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Sous le sable du temps.

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Sous le sable du temps. Empty Sous le sable du temps.

Message  naev Dim 17 Juin - 22:37

Nos aventuriers s'apprêtent à quitter leur île.
Voici comment tout se déroula.
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Message  naev Lun 18 Juin - 11:50

L'extrait de ce journal a été découvert par des voyageurs dans un sac à bandoulière au cœur d'un trésor laissé par le maitre de l'oasis en fuyant.
Ses mots sont ceux de l'ancien propriétaire dont le destin ne fut pas glorieux si on considère les traces de sang séchés qui ont imbibés et presque détruit ce qui reste de ce livre.



Mon nom est Mutnodjmet Arrhidaeos. Je suis né en l'an 6012 du 3ième Ere dans le royaume de Fey.
J'ai grandi avec mes frères et sœurs au abord du désert et notre cité-état était source de plaisir et de loisir.
Avec mon frère Heruben, nous avons profité pleinement de tout ce que notre vie nous apporta. Et bien sur cela n'entra pas en accord avec notre père.
Lui qui passa son existence à travailler pour subvenir à ces trois femmes et ses quatorze enfants ne compris pas pourquoi nous nous laissions porté par une vie d'insouciance. Même jusque sur son lit de mort je crois qu'il cherchera à comprendre pourquoi deux de ces enfants choisir cette vie.

Et ce fût là que d'une vie de plaisir nous dûmes affronter une vie de galère. Plus de toit, plus de pain, plus de linge. Nous passions à l'état de beau et fier jeune homme à celui de piètre voleur prêt à tout pour manger.
Je crois qu'aussi dur que fût la leçon c'était ainsi que Père cherchait à nous faire comprendre le prix du labeur en attendant notre retour à la maison. Pour chaque jour passé à nos petits larcins, nous risquions de perdre une main voir la tête par les hommes du Hadjib.

C'est surement ce qui de fil en aiguille nous mena à notre destin car voilà trois semaines, Ibrahim m'apprit avoir prit une information importante afin de se remplir les poches.
Le Cheikh de Fey aller participer à une cérémonie avec la majorité de ses hommes en l'honneur de l'envahisseur qui prenez la gouverne de notre ville. Une de ces courbettes pour leur faire croire que nous acceptions de bon cœur de passer de ville libre à cité sous l'autorité de nos voisins. Une manœuvre de mariage habillement mené pour annexer notre territoire.
"Bref une cérémonie qui laissera un palais libre pour des furets comme nous". Tel furent les mots de mon frère.
De furets bien maladroit ma foi. A peine avions nous pénétré dans les murs que nous fûmes repérés et pris en chasse par les gardes. Une course poursuite au travers les salles de dalles blanches de la demeure comme celle que raconté ma mère lors des contes pour enfants.
Nous avions réussi à peine a prendre quelques objets sans grande valeur que déjà nous sautions hors des murs du Cheikh.
Notre maigre butin, nous nourris quelques jours. Nous prîmes même le luxe de profiter du hammam de Djehutimes. Bains, massages et caresses dans les nuages d'opium furent comme un retour à notre vie d’insouciance du temps ou ....

Alors que nous cherchions à revendre les derniers trésors de notre escapade, Ibrahim porta son attention sur un livre qu'il avait dérobé sur une table du maitre des savoirs. Ce petit manuscrit à la couverture de cuir rouge semblait recéler des informations sur un ancien lieu de culte aujourd'hui abandonné. Cela parlait de l'oasis de Khalib, le lieu ou, voilà des centaines d'années, les cinq dieux anciens à tête d'animaux étaient prié en pèlerinage. Notre imagination nous porta loin, nous nous imaginions relevant des sables anciens des trésors abandonnés là avec l'oubli de ces dieux oubliés. Mon frère parla une nuit complète de ce que nous pourrions faire avec ces trésors. Il parla, parla, parla et je l'ai écouté les yeux noyés dans les vapeurs de la fumerie ou nous étions réfugiés.
Le livre était assez clair pour que nous établissions des notes précises sur une route à prendre. Et dans notre recherche discrète, nous mettions de coté ce qui nous servirait pas.

Alors que j''écris ses mots à l'ombre du rocher de l'oasis de Khalib que nous avons fini par trouver, mais tout n'est que ruines et sables. Je crois que nous aurions dû tout prendre en compte. Même les légendes.
Mon frère se repose prêt de moi pendant que je monte la garde. La nuit est sombre et pourtant je sens sur nous des regards étrangers. Demain j'espère convaincre Ibrahim que notre voyage était peu être pas une si bonne idée que ça. Nous avons mûrit, je suis prêt à rejoindre Père est m'excuser. Je veux qu'il devienne fier de nous.
Demain, je veux qu'on rentre à Fey.
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Message  Mathieu Sam 30 Juin - 18:50

La nuit écarlate


Les émotions passées, nous primes le temps d’échanger le plus d’informations possible, en traçant un plan dans la terre meuble pour faire apparaitre la disposition des camps, et en parlant de l’étrange silhouette affublée d’un masque funèbre que j’avais aperçu plus tôt. Je commençais à utiliser la boue à proximité de la rivière pour masquer la pâleur de ma peau, et j’invitais mes compagnons à en faire de même. Drogués, il y avait peu de chance que les Schiss puissent nous différencier des leurs. Pendant cet exercice, un long frisson me parcouru. Etait-ce la drogue qui faisait encore effet, ou s’agissait-il du puissant remède qui m’avait détraqué ? Edelweiss et Choix s’enquirent de mon état en me voyant m’arrêter net, grimaçant, mais je pris soin de ne pas nourrir leurs inquiétudes. Il devenait urgent de se décider, car tout portait à croire, dans l’activité des créatures et avec l’arrivée de ce mystérieux squameux, que les rituels allaient commencer.
Nous ne pensions pas si bien dire : alors que nous nous dévisagions une nouvelle fois, espérant voir des lèvres s’entrouvrir sur un plan astucieux, les premiers tambours résonnèrent pendant que la nuit tombait. Il était trop tard, et notre impuissance à trouver une solution nous condamna à agir en hâte. Je pris le pas, car nous ne pouvions pas continuer à nous regarder sans agir. Edelweiss me suivi rapidement, Choix hésita, probablement car il ne se sentait pas à l’aise pour se déplacer discrètement. Je ne lui aurais pas reproché de rebrousser chemin, car mon cœur battait au rythme des percussions endiablées. La montée vers le plateau fut pénible. Nous devions intervenir promptement, avec cependant la contrainte de ne pas nous faire voir : chaque précaution prise en ce sens retardait nos ambitions et ébranlait toujours plus mon sang-froid. Pour ne rien arranger, les glaciaux frissons se faisaient plus nombreux tandis que je transpirais de nervosité.

Soudain, un cri féminin, suivi de hurlements rageurs retinrent notre attention : plus loin, sans toutefois en avoir la vision, Vilma semblait être emmenée, et Macamod tempêtait, apparemment encore captif. Une étrange sensation remonta depuis l’estomac jusqu’à la gorge : l’un des nôtres serait tué bientôt. D’abord paralysé, il me fallut du temps pour me résoudre à observer le terrain : les camps bondés de lézards vociférant semblaient presque désertés, seules quelques sentinelles étaient à l’appel, et elles semblaient tout à fait alertes, contrairement à ce que j’imaginais. Pendant ce long moment où le temps nous semblait élastique, nous restâmes à contempler le camp. La lune écarlate et les brasiers offraient à cette scène une allure malsaine : au loin, un grand attroupement de squameux baguenaudait sinistrement dans cette atmosphère de cris et de pleurs. Par moment, tous se bousculaient pour obtenir quelque chose dans un concert de grognements, et les plus inhibés tombaient lourdement au sol dans des gerbes de salive. Entre deux colonnes massives, des petites lumières commençaient à apparaitre, flottant lentement et s’intensifiant au fur et à mesure. Très certainement, il devait s’agir de la porte par laquelle passerait le dieu funeste.
Sans doute trop avancé et obnubilé par ces évènements macabres, je manquai, malgré l’avertissement d’Edelweiss, le Schiss qui s’approchait de moi. Tétanisé, je regardais cette tête qui était à quelques centimètres de moi. J’aurais presque juré sentir sa langue sur mon visage. Je m’apprêtais à dégainer, mais la créature, tout en me regardant avec absence, continua d’un pas mal assuré son chemin en direction de la foule. Mon cœur repris un rythme convenable et ma vue se reprécisa. Cela ne semblait pas avoir attiré l’attention des gardes.

Quelques Schiss du camp où étaient retenus Imikis et Faenrir regardaient le rituel avec intérêt. Trois autres plus belliqueux, étaient afférés à freiner les ardeurs de Faenrir : fidèle à lui-même, il tentait par tous les moyens de défaire ses liens malgré le filet qui l’entravait, et en dépit des coups que lui donnaient ses geôliers. Sa détermination nous redonna un peu de courage, et alors que je commençais à étudier un plan pour les secourir, un nouveau cri déchirant se fit entendre. Vilma, hissée par deux cordes au-dessus de l’autel, recevait déjà les premières tortures visant à recueillir son sang. La femme qui m’avait offert le plus de chaleur allait sans doute s’éteindre dans les plus affreuses conditions. Ces bêtes allaient crever pour ces atrocités. Sans attendre d’avantage, j’emboitai le pas vers le campement. Seule Edelweiss semblait me suivre. Furtivement, j’enjambais le muret avec plus de précaution que la dernière fois, me dirigeant vers la cage de bambou de nos camarades, où un des Schiss m’offrait sa nuque. Le coup allait partir, mais la voix de Choix me fit tressaillir : provoquant et injuriant les hommes-lézards pour nous offrir une opportunité, le contraire se produisit, puisqu’en voulant se saisir de sa lance, le Schiss croisa mon regard. Ma lame peina à pénétrer la peau écailleuse, mais le ton était donné : l’un de nous deux y laisserait sa vie. Les deux autres Schiss sortirent : Edelweiss engagea l’un deux, tandis que le second se dirigea vers moi. Par chance, les Schiss peu assurées se regardaient dans le blanc des yeux, incapables de prendre une initiative. Profitant de la confusion, je repassais derrière les enceintes du camp, trop maladroitement cependant pour atterrir sur mes jambes, si bien que les lâches en profitèrent pour me porter un coup qui pénétra douloureusement mes chairs. Je me croyais mort, quand une ombre massive saisit l’un des squameux pour l’embrocher d’un coup de dague : Faenrir semblait se repaitre de la terreur de l’homme-lézard qui, voyant son compagnon s’effondrer dans son sang, sifflait et crachait en reculant. Derrière lui, Choix libérait Imikis qui était quant à lui inconscient. La panique me permis de contourner la bête et de lui offrir un coup qui, de concert avec les attaques Faenrir, la mit à terre sans difficulté. Sans prendre le temps de voir si nos attaques avaient été fatales, nous chargeâmes le dernier Schiss qui n’eut pas le temps de lutter. Edelweiss semblaient elle aussi bien blessée. Choix nous soigna comme il put. Au loin, les étranges lueurs rouges commençaient à se condenser…

Vilma poussa un hurlement déchirant. Sa tête dodelinait tandis que les Schiss continuaient de la lacérer. Macamod hurlait de plus belle. Je cherchais, en vain, une solution pour enfumer l’attroupement. Faenrir ne pris pas la peine d’élaborer un plan, et s’approcha de la foule, suivit par Choix. Ce dernier avait probablement une idée en tête pour interrompre le rituel, et d’un regard approbateur, Edelweiss et moi nous séparâmes pour contourner la foule et pour nous rapprocher de l’autel, en longeant les flancs des deux pics. Imikis suivait la fougueuse jeune femme malgré sa jambe folle, et se débrouillait étonnamment bien.
Cette fois-ci j’étais seul, et je craignais une nouvelle maladresse qui m’offrirait à la foule hargneuse. Celle dernière s’agita vivement : sous mes yeux horrifiés, l’un des corps sacrifiés par l’étrange chaman aperçu dans la journée fut jeté dans la masse avide qui s’empressa de déchiqueter et de dévorer le corps. Je détachai le regard dès les premières morsures pour me concentrer sur mes jambes qui se dérobaient dangereusement. M’accroupissant à l’arrivée, le rituel m’apparaissant très clairement. Deux Schiss s’occupaient de maintenir un homme, et un troisième lézard, bien armé, gardait les prisonniers de mon côté. C’est avec effroi que je vis que le prochain sacrifice était une enfant : Dalyne. Vilma, blanche, avait repris un peu de vigueur, et insultait de ses dernières forces ses bourreaux. Bouillant, j’attendais l’opportunité que Choix nous offriraient.

Faenrir n’eut pas cette patience. Des Schiss armés se retournèrent promptement en direction de l’armurier, qui égorgeait son troisième Schiss. Je suivais des yeux les lances des gardiens dans la foule, mais bientôt je les perdis de vue : un épais brouillard se formait près de l’autel, ce qui ne manqua pas d’attirer mon attention sur les lueurs qui avaient cédé place maintenant à une grande surface lisse et lumineuse.
Dalyne était maintenant probablement aux mains du maitre de cérémonie. Profitant du brouillard impénétrable, j’accourus vers les prisonniers. Elle manquait à l’appel, mais Macamod, empêtré dans un filet, me reconnut. D’un grand coup sec, j’entrepris d’ouvrir le filet, mais je ne pris pas le temps de vérifier si cela avait été efficace : dans quelques instant, le sang de Dalyne se mêlerait à celui des Tourals. Avant que je ne puisse distinguer le chaman, une lance fendit l’air trop vite pour que je puisse l’esquiver totalement. Un violent coup dans le dos me projeta pendant ma roulade vers l’autel. En me relevant, il me sembla apercevoir Edelweiss qui tenait quelqu’un dans ses bras. Alors que je sortais mon arme, derrière moi, l’imposant Schiss qui gardait les prisonniers me chargeait déjà. Son coup d’estoc m’effleura pendant que j’enjambais l’autel. Saisissant sa lance et la tirant vers moi, je réussi à renverser la créature vers moi. Visant la nuque, je ne parvins qu’à effleurer la peau, et la créature commença à se redresser, menaçante, contractant ses muscles pour tenter de me prendre à mon propre piège. Dans sa rage, prenant appuis de sa main gauche, elle tira d’un coup sec sur son arme avec une force colossale pour tenter de m’entrainer. Ce qu’elle n’avait pas prévu en revanche, c’est que je ne tenais plus la lance. Déséquilibrée, la créature fut projetée en arrière, et traversa la porte magique. Je m’attendais par reflexe à l’entendre s’étaler de l’autre côté, mais aucun son ne sorti dans cette direction. Quelques ondulations étaient encore perceptibles sur la surface du portail, qui avait comme engloutit l’imposante menace.

Je tremblais de tout mon être : le brouillard cachait chaque menace. Pourtant, j’eu encore la force de couper les cordages qui retenaient Vilma en hauteur. Elle s’écroula au sol, comme inanimée. Quand je vins la dévisager, c’est avec un faible sourire qu’elle prononça le nom de Dalyne, avant de perdre connaissance. Son état était effroyable, et je me demandais comment un être pouvait endurer tant de mutilations sans rendre l’âme, et j’étais impuissant devant l’étendue de ses blessures.

Alors que je mettais Vilma sur mes épaules, un courant d’air me fit reculer : une main griffue avait percé le brouillard, manquant de m’arracher le visage. Macamod, qui avait réussi à se défaire de ses entraves, s’interposa et assena un coup impérieux à la créature. Tandis que ses coups fendaient l’air comme pour dissuader tout nouvel arrivant, le brouillard se dissipa peu à peu, révélant une imposante troupe prête à nous accueillir. Imikis et Macamod se battirent farouchement pour nous protéger, mais le combat semblait perdu d’avance. Comme une bête prise au piège, mes yeux s’agitaient dans tous les sens pour trouver une issue, mais rien n’était praticable en portant Vilma, et le temps que je me rende compte que ma seule chance était de se séparer d’elle, nous étions déjà acculés, Edelweiss et moi, prêt du portail, tandis qu’Imikis succombait déjà à ses blessures. Il m’était impossible de forcer le passage vu mon état, et je dû me résoudre à prendre l’une des décisions les plus folles de toute mon existence.
Complètement désespéré et aliéné, je me préparais à faire les deux pas en arrière qui me feraient traverser le portail démoniaque.


