblait ici en vie. Au loin et durant toute la nuit, je puis discerné que d'autres campements se montaient.
Au dessus de nous, seule la lune rouge semblait se montrer. Dans deux jours elle saura au plus fort de sa clarté. J'avais du mal à croire que cela ne soit qu'un hasard si un solstice débute en même temps que ce rassemblement..............

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Message  Edelweiss Mer 6 Juin - 17:36

Désemparée, je m’assurais avoir ma dague en argent, celle que nous avions récupérée dans les passages souterrains de Roche-Fendue. J’espérais trouvée Dalyne échouée un peu plus loin mais ce ne fût pas le cas. Je regardais l’horizon avec affliction et je m’aperçus qu’il y avait deux « mers ». La plus proche de nous était translucide, ou d’un bleu très clair qui me fit rappelé les doux yeux de ma sœur. Une barrière coupait plus loin cette eau en une autre bien plus foncée et, j’imagine, plus profonde : celle dont nous venions.
J’entendis mes compagnons parlé d’un « lagon » et que cette barrière n’était qu’un amas de pierre provenant des océans.
Je me retournais pour faire dos au soleil. Là, suite aux grains de sables brûlants, se trouvait une forêt comme je n’en avais jamais vu. Mes récits ne m’avaient jamais montrés d’arbres aussi fins, long et si courbés. Leurs feuilles étaient interminables et leurs ombres ressemblaient aux ailes des moulins. Au sol, des fougères et de grands buissons se cachaient sous d’autres arbres proéminents et j’imaginais Dalyne, cachée dans cette verdure.

Mes mains se posèrent sur mon visage et une vive douleur me fit grimacer. Je me sentais brûler par le soleil et par le sable qui se collait à mes mains. Contrairement à ce que j’imaginais, mes cheveux ne prirent pas de reflets blonds sous l’astre chaud, je les sentais secs tandis qu’aucune brise ne vint les ébranler. L’atmosphère était pesante et je commençais à regretter mon ancienne vie, même si sa médiocrité me repoussait autrefois.
« Edelweiss. » La voix de Macamod me força à les rejoindre et c’est alors qu’il fallut se décider à prendre des initiatives. Pour moi, il fallait absolument retrouver Dalyne, quitte à erré quelques jours dans la végétation qui nous était inconnues. Choix et Deneb furent du même avis tandis qu’Imikis grommelait que ça allait être difficile. Ne voulait-il pas retrouvé Vilma ? Elle était son amie après tout. Je tournais lentement mon regard sur le Forgrim, notre navire. Dans cet état et penché comme il était, nous ne pouvions repartir. Macamod et Faenrir se pressèrent de se proposer à la remise du bateau. Je me retins un refus. Si nous avions à retrouver Dalyne et Vilma, il faudra partir au plus vite. Ils estimèrent les réparations à une seule journée. Les sourcils haussés, je n’osais y croire, un jour ? Dalyne était coincée là-dedans… nous avions peu de temps.

Je ramassais un couteau, un sac et quelques vivres avant d’affirmer aux deux mages que j’étais prête, et c’est avec entrain que nous entrions dans ce lieu inconnu. Je prenais les devants, chose que je faisais très peu à Blanc-Flocon dans la crainte d’un échec. Cette fois ci, je ne pouvais me permettre de me tromper et je suivais au mieux les traces qu’avait laissées la créature reptilienne lors de sa fuite. Deneb était derrière moi et j’eus l’impression qu’il contrôlait mes mouvements. Il cherchait aussi et sur le moment, je crus qu’il n’avait pas confiance en moi. Me voyait-il comme une incompétente ? Choix était un peu plus en retrait, s’arrêtant quelques fois pour regarder les longues plantes grimpantes parcourir les troncs d’arbres. Il semblait plus serein, presque ravi de découvrir de nouvelles choses.
J’aurai beaucoup aimé profiter du paysage et étudier chaque trace, chaque bruit. Les cris ne manquaient pas ici et parfois quelques feuilles tombaient à nos pieds dans des hurlements stridents. Des choses se baladaient d’arbre en arbre et je redoutais de voir un nouveau lézard géant descendre à notre rencontre.
Plus nous avancions, plus il faisait noir et moins je croyais en nos choses de trouver ma tendre Dalyne.
Soudainement, Deneb m’arrêta et me signifia qu’il avait quelque chose. Sur un tronc d’arbre, un morceau de tissu de couleur pâle se trouvait pris dans l’écorce. Je ne savais si c’était une bonne nouvelle car bien qu’il appartienne à Vilma, c’était des marques de l’enfant que je cherchais. Choix proposa de laisser l’étoffe là au cas où.
L’apprenti de la sorcière semblait toujours aussi calme. Sa présence me rassurait, il était sûr de lui et j’étais certaine qu’avec lui, nous ne risquions presque rien. Si Faenrir avait été là, je n’aurais plus eu aucun doute sur notre « réussite ».
Notre marche fût plus présente, motivées par l’avancée progressive. Tout d’un coup, je fus pris d’un doute et je m’accroupis devant les traces que de ce que je croyais celle du reptile quand un rocher se déplaça dans notre direction.
Surprise, je reculai en dégainant lentement mon couteau, prête à me défendre de la mâchoire qui sortait de la carapace. Deneb en fît de même. Je n’avais jamais vu de créature similaire et après quelques instants, nous nous rendîmes compte que la bête ne nous cherchait pas d’ennui ; elle continua sa route après un court regard en notre direction. Le jeune copiste tapota l’espèce couche qui lui servait de carapace, un bruit sourd s’en échappa. De là, j’imaginais que ça aurait pu nous servir. Pourquoi ? Je ne savais pas trop. Un moyen de protection peut être… et puis sous la chaleur accablante de ce début de soirée, je dois avouée qu’un peu de viande -même d’un animal inconnu- n’aurait pas été de refus.