L’antre du démon


Je regrettais déjà ma décision mais il était trop tard, mon corps, entrainé par le poids de Vilma fut happé à travers le voile rouge. Un haut de cœur me prit quand d’un coup je me sentis projeté. L’image des Schiss me fixant de leur regard féroce fit place à plus terrifiant encore : une obscurité soudaine, comme surnaturelle qui menaçait de me dévorer à tout moment.
Je chutais sur un sol meuble et granuleux, mais dans la terreur, il m’était impossible de reconnaitre immédiatement qu’il s’agissait de sable. Respirer était une souffrance, l’air me manquait, et je me voyais déjà mourir, suffoquant, dans des ténèbres infinies. Tâtonnant, trainant Vilma, je tentais d’échapper à la chose qui viendrait me chercher. Un bruit, puis un cri m’auraient fait perdre connaissance si quelques instants plus tard, une voix familière ne m’avait pas appelée. Edelweiss… Edelweiss avait commis la même erreur que moi. La perspective de dépérir avec un être cher semblait plus supportable, et en l’espace d’un instant dans mon esprit, le visage irrégulier et hideux de la menace qui me guettait fit place aux doux traits de la jeune femme. Je me rapprochais péniblement dans ce sable mou, une main tendue, mais des sifflements se faisaient plus distincts et menaçants. Je reprenais mes esprits, et la situation se précisait dans ma tête : le Schiss qui avait traversé le portail était parmi nous, et la bonne nouvelle, c’est qu’il était encore vivant. Terrorisé, ce dernier fandait l’air avec son arme en se rapprochant de nous. J’entendais le souffle difficile d’Edelweiss, et Dalyne semblait asphyxier. J’attirais ce petit groupe à moi pour mettre de la distance avec la créature folle. Je craignais d’être dans un autre monde, sans limites, mais bientôt notre dos toucha une surface rugueuse. Passant ma main tremblante sur la surface, c’est avec surprise que je constatais que cela ressemblait à de la roche. Il devait y avoir une issue, un démon ou un dieu ne pouvait vivre entre quatre murs. Soudain, alors que nous progressions en longeant le mur et qu’un chemin dans la roche s’ouvrait à nous, la créature chargea, et Edelweiss s’écroula dans un cri déchirant : le schiss se tenait devant nous, grognant, presque exultant. Je plongeai, et l’estoc vint transpercer le ventre de la créature en la plaquant au sol. Soulevant et rabaissant ma lame avec acharnement, les sifflements rauques devenaient de plus en plus rares, pour ne laisser place qu’à nos gémissements. Plus aucun autre son ne nous menaçait, si ce n’est comme un souffle lointain. Le coup porté à Edelweiss avait touché sa jambe, et je ne pus que retirer précautionneusement la lance.

Fouillant dans le sac que je portais encore, je sorti une torche et l’alluma. Etrangement, la lumière porta au-delà de mes espérances, et les ténèbres me semblaient soudain beaucoup moins oppressantes. La vie d’Edelweiss ne semblait pas menacée, mais sa jambe était mal en point. Je regrettais de ne pas maitriser la magie de choix, car je ne pus ni soigner Edelweiss, ni soulager Vilma qui gémissait, fiévreuse. Dalyne, bien que crasseuse, était quant à elle saine et sauve. Rassemblant mes forces, je me mis à faire apparaitre un repas pour restaurer notre petit groupe qui était à bout de force. Contrairement à ce que je m’attendais, je ne parvins pas à faire l’un de mes plats habituels. A la place, un drôle d’animal cuit se forma depuis mes mains : je pensais que c’était de la même espèce que les renards de Lakiaa, mais ses très grandes oreilles me firent douter de ma magie. Etait-ce seulement comestible ? Je m’y risquais : la viande était dure à avaler, mais chacun prit sa part sans rechigner. Je tentais de faire manger Vilma, mais cela paraissait impossible sans l’étouffer.

J’examinais à présent la pièce qui semblait hors de danger : plutôt petite, elle laissait apparaitre en son centre un vieil autel, et plus loin une statue impressionnante d’homme-lézard étrangement vêtu. La fouille ne laissait rien entrevoir d’utile quand une forme bombée sous le sable attira mon regard : un sac était déposé au sol. En tirant dessus, je fis remonter un cadavre humain desséché qui manqua de me faire pousser un cri d’effroi. Je m’attendais à ce que dans ce monde démoniaque la forme se relève, mais rien de tout cela. Prenant mon courage à deux mains, je pris le sac en écartant les bras de l’homme qui se déboitèrent dans un craquèrent écœurant. Un parchemin étrange, une grande toile, du matériel d’escalade plutôt élaboré, ainsi qu’une gourde contenant un liquide puant, probablement de l’eau croupie, étaient les seuls objets à peu près dignes d’intérêt. Je remplis la gourde avec un peu de magie, puis regarda le parchemin : il était écrit dans un dialecte incompréhensible, pourtant, il me semblait que je parviendrais à en tirer quelque chose, et je le gardais précieusement. Qui sait, peut-être que la personne avait pris elle aussi le portail, et avait découvert des indices qui nous aideraient à rentrer chez nous.

Edelweiss, qui était toujours prêt de la mystérieuse entrée dans la roche, me dit entendre le bruit du vent. Alors le vent existait aussi dans cet univers ? Ou étions-nous toujours dans notre monde ? Une petite partie de moi-même restait optimiste, mais tout le reste de mes facultés était employé à notre survie dans ce cauchemar. Nous avançâmes dans le tunnel. Progressivement, l’atmosphère devenait plus soutenable, et nous primes le temps de respirer à plein poumon, ce qui ne manqua pas de nous faire tousser avec douleur tandis que nous crachions des impuretés. Le bruit de courant d’air se faisait de plus en plus important, il ne pouvait s’agir que d’une tempête au dehors. Ma torche commençait à vaciller à cause du vent, quand soudain, les reflets ambrés de cette dernière laissèrent place à un halo bleuté sur les contours de la roche. Une faible lueur nocturne éclairait le bout de notre tunnel. Au dehors, une nuit ravagée par une tempête de sable nous dissuadait de faire tout repérage. Edelweiss cru bien voir une ombre au loin, mais je soupçonnais ses blessures de lui monter à la tête. Nous retournâmes sur nos pas, et décidâmes de nous reposer au milieu du tunnel, où l’air était agréable. Personne ne se proposa pour un tour de garde. L’état aggravé de Vilma ne m’empêcha pas de tomber dans un lourd sommeil tant mon corps et mon esprit avaient été sollicités. Au petit matin, nous n’étions plus que trois.

Un autre monde ?


Après notre funeste découverte, je prenais le temps d’enterrer Vilma sous le sable, faute de mieux. Dalyne ne devait pas voir ça, je procédais donc seul, mais religieusement. Sous le sable, des dalles de pierre m’empêchaient de lui donner une sépulture aussi décente que je l’aurai souhaité. Néanmoins, ce lieu qui me semblait être un temple moins impie que prévu offrirait au corps un repère à l’abri des charognards. Et ce corps devait disparaitre de notre vue. Malgré une certaine douleur, je m’étonnais de ne pas pleurer. Par manque de force sans doute, aussi car depuis notre retour à Blanc-Flocon, les morts pleuvaient sur notre passage.

La journée se passa sans mots. Nous observions le temps dehors en nous rationnant, et en espérant que la tempête se calme. Au dehors, un soleil de plomb semblait écraser ce désert, mais seul le relief était perceptible au loin tant la tempête faisait rage. La nuit arriva péniblement, car je me sentais terriblement seul. Edelweiss s’occupait de Dalyne, et j’avoue que dans ma détresse, j’étais jaloux de la petite duchesse. Les nuits était très fraiches, et il y avait toujours ces désagréables frissons qui me parcouraient. A plusieurs reprises dans la nuit je me souviens avoir hésité à me rapprocher d’Edelweiss, mais je n’arrêtais de m’imaginer qu’elle devait me juger trop faible et coupable de ce qui nous arrivait.

Une bonne surprise nous attendait cependant le lendemain : la tempête que nous pensions infatigable commençait à se calmer. Au loin, des formes commençaient à apparaitre : un arbre ? Perdu dans mes pensées, Edelweiss m’interpella, inquiète : elle venait de voir cette ombre pour la seconde fois. Au même moment, un bruit sourd éclata en contrebas. Se pouvait-il que nous soyons envahis de l’intérieur alors que des dalles nous protégeaient d’invasion souterraine ? Un rugissement résonna dans la caverne, mais pas celui d’une bête : celui d’un puissant nordique qui appelait ses compagnons. Tandis que je gardais un œil sur l’entrée, redoutant l’ombre mystérieuse, j’entendais Edelweiss s’écrier de joie et de surprise en prononçant le nom de Faenrir.

L’oasis de Khalib


Pas d’illusions possible, notre homme fort était toujours aussi entier, et nous donna l’accolade. Quant à l’improbable raison de sa venue, elle n’était pas tout à fait claire. Incapable de s’expliquer sur ses motivations, il nous expliqua avoir « tout simplement » couru à travers le portail magique après avoir eu la certitude que nous n’avions pas été tué ou fait prisonnier. Sa loyauté était indéfectible certes, mais je commençais à rejoindre Choix dans ses réprimandes : tous autant que nous sommes, nous étions de parfaits inconscients. En tout cas, revoir ce gaillard me fit un bien fou. Selon Faenrir, Choix avait décidé de rester avec les Tourals. Une décision qui lui ressemble bien, mais comment supportera-t-il de vivre avec des hommes si simple d’esprits ?

Après nos échanges, deux faits venait nous ramener au temps présent : une bouche de plus à nourrir, et bientôt un nouveau lieu à explorer. En attendant que la tempête se calme définitivement, j’entrepris de décrypter le parchemin. Cela semblait tout à fait indéchiffrable, mais un léger picotement dans ma tête se faisait ressentir à mesure que je me concentrais sur quelques mots en particuliers. Par intuition, je passais mes doigts sur le parchemin : des lettres dorées s’élevèrent alors dans l’air, formant des mots pleins de sens. Je ne me souviens plus si c’est l’émerveillement ou ma piètre maitrise magique, mais je ne compris que peu de chose : un oasis, cinq choses que cet homme recherchait. En tout cas, il ne semblait pas être venu par le portail, et il cherchait quelque chose de vraisemblablement précieux pour risquer de mourir ici. Cela signifiait également qu’il y avait probablement une ville non loin d’ici.

Après quelques heures, le calme au dehors était revenu. Nous entreprîmes alors d’explorer les environs, sur nos gardes, quand une grande surprise nous arracha un sourire béat : à quelques mètres de nous, cachée par une dune, se trouvait l’oasis mentionné sur les écrits. Nous dûmes refreiner nos envies néanmoins : alors que nous courions nous désaltérer sans retenue, nous nous arrêtâmes net quand nous vîmes d’autres lézards baignant dans l’eau claire. A y mieux regarder, ils ressemblaient d’avantage aux lézards de monte, mais plus courts sur pate, plus plats, plus silencieux et surement meilleurs nageur. Par chance néanmoins, un bassin plus petit et à l’écart de ces prédateurs nous offrait le luxe d’un bain.
Alors que mes camarades profitaient de ce moment de détente, je ne pouvais m’empêcher de lorgner sur l’Oasis, plus particulièrement au fond de celle-ci. En dehors des reptiles menaçants, d’anciennes statues en profondeur me laissaient espérer quelques richesses disséminées. Je n’eus pas le temps d’exposer jusqu’au bout mon idée, un grand « non » très sonore me perça les oreilles, et le rire de Choix me couvrit de honte. Seul Faenrir semblait disposé à en découdre avec les lézards, mais c’était surtout pour les cuisiner…

En journée, chacun pris le temps d’explorer cette aire. Il y avait pas moins de cinq sites dont notre grotte d’arrivée faisait partie. Seul un énorme rocher au milieu de l’oasis semblait ne pas trouver sa place dans ces lieux de rites. Piqué par la curiosité, je ressorti les parchemins pour les examiner avec plus d’attention. Cette fois-ci, les mots se détachèrent en plus grand nombre pour me narrer les déboires de deux larrons qui recherchaient richesse dans cette oasis. Ils venaient de la cité de Fey. Visiblement, le premier n’avait pas fait fortune. Quant au second, il ne devait pas aller beaucoup mieux. La suite ne me fit pas sauter de joie : ils n’avaient rien trouvé de valeur ici. Grommelant, je me dirigeais vers les autres sites pour au moins m’abreuver de connaissances…

La nuit commençait à tomber, quand mon attention fut retenue par des bas-reliefs sur les piliers d’un site. Au loin, la voix d’un de mes compagnons me fit sortir de ma torpeur, alors que la situation devenait critique. Une silhouette s’était approchée trop sournoisement de moi. Grâce aux derniers rayons du soleil, je pu distinguer des traits reptiliens sous une capuche avant que la créature ne disparaisse en un éclair. Je sentais toujours présence, et quand je me retournais, une gigantesque lame s’apprêtait à me pourfendre. L’habilité de la créature était surprenante : alors que je n’avais aucune crainte qu’elle ne me touche tant j’avais preuve de réactivité et de souplesse dans mon mouvement d’esquive, sa lame ripa contre mes vêtements, manquant de tailler mes chairs. Prenant quelques pas de recul, j’alertais immédiatement mes compagnons en m’époumonant, sans quitter la créature des yeux. Le squameux arrêta net sa course. Pas qu’il semblait redouter un quelconque renfort, qui serait de toute manière intervenu trop tard, mais plutôt parce qu’il semblait avoir été rappelé à l’ordre. Il leva soudainement la tête comme piqué par une guêpe, pour finalement me tourner le dos et décamper à une vitesse folle. Malgré ma respiration saccadé, je distinguais que la créature battait le sable avec sa queue, ce qui me permis de comprendre plus tard pourquoi nous n’avions pas décelé d’empreintes plus tôt. En atteignant la grotte, un bruit nous mit en alerte. Edelweiss s’écria avant que je ne puisse voir ce qu’il se passait, mais rien dans sa voix ne laissait transparaitre de la crainte : c’était entre la joie et la surprise. Choix, habillé de lianes et de bambous, et tenant un étrange rocher dans sa main, nous salua, Edelweiss pendue à son cou.

Surpris mais heureux de retrouver notre râleur, nous accueillîmes notre ami comme il se devait. Choix nous éclaira sur sa présence : les anciens du village savaient apparemment que le portail était plus vieux que les rites Schiss et qu’il n’était probablement pas d’origine maléfique. C’était un peu confus car il ne semblait pas vouloir nous noyer d’explications, mais j’avais du mal à comprendre ses réelles motivations. A en croire les salutations d’Edelweiss, il y avait peut-être entre eux-deux une relation plus forte que le compagnonnage. Je réalisais que c’était tout à fait possible à la vue du peu de lucidité dont je faisais preuve pour percevoir ces choses, et je ne voyais pas d’autres raisons qui auraient pu motiver Choix à une telle folie. Je me gardais bien de lui faire savoir, comme je me retenais un peu de lui parler d’ailleurs : il avait piqué ma jalousie.

Plus tard, racontant ma mésaventure à mes compagnons, ils prirent la décision de partir dès le lendemain, après une journée de repos. Je m’y opposais car nous ne savions pas du tout par où aller, et parce que notre grotte et ma magie nous offraient de quoi rester un long moment. Encore une fois, personne ne pris la peine de m’écouter. Choix était d’avantage résolu à nous faire gouter l’étrange rocher qu’il tenait en main, et qu’il appelait « Noix de coco ». La question des tours de garde arriva, et chacun y mit du sien. Pendant mon tour, je revis passer furtivement la créature. Parfois, alors que mes yeux commençaient à tomber, il me semblait qu’elle s’arrêtait un court instant, mais à aucun moment elle ne se faisait menaçante.

Au petit matin, Choix nous réveilla : Faenrir qui devait veiller sur nous la dernière partie de la nuit n’était plus là. Au lieu de ça, au loin, nous distinguions une énorme créature sur le grand rocher dont la tête était penchée vers un homme… Notre homme, qui avait déserté son poste.

Un jeu d’enfant


Voyant que la bête n’était pas hostile, nous approchâmes, non sans méfiance, de l’étrange créature qui empruntait autant au règne animal qu’à l’homme : dotée d’un corps puissant semblable aux grand félins de l’île, d’un pelage ocre et d’une paire d’aile angélique, la chose qui se tenait devant possédait le visage d’un bel homme et s’exprimait dans un langage raffiné. A côté d’elle, se tenait l’homme-lézard qui m’avait menacé quelques heures plus tôt, et qui semblait lui être dévoué. A mesure que Choix questionnait la créature, nous apprîmes qu’il ne s’agissait pas du légendaire sphinx des légendes, mais d’un andro-sphinx. La différence physique, à en croire les récits, n’était pas flagrante, c’est cependant sur un tout autre point que l’andro-sphinx se distingue de son cousin.
Alors que je commençais à saisir que la créature nous reprochait d’être sur son territoire, ses lèvres esquissaient un sourire vicieux quand Choix demanda comment nous pouvions nous acquitter de notre « forfait ». Faenrir se retourna, et nous dit d’un air bien trop décontracté qu’il lui suffisait de répondre à son énigme… Sans quoi nous devions lui donner Dalyne et… Moi-même…
Je tentais de persuader la créature que nous disposions de quoi payer notre « droit de passage », mais elle me ria au nez quand je lui montrais notre « imposant » butin, sensiblement trop maigre à ses yeux. D’abord un peu offusqué par sa moquerie qui m’éclatait au visage, les reflets métalliques qui brillaient du haut du rocher attisaient ma curiosité. Faenrir, qui ne se laissait pas démonter pour autant (évidement, il n’était pas dans la balance, lui…) osa même demander si une bonne réponse nous donnait le droit à une récompense, mais la créature ne sembla pas apprécier ses talents en mercatique.
D’un commun accord énoncé du regard, nous acceptâmes le marché, nous tenant prêt au cas où la créature ne jouerait pas franc-jeu.

Je ne me souviens pas de l’énigme. A dire vrai, tout se passa trop vite pour qu’une autre image que la bataille qui fit rage puisse s’imprimer dans ma mémoire. Tout ce dont je me rappelle, c’est Edelweiss qui coupa la parole de la créature pour donner une réponse qui fit enrager l’andro-sphinx. Je doute qu’elle se soit trompée. Elle était brillante, défiant du regard la créature en avançant d’un pas, si sure d’elle, articulant d’une voix impérieuse les mots qui firent tout basculer. D’une poussée de ses puissantes ailes, la créature plongea à notre encontre. Un éclair bleu jaillit des mains de Choix, brisant la course du monstre et l’empêchant de porter un coup mortel. Saisissant l’opportunité de me glisser vers son flan, je ne pus dans un premier temps qu’effleurer la peau ferme de l’imposante créature, alors que mon second coup, plus assuré, vint taillader la patte avant du monstre : quelque chose à l’intérieur cédait, et une gerbe une gerbe de sang pulsa quand ma lame quitta sa chair meurtrie. Je ne me souviens plus que de son hurlement terrible avant de me réveiller. D’après mes camarades, la créature m’avait presque mortellement lacéré. Trop blessée par nos assauts répétés, elle avait fini par fuir le combat, abandonnant à notre cupidité ses plus précieux biens. Quant au Schiss, brutalisé par Faenrir, une partie de sa dépouille flottait sur une eau écarlate.

Je me redressais dans un bond. D’après Choix, je n’aurais pas pu me relever après le violent coup que m’avait porté l’andro-sphinx, mais je me sentais pourtant dans une forme olympique. J’appréciais aussi l’arrière-gout que m’avait laissé l’herbe curative de Choix. Pour une fois, sa médecine avait fait effet, sans doute avec plus de zèle que je ne pouvais l’imaginer. Malgré le sang évident qui imprégnait la quasi-totalité de mes vêtements, j’escaladais le rocher, avide d’en savoir plus sur le butin de la créature. Beaucoup de pièces et de gemmes d’abord, mais ce n’était rien à côté des divers objets anciens qui s’offraient à nos yeux ébahis: des armures de mailles et de plates finement ciselées et parcourues d’étranges symboles, des armes et boucliers dégageant de sensibles auras magiques, et ce si mystérieux anneau gravé et enchanté, qui semblait comme décupler mes forces mystiques. Je repartais avec ce simple anneau, mais il s’agissait pour moi d’un butin inestimable : il me suivrait partout, et chaque nuit qui passait, je regarderais sa finesse et sa lueur magique en pensant à tout ce que nous pourrions découvrir d’avantage.

Le péril ardent


Après avoir épluché notre butin et les affaires de l’autre aventurier de Fey qui avait fini ses jours sur le rocher de notre adversaire, nous fumes obligé de laisser dernière nous la grande majorité du trésor : les armures seraient insoutenables sous la chaleur de l’ardent soleil, et les pièces seraient trop lourdes dans le désert aride. Nous passâmes une brève nuit pour nous restaurer car choix semblait imaginer que j’avais besoin de repos. Il me sous-estimait, mais je n’étais pas contre à l’idée de rester un peu plus longtemps, car je n’arrivais pas à me persuader que partir sans un plan était une bonne chose.
Nous attendîmes la nuit pour partir, provisions faite. Après un examen des étoiles, et parce que personne ne voulait trop se risquer, Faenrir demanda à Dalyne de choisir l’astre qui déterminerait notre direction. Quelle cruelle demande : si notre expédition s’avérait être un fiasco, les terribles regrets reviendraient à Dalyne pour avoir fait le mauvais choix…

Sondant l’horizon, cherchant les lumières réconfortantes de quelques citées perdues derrières les dunes, nous avançâmes péniblement. Mes compagnons étaient transis par le froid qui régnait, car nous n’étions pas préparés à ces brusques changements de températures. Les nuits étaient tout simplement glaciales. Les affaires que nous avions tôt fait de ranger dans nos sacs pour ne pas étouffer de jour leur paraissaient dorénavant bien insuffisantes pour faire cesser les frissons. Leurs dents claquaient frénétiquement, si bien qu’il me semblait à chaque instant qu’une procession squelettique me suivait. Si je ne parle pas en mon nom de cette expérience, c’est qu’avant de connaitre cette désagréable sensation à mon tour, la pierre de l’amulette posée sur ma poitrine diffusait une douce chaleur. La nuit avançant, je dû me résoudre à mon séparer de cette pierre extraordinaire, car j’avais peur que le petit corps fragile de Dalyne ne puisse encaisser le choc thermique. A mon tour, les brises glaciales me caressaient l’échine, et je rejoignais mes compagnons dans la cacophonie de percussions dentaires.
Mes bras commençaient à s‘engourdir et je peinais à y maintenir la circulation sanguine : depuis toujours j’évitais les longues marches de peur d’y laisser mes bras, ceux-ci refusant obstinément de bouger de longues heures durant. Choix qui était toujours aussi… prudent, avait pris l’initiative de tâtonner le terrain avec sa lance, nous évitant une dure chute quand il nous annonça que devant nous le sol s’ouvrait. Cela tombait à pic, et m’évitait de dévoiler mes faiblesses de petit homme médiocre. Nos bottes, pleines de sable, étaient un vrai supplices à soulever, et Faenrir, pourtant le plus fort de nous tous, chancelait dangereusement. Nous descendîmes en contrebas dans ce qui semblait être un grand sillon de roche dans le sable. Les épaisses parois nous garantiraient un peu de répit face au soleil levant, et nous décidâmes donc de nous reposer ici. Fier de ma découverte dans la grotte, je sorti une grande toile, qui une fois fixée, nous abriterait des rayons du soleil. Tout le monde participa à la levée d’une tente de fortune avant que le soleil ne se lève, et dans l’entrain, Choix ne vit pas qu’il avait dérangé un autochtone peu amical. Soulevant un petit rocher qui nous aurait aidé à maintenir notre abri en place, il le lâcha aussi sec dans un cri de surprise et de douleur, pendant qu’une étrange petite bête, sorte d’écrevisse des sables munie d’une longue queue et d’un dard, fila à toute allure. Pestant et jurant d’abord, il céda petit à petit à la complainte : sa main pris très vite des proportions affolantes, et les premiers rayons du soleil nous permirent de constater qu’elle prenait une teinte violacée. Faenrir, bien qu’extenué, se précipita sur Choix et tenta d’aspirer la plaie, probablement en espérant en extraire le venin, qui avait commencé à prendre le bras. Après tous les efforts de l’armurier, l’état de Choix semblait stable, mais il leur fallait à présent du repos tous les deux. Je fis boire Choix qui était, sinon inanimé, incapable du moindre geste. Le formidable anneau trouvé parmi le butin de l’andro-sphinx m’octroyait une force d’esprit presque inextinctible, et je ne lésinais pas à employer ma magie pour notre survie, voire notre confort. Il m’était possible, après une forte concentration, d’utiliser des bribes de magie pour se substituer aux repas, tandis que je faisais apparaitre pour mes compagnons un peu de nourriture locale, fort peu appétissante puisqu’elle empruntait des serpents à la faune locale, mais en quantité raisonnable. Je me réjouissais à tort d’ailleurs de voir Choix impuissant à créer de l’eau. Je repensais à ce qu’il m’avait confessé sur l’île, et je trouvais finalement ma magie très bien comme cela. Nous tentâmes de dormir de jour avec cette chaleur étouffante, sans même organiser de tour de garde. Je me sentais moins extenué que mes compagnons, et un sentiment d’insécurité me faisait régulièrement ouvrir les yeux sur un horizon vide.

Tout le monde se réveilla en plein après-midi, lorsque le soleil était le plus écrasant. Choix et Faenrir, qui avaient repris des forces, décidèrent remonter pour jeter un œil à l’horizon tant que la lumière nous le permettait encore. Edelweiss et moi commencions à rassembler nos affaires quand il nous sembla que Faenrir et Choix nous interpellaient plus haut. Ce n’était pas tout à fait clair car le soleil nous éblouissait, mais ils désignaient quelque chose au loin. Au détour d’un virage du sillon, une sorte d’énorme oiseau arrivait tranquillement. J’y voyais là une opportunité de manger autre chose que du serpent grillé, mais alors que je me rapprochais, ils se mirent à hurler de décamper. Hésitant, je finis par abandonner cette idée quand le soleil commença à se réfléchir sur les écailles de la créature. Aussitôt, Edelweiss et moi remontâmes avec toutes les affaires que nous avions à portée de main. Dans notre précipitation, Edelweiss y laissa une précieuse gourde. Lorsque nous nous en rendîmes compte, cela nous coutait trop d’effort de faire demi-tour.

Notre course nous fatigua plus que nous l’aurions cru. Marcher sous l’écrasante chaleur était un supplice, et le spectacle de nos bras écailleux participait à notre décrépitude mentale. Notre seconde halte arriva plus vite que prévue : mes compagnons étaient à bout, et je commençais à atteindre également mes limites. Malgré l’eau que je fournissais en profusion, nous n’étions pas habitués à de telles températures. Choix, usé par le venin, Faenrir compétemment miné par la chaleur, ainsi que Dalyne et son jeune âge, étaient dans un état préoccupant. Edelweiss et moi n’eûmes pas d’autres choix que de tenir la toile en plein jour et tenter de les faire boire. Bientôt, j’étais seul. Seul et faible à tenir la lance de Choix qui me servit à supporter la toile et à voir au loin. Il me prenait l’envie folle de me redonner des forces avec quelques fioles de Choix, mais je tenais bon. Les ondulations des dunes à l’horizon commençaient à me faire perdre la tête, du moins, c’est ce que je pensais, car au loin, je voyais des silhouettes déambuler dans le désert, et d’étranges créatures poussaient des cris improbables.

Le désert infini à la portée des hommes


Quelque chose de visqueux se trouvait sur mon front. Ouvrant les yeux, ce n’était pas le soleil que je voyais, pas même le ciel, juste un plafond de toile aux motifs géométriques. Les souvenirs me revenaient peu à peu : des formes s’étaient précipitées pour prendre Dalyne. Je voulais empêcher ces ombres de l’emmener, mais les forces me manquaient, et quelque chose m’empêchait de bouger. Il me semblait reconnaitre des hommes, mais qui pouvait avoir à faire ici. Je me souviens avoir tourné ma tête douloureuse, pour voir tomber au sol le drap humide qu’on avait placé sur mon front. En face de moi, presque caché par d’étranges meubles et objets, Dalyne dormait dans un lit, et une personne encapuchonnée se penchait sur elle. Je voulais l’interpeller, mais je n’ai pu que tomber à nouveau dans un sommeil profond.

Je fus encore une fois le premier à me réveiller. On m’avait dépouillé de mes affaires, et j’étais habillé d’une simple et fine robe blanche. Une étrange mixture était étalée sur mes lacérations, et elles me semblaient nettement moins douloureuses. M’asseyant sur le lit, je vis une silhouette me dévisager. Je mis du temps à discerner qu’il s’agissait d’une femme, car seuls les mains et les yeux pourvus de longs sourcils étaient à découvert. Je me demandais si j’étais toujours vivant. L’air était maintenant frais et la personne en face de moi n’aurait décemment pas pu vivre aussi habillée dans un désert. Mais en me levant, une brise fraiche me ramena à la réalité : elle balaya ma fine tunique, et la femme cria de surprise en voyant mon intimité mise à nue. Profitant de sa fuite, je fouillais les alentours pour retrouver, avec succès, mes affaires disposées dans mon sac. Je n’eus le temps que d’enfiler mon pantalon quand quelqu’un entra dans notre chambre de toile. Armée d’une lame courbe, et coiffé avec un tissu, l’homme à la peau sombre me jeta un regard noir, avant de s’attarder sur mon état. Il cria au dehors dans un langage sec et agressif, puis sorti promptement. L’animation n’avait pas manqué de réveiller Edelweiss, qui était alité plus loin. Bientôt, Dalyne nous rejoint, suivit de Choix et Faenrir, qui avaient une affreuse mine.

Tout le monde finissait de se rhabiller en silence, probablement envahi par bon nombre de questions : où étions-nous ? Que vont vouloir ces hommes en échange de notre vie ? En tout cas, rien ne manquaient parmi nos affaires, pas mêmes nos armes. Finissant de boutonner ma chemise, je fus interrompu par une étrange procession. De nombreuses femmes, toujours dissimulées sous leurs amples vêtements, amenèrent des vivres et une boisson fumante et agréablement odorante. Plusieurs hommes firent à leur tour irruption, mais l’un d’eux sortait du lot. Contrastant avec les hommes plus menaçant, il avançait d’une allure noble. Habillé avec d’une cape luxurieuse lui recouvrant la tête, arborant une fine barbe et d’élégante moustaches, l’homme à la peau bronzée nous salua, et aussi surprenant que cela puisse paraitre, nous souhaita la bienvenue dans notre langue. L’homme qui se faisait appeler Akhala Nadraliptek Wirtadep nous invita à se restaurer, nous expliquant qu’il connaissant notre langue, répandue dans les échanges commerciaux. Nous ne nous fîmes pas prier, surtout moi qui n’avais rien mangé depuis plus d’une journée : si se suffire de magie n’est pas sans utilité, la viande épicée et les fruits frais m’exaltèrent. Nous le remerciâmes profondément, et quand Choix invoqua la clémence des dieux, notre interlocuteur eut tôt fait de le corriger : nous étions là car « l’unique » l’avait voulu. Ces hommes croyaient en l’existence d’un seul dieu : cela m’aurait sans doute fait rire de la bouche d’un Laakien, mais nous avions à faire à notre sauveur, et tous nous l’avons respecté comme il se devait. Edelweiss fut emmené à part pour boire le thé avec les autres femmes. Elles tentaient de recouvrir son visage, mais elle refusait d’adhérer avec cette coutume. Je pris peur que cela vexe notre bienfaiteur, mais leur tolérance était sans limite. Tour à tour, il nous interrogea, sur notre venu, sur nos professions, et sur ce que nous comptions faire. Visiblement, chacun de nous était le bienvenu pour rester avec ce peuple : même en ces lieux, il y avait une place pour un copiste. Akhala, après nous avoir dévisagé tour à tour, demanda à Faenrir ce qu’il comptait faire de sa femme. Nous nous regardâmes longuement, puis nous nous détournèrent vers Edelweiss. Gênés, nuis lui expliquâmes qu’elle n’était l’épouse de personne, et que chez nous les femmes était libre de choisir leur unique partenaire. Sa surprise fut grande, mais il ne broncha pas. Nul doute en tout cas que, si nous comptions rester, Edelweiss devrait se plier à leurs mœurs.