« Nous sommes perdus », ces mots résonnèrent dans ma tête. Choix et Deneb n’avaient pas tort. Nous devions faire halte et trouver un lieu où dormir avant que l’ombre ne prenne toute la forêt. Il était hors de question de rester au sol, il aurait été trop dangereux de se mettre à proximité des animaux, hors, il ne nous restait que les arbres. Peu après une recherche minutieuse, nous choisîmes un arbre plus robuste et légèrement plus large pour nous y poser. Choix monta en premier, plus haut, et se mit à confectionner une sorte de lit avec deux grosses branches, ce qui me fit sourire. Il s’adaptait très bien à l’environnement que nous côtoyions, un contraste fort avec Roche-Fendue. Je ne doutais pas que les événements précédents lui donnaient une maturité plus forte. Peut être ressentait-il les même inquiétudes que moi ? Visiblement non, son « confort » au maximum, il se coucha en regardant plus haut.
Deneb, plus craintif et plus prévoyant, s’attacha à l’aide d’une corde de végétal au tronc. Mes compagnons ainsi installés, je tentais de m’accrocher au mieux à ma branche, plus basse. Mes bras s’écorchèrent sur l’écorce et je mis du temps à trouver une position moins douloureuse. J’entendis ma branche crissée et j’aperçus Deneb, sur celle-ci. Il passa ses bras autour de moi et me fis la même attache qu’il avait fait auparavant. Je le remerciai rapidement et il remonta sur sa branche.
La pénombre était là et dans celle-ci j’essayais de faire abstraction de mes tourments. Rien n’y faisait. Je pensais à ma famille, à Dalyne et aux barbares près de la mer. Je ne savais plus où j’en étais, une larme glissa le long de ma joue tandis que je retenais mes sanglots. Je ne devais absolument pas pleurer, je n’en avais pas le droit. Ma gorge se dénoua douloureusement quand je senti quelque chose grimper doucement le long de mon bras. Un frisson me parcourant en pensant qu’un insecte se baladait sur moi, il ne m’en fallu pas plus pour crier tout en me relevant. D’un coup, mon bras fût comme pris dans un immense assaut d’aiguilles, on me mordait, on me piquait. Bon sang, que ça faisait mal ! Je gesticulais dans tous les sens en hurlant ma torture. Deneb descendit m’aider à retirer les bestioles qui me « rongeait » en agitant sa tunique sur mon bras. Il s’avérait que je dormais sur le chemin d’un nombre considérable de fourmis. Ah non, pas de petites fourmis ! Elles étaient… presque énormes et sauvages en plus. Je m’accrochais lentement à Deneb en grimaçant et retirant les dernières invitées de mon bras ; Choix nous rejoignit et observa mon bras en plissant les yeux. Il m’indiqua qu’il devait utiliser la magie pour me guérir des brûlures que je subissais et c’est avec crainte que je le laissais faire. Un sillon lumineux traversa mon bras et une douce chaleur m’apaisa. Je me sentais bien pendant quelques instants, détendue; c’était une expérience nouvelle et je remerciai Choix, tout en remontant plus haut. Maintenant, je vérifierais où je dormirais.

Eblouie par quelques rayons de soleil, je grimaçais tout en me redressant sur mes jambes souffrantes. J’avais mal au dos, aux bras, aux pieds, partout. Deneb et Choix bavardaient déjà à mon réveil, ils s’apprêtaient à repartir. Il était temps, oui ; aujourd’hui, nous rentrouvririons Dalyne. Il me fallu faire face à une nouvelle épreuve : grimper à la cime de l’arbre pour savoir où nous étions. Je me hissais avec une facilité qui ne m’appartenait pas, je m’étonnais même quant à la souplesse dont je fis preuve sur le moment.
La splendeur de paysage ne pût qu’émerveiller. Un océan de vert se dressait à moi dans le brouhaha des oiseaux s’envolant sous l’activité des animaux. Les branches remuaient dans tous les sens et le bruit des vagues me fît frissonner, la mer semblaient si proche. Je ressentais une vague d’apaisement qui n’appartenait qu’à moi. Je me sentais libre, puissante, au dessus de tout. C’était un sentiment que j’avais déjà rencontré sur le bateau. Je changeais d’angle pour découvrir deux promontoires de pierre correspondant à des montagnes. Je n’étais pas aussi grande qu’elles, c’est certain mais une envie me poussa à aller à leurs rencontres.
« Alors, tu vois quoi ? » Choix me coupa dans mon élan d’admiration et en plissant les yeux, j’aperçus des amas de branches qui ne ressemblaient pas aux arbres. Il y avait des maisons là-bas, j’en étais presque sûre. C’est avec toute mon assurance que je quittais le sommet de l’arbre pour retrouver mes compagnons.

Nous reprîmes route en espérant revenir vite au Forgrim, de peur que le reste du groupe ne nous croient mort et décident de partir. Nous avancions presque en silence. J’observai mon bras en souriant, il n’y avait plus rien, la magie était phénoménale. Mon sourire s’illumina en apercevant le long ruisseau qui coulait face à nous. Je m’empressai de rincer mon visage dans l’eau pur et fraiche et de boire à ma guise, j’en eus un bien fou. Choix me rejoignit et Deneb continua d’observer le sol à la recherche de trace. Il ne se détendait jamais et en relevant doucement mes yeux sur son image, mes entrailles se nouèrent. Il était spécial, étrange et je cherchais toujours en lui quelque chose. Quoi ? Je ne sais pas, je souris simplement.
Il se retourna en notre rencontre et nous fit signe qu’une chose anormal se trouvait à côté. Choix et moi enjambèrent le ruisseau et une plante inhabituel nous apparût. Aujourd’hui, je ne saurai la décrire puisque mon regard ne fut attiré que par une seule chose.
« Il y a un chat à l’intérieur ! » m’écriais-je en désignant le ventre de la « chose » qui remuait dans un gloussement. Visiblement, ce n’était pas le seul félin présent : un énorme chat se glissa entre nous et se posta devant la plante. Les deux garçons reculèrent tandis que je ne pus que m’accroupir. Quelque chose de majestueux émanait de l’animal, on m’incitait à l’approcher, malgré le risque. Peu après, je sentis ma main se faire prendre par celle de Deneb qui me tirait doucement à eux : je ne fis aucune résistance, me relevant tout en regardant le félin rayé. Une autre créature se fit dégurgiter par la fleur géante. Le même félin, en plus petit… un bébé. Deneb lâcha ma main moite, et nous partîmes le plus discrètement possible, laissant les deux animaux faire connaissance.

Notre petit groupe entreprit de remonter le cours d’eau, vers les montagnes. Les maisonnettes que j’avais aperçues se trouvaient près de celles-ci et nous aurions pu les rejoindre sans trop de difficulté. Un grognement nous arrêta dans notre marche, les feuilles s’agitaient sous l’appétit d’un reptile. CE reptile était de la même carrure que celui qui éventra Hilmar sur la plage. Sans un bruit, Choix et moi passèrent de l’autre côté du chemin d’eau pour éviter une rencontre avec l’animal écailleux. Un bruit d’éclaboussure me fît tressaillir, Deneb venait de s’écraser -lamentablement- dans le ruisseau après avoir tenté de nous rejoindre. Le reptile ne prit pas le temps de réfléchir et s’élança à notre rencontre. Les arbres se penchèrent dans son élan, sa queue fouettant tout arbuste présent. Notre course ne fût pas vaine et j’entrepris de crier à Choix de tourner car la monture des hommes-lézards ne semblait pas prendre les virages avec beaucoup d’expérience. Deneb s’éloigna légèrement du groupe et c’est le jeune sorcier qui fût pris pour cible par l’animal. Il courrait bien, mais dans son essoufflement, je pus comprendre que ça ne durerai pas. Empoignant mes deux couteaux, je me jetai sur la créature. J’avais d’abord voulu simplement la blesser, mais à la place, je dus faire face à un « rodéo » acharné. Je me tenais à son cou, m’appuyant sur les flancs de la bête pour ne pas tomber et manquer d’être piétinée. Je fermais les yeux en priant des dieux qui n’existaient pas de venir à mon aide.
Lorsque les secouements ne firent moindres, j’ouvris les yeux pour apercevoir Deneb qui s’apprêtait à abattre le lézard. Toujours accrochées, je hurlais qu’il ne fallait pas le faire. Sous mon étreinte, l’animal se calma, exténué. Mes yeux rencontrèrent les siens et je pus lire une certaine rage contenue, cependant, il ne m’attaqua pas. J’enlevai une jambe de sa peau d’écaille tout en le tenant. Aucune réaction. Je descendis finalement et il ne broncha pas. Je me penchai sur sa nuque et une ancienne trace de corde me fît comprendre qu’il avait été dompté auparavant. Je n’avais pas fait de magie contrairement à ce que me demandais le copiste.