Nous sortîmes de notre étrange logement pour découvrir qu’il s’agissait d’une tente ronde de tissu, qu’ils appelaient « yourte ». La profusion de tapis finement brodés pour masquer les armatures en bois m’avait fait douter qu’il s’agisse d’une construction nomade, et pourtant, mobilité rimait avec richesse .Dans un autre registre, de nombreuses créatures, sorte d’hideux chevaux à deux bosses, ruminaient en hurlant d’étranges gargouillis. De nombreuses habitations étaient installées pour cette caravane qui comptait bien plus d’une trentaine de membre. Cela donnait au paysage une grande palette de couleur et de motifs. Au loin, les dunes cachaient la mer qui était, selon Akhala, à quelques jours de marche. Si cela était notre souhait, l’homme nous donnerait des montures pour rallier la mystérieuse Fey, qu’on dit malfamée et impitoyable. Je ne comprends pas encore une fois ce qui se passa dans la tête de mes camarades, mais ils exprimèrent à l’unisson le souhait d’accompagner la caravane vers la prochaine oasis, loin de la cité-état. Même Edelweiss ! Se rendait-elle seulement compte qu’on lui imposerait peut être un comportement « très » docile ? Je la voyais mal se plier à ces coutumes. Ces prochains jours promettent d’être tranquilles… Mais affreusement ennuyants.


Dernière édition par Mathieu le Mar 24 Juil - 22:07, édité 3 fois
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Message  Pollonium Dim 1 Juil - 0:03

Je suis assis sur un rocher dans l’obscurité, au fond d’une petite dépression du terrain. Normalement nos ennemis shiiss ne peuvent pas me voir ici. Je suis concentré. L’eau murmure très doucement à mes oreilles. Je lui réponds en chuchotant. Ce faisant je fais de mon mieux pour accumuler les particules aqueuses autour de moi et pour mobiliser mon énergie magique interne. Nous en aurons sûrement besoin pour sauver Dalyne et Vilma. Enfin s’il n’est pas déjà trop tard pour elles.

Je sors de ma transe méditative en sursautant lorsqu’une main se pose sur mon épaule. Mon cœur s’accélère, je n’ai entendu personne ! Tout va bien je reconnais la silhouette d’Edelweiss à la faible lueur des étoiles. Je prends quelques secondes pour laisser à mon cœur le temps de revenir à un rythme normal. Je demande à Edelweiss ce qu’elle a vu. Les nouvelles ne sont pas bonnes elle a entendu la voie distinctive de notre intrépide forgeron qui menaçait les lézards. Je le reconnais bien la ! Perdre de l’énergie à se disputer contre son geôlier même si celui-ci est en surnombre et incapable de comprendre un traître mot de ce que l’on lui dit.
Ainsi donc nos compagnons restés au bateau ont été attaqués par les shiiss. Tout cela fait sens après tout. En cette période les lézards sont à la recherche de sacrifices humains pour leur cérémonie impie. Les deux qui ont trouvé notre navire échoué et nous même en triste état ont du revenir avec du renfort. Après tout une poignée de naufragés est plus facile à capturer que des villageois organisés, même aussi primitifs que les tourals. Les lézards n’ont quand même pas dus être déçus du voyage ! J’espère que tout le monde s’en est sorti indemne.

Deneb nous rejoint à son tour. Il nous fait son compte rendu. Il a repéré une sorte de chef religieux qui déambulé de campement en campement escorté de gros bras. Visiblement les différents clans sont en compétition car ils se jettent des sifflements provocateurs. Je me retiens de demander à Deneb ou il a appris à traduire les sifflements.

Nous devons établir un plan d’action pour le lendemain, les shiiss sont plus de cents. Pour couronner le tout nos compagnons sont retenus dans le plus gros campement. Je crains qu’une patrouille ne nous remarque. Les festivités n’ont pas encore commencées les shiiss sont donc en pleine possession de leurs moyens. Je demande donc que nous nous repliions dans la jungle, ce que nous faisons. Notre conversation stratégique est des plus stériles. Il faut bien avouer que nous ne savons pas grand chose et que nos moyens sont limités. Notre seul point d’accord est qu’il faut agir demain soir dès le début des cérémonies, car nous n’avons aucun moyen de savoir à quel moment nos amis seront sacrifiés. Nous espérons que la majorité des shiiss sera sous l’effet de la feuille de Gort. Mais je ne me fais pas d’illusions tous ne le seront pas. Certains devront être en pleine possession de leurs moyens pour mener les cérémonies. Et si les clans sont vraiment rivaux ils vont tous avoir besoin de gardes pour protéger leurs possessions et leurs sacrifices.

Nous convenons donc de nous reposer et de nous préparer pendant la journée prochaine et une fois la nuit tombée nous investirons le camp ennemi et nous improviserons. Je me prépare donc à me coucher dans un lit de fortune constitué de lianes et de feuilles. Je commence vraiment à avoir le coup de main. Mes compagnons restent silencieux et une fois encore ne semblent pas vouloir m’imiter. Tant pis pour eux ! Une fois installé je fais une courte prière au dieux. C’est que je devient vraiment dévot ces derniers temps. Non pas que j’ai eu une révélation mais notre situation est tellement désespérée que nous avons besoin de toute l’aide possible. Épuisé par les efforts des jours précédents je sombre dans le sommeil facilement.

***

Je me réveille de bonne heure. J’ai froid et je suis trempé. Au moins les insectes m’ont épargné cette nuit, ou alors je me suis simplement habitué. Je vais faire un brin de toilette dans le ruisseau. Mes vêtements et mon armure son en lambeau, je dois avoir une apparence de vrai sauvageon. Je les rince quand même et je retourne auprès de mes camarades qui dorment encore. Ils sont éreintés, ils n’ont pas comme moi l’habitude de marcher. Si seulement ils se décidaient à s’installer confortablement pour dormir ! Deneb à l’air agité dans son sommeil. J’espère qu’il se remettra vite et que mon erreur médicinale n’aura pas de conséquences à long terme. En attendant leur réveil je leur prépare un petit déjeuner puis je me s’installe pour recommencer à méditer.

***

Le soleil s’est couché depuis peu, la lune rouge tant redoutée est bien visible en plein milieu du ciel. J’ai passé toute la journée à accumuler de la magie et à me reposer. J’espère que cela n’aura pas été en vain car Sygnaelle m’avait prévenu que les lunes pouvaient interférer avec la magie. Mes compagnons semblent prêts eux aussi. Nous quittons la jungle après une dernière prière silencieuse.

Deneb et Edelweiss progressent avec grâce et discrétion sur le sol accidenté. Je ne peux m’empêcher de me trouver pataud et maladroit comparé à eux. Mais comment font-ils pour être si à l’aise ? Nous nous rapprochons de la horde de lézards déchaînés. Leur clameur retentit dans l’air nocturne. Une chance pour nous qu’ils soient si occupés, je ne vois pas comment ils n’auraient pas pu me voir autrement. Il est vrai qu’à leur place je n’aurai pas beaucoup à craindre d’une offensive de tourals.

Nous pénétrons dans le camp des shiiss sans encombre. Edelweiss nous fait dépasser un premier campement, celui d’un autre clan. Il est entouré d’un muret de pierres et est presque désert. En son centre un grand mat sur lequel sont suspendus des ossements entremêlés en des formes géométriques simples fait office de bannière. Ça et la des petites coupelles remplies d’un liquide ardent, vraisemblablement graisseux, font office de sources de lumières. Il y a peu de lézards et ils ne font pas attention à nous.

Nous faisons une halte non lui d’un deuxième campement beaucoup plus grand mais tout aussi désert. Edelweiss nous le montre du doigt quand un long cri de rage et de protestation retentit dans la nuit. Avec effroi je reconnais la voix de Vilma. Un coup d’œil au loin me permet de voir une horde de shiiss rassemblés au pied d’une falaise. Entre l’assemblée et ladite falaise deux grands poteaux sont érigés. Je ne vois pas bien à cause de l’obscurité et de la distance mais je jure voire hisser entre les deux mats et à l’aide de deux cordages une silhouette. Je suis sur qu’il s’agit de Vilma. Vont-ils la sacrifier tout de suite ? Nous devons nous hâter !

Notre petit trio avance sans encombre jusqu’au muret qui ceint le campement shiiss. Nous nous rapprochons en le longeant de la cabane d’où nous avons entendu un de nos compagnons hurler, Fenrir je crois. Bien caché derrière le muret j’attends qu’un de me compagnons agisse ou me donne des ordres. Rien ne se passe. J’entends un bruit de dispute, des sifflements, des cris et des coups. Aux sons je pense que l’on emmène un prisonnier de la cabane vers le lieu du sacrifice. Mes compagnons sont toujours dans l’immobilité. Je décide alors de leur offrir une diversion. Je m’écarte un peu d’eux et me dresse de toute ma taille au dessus du muret. Je commence alors à provoquer verbalement et gestuellement les shiiss. Je sais qu’ils ne peuvent pas me comprendre, mais cela m’aide à libérer un peu de tension. Les shiiss sont surpris, l’un d’eux commence à venir vers moi tandis que l’autre garde ce qui semble être Imikis. Deneb profite de l’occasion pour se jeter sur lui. Presque au même moment Edelweiss bondit lame au poing sur celui qui vient m’intercepter.

Mes deux compagnons sont engagés dans un corps à corps sanglant je ne vois pas bien comment je pourrai les aider. Que soient maudits mon manque de coordination et de rapidité ! Si seulement je pouvais magner une lame. La cabane des lézards est constituée de bambous liés entre eux il doit être possible d’ouvrir une autre issue dedans. Profitant de l’agitation j’enjambe le muret et me jette de toutes mes forces contre le mur est de la cabane. Je rebondis presque dessus. Aucun dégât apparent mais j’ai entendu un petit craquement. J’espère qu’il ne s’agit pas de mon épaule ! Je prends du recul et je fais une deuxième tentative. Cette fois-ci je pulvérise plusieurs lattes en bambou que je traverse et, emporté par mon élan, je vais m’étaler au sol. Je me relève prestement. Aucun lézard à l’intérieur. Dans la presque obscurité je reconnais plusieurs tourals et la silhouette de Fenrir bien emmailloté dans un filet. Le nordique trouve le moyen de se plaindre que nous avons pris notre temps. Au moins il va bien ! J’indique aux tourals de prendre la poudre d’escampette pendant que je tire de ma ceinture la lame de mon père. Je tranche les entraves qui retiennent Fenrir puis je lui tend la lame et lui indique que dehors ils ont besoin de son aide. Il se rue dehors sans se poser de question, comme à son habitude.

Je sers fermement mon bâton dans mes mains et lui emboîte le pas. A l’extérieur le combat fait toujours rage. Deneb est en mauvaise posture mais Fenrir est en train d’approcher ses assaillants par le dos. Il n’y a aucune trace d’edelweiss mais au son je dirai qu’elle n’en a pas fini elle non plus. Imikis est étendu sur le sol, non loin de lui un shiiss complètement sonné est en train de sortir de sa torpeur. Je m’approche et abats à trois reprises mon bâton sur son crâne écailleux. J’ai entendu un craquement et il ne bouge plus. C’est la première fois que je tue un être pensant mais je n’ai pas le temps de réfléchir à cela. Je fais de mon mieux pour réveiller Imikis. Il a une grosse ecchymose sur la tempe mais il reprend tout de même conscience. Je concentre ma magie pour guérir sa blessure puis je ramasse la lance grossière de notre ennemi. Je la lui tend et l’aide à se relever. Les combats sont terminés, mes compagnons sortent de l’obscurité. Ils sont en vie mais sont blessés.

Nous entendons à nouveau Vilma hurler. Derrière elle une lueur rouge surnaturelle se met à briller. Je distingue sous elle un shiiss vêtu d’une cape et portant un crâne de lézard en guise masque. Il est situé lui même juste au dessus d’un autel ou une forme inanimée gît. Ce n’est pas bon du tout, le portail dont on nous a parlé est en train de s’ouvrir ! Pas le temps de reprendre des forces. Nous nous approchons de l’assemblée de lézard. Nous en croisons un complètement drogué il ne réagit même pas vraiment à notre présence. Au propos de Vilma, qui est piquée par une lance, je comprends que les shiiss se sont saisis de Dalyne. Je regarde mes compagnons ils n’ont pas l’air de savoir que faire. Tant pis je ne laisserai pas Dalyne mourir sans rien faire. Je commence à incanter un sortilège de brume pendant que je m’avance vers les shiiss. L’eau me répond mais je n’arrive pas à atteindre celle qui est située prés du sinistre autel placé sous Vilma. Je suis obligé d’avancer. Je franchis un rang de shiiss puis un deuxième. Par chance ils ne réagissent pas. Enfin je suis suffisamment prés. Je libère ma magie, une épaisse nappe de brume vient recouvrir la zone de sacrifice et plusieurs rangées de shiiss. La musique et les cris cessent.

Même si je ne peux pas les voir je suis sur que les shiiss sont furieux et surpris. Ceux qui sont les plus proches commencent à réagir à ma présence. A notre présence devrais-je dire, car je découvre Fenrir juste derrière moi. Le colosse est en train d’égorger un des reptiles d’autre gisent dans leur sang à coté de lui. Tout porte à croire qu’ils ne se sont pas débattus. De nos autres compagnons il n’y a aucune trace. J’espère qu’ils vont profiter de la situation. Je ne peux malheureusement pas me rendre bien plus utile qu’en faisant diversion. Je regarde Fenrir, les sauriens et enfin l’arrière du campement. Il acquiesce à mon regard. Nous commençons alors à battre en retraite tout en veillant qu’un maximum de shiiss nous emboîte la marche. Notre repli prend du temps et il est impossible de savoir ce qui se passe dans la brume. Petit à petit nous sortons des limites du camp, toujours suivis par une horde de shiiss en colère. Quand j’entends le bruit des varans que nos assaillants utilisent comme monture je préviens Fenrir de leur difficulté à prendre des virages. Il est grand temps de fuir plus sérieusement. Nous nous séparons et je cour aussi vite que je le peux jusqu’à arriver à la lisière de la jungle. J’ai le souffle court et le sang qui bat aux tempes. Après avoir retrouvé Fenrir nous constatons que les shiiss ont renoncé à continuer la poursuite. Je l’emmène alors jusqu’à notre site de campement de la veille.

Dans le froid de la nuit et sous l’éclat de la sinistre lune rouge nous attendons nos compagnons. Les minutes passent, personne ne vient nous rejoindre, pas même les shiis. Une heure s’est écoulée et toujours aucun signe de vie. Je veux garder espoir mais je sais au plus profond de moi qu’ils sont morts ou prisonniers. Je me donne jusqu’à l’aube pour les attendre. Je jette un regard à Fenrir. J’ai du mal à le déchiffrer, mais je pense qu’il a tout comme moi l’esprit agité. Je n’ai rien d’autre à faire, alors j’attends. Mon esprit dérive et je repense à chacun de mes compagnons, peut être ne les reverrai-je jamais. La petite Dalyne est comme ma propre sœur, jamais je ne me pardonnerai de ne pas avoir pu la sauver. La calme Edelweiss, j’ai traversé beaucoup d’épreuves avec elle. De même pour le mystérieux et extravagant Deneb. Il est vrai que je ne connais pas grand chose sur eux. D’un autre coté on ne peut pas dire que je leur en ai dit beaucoup sur moi non plus. Cela me rappelle ma famille, nous avions hissé la non communication et les jardins secrets au rang d’art. D’une certaine façon Deneb et Edelweiss constituent une famille de substitution pour moi. Perdre cette deuxième famille si peu de temps après la première sera vraiment difficile à supporter. Si je ne peux plus quitter cette île alors je ferai tout mon possible pour instruire les tourals. Et avec leur aide nous allons apporter la terreur et la mort à ces damnés lézards. Ivre de fureur et de tristesse des larmes ruissellent en silence sur mes joues. Je repense maintenant à mes autres compagnons. Ce grand benêt de Macamod est encore moins malin que son cousin, mais il m’a toujours aidé quand j’en avais besoin. L’amicale Vilma me mettait mal à l’aise par sa trop grande familiarité mais elle a fait de son mieux pour protéger Dalyne, même au péril de sa vie. Elle est morte je pense, la dernière fois que je l’ai aperçue, les shiiss la laceraient de leurs lances. Enfin Imikis, tellement sombre et secret, je ne sais que penser de lui. Il emportera ses secrets dans la tombe, dommage qu’il ne se soit pas confié avant de mourir. Il faudrait que j’évite de faire la même erreur. De subtils changements de teintes de la lumière ambiante me montre que l’aube est sur le point d’arriver. Je me tourne alors vers Fenrir et romps enfin le silence. Qu’allons nous faire maintenant ? Nous convenons de faire une reconnaissance du camp ennemi le soir même. Pendant la journée nous ferons de notre mieux pour nous reposer. Je m’installe pour dormir tout en sachant pertinemment que je ne trouverai pas le sommeil.

***

L’obscurité règne à nouveau, enfin c’est surtout une façon de parler, cette maudite lune rouge éclaire suffisamment pour que nous nous repérions ans aucune autre source de lumière. J’examine Fenrir. Il est tout aussi prêt que moi et il a l’air de vouloir en découdre, comme à l’accoutumé. Lui au moins n’a pas abandonné espoir. Nous prenons notre temps et décidons de nous approcher du camp shiiss pas la falaise qui le borde sur le versant est. L’escalade est pénible mais pas spécialement difficile. En contrebas les lézards poursuivent leurs cérémonies, mais les aspects festifs ont disparus. Plus de chants, plus de drogues seulement une peur religieuse. Maigre réconfort que de les avoir perturbés mais c’est déjà cela.

Nous arrivons enfin sur une plateforme disposant d’une bonne vue sur l’autel et le portail des shiiss. Deux grandes piques sont visibles, sur l’une nous reconnaissons sans peine la tête de Macamod, sur l’autre nous devinons celle d’Imikis. Je fais une prière à Eissa pour qu’ils aient trouvé la sérénité dans la mort et pour que leur prochaine vie soit plus paisible et heureuse. Fenrir ne semble pas affecté par la mort de son cousin, ou alors masque t-il ses émotions. Nous conversons à voix basse. S’il n’y a que deux piques peut-être nos autres compagnons sont-ils toujours en vie. Plein d’espoirs nous scrutons les prisonniers. Je ne vois aucune trace de nos amis, Fenrir non plus. De nouveau le portail luit, l’ont-ils emprunté plutôt que de mourir sacrifiés. A leur place j’aurai sûrement tenté ma chance. Mais quelle chance exactement ? Il s’agit d’un portail lié à la lune écarlate et ouvert par des rituels sanglants. Il abriterait même une divinité maléfique. Je doute que ce qui se trouve derrière ce portail soit bienveillant. Fenrir n’est pas du tout du même avis que moi. Il veut le traverser. Cet homme n’a t-il donc aucun instinct de conservation, aucune logique, aucune peur ?

Il est décidé il passera, avec ou sans moi. Ce sera sans moi ! Que croit-il ? Que je suis candidat au suicide ? Il m’est impossible de le faire changer d’avis. Il a le crâne si épais qu’aucun de mes arguments ne le traverse. Je lui demande de me laisser le temps de m’éclipser et je lui souhaite bonne chance. Je repars donc sur mes pas.

Après quelques instants j’entends des sifflements de ce que j’interprète comme de la colère puis de la surprise. C’est sur que les shiiss doivent se demander ce qui lui est passé par la tête. Je m’interrompt un bref instant et demande à Eissa de veiller sur lui. Je me rends compte qu’Eissa n’est pas forcement la divinité la plus adaptée à mon compagnon. Iorak ou Cay seraient-ils plus adaptés ? Je n’ai jamais pris la peine d’interroger mon compagnon quant à ses croyances. Je reprends la route. Je vais aller jusque chez les tourals, il n’y a que chez eux que je serai dans en sécurité. Une sécurité somme toute relative.

***

J’arrive enfin en vue du village toural. Je n’ai aucune idée de l’heure qu’il est, j’ai perdu tout repère de temps. J’ai marché d’une seule traite car il m’était impossible de me reposer. Mon esprit était un tourbillon de pensées tristes, coléreuses, fatalistes et vindicatives. Je suis à bout de force, je crois que j’ai atteint mes limites. Maintenant que l’objectif de la marche n’est plus la pour me forcer à continuer je m’effondre, privé d’énergie. Je tombe à genoux et me met à sangloter et à marmonner des propos incohérents. Je ne saurai dire combien de temps je suis resté prostré ainsi.

La sensation d’une main posée délicatement sur mon épaule me fait sortir de mon état catatonique. Je relève la tête et mes yeux croisent ceux de l’ancien des tourals. Je me sans bête et gêné de me trouver en pareille situation. Je m’appuie sur mon bâton de fortune et me redresse avec difficulté. D’une certaine façon c’est cruel car l’ancien doit se courber en arrière pour discuter avec moi maintenant. Avec gentillesse il me laisse regagner mes moyens avant de s’adresser à moi. Il est étonné de me voir en ces lieux, seul. Nous nous asseyons la ou nous nous trouvons et je lui raconte tout ce qui est arrivé chez les shiiss. Il m’écoute calmement. Il y a quelque chose chez lui qui me pousse à lui faire confiance c’est étrange. De la magie peut-être ? Qu’importe de toute façon je n’ai plus personne.
Une fois mon histoire terminée l’ancien me remercie de lui avoir ramené certains de ces compagnons. Leurs récits étaient trop confus et il n’avait pas bien compris ce qui s’était réellement passé. Ensuite il me parle plus en détail du portail dans lequel mes compagnons sont passés, au moins l’un d’entre eux en tout cas. Ce portail était déjà présent avant l’arrivé des shiiss sur l’île et personne n’en ai jamais revenu.

Ces informations m’amènent à de nouvelles réflexions. L’ouverture du portail ne requiert donc aucun sacrifice. Mais elle coïncide pourtant avec l’apogée de Charon dans le ciel. Cela reste un très mauvais présage. C’est d’ailleurs sans doute la raison qui a poussé les shiiss à faire ces sacrifices. Peut-être n’y a t-il pas de dieu lézard de l’autre coté du portail, peut-être mais amis ont-ils survécus.

Je suis trop fatigué pour réfléchir calmement, il me faut du repos. L’ancien m’invite à me reposer parmi les siens. Il m’assure que je serai le bienvenu si je souhaite résider ici avec eux. Pourtant il semble vouloir m’indiquer par de mystérieux propos que les dieux des mers lui ont montré que ma place n’était pas ici. On me conduit jusqu’à un endroit ou je pourrai me reposer confortablement. Je sens une légère odeur d’encens puis je sombre enfin dans un sommeil que j’ai trop longtemps repoussé.

***

Mon sommeil est paisible et pourtant il n’est pas vraiment calme. J’ai d’étranges visions. Plusieurs animaux aquatiques sont en train de parler tout près de moi. Il y un étrange poisson noir et vert d’au moins trois mètres de haut. Son dos et le sommet de sa tête sont recouverts d’une sorte de crête garnie de piques. Il possède une sorte de barbe et ses yeux bleus pales sans pupilles semblent plein de sagesse. A coté de ce poisson se trouve un crabe jaune vif d’un bon mètre et demi. Il est dans une posture difficile à décrire mais pour simplifier je dirai qu’il est assis. Sur sa tête une anémone de mer lui tient lieu de chapeau. Il porte des lunettes et utilise ses pinces pour écrire sur des algues plates. Le dernier individu de ce trio improbable est une pieuvre rouge vif de deux mètres arborant un collier de coquillage et posée sur un rocher abritant une myriade d’œufs.

Ce rêve est vraiment étrange car d’habitude je ne prête aucune attention aux couleurs comme si elles n’avaient aucune importance. J’ai vraiment l’impression d’être sous l’eau, pourtant je peux voir respirer et entendre normalement. J’ai un léger goût de sel dans la bouche. C’est la première fois que je perçois un goût dans mes rêves. Les animaux ont l’air de parler de moi. Je m’approche d’eux mais il m’est impossible de leur parler. La pieuvre indique aux autres que je suis la. Ils se remettent alors à parler. Le poisson dit que je ne suis pas un guerrier et que par conséquent mon destin lui importe peut. La pieuvre lui répond que je pourrai néanmoins apporter beaucoup à leurs enfants. Pendant que tous deux se chamaillent le crabe continue à écrire en silence. Quand la pieuvre et le poisson n’ont plus rien à dire il se tourne vers moi et prend enfin la parole. Si l’océan et ses pairs m’ont envoyé sur l’île de leurs enfants dévoués ce n’est pas pour que j’y reste, mon destin est ailleurs me dit-il. Il ajoute que malgré cela l ne s’opposera pas à mon séjour. La pieuvre semble ravie de ce choix tandis que le poisson semble contrarié.

***

J’émerge de mon étrange sommeil en me rappelant le moindre détail insolite de mon rêve. Je m’interroge alors. Ais-je été drogué ? J’inspecte l’encens. Il ne m’a pas l’air étrange, mais comment le serais-je de toute façon ? En tout cas il ne s’agit pas de Gort. J’essaie de mettre au clair ces étranges divagations. Ce pourrait-il que ces rêves aient été une vision ? Les animaux pourraient être les dieux des tourals après tout ! Non tout cela ne peut être que des divagations à cause de la fatigue.

Que vais-je faire maintenant ? Je n’ai que deux possibilités, devenir un toural ou sauter dans ce maudit portail. J’ai de nombreuses choses à enseigner aux tourals et qui sait je pourrai les aider à régler leur problème de shiiss. Mais ils sont si différents de moi et tellement rustiques je doute de trouver le bonheur parmi eux. Avec un peu de recul sur mon choix, sur l’attaque de Blanc-flocon, sur Dalyne, sur le Forgrim et sur la tempête magique il est dur de ne voir la que des événements aléatoires et isolés. Tout cela ne peut pas mener à une simple vie de pécheur !

Je décide que mes rêves sont peut-être un signe après tout. Il me reste deux jours pour franchir le portail d’après mes calculs. Ma décision est prise je vais y aller. Si je dois y trouver la mort ou milles tourments au moins les derniers laakiens seront réunis. Je commence alors à me préparer et à rassembler mes affaires. Les tourals ont amené pendant la nuit de nombreux objets qu’ils ont posés près de mes affaires, des bijoux, des armes de la nourriture. Sont-ce des offrandes pour avoir sauvé certains des leurs ? Je me sers en denrées et prends un couteau en os et je laisse le reste. Je sors de la caverne, l’ancien est devant moi. Je lui annonce que je repars rejoindre mes compagnons, il n’a pas l’air surpris. Il a même l’air légèrement soulagé. Je suis escorté jusqu’à la jungle par plusieurs tourals, derrière nous les autres sont en train de chanter. L’ancien me sert dans ses bras. Je trouve cela assez étrange mais les autres tourals ne trahissent aucune émotion. Il me souhaite bon voyage et me demande de remercier mes compagnons puis il tourne les talons suivi par sa tribu. Je rentre dans la jungle, encore une fois une marche difficile m’attend.

***

Le camp des shiiss est en vue. Aucun incident particulier n’a troublé mon voyage. C’est à peine si je prête encore attention aux insectes. Si je veux rejoindre mes compagnons je dois absolument passer ce soir car après le portai sera fermé ! Mais tant qu’il fait jour je n’ai aucune chance d’y parvenir. Je mets à profit ce temps pour faire des réserves de matériel, quelques lianes et certains de ces gros fruits plein de liquide et de chaire nourrissante que l’on appelle noix de coco.
La nuit finit par tomber. Je prend pour la seconde fois la direction de la crête est du camp. Depuis le promontoire je vois les shiiss en contrebas, ils n’ont plus grand monde à sacrifier. Les têtes de Macamod et Imikis sont toujours la, aucune autre ne les a rejoint. Fenrir a donc bien pu passer le portail. Maintenant c’est mon tour ! Je fais une prière, prend mon souffle puis en appelle aux esprits de l’eau. Une épaisse brume vient couvrir l’autel pour la seconde fois en une semaine. Les shiiss sifflent de protestation. Je ne peux plus reculer, ils savent que je suis la. Je dévale la pente et me jette dans le portail vers mes amis ou alors vers la mort…

… Emporté par mon élan je trébuche. Je suis dans l’obscurité la plus totale, il n’y a pas un bruit. Je ne dois pas être mort car je sens le sol sous moi. Mes mains sont posées sur ce qui semble être du sable, l’air est très sec et difficile à respirer. Je me redresse et sors une torche de mon sac. J’ai bien fait d’en fabriquer quelques unes avant de venir ! Je l’allume et fais le tour des lieux. Je suis dans une grande pièce taillée dans la roche et dont le sol est effectivement couvert de sable. Il n’ y a qu’une seule issue et il est impossible de dire d’où je suis venu. Une sorte de grande sculpture de tête de lézard orne le mur doté d’une issue. Le cadavre d’un shiiss gît sur le sable. Mes compagnons ne sont donc pas venus seuls. Des traces de pas se dirigeant vers la seule issue atteste de leur passage. Deux autres éléments attirent mon attention. Un deuxième cadavre est situé dans un coin. Il est très desséché, comme de la viande fumée, et on la manipulé il y a peu. Je miserai sur Deneb lui faisant les poches. Enfin je remarque un petit monticule de sable qui n’a pas l’air naturel. Je le creuse un peu et découvre le cadavre de Vilma. S’ils l’ont enterré alors les autres doivent être en vie ! Je me recueille un instant sur la dépouille. Sa gentillesse me manquera et je me sens un peu coupable. Si j’avais suivi Fenrir j’aurai peut-être pu la sauver. Je lui embrasse le front et la recouvre à nouveau de sable. Je dois partir à la recherche des autres, j’espère que ce sera la seule tombe que j’aurai à croiser.

J’emprunte le seul chemin possible. C’est un long couloir tout aussi obscur et sec que la salle d’où je viens. Après quelques minutes de marche j’entends au loin une voix s’adresser à moi. Je reconnais la voix d’Edelweiss, le sens de ses propos se perd complètement devant la joie que j’éprouve à les savoir en vie. J’avance vivement vers eux. Fenrir souligne mon manque de courage de façon légèrement blessante, est-ce de l’humour nordique ou de la rancœur ? J’ai un doute. Mais Edelweiss ne me laisser pas douter longtemps elle me sert très fortement dans ses bras. Cela fait au moins une personne qui à l’air contente de me revoir. L’étreinte me met légèrement mal à l’aise, mais je ne sais pas quoi faire alors je ne dis rien. Finalement Edelweiss me lâche. Les émotions de Deneb sont plus dures à lire, il a quand même l’air soulagé de me revoir. Dalyne reste agrippée à lui et me regarde silencieusement. J’ai l’impression de lui faire peur. Je pose un genou au sol et ouvre mon sac. J’en extirpe la peluche qui était restée sur le bateau et lui tend. Enfin un sourire s’affiche sur son visage et elle ose s’approcher de moi. Elle à l’air d’aller bien mais il est évident qu’elle vient de traverser des moments traumatisants.

Ils sont tous la devant moi, Edelweiss et Deneb sont dans un sale état, je fais de mon mieux pour les soigner pendant qu’ils me racontent ce qu’ils ont vécu. L’absence d’eau me perturbe mais j’arrive quand même à améliorer leur état. D’après les dires de mes compagnons nous nous trouvons en bordure d’un plan d’eau. De tout coté ils n’ont vu que du sable jusqu’à l’horizon. Le soleil brûle cruellement pendant le jour tandis que les nuits sont glaciales. Fait plus inquiétant un lézard, dieux pitié pas encore un shiiss, et d’étranges formes noires nous surveillent depuis l’extérieur de cette grotte. Pourtant ces mystérieux assaillants ne semblent pas décidés à attaquer. Nous allons donc nous reposer peut-être qu’une fois le jour levé nous pourrons partir en tranquillité. Je vois que Fenrir a récupéré son épée je lui demande donc de me rendre le couteau de mon père. Il a une grande valeur pour moi et n’est pas destiné à être une arme. Nous décidons de faire un tour de garde. J’ai du mal à trouver le repos et suis dans un état de demi sommeil. Les yeux fermés je parle à voix basse avec Fenrir de ce que nous ferons le lendemain. A un moment je lui pose une question mais il ne répond pas. Me suis-je endormi ? C’est-il endormi ? Dur à dire. Je me lève et je ne vois aucune trace de lui à l’intérieur. A l’extérieur une légère lueur annonce le lever du soleil. Je réveille Edelweiss et Deneb. Nous nous équipons rapidement et nous sortons à sa recherche en entraînant Dalyne avec nous.

L’extérieur ressemble à ce qu’ils m’ont décrit. Juste devant nous ce trouve une étendue d’eau entourée d’une végétation éparse. Ça et la dans les environs je peux également observer des ruines de pierres. Juste à coté de l’oasis, c’est ainsi que l’on appelle ses réserves d’eau, ce trouve un petit promontoire rocheux. A part cela uniquement du sable !