Dressée sur ma nouvelle monture, je gardais mes plaintes pour moi. Le frottement continuel dû au mouvement de l’animal déchiqueta mon pantalon de quelques lambeaux de tissu. Je tentais de faire abstraction de ma peau se mettant à nue mais à chaque agitation, une sensation de brûlure me tenaillait. Je ne voulais pas passer pour une pleurnicharde devant mes deux amis.
Après une longue (tout est relatif) route dans le silence, nous aperçûmes des barrières de bois surplombées de… têtes blondes. Les mouches grouillaient dans un bourdonnement assourdissant et c’est après réflexion que je me rendis compte que Dalyne était blonde ! Je fus prise d’un haut le cœur et Deneb se proposa à approcher le campement. Le village qui se portait face à nous était de taille moyenne, aux habitations de bois. Derrière le vrombissement des insectes, des sifflements parcouraient la ville et les grognements des animaux enfermés laissaient comprendre qu’il nous serait difficile de rentrer dans ce lieu.
Un craquement me fit tourner la tête vers Deneb… qui venait de s’écraser dans la poussière après avoir casser un des piques de bois qui servait à la barricade. Décidément, il ne savait rien faire correctement. Le sol se mit à vibrer et un assaut d’hommes-lézards, lance en main, se jeta vers le copiste. J’eus du mal à contenir ma monture et je voulus m’élancer vers les ennemis de façon « héroïque » mais après hésitation… ils étaient bien trop nombreux.
« Viiiiilma ! », mon cri résonna quelques instants. Son nom me rebuta de nouveau mais Dalyne n’aurait pas pu me répondre.
Deneb courut vers un coin de la forêt et je m’élançai un peu plus loin en apercevant Choix utiliser ses talents de sorcier. Derrière moi, un homme-lézard monté par la même créature qui me servait de cheval, s’avançait d’une vitesse impressionnante. Sur le coup, j’avais espoir de le semer mais nous avions déjà beaucoup marché et ma bête, dans un souffle haletant, tenait coup. Après quelques longues minutes à avancer dans un sentier droit, je fus rattrapé. Le lézard ennemi arracha la queue de mon destrier tandis que son cavalier tentait de m’embrocher. Je poussais ma bête à bout en voyant Choix qui n’était plus loin. « Hiiiiii ! » Un cri de surprise m’échappa. Ici, il n’y avait plus d’arbre, seulement une falaise et… le vide. Je tentai de faire demi-tour mais c’était bien trop juste et je me sentis doucement partir en arrière. Je n’avais plus le choix, me dressant sur les écailles de l’animal, j’entrepris un saut périlleux dans la poussière, quitte à m’écraser au sol. En relevant les yeux, mon reptile à quatre pattes tentait désespérément de remonter le bas de son corps sur le bord de la falaise. Dans un grognement plaintif, ses griffes arrachèrent un peu de terre avant de disparaître plus bas…
Mon agresseur dût subir le même obstacle que moi. Son animal s’accrochait du mieux qu’il pouvait à l’extrémité de la paroi rocheuse mais il ne chercha pas à s’en défaire. Empoignant mon couteau d’argent, je fonçai sur la créature et avec l’aide de Choix, nous tentions de le repousser en lui assénant des coups sanglants. Ma tunique se tâcha lentement alors que l’odeur du sang me montait au nez. Je sentais le liquide rouge couler le long de mon bras : j’avais frappé juste. A cet instant, mes afflictions me prirent de nouveau ; je voyais ma sœur prise par les soudards de l’Autre-Monde, le bruit des flammes qui crépitent, la tête blonde de Dalyne et dans ma tête résonnèrent les cris de Faenrir et Macamod.
Je frappais toujours, un peu plus fort à chaque coup, jusqu’à ce que les reptiles tombent de la falaise. Après un soupir de soulagement, Choix s’inquiéta de voir mon bras si rouge, ce n’était pas mon sang qui avait coulé aujourd’hui. Il s’empressa de passer un peu d’eau dessus.
La falaise était assez haute pour tuer quiconque sauterait mais assez basse pour voir ce qu’il s’y présentait. Un groupe d’homme regardait les cadavres des créatures écailleuses et leur regard se posa sur nous. Ils disparurent vers l’est avant d’apparaître quelques minutes plus tard vers nous.

Ces hommes portaient des armures en bambou et des peaux de félins semblables à ceux rencontré près de l’ « arbre-chat ». Leurs cheveux étaient blonds et leur peau peu bronzée pour la température de l’île. Après une courte hésitation, il n’y avait plus à douté que c’était des têtes de leur peuple qui était au village des lézards. Ils étaient leurs ennemis et devaient se partager l’île, peut être avait-il Dalyne avec eux ? Ils nous regardèrent avec méfiance quand un bruissement de feuille et un cri nous firent tourner la tête vers Deneb. Un homme-lézard tentait de le pourfendre de son arme en bois tandis que le copiste retenait l’attaque. Il n’aurait pas tenu longtemps si Choix n’avait pas utilisé sa magie pour former un bouclier d’eau entre les deux personnes. Une fois de plus, je tentais de repousser l’attaque en assénant de grands coups au lézard qui lâcha un sombre sifflement avant de rendre l’âme. Le jeune sorcier constata que la jambe de Deneb était en bien mal point et le groupe de sauvages nous mena dans leur village.
De nouveau, nous dûmes faire face à la pauvresse des populations de l’île. Tout n’était que de peaux et contrairement aux têtes empalées, c’était des poissons qui séchaient au soleil, tout de même plus agréable. On nous emmena dans la plus grande hutte du village, chez l’ « ancien ». Le vieil homme nous fît servir de l’eau pure et quelques viandes. Les sauvages n’avaient pas l’air de nous vouloir de mal, ils semblaient juste curieux. Deneb et moi essayions de nous faire comprendre, lui expliquant comment nous étions arrivé ici et la disparition de Dalyne (et Vilma).
Peu intéressé, il désigna mon couteau et je lui donnai en soupirant. Celui-ci n’écouta pas ma défense lorsqu’il utilisa le tranchant sur lui-même, et tout content de lui, il prit la lance de Choix. Un des hommes les plus costauds vint s’incliner face à lui et l’ancien lui donna l’arme qu’il s’empressa d’acclamer.
Un sourire amusé se dessina sur mes lèvres : si Faenrir avait été là, il aurait pût certainement leur apprendre certaines choses sur la fabrication du fer. Deneb semblait désemparé, presque agacé et le voir dans cet état me fît de la peine.
L’ancien retira un de ses colliers de dents de requin et prit la main du copiste pour mêler son sang au sien. Il s’écria alors qu’il pouvait le comprendre, et nous furent les seconds à subir ce traitement. En effet, les paroles du « Chef des Tourals » nous étaient claires maintenant. Il put nous designer les hommes-lézard comme les « Schiss », des animaux sauvages qui se nourrissent de chair humaine. Je ne comprenais pas tout sur l’histoire et les limitations du territoire, la seule chose que j’eus retenue : c’était que Vilma et Dalyne allait sûrement être mis en sacrifice dans trois jours. Trois jours ! Le seul moyen de les récupérer aurait été de profiter de cet instant de fête qui n’arrive que tous les ans. Les Schiss étant de grands consommateurs de drogues, nous aurions pu nous mêler à eux dans l’espoir de retrouver ma douce poupée blonde. Enfin, c’est ce que je croyais.