Fenrir se trouve près du promontoire et il n’est pas seul, il discute avec une grosse créature ailée et une petite silhouette encapuchonnée. Nous nous approchons prudemment d’eux. La grosse créature ressemble à un très grand félin muni d’ailes elle fait dans les deux mètres au garrot. Son visage émerge des poils, il est étrangement humain avec ses yeux sont cruels. Il me rappelle un conte pour enfants. Celui du sphinx qui pose des énigmes. Je me souviens avoir lu qu’il existait plusieurs types de sphinx et que tous ne sont pas bons joueurs. Il va falloir faire attention. La petite silhouette est en fait un shiiss exilé recouvert de tissus. Sans doute pour se protéger du soleil ce qui me paraît sage. Il brandit une imposante lame à deux mains et à l’air aux ordres du sphinx.

Le sphinx semble considérer que Fenrir est notre chef. Nous sommes sur son territoire et nous devons le dédommager. Je lui demande comment nous pourrions le contenter. Il nous propose deux possibilités, lui laisser Dalyne et Deneb en pâture ou bien répondre à une énigme. Si nous refusons ou si nous ne répondons pas correctement à son énigme il promet de tous nous tuer atrocement. Tout cela ne sent pas bon, je commence à sonder les environs en quête magie, par chance nous avons beaucoup d’eau à coté de nous. Deneb propose de payer le sphinx. Il exhibe devant lui les biens qu’il à pillé dans la tombe de Forgrim. Le sphinx s’envole sur le promontoire et fouille quelque chose. Des tintements et des éclats montrent clairement qu’il est déjà bien doté en babioles inutiles. Mais à quoi pense Deneb si ce monstre veut notre argent il n’a qu’a se servir. A quoi cela pourrait-il bien lui servir de toute façon ? A payer le barbier peut-être !

Nous choisissons de répondre à son énigme. Il nous explique que lors d’un tournoi deux chevaliers sont à égalité. Pour les départager leur roi leur montre une tour au loin et leur annonce que celui dont le cheval arrivera le dernier aux remparts après être allé jusqu’à la tour remportera le défi. A ces mots les deux chevaliers se précipitent aux écuries. Le sphinx conclue son énigme en nous demandant pourquoi les chevaliers agissent ainsi. A peine a t-il fini qu’Edelweiss nous dit qu’elle connaît la réponse. Le sphinx est visiblement courroucé. Pour gagner du temps je demande à notre amie de nous expliquer sa réponse. D’après elle les chevaliers ont échangés leurs montures ainsi celui qui arrivera premier aura gagné car son cheval arrivera en dernier. Cela me semble trop simple mais le sphinx est visiblement contrarié. Je sème le doute dans l’esprit de mes compagnons et commence à préparer un puissant jet d’eau pour repousser le sphinx pendant qu’ils débattent. J’ai le pressentiment que le monstre ne va pas aimer notre réponse quelle qu’elle soit. Finalement Edelweiss propose sa réponse le sphinx rugit de mécontentement et commence à plonger vers nous.

J’attends le dernier moment puis relâche toute la magie que j’ai pu accumuler. Un puissant jet d’eau jaillit de mes deux mains tendues et nimbées de lumière verte-dorée. Le jet va frapper la créature en plein poitrail et l’envoie bouler sur le coté, nous faisans par la même occasion échapper à sa puissante charge. Mes compagnons réagissent aussitôt, mais je ne fais déjà plus attention à ce qu’ils font. La créature à promis de tuer sadiquement Dalyne en premier, je ne le laisserai pas faire. Je reporte toute mon attention sur la magie et commence à préparer un autre jet d’eau. La tache n’est pas si facile l’humidité se comporte étrangement ici. J’arrive finalement à diriger une deuxième rafale sous pression au sphinx. Je l’atteins au niveau de la patte antérieur gauche. Un bruit de craquement me laisse penser que je lui ai brisé au moins un os. Il ne me laisse pas de répit et me projette au loin d’un puissant coup d’elle. Étourdi il me faut un peu de temps pour reprendre mes esprits. Deneb est étendu sur le sol dans une mare qui rougit le sable. Edelweiss et Fenrir sont chacun d’un coté du sphinx qui est blessé en plusieurs endroits. Le shiiss est en train de flotter sur l’eau dans des volutes rouges. Je prépare une nouvelle attaque magique. Je blesse une nouvelle fois la créature. Le sphinx prend alors son envol, bien maladroitement. Il est sérieusement blessé et décampe en nous maudissant.

Je m’assure que Dalyne st bien avec Edelweiss puis je me précipite au chevet de Deneb. Il est blessé profondément et perd beaucoup de sang. Nous faisons de notre mieux pour stopper l’hémorragie mais rien n’y fait. En désespoir de cause je tente de le soigner par magie, mais je doute que cela lui rende le sang perdu. Il semble aller un peu mieux mais continue à se vider de son sang sur le sable. Je fais une nouvelle tentative. L’hémorragie se stoppe sous mes mains fortement pressées sur la plaie. Pendant de longues minutes je n’ose pas bouger. Deneb à l’air stabilisé, il est de plus conscient. Quand a t-il repris ces esprits ? Je prend le risque de relâcher sa blessure et ouvre ma sacoche pour lui administrer une fleur de cusamar. Je l’introduis dans sa bouche te lui ordonne de mâcher. Les effets sont fulgurants, trop même. Deneb se relève aussitôt, comme si un instant plutôt il n’était pas aux portes de la mort ! Cette herbe est puissante mais je n’en attendais pas tant. J’enjoins notre miraculé de rester au repos mais il n’en fait rien. Au lieu de cela il commence à escalader avec entrain le promontoire en haut duquel se trouve le trésor du sphinx. Je me rends compte qu’edelweiss est aussi en pleine ascension tandis que Fenrir est déjà en haut. Je reste donc en bas pour protéger Dalyne et lui tenir compagnie. Parfois mes amis on vraiment d’étranges priorités !

***

Mes compagnons passent un certain temps à piller méthodiquement le trésor du sphinx. Ils me font cadeau d’un gobelet en argent, visiblement magique. Ils redescendent enfin, satisfaits de leurs trouvailles. Nous commençons à discuter de ce que nous allons faire par la suite. Mais le soleil monte et la chaleur est de plus en plus insupportable. Je suggère donc que nous nous rendions dans la caverne pour converser. Devant la sagesse de mes propos ils se rangent à mon avis et nous rebroussons donc chemin. Une fois à l’abri du soleil notre conversation reprend. Nous ne pouvons pas rester en ces lieux, le sphinx pourrait revenir. Il nous faut donc partir, mais vers ou ? Mes compagnons n’ont rien vu dans les environs mais leurs explications me laissent sceptique, ont-ils vraiment observé les environ ou cherchaient-ils les trésors de cette oasis ? A ce propos Deneb nous tanne pour que nous fassions des recherches car il a trouvé un récit parlant de richesses dissimulées en ces lieux. Je me moque de ce trésor et décide d’aller moi même observer les lieux.

Le promontoire est le lieu le plus élevé, je l’escalade donc avec prudence. Le sommet est jonché de débris végétaux formant une sorte de nid géant. De multiples cadavres objets et richesses parsèment les lieux. Les cadavres sont dévorés partiellement, cuits par le soleil et très légèrement putréfiés. Je les ignore et scrute l’horizon en protégeant mes yeux à l’aide ma main gauche. Dans toutes les directions du sable. Rien que du sable à perte de vue. Nous étions vraiment dans une situation périlleuse.

La cruelle morsure du soleil me fit prendre conscience qu’il était suicidaire de vouloir voyager de jour. Il nous faudrait en outre des protections. Je prends mon courage en main et me dirige vers les cadavres desséchés et démembrés. Je fais de mon mieux pour récupérer tous les morceaux de tissus sauvables. La tache st répugnante et difficile. Certains textiles tombent en miettes d’autres ont fusionné avec la chair. Je dois contenir plusieurs fois des hauts le cœur, mais je continu implacablement ma triste besogne. Je redescend ensuite jusqu’au sol et vais jusqu’au bord de l’eau pour nettoyer mes trouvailles. En observant mon reflet dans l’eau je suis sidéré de ne pas me reconnaître. J’ai maigri, ma peau est écorchée et brûlée en de nombreux points mes vêtements sont en hayons. J’ai un aspect intermédiaire entre le plus crasseux des mendiants et un sauvage vivant dans la nature. Pas étonnant que Dalyne ne se soit pas de suite précipitée vers moi ! Après un brin de toilette je remarque les plantes qui poussent au bord de l’eau. Je ne repère aucune tige. Les larges feuilles du végétal s’enroulant les unes autour des autres pour former une fausse tige creuse mais néanmoins résistante. J’en arrache quelques unes puis retourne vers mes compagnons.

***

La nuit est enfin tombée nous allons partir. Le sable sous nos pieds reste brûlant, j’espère qu’il va finir par refroidir. Il n’ y a pas un nuage dans le ciel toutes les étoiles sont donc visibles. Je cherche des alignements remarquables comme Hilmar me l’avait enseigné. Je retrouve Une étoile très brillante qui doit indiquer le nord et un groupe de trois autres qui pointe vers le sud. Les deux directions ne sont pas opposées, soit je me suis trompé soit nous sommes vraiment loin de Laakia. Cela ne change rien de toute façon nous ne savons pas ou nous sommes. Deneb insiste pour que nous allions à Fey. Je lui réponds que ce serait avec plaisir s’il daigne nous indiquer le chemin. Il se tait visiblement je l’ai vexé. Bon comment choisir notre cap ? Je me rapproche de Dalyne et lui montre les deux repères astraux. Elle m’écoute attentivement. Je lui demande lequel elle trouve le plus joli. C’est l’étoile du nord qui a sa faveur. Et bien soit nous irons dans cette direction !

***

Nous avons marché pendant des heures et nous sommes tous épuisés. Nous nous sommes relayés pour porter la petite duchesse. La chaleur insupportable du sable brûlant a laissé place à un froid glacial. Pour en préserver Dalyne Deneb lui a donné son médaillon magique. Il est vrai qu’elle va mieux, lui par contre claque des dents sans arrêt. J’ai du sable partout à l’intérieur de mes vêtements. Il m’irrite à chaque pas, mais il est inutile de faire halte pour l’ôter il revient à chaque fois. Deneb nous indique que le sable disparaît et que nous entrons dans une zone rocheuse. La vision de nuit dans le désert est surprenante nous voyons bien à l’horizon mais ce qui se trouve juste à nos pieds est imperceptibles. Sur une zone rocheuse il peut y avoir des failles, des fissures ou des arrêtes effilées. J’ai un bâton, je prends donc la tête de notre expédition. J’utilise l’instrument pour sonder le sol devant nous. Au début c’est fastidieux et nous n’avançons que très lentement, puis je fini par avoir le coup de main. Ma présence d’esprit nous épargne une belle dégringolade quand je repère un grand creux devant nous. En y regardant de plus près il s’agit d’une faille de deux mètres de profondeurs et d’une dizaine de mètres de large. Tout me porte à croire que dans le passé un cour d’eau passé par la. En effet les lieux ont tout d’un lit de rivière à sec. Peut-être qu’en suivant la faille nous trouverons un lac ou la mer ?

Un coup d’œil à la troupe. Tout le monde est aussi fatigué que moi. Il nous reste quelques heures avant le lever du soleil, mais je ne pense pas que nous trouverons un meilleur lieu pour dormir. Avec notre matériel nous improvisons un campement. Nous tendons la toile au dessus de nous. Pour la caler nous avons besoins de pierres. Je suis en train d’en déplacer une énième, par sécurité, quand je ressens un picotement au niveau de la main gauche. Je vois une sorte d’écrevisse s’enfuir de sous la pierre que je viens de déplacer. Elle possède une longue queue avec un aiguillon et visiblement n’a pas appréciée que je la dérange. Quelques instants après la piqûre je ressens une intense douleur dans la main. Elle enfle et devient violacée. Je fais de mon mieux pour supporter la douleur, mais elle devient vite insupportable. Voyant les symptômes se propager à mon poignet je demande à Edelweiss de me faire un garrot. Je sens la lanière me mordre le bras puis je perds connaissance et plonge dans un état de délire fiévreux…

***

Je ne reprends connaissance qu’une heure environ avant le crépuscule. Mon bras est très douloureux, je le sens encore c’est bon signe. Le garrot d’Edelweiss est toujours placé, une chance pour moi qu’elle l’ait loupé, sinon j’aurai perdu mon bras. Il faudra que je lui disse que passé une heure on peut amputer le membre. Ma main a désenflé mais la plaie est vilaine et visiblement quelqu’un l’a incisée. J’utilise la magie pour la refermer, même si cela implique d’utiliser ma propre eau. Je ne peux pas risquer une infection. Malgré la douleur je me force à faire quelques mouvements, sinon ce sera bien pire encore par la suite.

En dépit de nos protections Edelweiss et Fenrir sont assommés par la chaleur et la lumière. Nous n’aurions pas survécu au plein soleil ! Petit à petit tout le monde émerge. Deneb nous fournit en eau et en nourriture grâce à sa magie. Je l’envie, je me sens inutile dans cette absence d’eau.

Il nous faut déjà repartir. Je profite de la luminosité tant que le soleil n’est pas couché pour inspecter les environs. Je remonte en haut de la fissure et scrute dans toutes les directions. Toujours rien de remarquable, malédiction ! Un mouvement un peut plus haut dans le lit asséché du cours d’eau attira mon attention. La silhouette d’un volatile de très grande taille se dandinant se découpait nettement. J’avertis aussitôt mes compagnons. Fenrir hurle, la créature l’a entendu et se rapproche plus rapidement. Je peux enfin la voir plus nettement. Il s’agit d’une sorte de mélange entre un reptile et un poulet. Mais un très gros poulet alors ! J’avais déjà entendu parler de telles créatures par Sygnaelle. Il devait s’agir d’un basilic ou alors d’un coqatruc, non coquatroc. Peu importe son nom en fait si je me souviens bien touts ces bestioles sont très dangereuses et peuvent tuer d’un regard. Fenrir avait saisi son arme, comme s’il voulait manger une grosse volaille ! J’ordonne à tout le monde de prendre ses jambes à son cou, danger de mort.

Nous cavalons comme des beaux diables pendant une dizaine de minutes. Nous avons par chance peut récupérer presque tous nos effets. Manquent à l’appel une gourde oubliée par Edelweiss et la poupée de Dalyne. Nous n’avons pas d’eau alors la gourde ne change pas grand chose, nous dépendons de Deneb. Dalyne par contre est inconsolable. Je fais de mon mieux pour lui improviser un autre jouet à partir de mon bric-à-brac mais cela ne lui remonte pas le moral. Le soleil se couche enfin et les constellations réapparaissent. Je retrouve notre étoile et nous repartons.

***

La marche a, encore plus que la veille, été éprouvante. Les bras de Deneb sont paralysés. Il me confesse que ça lui arrive quand il marche trop longtemps. Je n’ai jamais entendu parler d’une telle chose. Je ne peux pas le lui reprocher je suis moi même atteint d’un mal étrange. Ils seront surpris le jour ou mes yeux se révulserons sans raison et que je m’agiterai de soubresaut inexplicables. Enfin ils le seront si nous survivons jusqu’à ma prochaine crise. Edelweiss est frigorifiée, ses claquements de dents me font mal. Fenrir lui ne continue à avancer que parce que son cerveau n’a pas encore compris qu’il était complètement sans forces.
Nous devons faire halte mais nous sommes au beau milieu de nulle part, il n’y a aucun abri. Juste du sable, du sable, du sable, ce foutu sable. Pas moyen donc d’installer un campement, en avons nous seulement la force ? Deneb et Edelweiss veulent tenir la toile au dessus de nous. Quelle drôle d’idée ! Je me contente de m’asseoir sur le bord de la toile, pas de risque qu’elle s’envole comme cela. Très rapidement le sommeil me rattrape.

***

Un cri et un mouvement me tirent du sommeil. Fenrir se lève et marmonne des propos incompréhensibles puis s’en va. Je puise dans mes ultimes réserves de force pour le plaquer au sol. Il est encore plus fatigué que moi car il n’arrive pas à me repousser. Il est écarlate et délire complètement. Le soleil ne nous fait aucun cadeau. Nous le ramenons sous la toile même à l’ombre c’est une vrai fournaise. Je n’aimai déjà pas les chaleurs estivales de Laakia, elles ont l’air de l’hiver à coté de la température en ces lieux. Assommé par les conditions météorologiques je sens que je sombre lentement dans la torpeur, je ne me réveillerai sûrement pas après cela. Les dieux ont un curieux sens de l’humour nous faire survivre à tant de choses pour mourir ainsi…

***

Je me réveille un instant, je suis toujours épuisé. On dirait qu’il y à une toile quelques mètres au dessus de moi. Je suis sur un tissu, je suis nu comme un ver mais je sens aussi un tissu agréable posé sur moi. L’air est sinon frai, tolérable. Suis-je mort, visiblement non j’ai soif et ma main gauche m’élance toujours. Les morts ne ressentent rien non ? Un rapide coup d’œil sur le coté. Je vois Edelweiss qui dort sur une sorte de lit de camp. Cela suffit à me rassurer. Je sombre de nouveau dans le sommeil, j’en ai cruellement besoin.

***

Des paroles me réveillent. Je ne les comprends pas. Quelle est donc cette langue ? Je me redresse sur mon lit. Dalyne, Edelweiss, Deneb, Fenrir, tout le monde est la et personne n’est mourant. C’est un immense soulagement. Nous nous trouvons dans une grande tente d’étoffes colorées et décorées. Elle est remplie de tapis et de cousins tout aussi colorés et travaillées. Un homme recouvert de tissu bleu clair de la tête aux pieds et armé d ‘une lame courbe parle puis s’en va. Deneb est déjà habillé. Je détourne les yeux, gêné, quand Edelweiss et Fenrir se lèvent pour aller chercher leurs vêtements posés dans un coin. J ‘hésite sur la marche à suivre car mes vêtements ne sont plus que haillons dépareillés et peaux de bêtes galeuses.

L’arrivée d’un autre homme interrompt mes pensées. Il est plus grand que le précédent et porte un plastron métallique gravé. Il ôte les lanières de tissu disposées sur sa figure et nous révèle un visage à la peau matte orné d’un bouc et d’une moustache bruns foncés. Je croise son regard il me semble bienveillant et plein de sagesse. Il se présente à nous dans un langage impeccable. Surpris par une telle aisance j’omets de lui retourner la politesse et de me présenter à mon tour. Se pourrait-il que la magie des tourals me permette de le comprendre lui aussi ? Il semblerait que non puisque mon collier ne se trouve plus à mon cou. Cet homme parle bien la même langue que nous.

Akala, puisque c’est ainsi qu’il se présenta nous invite à venir nous asseoir à ses cotés tandis que plusieurs personnes, toutes complètement recouvertes de tissus, amènent toutes sortes d’affaires. Je décide finalement d’utiliser le drap comme peignoir et accepte son invitation. Deneb et Fenrir nous rejoignent. Edelweiss est amenée sur le coté par d’autres femmes et Dalyne est conduite à l’extérieur.

On nous amène à boire et à manger pendant qu’Akala s’entretient avec nous. Je corrige mon manquement à la politesse et décline mon identité en m’excusant. Notre hôte ne prend pas mal la chose et semble même intéressé par notre histoire. Pendant presque une heure nous échangeons des informations. A plusieurs reprise je crains de le choquer voire de le courroucer par mes propos. Mais il se montre d’une grande patience et d’une grande tolérance à notre encontre. Nos cultures sont pourtant si différentes. Ils ne révèrent qu’un seul dieu qu’il nomme sobrement l’unique. Les femmes appartiennent à un homme et les deux sexes ne se mélangent pas en publique. Le cas d’Edelweiss la vraiment surpris. Il n’a pas caché son étonnement en voyant que nous la traitions comme notre égale. Et enfin ils survivent depuis des générations dans cet enfer de sable qui a failli nous tuer en même pas deux jours.

Akala est le chef de ce groupe qui parcourt le désert pour faire du commerce. Notre langue est justement utilisée partout par les marchands nous dit-il. Il nous parle aussi un peu de la politique locale qui est tout aussi agitée que chez nous. Il nous propose de rester avec son clan aussi longtemps que nous le voudrons. Nous n’avons d’autre choix que d’accepter son hospitalité. Nous ne survivrons pas dehors nous le savons. Nous avons besoin d’eux pour rejoindre la civilisation ou pour apprendre les bases de la survie en ces lieux hostiles. Mes compagnons lui expliquent ce qu’ils savent faire. Il est très impressionné par leurs fonctions. Visiblement les forgerons et les scribes sont tenus en très haute estime parmi les siens. Qu’en est-il des sorciers ? Tant pis je tente ma chance et lui annonce que je peux utiliser les arts occultes. Il n’est pas effrayé ou contrarié. Leur clan dispose d’un astrologue qui lui aussi use de magie. Je sens que son peuple à beaucoup à nous apprendre. Mais y aura t-il un prix à payer pour toute cette bonté ? En tout cas il m’apparaît clair que les dieux, ou l’unique ont un dessin pour nous. Comment expliquer sinon toutes ces chose qui nous arrivent et que nous survivions toujours aux plus improbables situations ?
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Message  Edelweiss Jeu 5 Juil - 12:09

Peu de temps après notre reconnaissance, nous retrouvons Choix, assis sur un rocher. Je fis part de mes découvertes. Le territoire des Schiss se découpait en plusieurs campements : un pour chaque clan. Dans ceux-ci se trouvait des cages contenant de nombreux prisonniers, dont nos trois guerriers. De drôles de braseros étaient posés le long des « tentes », remplis d’une huile à l’odeur âcre. Toute la population des hommes lézards s’affairait encore aux derniers préparatifs, les femmes produisant ce qui serait notre atout le lendemain, la drogue, et les hommes guettaient toute intrusion dans leur propre campement. Deneb nous expliqua avoir aperçu un Schiss à l’aspect différent, celui-ci portait un masque à l’étrange forme et sa démarche était celle d’un bossu. Il devait être le maître de cérémonie... le « chaman » ou « sorcier », soit la personne qui devait faire du mal à nos compagnons. Le fait d’imaginer ma petite duchesse sous l’emprise de ce répugnant reptile me donna un goût amer en bouche. Contrairement aux quelques jours que nous avions passé avant d’arriver, ma rage s’était transformé en excitation, voir même en crainte. Les effusions de sang n’étaient plus dans mes « vengeance », ça ne menait à rien. A moins que ce ne soit juste l’ambiance et la situation qui m’empêchait d’être dans cet état d’esprit. Ces êtres couverts d’écailles n’étaient pas les soudards qui avaient attaqués Blanc-Flocon, ils ne doivent même pas avoir les mêmes pensées. Mais pensaient-ils ? Les assassins de ma sœur paieraient quand même, ils avaient une conscience. Je leur ferai payer leurs crimes, quitte à me rabaisser à leur niveau. Des monstres, voilà ce qu’ils étaient.

Nous décidions d’attendre avant d’agir, les Schiss étaient encore trop attentifs. Nous retournions dans la jungle pour passer une nuit qui fût pour moi, la plus douloureuse physiquement et moralement. J’apercevais mes deux amis se concentrer pour tomber dans un lourd sommeil alors que mes tourments reprirent. Je m’imaginais les pires supplices pour Dalyne, je la voyais se replier sur elle-même tandis que de longs sanglots sourds la noyaient de peur. Que devait-elle penser de moi ? Craignait-elle que je l’ai abandonné ? La terreur de perdre de nouveau quelqu’un que j’aimais me tortura un moment avant que mes yeux ne se ferment sur le paysage sombre de la jungle.
Le lendemain, nous espérions tous que l’un de nous ait un plan pour récupérer Faenrir, Imikis et Macamod, même une idée aurait pût nous donner du courage. Ce ne fût pas vraiment le cas et c’est dans l’observation des Schiss que je passais ma journée. Choix se replia sur lui-même et pendant un long moment, il murmura des paroles que je ne compris pas. Des marmonnements qu’il réservait à lui-même, je pense, il devait chercher au plus profond de lui-même la volonté d’affronter cette horde de lézard.
Deneb revint en fin d’après-midi, le visage caché par de la boue. Il nous invita à en faire de même dans l’espoir que les Schiss nous confondent, sous l’effet de la drogue, à leurs frères. Le copiste semblait mal à l’aise et s’arrêta un court moment, crispé. Il nous rassura sur son état, il précisa qu’il allait bien.

Peu après, un frisson bref me parcouru l’échine : un bruit de percussion résonna sur l’île perdue. Mon regard se posa sur mes deux amis et c’est avec effroi qu’ils me confirmèrent que la « fête » commençait. Sous nos masques de terre et sous la lumière écarlate de la lune, nous nous élancions sur le plateau, en direction des camps Schiss. Choix resta un peu plus en arrière alors que Deneb avançait rapidement. Le copiste était vif et son allure ne m’empêcha pas de penser qu’il allait commettre une erreur, comme il l’avait toujours fait les jours précédents. Les camps Schiss avaient presque été tous vidés, seuls quelques gardes venaient et repartaient… avec des prisonniers ?! Les vociférations de Macamod et de Vilma me firent tressaillir, il fallait faire vite. J’eus un pas de recul aux cris de la nordique : « Lâchez-la ! ». Mais de qui parlait-elle ? Je… je ne voyais que Dalyne dans ces paroles. Dalyne était-elle sous l’emprise d’un de ces horribles reptiles ? Après un instant de confusion, je repris route avec Deneb et Choix.
Un muret de pierre nous séparait du camp où se trouvaient Imikis et Faenrir et avant d’avoir fait un pas vers celui-ci, un des hommes-lézards s’approcha de Deneb. Un cri m’échappa. Je ne voulais pas perdre, pas maintenant, un de mes compagnons. Les entrailles nouées, je regardais le lézard glissé sa langue entre ses lèvres tout près du copiste… avant de repartir en titubant. Il était sous l’influence de la feuille de Gort, heureusement. Un nouvel éclat se fit entendre : celui de Choix qui agitait les bras vers les Schiss. Le sorcier faisait diversion pour nous laisser un peu de temps…
De là, je ne vois que du flou. Dans mes souvenirs, j’avais intercepté l’un des gardiens écailleux tandis que Deneb en avait pris un second. Je me souviens vaguement être tombée suite à ce combat déplorable et d’avoir été touchée par sa lance de bois. Seule dans la pénombre et face à ce Schiss couvert d’une armure de bambou, je ne sais plus comment j’eus réussi à le vaincre. Peut être était-ce grâce à l’aide de Faenrir, ce grand nordique qui nous avait toujours aidé à garder confiance en nous même. Il avait été libéré par Choix lors de notre combat et, visiblement, il était prêt à en découdre avec les reptiles. Des cernes étaient dessinés sous ses yeux et malgré la fatigue, sa vaillance ne céda pas.
Imikis fût réveillée peu après et lorsque nous nous apprêtions à partir, mes yeux se posèrent sur la falaise. Au loin, un énorme attroupement de Schiss regardait lentement la montée d’une femme attachée par des cordes à deux piliers. Vilma. Vilma hurlait alors que le chaman, aperçu par Deneb la veille, la piquait avec une lance. Elle vociférait les mêmes mots que j’avais entendus peu avant : « Lâchez-la ! ». Dalyne était là-bas !
Une lueur rouge se dessinait derrière les piliers. Des « serpents de lumière » écarlates s’alignaient lentement dans un crépitement silencieux. Mon cœur battait au rythme des battements de tambour et je sentais mes yeux se perdre dans le mélange de lumière produit l’éclat des flambeaux et dans les ténèbres qu’offrait la vision du corps mutilé de la grande blonde.

Choix s’élança sans attendre, suivit par Faenrir. Mes deux compagnons n’attendirent pas pour se diriger vers le groupe de Schiss en exaltation devant les sacrifices. Deneb et moi nous regardâmes un instant avant de courir chacun de notre côté. Je contournai l’attroupement pour rejoindre un côté de la falaise et l’adrénaline me permit de monter rapidement. De là, j’avais vu sur de nombreuses choses. Au dessous de Vilma se tenait une table où étaient souvent jetés les prisonniers Tourals, avant d’être remis en pâture aux « spectateurs ». Le chaman Schiss piquait la jeune femme avant chaque venu d’un coup puissant dans les victimes pétrifiées de peur. Un peu plus loin, deux Schiss tenaient les prisonniers tandis qu’un autre, équipé d’une armure de… l’armure de Faenrir s’occupait de veiller au bon fonctionnement de ces actes immondes. Le portail de sang était désormais complet, quelques mouvements s’en échappaient parfois. De l’autre côté de la falaise j’apercevais le copiste. Ses yeux étaient posés sur une petite chose qui se débattait avec faiblesse sous l’étreinte d’un des homme-lézard. Dalyne ! La frêle jeune fille était la prochaine à être mise en sacrifice. J’espérais alors que Deneb agisse mais le temps manquait et aussitôt Dalyne fût jetée sur l’autel poissé de sang. Dans un hurlement, je dévalai la surface rocailleuse pour accourir au secours de l’enfant. Une masse blanche apparut soudainement autour du secteur.

Ce que je ne compris que plus tard, c’est que Choix avait utilisé sa magie pour produire un épais brouillard dans le but d’arrêter le sombre Schiss au masque funèbre. L’apparition vaporeuse n’arrêta pas mon élan. Dans mes cauchemars les plus sinistres, je revois cette patte écailleuse prête à s’abattre sur la petite duchesse. Je perçois le scintillement de la dague tâchée de rouge se lever avec lenteur pour finalement descendre vers le torse de l’enfant dans un sifflement terrifiant. Je saurai reconnaître la plainte que donna le chaman lorsque ma lame se planta dans son épaule dans un grognement rageur.
A ce moment, la jeune duchesse sauta dans mes bras dans un sanglot craintif. Les hurlements de Vilma s’arrêtèrent pour laisser place à des plaintes révélatrices de sa souffrance. L’étreinte de Dalyne m’empêchait de faire face au vieux lézard. Un pas de recul me permit de faire face à la situation : Deneb se rapprochait de l’autel avec Macamod, lance en main tandis qu’Imikis m’avait suivi avec entrain. Des sifflements rageurs se propagèrent dans la foule de Schiss et ceux qui n’étaient pas sous l’effet de la Gort cherchaient un chemin pour s’aventurer de notre côté.
Le brouillard s’évapora lentement. Deneb était suivi de l’homme-lézard à l’armure et un combat de force s’en suivit autour de la table de pierre. Tirant sur sa lance, le Schiss fût projeté en arrière, dans le portail. Une ondulation se fit voir avant que le bruit des combats se fit plus intense. Macamod et Imikis était chacun d’un côté de la falaise, tout deux nous protégeant avec ardeur. Les mains moites, j’entrepris de faire escalader Dalyne pour que nous puissions nous en sortir mais c’était peine perdue. Les mains écorchées de la jeune fille nous empêchèrent de fuir. Me retournant dans la panique, j’aperçus le copiste ayant libéré Vilma. Il la tenait sur l’épaule et après un bref regard dans ma direction, il s’élança dans le portail maudit.
Dans le désespoir, je tentais de nouveau de grimper la falaise sans espoir. Imikis commençait à faiblir et Macamod continuait avec rage son combat contre plusieurs Schiss. Faenrir et Choix n’étaient plus là, leur était-il arrivé malheur ? Je contournai le portail dans la détresse et cette fois ci, je n’étais plus seule… Un guerrier Schiss pointa sa lance vers moi et l’enfant, prêt à nous pourfendre au premier moment.
Mon choix était vite fait. Si je devais mourir, ce serai dans l’oubli et non dans la douleur. Dalyne avait trop souffert. Je croyais avoir échouée, ne pouvant lui offrir une vie digne de son rang. Je ne pouvais me résigner à donner mon corps en pâture, je sautai donc dans le portail avec la maigre consolation que je retrouverai les doux yeux du copiste.
͢͢