Plus tard, dans la soirée, Choix observa la jambe blessée de Deneb et conclut qu’un muscle avait été froissé. Il lui administra une plante qu’il avait trouvée sur la route après l’avoir diluée dans l’eau. Le copiste affirma aller déjà mieux jusqu’à qu’il s’écrit « Dalyne ! », sans rien dire de plus, il s’élança vers la sortie de la hutte et Choix et moi le suivirent, étonnés. Deneb s’avançait dans l’eau et le sorcier s’empressa de le ramener vers la berge, il délirait visiblement. Choix lui avait donné la drogue qu’utilisait les hommes-lézards, c’est pleine de reproches que je partis dormir de mon côté, avec les femmes du village.
Je m’inquiétais pour Deneb, il n’allait pas bien et je craignais qu’un mal le ronge en plus de la drogue. Dans mes souvenirs, je le voyais sourire timidement à Vilma et rire aux taquineries de Faenrir. Depuis que nous étions ici, aucune joie n’avait traversé son regard. Etait-ce ma compagnie ? Je n’étais, certes, pas très blagueuse ni aussi rayonnante que… non. Je n’avais pas offert de ma « splendeur » non plus.

Le lendemain, il fallut nous décidé à partir : deux choix se posèrent à nous. Le copiste voulait retrouver nos compagnons avant de partir vers les montagnes alors que le sorcier proposait de partir tout de suite vers celles-ci. J’eus bien du mal à me décider mais je fus poussée à rejoindre l’avis de Choix. Je ne voulais pas faire confiance à Deneb, il avait déjà fait « ralentir » le pas, nous a mis en danger à maintes reprises et n’était sûrement pas apte à prendre une décision résonnée.
Nous marchâmes durant une bonne journée et demie avant d’atteindre les montagnes. Les Schiss préparaient déjà des campements et il y avait à coup sûr des prisonniers avec eux. Deneb partit de son côté, en éclaireur. J’avais d’abord voulu le retenir de peur qu’il nous attire des ennuis mais il m’en aurait sûrement voulu. De mon côté, la végétation était plus dense et silencieusement je me faufilais entre les arbustes pour approcher des cages lorsqu’un cri me coupa le souffle. Faenrir venait d’injurier un homme-lézard après lui avoir mordu la patte.

Je retournai au campement faire part de mes découvertes.
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Message  Pollonium Sam 16 Juin - 0:53

Je pensais que nous allions tous nous mettre en marche immédiatement pour retrouver Dalyne et Vilma. Je me trompais ! Il se passa d’abord un peu de temps pour que chacun reprenne ses esprits et analyse la situation. Je profitai de ce répit pour observer mes compagnons et le site du naufrage. Nous nous trouvions dans un petit lagon et le Forgrim était bien abîmé. Sur ses flancs de larges entailles réduisaient à néant sa flottabilité et la voile faisait pâle figure, sans compter les multiples petites avaries. Notre drakkar semblait loin de pouvoir reprendre la mer ! Heureusement pour nous il était échoué assez loin du rivage pour ne pas risquer d’être immergé à marée haute.

Mes compagnons eux non plus n’étaient pas en grande forme. Des brûlures dues au soleil, des irritations provoquées par le sable et le sel de la mer, des contusions diverses et beaucoup de fatigue. Sans compter l’atroce disparition de Hilmar qui avait porté un rude coup au moral. Si nous ne voulions pas sombrer il fallait s’occuper et réagir rapidement.

Tandis que les autres rassemblaient leurs effets et leurs esprits je demandais à Imikis d’inspecter les abords du navire pour trouver la piste de nos disparues et de nos agresseurs. De mon coté j’allai chercher une de nos voiles de rechange sous le pont du Forgrim. Je l’utilisai pour envelopper la dépouille de notre capitaine. Le crocodile, qui en fait était un varan comme je l’apprendrai bien plus tard, avait horriblement mutilé le corps. Je fis de mon mieux pour réprimer mes hauts le cœur et ne pas vider mon estomac et c’est tremblant et les larmes aux yeux que j’achevai ma besogne. Je ne pouvais pas laisser un de nos compagnons en proie aux charognards. Personne ne semblait avoir prêté attention à mon émoi et je m’en sentais soulagé mais également un peu blessé. Personne ne se souciait donc de moi ?

Après ce bref moment d’introspection je commençai à ramasser des pierres pour couvrir la dépouille et son linceul improvisé. A bien y penser une voile de navire était peut-être appropriée pour entourer le corps d’un marin. Au bout de quelques instants mes compagnons comprirent ce que je faisais et vinrent m’apporter leur aide. Je pense que cet exercice fut bénéfique chacun en profitant pour faire silencieusement ses adieux à notre défunt capitaine. Cette funeste besogne étant accomplie je me préparai à partir à la rescousse de notre duchesse. Nous n’avions que trop traîné !

Imikis avait effectivement trouvé les traces de notre agresseur et d’autres similaires partant dans une autre direction. Comme nous n’avions trouvé aucune trace de Vilma et de Dalyne sur la plage il semblait juste de supposer que c’était cette deuxième créature qui les avait emportées. Tout du moins je l’espérai car sinon leur corps se trouvait au fond des flots. J’étais en train de me rapprocher de l’orée de la jungle quand je me rendis compte que tous mes compagnons ne partageaient pas mes préoccupations. Imikis nous signifia clairement que pour lui il était plus urgent de réparer le bateau. Macamod et Fenrir se rangèrent derrière lui.

Je ne pouvais me résoudre à abandonner Dalyne et Vilma, pas tant qu’il y avait une chance raisonnable de réussir. D’un autre coté je comprenais la peur du forestier et il fallait bien avouer que dans la jungle il ne pourrait pas progresser en raison de sa jambe estropiée. Sans animosité je leur souhaitai bonne chance pour les réparations et j’emboîtai le pas à Edelweiss qui semblait aussi résolue que moi de retrouver nos deux disparues. Deneb se joignit également à nous. Il était rassurant de voir que je n’étais pas seul, mais le manque de poids lourds n’augurait rien de bon en cas de confrontation musclée.

J’estimai que nous n’avions qu’au plus une grosse paire d’heures avant que le jour ne se couche et nous pénétrâmes tous trois dans la jungle. Notre avancée fut un véritable calvaire. Il faisait chaud et très humide, les insectes pullulaient et la végétation très luxuriante nous entravait au moindre pas. A cause de ma grande taille je ne pouvais pas faire un pas sans me cogner ou m’accrocher à une racine, une branche ou des ronces. Macamod et Fenrir auraient souffert le martyr ici ! Rapidement je me réhabituais à progresser dans une végétation dense. Pour ne rien arranger la lumière du soleil filtrait à peine à travers la canopée. Je me demandais comment mes compagnons arrivaient à trouver leur chemin mais ils semblaient sur d’eux. Au bout de ce que j’estimai être une bonne heure de marche Deneb nous appela pour nous monter un morceau d’étoffe fixé sur une branche. Il s’agissait d’un morceau des vêtements de Vilma. Nous étions sur la bonne piste. J’ordonnai à Deneb de laisser le textile à sa place. Il pourrait nous aider si nous nous perdions ou pour revenir.

Motivés par notre découverte nous continuions à avancer quand nous fîmes une étrange rencontre. Je crus d’abord qu’il s’agissait d’un rocher qui marchait ! Nous nous écartâmes rapidement car la créature semblait faire peu de cas de notre présence. Tandis qu’elle nous dépassait je pus l’observer en détails. Il s’agissait visiblement d’un reptile d’un bon mètre de haut et recouvert d’une épaisse carapace. Seule sa petite tête pourvue d’un bec crochu une petite queue et ses quatre pattes griffues en emergaient. La bête progressait d’une démarche pataude mais ne semblait nullement inquiétée par son environnement. Comme je l’enviais, tous les cris d’animaux et l’obscurité m’emplissaient de peu mais je faisais de mon mieux pour que mes compagnons ne s’en rendent pas compte. Eux n’avaient pas l’air affectés, ou alors ils faisaient exactement comme moi. D’après mes connaissances la créature devait être une tortue mais je ne me souvenais pas qu’elles fussent supposées être si grosses. Nous la laissâmes partirent puis nous reprîmes notre progression.

Pendant notre périple dans la jungle je repérai ce que je pensai être des feuilles de Thamas. Je connaissais cette plante pour ses vertus réparatrices sur les muscles. Malheureusement je me trompais. Toute cette chaleur et cette fatigue avaient amoindri mes capacités de discernement, mais nous ne nous en rendrions compte que le lendemain. Avec ma trouvaille dans ma besace je me rendis compte que la nuit n’allait pas tarder à tomber et je demandais à mes compagnons de faire halte pour que nous fassions le point. Ils m’apprirent que nous avions perdu la trace de la créature que nous pistions. Nous tentâmes alors de retrouver l’arbre à l’étoffe, en vain. La nuit finit par nous tomber dessus et nous nous préparâmes à regret à bivouaquer.

Je me prononçai contre l’idée de faire un feu. Mes deux compagnons trempés et glacés me lancèrent des regards assassins. Si d’autres lézards se trouvaient non loin de nous ils ne manqueraient pas de nous trouver c’était trop risqué. Convaincu par ma logique ils obtempérèrent. Afin d’éviter les rôdeurs nocturnes je trouvai un grand arbre dans lequel nous pourrions dormir. A l’aide de lianes je me confectionnai un hamac de fortune. Edelweiss et Deneb n’eurent pas confiance en ma construction. Ils montèrent plus haut dans l’arbre et s’installèrent à califourchon chacun sur une branche à laquelle ils s’accrochèrent. Cela ne devait vraiment pas être confortable.

Malgré la fatigue je peinais à trouver le sommeil en raison du froid et des bruits inquiétants de la nature nocturne. Je commençai à m’assoupir quand un hurlement me vrilla les tympans. Edelweiss criait mais je n’arrivai pas à comprendre ses propos. Deneb la rejoignit rapidement et s’entretint avec elle. Il me signala que des fourmis agressives avaient attaqué le bras de notre amie et qu’elle souffrait atrocement. Je quittai mon hamac de fortune et me hissai jusqu’à Edelweiss que Deneb réconfortai dans ses bras. Elle me montra gênée sa blessure. Elle était enflée et je ne doutai pas qu’elle soit douloureuse. Je profitai de l’occasion pour tester un sort que j’avais étudié dans les grimoires de Sygnaelle. Une lueur verte dorée nimba mes doigts et des filaments de la même couleur se répandirent jusqu’à la peau boursouflée d’Edelweiss. Sous nos yeux incrédules le gonflement et la rougeur disparurent. La douleur aussi d’après les traits de mon amie. L’étonnement passé ils me regardèrent tous deux un peu bizarrement et je me rendis compte que je dérangeai. Je regagnai tranquillement mon lit et trouvai enfin un peu de sommeil.

A l’aube nous étions déjà tous trois réveillés. Mes deux compagnons ne semblaient pas s’être bien reposés. Je ne l’aurai pas été non plus saucissonné à une branche et en craignant de glisser toute la nuit. Je m’enquis de leurs états respectifs. Ils me répondirent qu’ils étaient prêts à repartir et commencèrent à descendre de leur nichoir. J’interrompis Edelweiss en lui demandant au contraire de grimper plus haut dans notre arbre pour avoir une vue des environs. Elle obtempéra et entreprit l’ascension avec grâce. Une fois revenue sur la terre ferme elle nous annonça qu’elle avait aperçu un éperon rocheux non loin de nous et un endroit ou elle pensait que se trouvaient des habitations. En l’absence d’autre piste nous décidâmes donc de nous en rapprocher.