Le néant. Aveugle, je sentais toujours Dalyne dans mes bras. Nous devions être dans l’antre d’un dieu maudit qui s’apprêtait à nous déchirer les entrailles ou peut être étions nous simplement sur la lune. Oui, peut être que ce voile écarlate nous menait sur l’astre rouge. Ceci expliquerait le mal que j’avais à respirer, l’air étant beaucoup moins présent. Dans l’obscurité, je posai la jeune fille sur le sol couvert de poussière, elle me serra la main et dans un sanglot j’appelai Deneb. Peut être n’avait-il pas encore franchi les portes qui nous mèneraient dans un autre monde ? A ma grande surprise, j’eus une réponse. J’entendis l’air siffler près de moi et une main vint prendre la mienne peu après. Nous n’étions pas seules, le copiste était là et sa présence me rassura aussitôt. Ma joie cessa lorsqu’il me précisa que le lézard vêtu de l’armure de Faenrir était là aussi. En effet, le sifflement que j’avais entendu était l’air fendu par l’arme du guerrier Schiss. Deneb nous tira un peu et nos corps touchèrent un mur lisse. Se pourrait-il que nous soyons dans une boîte ? Je m’imaginais dans une salle sans issue, à la merci d’un « seigneur ». Je n’avais jamais cru aux divinités mais c’était comme je n’avais jamais cru à la magie avant de rencontrer Choix. Après tout, j’étais une simple ignorante.
Alors que nous longions le mur, une intense douleur vint me frapper. Me glissant au sol, je tenais ma jambe blessée en écoutant les coups que donna Deneb au Schiss. Le lézard m’avait touché et c’est dans les ténèbres que le jeune homme vaincu notre ennemi. Dalyne resta pétrifiée contre moi lorsque notre ami vint voir l’état de ma jambe, contrairement à Choix, il n’avait pas les moyens de me soigner. Je voulais tout abandonner, j’étais exténuée et j’en avais marre de tout ça. Apparaître dans un nouveau lieu à chaque phénomène glauque, vaincre des méchants à l’aspect étrange, rencontrer des gens qui ne parlent même pas le commun et ne pas être entourée d’amour comme autrefois… J’avais vraiment envie de partir à l’aventure, c’est vrai, mais là, je retournerais bien chez moi, sentir de nouveau l’odeur du pain chaud et voir le sourire que m’offrait ma mère à chaque fois que j’allais mal. Ma famille me manquait terriblement. Si Deneb ne m’avait pas aidé à me relever, peut être aurais-je attendu un long moment sur le sol sableux. Il sortit de son sac une torche et l’alluma pour faire disparaître une bonne partie des ténèbres. Nous étions bien dans une salle où se trouvait une grande statue d’homme-lézard, le soi-disant dieu ? Son ombre léchait les murs de pierre au rythme des vacillations de la flamme qui nous rendit peu à peu espoir. Le copiste explora la pièce après nous avoir invoqué un nouveau met plutôt coriace. Il décrocha le sac d’une dépouille humaine à moitié caché par le sable. Le décrochement des membres failli me faire dégobillé et le jeune homme se saisit de plusieurs objets qu’il estima utiles pour plus tard.

Dalyne tira sur la manche de ma tunique déchirée pour me montrer son oreille. En effet, en tendant l’oreille un autre sifflement se fit entendre. Un bruit sourd résonnait, comme un courant d’air… il devait y avoir une sortie !
En longeant les murs un peu plus, nous découvrîmes un tunnel, une sorte de couloir d’où s’intensifiait le son du vent. Nous nous y sommes engouffré dans l’attente d’une sortie et c’est bien ce que nous trouvâmes. Hélas, même en plissant les yeux, rien n’était visible sous l’obscurité naturelle de la nuit. De longues trainées de sablons se faisaient emporter sous la puissance de la tempête, il était impossible de sortir. L’agitation de l’extérieur était-elle la raison de l’enfermement de l’aventurier mort retrouvé ? Allions-nous rester longtemps ici ? Nous nous posions dans le couloir dans l’attente, Deneb s’occupa de Vilma qui ne gémissait plus, ses yeux restaient clos mais son cœur battait doucement. Cette femme avait tout fait et malgré ça, je la jalousais encore. Elle avait offert de l’amour au copiste, des rires à mes deux autres compagnons et de la protection à Dalyne. Elle était bien au fond… mais je ne cessais de la renier. Je ne pouvais tout de même lui souhaiter la mort et c’est en me relevant douloureusement qu’une ombre passa devant le couloir. J’en fis part à Deneb qui n’y prêta pas beaucoup d’attention. Tant pis. Je pris Dalyne contre moi et pour une fois, la nuit fût presque agréable. J’étais apaisée.

A mon réveil, Deneb me regarda avec peine et c’est en posant les yeux sur Vilma que je compris : elle avait rendu l’âme. J’occupai Dalyne tandis qu’il allait lui offrir une sépulture. J’aurai pût l’assister mais il fallait que je cache la petite de cette vision. Non, ce n’était qu’une excuse : je ne voulais pas voir ce cadavre, elle n’avait pas mérité sa mort. A ce moment, je m’étais même demandé pourquoi était-ce moi qui étais encore là ? Je pleurais en silence en pensant que mon égoïsme ne me permit pas de soulager la personne que j’aimais, en me rappelant à quel point j’ai pu haïr cette femme au point où je n’ai même pas eu l’occasion de lui dire merci. Merci pour tout.

Le lendemain, il me sembla que la tempête avait baissé en intensité. Je revis la forme une seconde fois avant qu’un bruit sourd ne se dégage de la pièce du portail. Les sacrifices avaient-ils recommencés ? Un cri résonna dans le couloir, celui de la forte voix de Faenrir ! Ma joie fût immense de le revoir sain et sauf. Il nous expliqua avoir vu les têtes d’Imikis et Macamod sur des piques avant de charger comme un fou dans la foule de Schiss, quitte à y laisser la vie, il ne voulait pas errer dans la jungle. Choix n’était pas là, lui avait préféré rester avec les Tourals, pour se refaire une nouvelle vie. J’avais de la peine, le sorcier était quelqu’un de bon mais surtout de sage. Je le considérai comme le grand-frère que je n’avais jamais eu. Mais soit, il sera sûrement mieux là-bas qu’ici avec nous.
La tempête se calma peu à peu tandis que je continuais de communiquer avec Dalyne par de grands gestes. Deneb se concentra sur l’écrit trouvé dans le sac du voyageur asséché et Faenrir se contenta de récupéré son armure et son épée brisée. Après quelques heures, le sable ne s’agitait plus et c’est avec enthousiasme que nous sortions dehors. Derrière une dune toute proche du couloir, une « oasis » se montra. L’eau était si claire que nous ne pûmes nous empêcher d’y tremper nos frimousses couvertes de poussières. Faenrir nous fît quitter l’eau en nous montrant de longs lézards prendre eux aussi le soleil. J’apprendrais plus tard qu’on les nomme « Crocodiles », des cousins des montures Schiss ? Un petit bassin nous assura quand même protection pour que chacun puisse prendre soin de soi. Je m’occupais de Dalyne qui sembla reprendre de la vigueur dans l’eau et j’en profitai pour m’occuper de ses cheveux ainsi que des miens. A la vue de mon visage dans le reflet de l’eau, je ne pu retenir une grimace. Je ressemblais bien à une sauvage ainsi accoutrée. Deneb semblait occupé par une histoire de « trésors » dans l’eau… mais personne ne prit le risque d’aller vérifié.

Au soir, seul le copiste décida de rester un peu plus longtemps près de l’oasis. Alors que je commençais à l’appeler, il s’écria. Faenrir me repoussa légèrement et chargea en direction de Deneb. Je le suivis avec moins de hâte, il n’y avait rien. Nous avions tout « raté » puisqu’apparemment ce qui semblait être un « homme-lézard » avait décampé sous l’appel de quelque chose. Encore un Schiss ?! Ah non, pitié. Nous étions peut être encore sur cette île de malheur ?!
Dans un soupir, nous rentrâmes au couloir et quelle fût ma joie en apercevant Choix habillé d’une « tunique » toural ! Je ne pu m’empêcher de lui sauter au cou tellement j’étais heureuse de nous savoir tous réuni. Après un instant de réflexion, je détachais la nuque de notre ami pour le laisser s’exprimer. Il avait décidé de revenir car de ce qu’il a entendu, les sacrifices n’étaient pas la cause du portail. Le portail apparaissait tous les ans sous l’influence de la lune. Je savais bien que les dieux n’existaient pas…
Après s’être occupé de nos blessures, Choix nous fait déguster un drôle d’aliment. Son aspect est celui d’un caillou « poilu » et son contenu est blanc. « Une noix de coco », met agréable de par la fraicheur qu’il nous apporte mais le goût reste tout de même étrange. Il offrit une poupée à Dalyne qui, ravit, s’empressa de la coiffer. Oui, le sorcier était comme un père pour nous tous. Un père ou un frère.
Nous décidions de partir le lendemain, dans la soirée pour ne pas subir la chaleur accablante du soleil.

Choix nous réveilla tour à tour, nous montrant une personne au loin face à une créature. Faenrir avait quitté sa surveillance. Nous le rejoignîmes rapidement près d’une autre petite oasis. Auprès de lui se trouva une créature encapuchonnée, le Schiss qui avait attaqué Deneb la veille. Sur le promontoire, un drôle d’oiseau nous regarda avec mépris. Sa tête était celle d’un homme de forte pilosité et son corps était celui d’un gros chat. Il semblait mauvais et ses yeux étaient pleins de perfidie. Il considéra Faenrir comme notre chef et nous précisa que nous étions sur son sol. Si nous ne voulions pas la mort, nous devions payer notre présence. Nos pierres précieuses et nos pièces semblaient un bien médiocre butin pour lui. Il les refusa et proposa de prendre Deneb et Dalyne comme dot. Ah non ! Nous refusions catégoriquement et alors un seul choix nous fût proposé : répondre à une énigme. Aie… sur le moment, je ne me pensais pas être apte à répondre, je n’avais jamais été douée à ces jeux là.
Son énigme parlait d’une histoire entre chevaliers. Le roi aurait ordonné aux deux cavaliers d’aller jusqu’à la tour, or, seul le cheval arrivé en dernier permettrai au chevalier de recevoir une récompense. Miracle ! Je connaissais cette énigme ! Mon père me l’avait déjà fait dans mon enfance et c’est en trépignant que je consultai mes compagnons pour leur expliquer la réponse : « Chacun des chevaliers prend le cheval de l’autre ! ». Ils semblaient perplexes mais je fis part de ma réponse au dit Andro-sphinx.
Visiblement, ça ne lui plu pas et il s’élança vers Dalyne. La plaquant au sol pour la protégé de ses serres, je vis Choix lui envoyer un éclair d’eau qui lui fit perdre son élan. J’ordonnai ensuite à Dalyne de s’éloigner et de décamper s’il arrivait malheur. Prenant le côté droit de la créature, je donnai de maigres coups dans le flanc de la bête. Tout se passa très vite. Je me souviens vaguement que Deneb fût projeté d’un coup de patte et l’andro-sphinx décampa dans un battement d’ailes révélateur de sa douleur au bout de quelques minutes.
Dans l’eau devenu rouge, un corps se faisait trainer par les crocodiles…celui du Schiss. Le guerrier avait encore tout fait pour nous protéger.
Le copiste semblait en bien mauvais état mais Choix prit les devants et s’occupa de sa blessure avec une nouvelle herbe. D’un bond, le blessé se releva et commença à escaler le petit promontoire, mais que lui avait encore donné le sorcier ? Je montai à mon tour et quel fût mon étonnement devant ce « nid » ! Outre les ossements et les morceaux de chairs, il y avait là de nombreux objets et pièces. En fouillant un peu, nous trouvâmes un miroir qui fût offert à Dalyne, un gobelet « magique » pour Choix, une armure pour Faenrir et un anneau pour Deneb. Pour ma part, c’est une petite arbalète qui attira mon attention : de nombreux dessins parcouraient le bois sombre de celle-ci et un peu plus loin, un petit tas de carreaux trainait. Mes compagnons avaient voulu l’offrir à la jeune duchesse mais je ne pensais pas que ce soit une bonne idée, ce n’était qu’une enfant qui voyait la mort à chacun de ses pas. Choix prit les quelques lambeaux de tissu pour les nettoyer, il se les posa ensuite sur la tête en nous invitant à en faire de même.

Nous attendions la nuit en faisant quelques provisions pour notre départ. Lorsque la nuit tomba, il fallut se mettre en route. Mais par où ? Ce fût Dalyne qui eut l’occasion de choisir l’étoile que nous suivrons et nous partîmes avec l’espoir de trouver une ville au plus vite.
Il faisait froid, horriblement froid et nos pas se firent plus lents petit à petit et Deneb donna sa « pierre anti-froid » au cou de la jeune duchesse. Choix prit la tête du groupe et de sa lance, il tâta le terrain pour nous éviter un quelconque désagrément. Il avait bien fait bien puisqu’au bout d’un moment, une crevasse s’offrait à nous. Cette faille était un ancien court d’eau désormais tari et qui dit eau, dit village !
L’aube ne tarderait pas à arriver et nous prîmes l’initiative nous poser entre les parois de la brèche, Choix et Deneb s’occupèrent de placer le morceau de toile de tente au dessus de nous pour nous protéger des premiers rayons solaires.
Cependant (nous portions vraiment la poisse sur nous), une « écrevisse des sables » vint piquer le sorcier. Son bras gonfla à une vitesse impressionnante et nous le guidions sous la toile. Faenrir s’occupa d’aspirer la plaie, dans le but de retirer du venin. Du venin ? Mais une écrevisse n’était pas venimeuse… Je n’avais pas le temps de faire cette remarque et j’entamais un garrot sur le bras inanimé, j’appris plus tard que j’avais bien fait de l’avoir raté.
Je surveillais l’état de Choix avant de m’écrouler de fatigue contre Dalyne. Dormir… c’était bien trop difficile sous cette chaleur accablante. Chacun de nous eu du mal à se reposer entièrement et nous nous levions dans l’après-midi. Choix allait bien et lui et Faenrir commencèrent à retirer la toile tout en observant au loin. Deneb et moi furent interrompu dans notre rangement : nos deux compagnons hurlait de remonter. Une sorte de poulet à écailles se promenait dans notre crevasse et à son aspect, rien n’indiquait qu’elle pouvait être amicale. Un poulet à écaille ? Non mais ils avaient vraiment des problèmes avec leurs oiseaux ici. Après un oiseau-chat, voici le « coquatrix ». Le soleil me tapait sur la tête et dans mon incompréhension, j’oubliai une gourde au campement. Dalyne oublia sa poupée et dans sa détresse, Choix lui en fabriqua une autre : il dessina un sourire sur une noix de coco.

Nous marchions beaucoup. Je ne me souviens que du soleil toujours aussi flamboyant, d’un de mes compagnons tombant au sol et du regard de Deneb tenant la toile avant que je ne tombe dans l’inconscience…

Mes yeux s’ouvrirent sur un toit en toile couvert de formes géométriques… encore des symboles étranges ? Je me questionnais sur le nouveau monde où nous venions d’arriver lorsque je me tournai vers d’autres lits semblables au mien. Dalyne était là, et mes autres compagnons aussi. Il faisait frais, j’étais bien, mes yeux se refermèrent de nouveau.
Un étrange dialogue me réveilla. Un homme à l’accoutrement se tenait debout devant Deneb avant de partir à l’extérieur. J’enroulai ma couverture blanche autour de mon corps dévêtu avant de rejoindre mes compagnons, une fois qu’ils étaient habillés. L’homme se présenta sous le nom d’ « Akhala quelque chose » et commença à parler dans notre langue, le commun. Des femmes voilées apportèrent de délicieux mets mais je n’eus pas le temps d’y goûter qu’elles me prirent un peu à part pour me vêtir d’une grande robe colorée. Elles voulurent cachée mon visage et je leur montrai mon désaccord. Je craignais de manquer d’étouffer…
De là s’en suivit tout une discussion qui me sembla peu intéressante. Ces hommes priaient un seul dieu : « l’unique » et j’appris que les femmes n’avaient pas le droit de choisir un mari dans cette religion. Akhala indiqua même que Dalyne pourrait faire une très bonne femme grâce à sa mutité. Où étions nous arrivés encore ? Dans un soupir, je suivis mes compagnons vers l’extérieur. D’étranges bêtes à bosse s’abreuvaient tandis que les enfants courraient en riant. Le chef de ce groupe de nomade nous proposa des chevaux pour rejoindre Fey, la ville marchande de ce continent. Nous n’aurions sûrement pas pu prendre le bon chemin seuls et nous décidions de les suivre pendant quelques temps… Choix et Faenrir avaient réussi à me convaincre en disant que Dalyne serait sûrement mieux ici avec des gens de son âge.
Soit. Nous attendrons.

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Aventurier intrépide
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