Nous repartîmes don à travers la jungle, la chaleur et les insectes ne nous firent pas plus de cadeau que la veille, sans oublier la puanteur de la végétation en décomposition. L’épieu que j’avais emmené pour nous défendre se révélait très encombrant et s’accrochait partout. Nos pas nous amenèrent jusqu’à un petit ruisseau dans une petite vallée rocheuse. Nous fîmes une halte pour nous nettoyer et nous rafraîchir. Deneb, à son habitude, partit fouiner dans les environs. Il revint nous interrompre dans nos ablutions et nous demanda de le suivre. Il nous guida non loin vers une étendue dégagée au milieu de laquelle se trouvait une imposante plante. Cette dernière ne ressemblait à aucune de ma connaissance. J’étais en train de m’interroger sur la zone stérile qui l’entourait quand Edelweiss me signifia qu’il y avait un chat à l’intérieur. Effectivement un petit animal semblait enfermé à l’intérieur. On m’avait bien parlé de plantes carnivores capables de manger des insectes mais elles étaient supposées être petites et j’avais toujours pensé qu’il s’agissait d’histoires pour effrayer les enfants ! J’étais en train de prévenir mes amis de ne pas s’approcher quand je fus interrompu par un grondement. Un énorme félin nous observait en grognant, il vint lentement se positionner entre nous et l’étrange plante. L’animal mesurait plus d’un mettre au garrot et presque deux de long ! Il était très musclé et son pelage rayé fauve et noir lui conférait une apparence presque terrifiante. Malgré tout nous avions de la chance car il grognait et à ma connaissance aucun félin ne mettait en garde ses proies. Il s’agissait d’un avertissement. L’animal devait continuer à protéger son petit même si celui-ci était emprisonné dans la plante. La confrontation était inutile et dangereuse, je me fis le plus grand possible et commençai à reculer lentement sans tourner le dos au fauve pour lui montrer que je n’avais pas peur de lui et que je le laissais tranquille. Deneb fit de même mais Edelweiss appliqua les conseils que j’avais donné une éternité avant quand nous avions croisé l’étrange ours. Elle se mit à plat ventre, quelle inconscience ! Il ne s’agissait pas d’un loup ou d’un ours mais d’un félin. Devant une telle manifestation de faiblesse l’animal allait sans doute attaquer. Deneb la rattrapa et la relava tandis que j’armais mon épieu pour intercepter l’animal. Mais je ne me faisais aucune illusion si l’animal chargeait il y aurait des morts, il était impossible de stopper une telle masse de muscles. Alors que nous procédions à notre retraite la plante fut agitée de soubresaut et elle recracha le jeune félin. En l’observant je vis que ce dernier était en bonne santé et ressemblait à un jeune félin normal. Avais-je la berlue ou cette plante venait-elle d’accoucher d’un petit tigre ? C’est la tête bousculée d’interrogation sur l’existence d’une telle aberration que je repris la route. Les tigres, car c’est de cet animal qu’il s’agissait, ne nous posèrent pas de problèmes et restèrent défendre leur plante.

Nous continuâmes à remonter le cours d’eau vers les habitations repérées par Edelweiss quand nous aperçûmes un varan semblable à celui que nos agresseurs avaient utilisé. Celui-ci était en train de détruire un arbre, visiblement pour se nourrir. Il était seul et il n’y avait aucune trace des petits lézards qui chevauchaient ses congénères. Peu motivés à l’idée de combattre une bête sauvage nous fîmes un crochet pour l’éviter. Tout se passait bien quand j’entendis le bruit d’un corps tombant dans l’eau. Derrière moi Deneb venait de s’étaler dans le ruisseau. Cette maladresse avait attiré l’attention de l’imposant reptile. Il se mit à courir vers Deneb en grondant. Nous l’imitâmes, au bout de quelques mètres mon compagnon maladroit me dépassa en me disant que l’animal avait du mal à tourner. C’était certes une information intéressante, mais pourquoi diable l’avait-il ramené vers moi ? Nous nous séparâmes et je courais comme un beau diable sans pouvoir distancer le varan enragé. Au contraire il se rapprochait de moi, j’entendais se mâchoire claquer à quelques centimètres de moi. J’appliquai le conseil donné par Deneb en changeant brusquement de direction le plus souvent possible. L’animal était confus mais il ne lâchait pas prise. J’étais essoufflé et mon cœur tambourinait dans ma poitrine, je pensais mes derniers instants arrivés. J’entendis un cri d’Edelweiss et je la vis se jeter sur le dos de l’animal qui stoppa sa course. Emporté par mon élan je m’effondrai quelques mètres plus loin. Le varan semblait paralysé par l’étreinte de la jeune femme. Je lançai mon épieu à Deneb pour qu’il achève la bête et m’adossai à un rocher pour reprendre mon souffle. A notre grande surprise Edelweiss s’opposa à la mise à mort du reptile. Aussi bizarre que cela puisse paraître ce dernier était plus calme et semblait reconnaître l’autorité de notre amie. Deneb soupçonnait de la magie, de mon coté je me demandai si l’animal n’avait pas été déjà domestiqué par nos petits assaillants. Nous n’arrivâmes pas à convaincre Edelweiss du danger représenté par l’animal. Pour mettre un terme à notre conversation elle prit la tête de notre expédition assise à califourchon sur le lézard. Bien que le spectacle soit des plus comiques en raison de la démarche grotesque du duo c’est avec la plus vive attention que Deneb et moi même leur emboîtions le pas à bonne distance. Comme j’aimai que les choses aient un nom je décidai de nommer notre varan Bottines, sans savoir d’ou cette idée me venait.

La remontée du ruisseau se poursuivie. A bout de plusieurs heures nous arrivâmes a portée de vue d’un muret de pierres et de mortier. Nous étions donc à proximité des habitations détectées par Edelweiss. A en juger par les têtes fixées sur des piques à intervalles réguliers nous n’étions pas les bienvenus. Il s’agissait de têtes humaines et à la chevelure blonde. Nous eûmes un moment de panique en les apercevant car Dalyne et Edelweiss étaient toutes deux blondes. Je me rassurais en constatant que les têtes étaient plus de deux, que certaines appartenaient à des hommes et que la plupart étaient ravagées par le soleil et décomposées. Dalyne et Vilma n’étaient pas bronzées et on ne bronze pas après la mort, non ? De même la décomposition prend du temps, à moins que la chaleur et l’humidité ne la hâte à ce point. Je pris sur moi de rassurer mes deux compagnons même si des doutes subsistaient dans mon esprit. Deneb choisi de partir observer le campement pendant qu’Edelweiss et moi nous tenions prêts à agir. Nous suivions notre intrépide compagnon du regard quand nous le vîmes poser sa main sur le muret. A son simple contact il s’effondra dans un fracas difficilement manquable. Des sifflements, sans doute un moyen de communication, retentirent dans tous les coins. Bien vite Deneb revint vers nous en courant, poursuivi par plusieurs des lézards qui nous avaient assailli sur la plage. Edelweiss éperonna sa monture et se porta vers le muret. Estimant que nos adversaires étaient trop nombreux je commençai à parler à l’eau environnante pour préparer un sortilège de défense. Quelques autochtones montés sur des varans se découpèrent sur la ligne de crête. Edelweiss eu la sagesse de faire demi tour tandis que Deneb dévalait la pente à toute vitesse avec plusieurs lézards sur les talons. Lorsqu’ils furent à bonne distance je relâchai mon sortilège. Toute l’humidité de l’air se condensa instantanément et forma un véritable mur d’eau qui s’abattit sur les poursuivant. Des filaments magiques reliaient le mur à mes mains pendant que je me concentrai pour lui faire garder sa forme. Dés que Deneb eut pris suffisamment d’avance je relâchai l’eau qui s’effondra sur le sol. Il était temps que je détale moi aussi, c’était devenu une habitude ces derniers temps. Pourquoi n’avais-je pas la force et le courage de Fenrir ?

Cette fois-ci nous nous séparâmes pour ne pas faciliter la tache à nos poursuivants et nous rentrâmes tous les trois dans la végétation dense en parcourant différentes trajectoires parallèles. Rapidement je remarquai que personne ne me poursuivait ce qui était à la fois rassurant et un peu vexant. Je déportais donc mes pas vers la zone où devait se trouver Edelweiss. Je su que je me rapprochai quand je débarquai dans une trouée récente pleine de branches brisées et que je pus apercevoir légèrement devant moi le dos d’un de nos assaillant juché sur un lézard. Il semblait être le seul à poursuivre Edelweiss et derrière moi je ne voyais pas de renforts. M’armant de courage je m’élançai à sa suite en priant pour qu’il ne me remarque pas. Pour me débarrasser de lui il faudrait que je recoure à un sortilège plus puissant. J’avais déjà réussi à l’utiliser, mais pas en situation de stress et cela m’avait pris beaucoup de temps. Pourtant cette fois je ne pouvais pas échouer. Nous sortîmes de la végétation et à quelques mètres devant nous se trouvait un précipice. D’après l’horizon la mer ne devait pas être bien loin de son pied. Edelweiss gisait au sol et tentait de se relever, il n’y avait aucune trace de Bottines. Je suspectai que l’animal se soit jeté du haut de la falaise et qu’Edelweiss avait réussi in extremis à éviter le même funeste destin. Notre assaillant avait lui réussi à stopper sa monture tout au bord du précipice. Je n’aurai pas de meilleure occasion, je concentrai ma magie et la relâchai. L’effort failli me faire perdre connaissance et je cru un instant que les esprits de l’eau n’obtempéreraient pas. Pourtant je parvins une nouvelle fois à condenser l’humidité de l’air si abondante et je la projetai violemment sur le cavalier. Il fut sonné par le choc c’est indéniable mais il ne chuta pas de la falaise comme je l’espérai. J’aurai peut être du viser la monture ! Edelweiss profita de l’ouverture et se jeta, armée d’un simple couteau, sur le duo de reptiles. Tandis que je me rapprochais avec ma lance la peur au ventre je vis plusieurs gerbes de sang éclabousser les combattants. Nos ennemis finirent par tomber dans le vide sans que je puisse porter un seul coup efficace. J’étais vraiment inutile pour mes compagnons, c’était à se demander pourquoi ils me toléraient dans leur groupe.

J’inspectai avec vive inquiétude Edelweiss qui était couverte de sang pour découvrir avec soulagement qu’elle ne souffrait que d’éraflures, de coupures et d’ecchymoses mineures. Je l’aidai à reprendre pieds et me dirigeai vers le précipice pour vérifier que nos ennemis avaient bien péris. Ils gisaient une vingtaine de mètres plus bas et ils n’étaient pas seuls. De nombreux humains nous regardaient perplexes. Ils étaient tous blonds et bronzés. Ils étaient vêtus et équipés très sommairement. Ils s’adressèrent à nous dans un langage qui nous était inconnu et nous désignèrent le coté de la falaise. Plusieurs commencèrent alors à longer cette dernière. Ils devaient se diriger vers nous. J’estimai que les têtes que nous avions vues sur piques du village des lézards appartenaient à des membres de cette peuplade. Comme nous venions d’occire un lézard ils seraient, je l’espérai, amicaux.

En les attendant je me rendis compte que nous n’avions plus de nouvelles de Deneb. N’ayant pas trouvé d’autre solution je pris une profonde inspiration puis hurlai à plein poumon son nom. Aucune réponse ne nous était parvenue quand les autochtones blonds nous ont rejoint. Ils n’avaient pas l’air agressifs mais se montraient méfiants. Je demandai à Edelweiss de se montrer le moins agressif possible et je fis de même. Nous étions toujours en train d’essayer de trouver un moyen communiquer quand Deneb s’extirpa de la végétation. Tous les regards se tournèrent vers lui et notre assemblée dut le surprendre car il ralentit un instant. Un lézard qui l’avait poursuivi exploita la situation et lui sauta dessus. Notre ami reçu un coup à la jambe et entama une empoignade avec son adversaire. Encore une fois je fis appel à la magie même si, je l’admets, c’était surtout pour impressionner les têtes blondes. Je conjurai un nouveau mur d’eau sur les deux combattants. Les autochtones et Edelweiss profitèrent de la situation pour larder le reptile de coups. Je relâchai mon emprise sur l’eau quand le lézard arrêta de se débattre. Elle était maintenant mouchetée de volutes écarlates. J’examinai rapidement Deneb qui se redressait en crachant de l’eau. Son mollet avait mauvaise allure mais il tenait debout. Je n’eus pas le temps d’en faire plus car les autochtones nous firent signe de les suivre.

Ils nous amenèrent jusqu’à un éboulis qui nous permit de descendre de la falaise. Nous la longeâmes ensuite sur plusieurs mètres et nous arrivâmes au village des autochtones. Sur la plage divers outils rudimentaires et petits bassins me permirent de déduire qu’il s’agissait d’un peuple de pécheurs plus que de cultivateurs. Nous nous engageâmes ensuite dans une caverne située dans le flanc de la falaise. On nous conduisit jusqu’à un vieil homme qui devait être une sorte d’autorité locale. Nous essayâmes de communiquer mais tous nos efforts se révélèrent une nouvelle fois vains même nos tentatives de dessins. On nous fit porter des vivres et des boissons et nous pûmes nous remettre de nos émotions. Le vieil homme se montra particulièrement intéressé par nos objets en métal. Il se saisit d’une des dagues d’Edelweiss et s’entama la peau comme pour juger de son tranchant. Le voyant ainsi blessé je m’approchai de lui et utilisai un sort pour refermer la plaie. Le phénomène ne sembla pas le choquer. Il restait fasciné par la dague, le métal ayant comme un effet hypnotique sur lui. Mon épieu possédait lui aussi une pointe en métal et il ne me servait guère a bien y penser à part peut être pour me rassurer. Je le pris à deux mains et le déposai dans les mains de l’ancien. Il fut ravi par mon présent, il joua un peu avec puis le tendit à un jeune homme athlétique vêtu d’une peau de tigre, le chef de leurs guerriers sans nul doute.

L’ancien recommença alors à s’entailler la main et il fit perler son sang sur une dent. Il fit alors de même avec Deneb. Je commençai à me demander si tout cela n’allait pas mal finir quand Deneb nous annonça qu’il comprenait maintenant les paroles de nos hôtes. Edelweiss et moi même l’imitèrent et magiquement les mots prononcés dans la grotte prirent un sens. Il s’ensuivit une longue discussion où nous en apprîmes plus sur ces sauvages blonds. Ils se nommaient eux même les tourals et comme je l’avais deviné ils étaient tournés vers la mer et la pêche. Ils semblaient révéré un dieu ou des dieux aquatiques et je soupçonnait leur ancien d’être une sorte de guide spirituel et de prêtre. Deux campements de tourals étaient établis sur l’île mais les deux ne communiquaient pour ainsi dire pas entre eux. De surcroît aucun toural ne se risquait à pénétrer dans la jungle sans une bonne raison. Dans celle ci vivaient pas moins de cinq tribus de féroces shiiss, les lézards qui nous avaient tant de problèmes. Les shiiss et les tourals étaient dans un conflit sans fin depuis des temps immémoriaux. Pour faire écho aux têtes de tourals sur les piques du village shiiss des peaux de shiiss étaient disposées un peu partout dans les cavernes des tourals. Si individuellement les shiiss possédaient une meilleure technologie et une meilleure organisation les conflits entre leurs clans mettaient un frein à leurs ambitions. D’après ce que j’avais observé des deux cultures je ne doutais pas qu’une alliance de shiiss balayerait tous les tourals de l’île en un bref instant. A moins peut être que l’autre communauté toural soit plus avancée et nombreuse que celle qui nous accueillait. En échange de nos objets de métal on nous proposa des épouses mais nous déclinâmes poliment et nous réorientâmes la discussion sur nos compagnons disparus. Les tourals n’avaient rien à nous apprendre sur eux. Mais ils nous apprirent que les shiiss exécutaient toujours leurs prisonniers humains. La nouvelle me frappa comme une massue quand l’ancien continua ses explications. Il y avait une exception. Lorsque la lune rouge brillait seule dans le ciel les shiiss se réunissaient pour des cérémonies dédiées à leur dieu impie. Chaque clan amenait pour l’occasion un lot de prisonnier qui serait sacrifié. Les festivités duraient à chaque fois plusieurs jours durant lesquels les shiiss stoppaient tout conflit et se comportaient étrangement sous l’effet de stupéfiants. A l’issue des cérémonies il était dit que le dieu des shiiss se manifesterait et sortirait d’une sorte de porte. Tout cela était bien mystérieux mais nous redonnait espoir car de telles cérémonies devaient se dérouler dans les trois jours. Nous remerciâmes les tourals pour leur hospitalité et leurs conseils et nous nous préparâmes à dormir.

Avant de nous coucher j’insistai pour m’occuper sérieusement de la jambe de Deneb. Les muscles étaient atteints ce qui se révéla une aubaine car j’avais justement trouvé des herbes pour guérir ce genre de blessure. Je préparai donc une infusion et l’administrai à notre blessé. Il se remit aussitôt debout, je m’émerveillai alors de l’incroyable pouvoir de ces herbes. Il n’en était rien, j’avais commis une terrible erreur ! Deneb nous tint des propos incohérent à propos de Dalyne, de feu le duc et de corvée de patates. Il délirait et déambulait n’ importe où comme fou. Quand il commença à rentrer dans la mer en pleine nuit je me résolu à le ceinturer et à le ramener de force dans la caverne des tourals. Je réussi sans grosse difficultés. La plante que je lui avais donnée n’était pas du thamas mais un puissant hallucinogène. Je me fis la réflexion que les lézards devaient sûrement consommer cette plante pour leur cérémonie. Voyant notre désarroi devant l’état de nos amis les tourals vinrent nous proposer leurs remèdes. Ils lui administrèrent une autre infusion pour combattre les effets de la feuille de gort que je lui avais servi. Ils appliquèrent aussi un cataplasme sur sa jambe. La nuit ne fut pas de tout repos mais la fatigue aidant nous sombrâmes tous trois dans le sommeil.

Au petit matin Deneb avait une mine atroce et visiblement il souffrait de contrecoups de ma médecine. Qu’avais-je fait ? Il finit tout de même par avoir l’esprit assez clair pour qu nous discutions de la marche à suivre. Si les tourals ne se trompaient pas nous disposions de deux jours avant que les shiiss ne commence leurs rituels. Il nous faudrait au moins un jour pour rejoindre le Forgrim et prévenir les autres puis il faudrait à nouveau un jour pour aller jusqu’au lieu saint des reptiles. Il nous faudrait aussi un jour pour y parvenir depuis le campement des tourals. Il était donc possible d’aller chercher Fenrir et les autres, mais n’importe quel imprévu risquer de nous retarder et de coûter la vie à Dalyne et Vilma. Enfin si elle n’étaient pas déjà mortes. Par ailleurs je n’avais aucune certitude que nos trois compagnons restés au bateau seraient partants pour aider. Ils n’avaient déjà pas voulu s’aventurer dans la jungle après tout.

Si par contre nous dirigions directement vers le lieu de rassemblement des shiiss nous pourrions quand même parer à d’éventuels imprévus et nous aurions ensuite un peu de temps pour faire de la reconnaissance et nous préparer. De toute façon six bras de plus faisaient-ils une vraie différence contre cinq clans de lézards cruels ? J’exposai mes réflexions à mes deux compagnons. Deneb n’était pas du tout d’accord avec moi et était partisan du retour au Forgrim. Devant l’impossibilité de nous accorder nous demandâmes à Edelweiss de trancher. Visiblement elle s’y refusait et ne parvint pas à s’exprimer clairement. Pendant un instant je me demandais même si elle n’avait pas consommé une faible dose de gort tant ses réponses étaient incohérentes. Elle finit tout de même par abonder dans mon sens. Je pus lire une réelle tristesse dans le visage de Deneb, mais il se plia à notre avis.

Nous remballâmes nos affaires et nous ravitaillâmes chez les tourals. Ils nous proposèrent des armures de bambou que nous déclinâmes. Leur utilité était à mes yeux trop limitée au regard de l’encombrement et du tintamarre qu’elles imposaient. Une nouvelle fois nous nous déplaçâmes dans la jungle hostile mais cette fois aucun accident et aucune rencontre étrange ne vinrent perturber notre périple. Nous trouvâmes les empruntes d’un important groupe de shiiss et de varans, preuve que nous progressions bien dans la bonne direction. Nous les suivirent et elles nous amenèrent jusqu’à un imposant rassemblement de sauriens. Des structures en pierre permanentes s’y dressaient ainsi que des enclos et des campements. Ne souhaitant pas nous faire remarquer nous partîmes nous cacher à bonne distance dans la végétation. Après avoir posé nos affaires je me retrouvai seul à méditer car Deneb et Edelweiss partirent en éclaireur chacun de leur coté. Tout cela n’allait pas être une partie de plaisir. Et quelle était cette créature, ce dieu qui devait surgir dans quelques jours ?
Pollonium
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